Publié le : 20 juin 2006 Source : Zenit.org
Les newsUn diacre permanent en mission auprès des personnes prostituéesROME, Mardi 20 juin 2006 (ZENIT.org) – Le général Henri Marescaux a été Major Général de l’Armée de Terre. Il est père de famille et grand-père, diacre permanent, envoyé par l’évêque de Versailles en mission au service des personnes prostituées. France Catholique propose cet entretien dans son édition du 23 juin 2006 (n°3030, France-catholique.org). Une primeur aimablement accordée aux lecteurs de Zenit. FC : Deux faits d’actualité éclairent notre rencontre : le Mondial de foot en Allemagne qui a mis le projecteur sur les maisons closes allemandes et l’appel à l’Armée, de Ségolène Royal, pour régler des problèmes de délinquance... Général Marescaux : Oui sans doute. Mais c’est en tant que diacre et homme de terrain que je voudrais parler ici... FC : Comment en êtes-vous venu à monter cette association « Cippora » - du nom de la femme de Moïse - accueillant des prostituées ? Général Marescaux : J’ai été catéchiste pendant plus de vingt ans et c’est mon curé qui m’a interpellé au sujet du diaconat. J’ai donc suivi la préparation correspondante et c’est dans ce cadre, en 2002, qu’on m’a expliqué que dans le diocèse de Versailles il n’y avait personne pour s’occuper des personnes prostituées... FC : Comment vous êtes-vous formé ? Général Marescaux : D’abord en allant voir Marc Bonenfant et Patrick Giros, deux prêtres qui avaient fait leurs preuves auprès de ces personnes. Il m’a fallu un an pour me former au sein du Mouvement du Nid, recruter une équipe et la former également, avant de débuter l’action dans les Yvelines. FC : Qui sont les personnes prostituées sur la région parisienne ? Général Marescaux : Les personnes que nous rencontrons sont essentiellement des étrangères. Dans la Forêt de Saint-Germain, grand lieu de prostitution des Yvelines que nous parcourons chaque semaine, ce qui nous a frappés c’est que presque toutes venaient de Paris en RER. FC : Que leur apportez-vous ? Général Marescaux : Nous les accueillons, le mardi à partir de 16 h 30, au 65, boulevard de Clichy, en face du Moulin-Rouge et au-dessus de la chapelle Ste-Rita. Nous proposons café et petits gâteaux. Il vient entre 50 et 75 personnes en une après-midi. L’accueil est assuré par une quinzaine de bénévoles parmi les quarante qui constituent Cippora. FC : La chapelle joue-t-elle un rôle important ? Général Marescaux : Bien sûr, les Equatoriens sont tous catholiques, il n’est pas rare de les voir aller prier à sainte Rita... Celles de nos amies africaines qui sont chrétiennes ont souvent une Bible sur elle ! Quand je m’en suis rendu compte, j’en ai discuté avec certaines et un groupe a souhaité lire l’Evangile et en parler. Aussi, pendant 15 semaines, ce groupe se réunit chaque lundi soir pour lire, à la suite et de manière continue, un chapitre de l’Evangile de Marc. Et il y a déjà des inscrits pour une prochaine session. FC : Vous leur dites que les publicains et les prostituées nous devanceront dans le Royaume de Dieu ? Général Marescaux : Il faut se rappeler que le verbe précéder est au présent. Dès aujourd’hui les personnes prostituées nous précèdent dans le Royaume et ce n’est pas une parole anodine que Jésus aurait prononcée pour provoquer ! Cela donne à réfléchir lorsqu’on la voit s’accomplir. FC : N’êtes-vous jamais découragé ? Général Marescaux : Nous avons le sentiment d’être utiles en allant à la rencontre de personnes qui vivent dans un très grand isolement. Mais c’est dans l’accompagnement de celles qui viennent nous demander de l’aide que nous avons le plus de satisfactions… chaque fois que l’on constate un progrès ou qu’une situation inextricable commence à se dénouer. Et puis nous assistons à de véritables réussites en termes d’insertion : je pense à des jeunes femmes qui sont maintenant vendeuses en parapharmacie ou dans des boutiques de vêtements, à d’autres qui travaillent dans des magasins d’alimentation, à celles qui sont dans la restauration, à des travestis qui font la plonge en restaurant d’entreprise, etc. L’année dernière nous avons aidé 37 personnes à obtenir des papiers : 26 ont déjà un travail ou sont en stage de réinsertion rémunéré. FC : Votre femme participe-t-elle à votre mission ? Général Marescaux : Ma femme a ses propres activités et ne s’associe pas aux miennes. Mais nous allons parfois voir, chez elles, certaines personnes qui sont devenues des amies et nous en recevons quelques-unes à déjeuner à la maison. Zenit.org, 2006. Tous droits réservés - Pour connaitre les modalités d´utilisation vous pouvez consulter : www.zenit.org ou contacter infosfrench@zenit.org - Pour recevoir les news de Zenit par mail vous pouvez cliquer ici |