Publié le : 5 mai 2006 Source : Zenit.org
Les newsCard. Poupard : « Donner une âme à l’Europe. La Mission et la Responsabilité des Églises »ROME, Vendredi 5 mai 2006 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous la conférence que le cardinal Paul Poupard, président du Conseil pontifical de la Culture et du Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux, a prononcée lors de l’inauguration du colloque « Donner une âme à l’Europe. La Mission et la Responsabilité des Églises » organisé par le Conseil pontifical de la Culture et le Département pour les Relations ecclésiales extérieures du Patriarcat de Moscou, le 3 mai 2006. * * * Chers Cardinal Christoph Schönborn, Cardinal José da Cruz Policarpo, 1. « Rendons grâces à Dieu le Père de qui vient toute miséricorde » , Lui qui nous donne de vivre ensemble cette rencontre ecclésiale importante entre le Département pour les Relations ecclésiales extérieures du Patriarcat orthodoxe de Moscou et le Conseil Pontifical de la Culture du Saint-Siège, dans la conscience de la responsabilité conjointe de nos Eglises pour donner une âme à l’Europe. Nous avons fait chacun la moitié du chemin, depuis Rome et Moscou pour venir à Vienne rechercher ensemble les voies d’une action concertée de nos Eglises, au service des hommes et des femmes du vaste continent européen, pour relever les défis du relativisme moral, du scepticisme de la raison, de l’etsi Deus non daretur érigé en principe et en valeur par des politiques dépourvues de références transcendantes et de médias hédonistes plus préoccupés du succès de l’audimat que d’idéal humaniste. En ce commencement du nouveau millénaire, les défis sont nombreux qui nous invitent à unir nos forces pour offrir aux fidèles du Christ et à tous les hommes de bonne volonté, des points de repère lumineux dans une culture largement obscurcie par l’éclipse de Dieu et ballotée par les courants tumultueux d’une sécularisation galopante souvent porteuse de sécularisme. 2. Permettez-moi d’adresser de vifs remerciements à Son Eminence le Cardinal Christophe Schönborn, Archevêque de Vienne, Président du Conseil d’administration de la Fondation « Pro Oriente » et Membre du Conseil Pontifical de la Culture. Chère Eminence, vous venez de nous illustrer magnifiquement l’esprit de cette rencontre, et la chaleur communicative de votre accueil nous introduit dans un climat de joie partagée à ces jours de travail intense qui nous attendent. À travers vous, c’est toute ma reconnaissance que j’exprime envers la Fondation « Pro Oriente » : la promptitude avec laquelle la Fondation a répondu à la demande d’aide logistique et financière pour organiser cette Rencontre, la générosité des donateurs qui offrent en ce lieu privilégié des conditions remarquables de séjour et de travail, la célérité des solutions trouvées à toutes les difficultés d’organisation qui ont pu se présenter dans la phase de préparation, sont autant de raisons d’exprimer à la Fondation « Pro Oriente » et à ses mécènes ma vive reconnaissance. 3. Et ma profonde gratitude s’adresse à vous, Eminence Kyrill, Métropolite de Smolensk et Kaliningrad, Président du Département pour les Relations Ecclésiales Extérieures du Patriarcat Orthodoxe de Moscou. Je garde vivant en la mémoire du cœur le vif souvenir de ma visite du 17 novembre 2004 au Patriarcat, où Sa Sainteté le Patriarche Alexis II me faisait l’honneur de me recevoir avec le Père Ardura, Secrétaire du Conseil Pontifical de la Culture, et ouvrait, aux cours d’échanges emprunts de cordialité, des perspectives positives de collaboration dans le champ de la culture. Sa Sainteté me confiait sa préoccupation de transmettre les fondements de la culture russe aux jeunes générations souvent agressées par des sectes qui se multiplient en Russie. Et nous convenions ensemble de l’urgence d’un renouveau de la proposition de la foi pour relever les défis du sécularisme et de l’indifférence religieuse. En ces domaines, nos Eglises orthodoxe et catholique peuvent étroitement collaborer. C’est bien le sens de notre rencontre. Ajouterai-je que Sa Sainteté le Patriarche Alexis II m’offrait en signe de communion ecclésiale, la belle croix pectorale que j’aime à porter en cette rencontre d’Eglise significative. Le jour suivant, Eminence, vous avez bien voulu nous accueillir au monastère de Saint-Daniel avec vos plus proches collaborateurs, dans un climat fraternel et le souci d’un examen approfondi et sans complaisance sur la situation culturelle et religieuse concrète de l’Europe. Nos riches échanges ont fait apparaître une convergence remarquable d’analyses et de diagnostic qui nous conduisaient à envisager une rencontre conjointe sur le plan de la culture pour assurer « la nécessaire coopération entre les deux Eglises dans l’affirmation des valeurs spirituelles et morales de la société moderne ». Il en va de la mission même de nos Eglises et, c’est ma conviction, de l’intérêt de l’Europe entière, d’unir nos forces pour « donner une âme à l’Europe ». Je vous suis vivement reconnaissant d’avoir accueilli avec bienveillance cette intuition qui va prendre forme à travers nos échanges où nous allons bénéficier en permanence, sous le regard du Dieu d’amour, d’une double approche en nos réflexions, riches de nos traditions millénaires respectives éclairées par la lumière de l’Evangile de Notre Seigneur Jésus-Christ, dans un même amour des hommes et des femmes de notre temps. 4. Je veux encore remercier chacune et chacun d’entre vous, qui avez répondu généreusement à notre invitation et avez préparé de riches contributions pour nous aider à trouver ensemble les voies d’une authentique collaboration fraternelle pour le service de l’Evangile et de l’Europe chrétienne. Nous voulons percevoir nos différences légitimes d’approches, d’analyses et de perspectives pour mieux mettre en lumière notre engagement commun pour l’âme chrétienne de l’Europe. Nous sommes ici parce que nous croyons en la force de l’Evangile, capable de susciter un véritable humanisme, « sel de la terre et lumière du monde » pour le nouveau millénaire. Nous sommes ici, parce que dans une Europe tant bien que mal en quête d’unité d’Est en Ouest, nous sommes convaincus que cette unité est de nature culturelle et d’essence spirituelle. Nous sommes ici, parce que nous ressentons profondément l’appel à affronter, en étant unis, les grands défis du début de ce nouveau millénaire, en commençant par celui d’une modernité par endroits teintée de post-modernité sur fond de sécularisation. Dans un dialogue sincère, nos échanges fraternels et confiants nous permettront d’élargir nos horizons, de compléter nos informations, d’échanger nos propositions, et d’aborder ensemble les difficultés que rencontre notre projet commun à l’aube de nouveau millénaire : donner une âme à l’Europe. Nous voulons échanger parce que nous sommes convaincus de l’importance vitale pour les femmes et les hommes de nos contrées, de respirer avec les deux poumons d’Eglise, de l’Orient et de l’Occident. Nous voulons nous écouter parce qu’ « il est bon et beau de vivre ensemble et d’être unis », et parce que nous croyons en l’Esprit-Saint, capable de susciter des fruits de sainteté en toutes les cultures. Nous avons tant à partager et tout d’abord un même idéal, qui inspire la vie de nos Eglises, l’Evangile, la bonne nouvelle de l’amour du Christ, bonne nouvelle pour l’Europe aujourd’hui ! Ensemble, nous prenons conscience des obstacles, pour mieux les affronter, et des défis pour mieux les surmonter. Ils sont légion : relativisme moral et scepticisme diffus, Europe sans Dieu et sans âme, Europe froide, emprisonnée dans un carcan de lois et dirigée par une recherche constante du profit. Nous voulons alerter les autorités civiles et nos fidèles sur le danger des sectes, dénoncer toute forme de terrorisme et nous insurger contre celles et ceux qui utilisent le nom de Dieu pour justifier l’injustifiable violence à des fins de nihilisme. Nous voulons construire ensemble une Europe de paix, fondée sur les piliers de la vérité, la justice, la charité, la liberté, ainsi que les énonçait le Bienheureux pape Jean XXIII, il m’en souvient, j’étais alors son jeune collaborateur français, dans son admirable Lettre encyclique Pacem in terris. 5. Pourquoi ce thème de notre rencontre ? Or, à quinze ans de distance, l’éclat de l’été a fait place aux brumes d’un automne empli de tempêtes et traversé de bourrasques, prélude d’un hiver rigoureux : l’hiver démographique européen [1] progresse d’année en année. L’un de mes compatriotes français, spectateur engagé comme il aimait se définir, Raymond Aron, déjà en ses Mémoires (1983), estimait que les Européens étaient en train de se suicider par dénatalité. L’absence de postérité, bibliquement vécue comme un châtiment divin, est même devenue aujourd’hui en certains pays un idéal, un refus d’enfants : children free. Le désir d’enfant ne se décrète pas. Son absence est chez la femme le produit d’une culture matérialiste hédoniste qui atteint largement nos Eglises. Ce n’est pas une idéologie, mais une attitude pratique devant l’existence conçue comme un fruit à cueillir pour en jouir égoïstement, à un ou à deux, de même ou autre sexe, sans contrainte et sans entraves, dans un horizon intramondain où l’espérance de la vie éternelle s’est engloutie dans un temps sans espoir. Dans un Symposium sur Le Christianisme et la culture en Europe. Mémoire, conscience, projet, voici 15 ans déjà, j’avançais ce diagnostic : Cette préoccupation explique la structure de notre rencontre ecclésiale européenne et l’architecture de nos six sessions de travail : 6. Chers amis, la culture est au centre de notre rencontre, parce que l’homme est le destinataire du message d’amour évangélique du Christ. Permettez-moi un autre souvenir très cher. Résonnent encore en ma mémoire les paroles du successeur de Jean XXIII, le Serviteur de Dieu Paul VI, à la clôture du Concile Vatican II : nous avons reçu de Notre-Seigneur, la charge Cet homme est à la fois « fils et père de sa culture », selon la belle expression du Serviteur de Dieu Jean-Paul II. Nous voulons lui transmettre la bonne nouvelle du salut, et pour ce faire, le rencontrer tel qu’il est à notre époque, complexe et tourmenté, dans sa vie quotidienne, le milieu dans lequel il croît et s’épanouit, en un mot, la culture qui le façonne, pour en comprendre les multiples facettes, l’aider à combattre ses pulsions de mort et conduire ses élans de vie vers Celui qui leur donne sa plénitude, Jésus, « le chemin, la vérité et la vie ». Cette œuvre, nous pouvons, nous devons l’accomplir ensemble, chacun selon notre grâce, la richesse de nos traditions millénaires, dans la fidélité à l’Evangile de Notre Seigneur. 7. La culture. Pour le dire avec le grand poète russe Viatcheslav Ivanov, L’Evangile a scellé l’identité de l’homme européen d’une marque indélébile. Les Européens constituent une communauté enracinée dans une tradition propre dans laquelle l’Evangile a une part déterminante. Notre identité culturelle trouve son fondement et sa cohésion dans l’ethos chrétien. En ce temps de profondes mutations culturelles, l’Européen recherche avec angoisse ses racines : il sent intuitivement que son identité risque de lui échapper, il éprouve le sentiment confus de perdre son âme. La tradition chrétienne est l’anamnèse de l’Europe. Nous en sommes ensemble les héritiers, responsables de la mémoire chrétienne d’une Europe aujourd’hui en proie à l’aphasie et menacée d’amnésie. Responsable de sa mémoire chrétienne, qui le constitue comme tel, l’Européen à la croisée des chemins peut l’accueillir ou la récuser, l’enrichir ou la travestir. A cet égard, l’illusion n’est plus de mise : l’Europe, de l’Atlantique à l’Oural, connaît une réelle déchristianisation. Une sécularisation croissante, porteuse d’un sécularisme insidieux, la prive du contact nourricier avec le Centre profond de son être millénaire. Restent jusque dans ses contrées les plus sécularisées des traces de cette identité dont témoigne son dynamisme profond, cette tension vers un plus, cette volonté de dépasser l’horizon immédiat, cette ouverture vers l’Infini qui confère à la culture puisée à la source évangélique la capacité d’assimiler le meilleur des courants étrangers purifiés de leurs scories, pour enrichir son propre patrimoine. L’Europe chrétienne existe, et notre présence commune à Vienne en témoigne : nous en sommes tous, avec le Christ, les citoyens. C’est dire l’ampleur de notre tâche. Prolongeant l’expression célèbre de Viatcheslav Ivanov, je dirais que son cœur continuera à battre pleinement, à deux poumons, et que ces deux poumons de nos traditions orientales et occidentales pourront respirer ensemble quand ils seront reliés par le même vaisseau sanguin, la mémoire commune de la même foi, source du même amour. 8. Le vide spirituel vertigineux dont témoigne Le destin de Iouri Voronine [5], appelle de toute évidence un sursaut pour redonner à l’Europe la conscience de ses racines spirituelles et de son identité culturelle, condition indispensable pour créer à l’aube du nouveau millénaire une nouvelle culture pleinement européenne, qui soit authentiquement humaine et chrétienne, marquée par le respect de l’homme, de tout homme quel qu’il soit, mon prochain, mon frère, dont le visage, cette fenêtre ouverte sur l’infini, atteste une présence et témoigne d’une transcendance où le chrétien décèle l’image et la ressemblance de Dieu. Ce respect de l’homme nous entraine à construire ensemble l’Europe comme une communauté de nations fraternelles. Nos Églises ont une grande tâche éducative à remplir pour aider tous les Européens à aimer chacun sa nation d’un amour privilégié, mais non exclusif, comme composante irremplaçable d’un plus grand ensemble dans la communauté des peuples. C’est dire que pour nous chrétiens, l’Europe dont nous sommes les fils n’est pas une simple entité géographique, ni une pure union économique, mais une personne morale. Et pour la construire, il faut lui donner un esprit, un idéal, une âme. Vous me permettez de citer à cet égard l’un de mes compatriotes qui fut un grand homme d’Etat et un véritable Européen. Chef du gouvernement français voici un demi-siècle, il ne craignait pas d’affirmer dans un débat public au Centre catholique des intellectuels français à Paris : « Il importe de nous rendre compte que l’Europe ne saurait se limiter à la longue à une structure purement économique. Il faut qu’elle devienne aussi une sauvegarde pour tout ce qui fait la grandeur de notre civilisation chrétienne : dignité de la personne humaine, liberté et responsabilité de l’initiative individuelle et collective, épanouissement de toutes les énergies morales de nos peuples. Une telle mission culturelle sera le complément indispensable et l’achèvement d’une Europe qui jusqu’ici a été fondée sur la coopération économique. Elle lui confèrera une âme, un anoblissement spirituel et une véritable conscience commune. Il ne faut pas que nous ayons de la future Europe une conception étriquée, se confinant dans les préoccupations matérielles, si nous voulons qu’elle résiste à l’assaut des coalitions racistes et aux fanatismes de tout genre. » [6] 9. L’homme européen, nous le savons, est malade et affaibli par la progressive sécularisation culturelle et spirituelle, et nous le déplorons, elle affecte même des membres de nos Eglises. Il en résulte un affaiblissement de l’adhésion de foi à la Révélation de Dieu, la remise en cause théorique et pratique de la morale chrétienne, l’abandon massif de la pratique religieuse, le refus de prises de positions publiques de l’Eglise devant les orientations de certaines politiques contre l’institution sacrée du mariage et de la famille, la pseudo libération sexuelle, les développements parfois inquiétants de la science au mépris de la dignité de la personne humaine, les dérives de la presse et des médias souvent véhicules de haine envers la religion, sous prétexte d’un droit qui serait inaliénable et absolu d’une liberté de conscience et d’expression sans entraves et irresponsable. L’histoire millénaire de l’Europe nous l’enseigne, et tout particulièrement celle du siècle tragique qui vient de s’achever : une culture amputée de sa dimension transcendante est livrée, comme saint Jean nous l’enseigne en sa première Epître, à « la convoitise de la chair, la convoitise des yeux, et l’orgueil de la vie » (1 Jn 2,17). Sans cette ouverture à l’Esprit, le relativisme dominant rend toujours plus difficile l’exercice authentique de la liberté personnelle, dépourvue de critères, sans autre norme que les impératifs changeants des maîtres du jour, sans autre motif que la loi des plus forts orchestrée par la complicité de médias complaisants. Dans cette situation, il est de la plus grande importance que nos Eglises unissent leurs voix dans le débat public, notamment pour que le droit civil et le droit moral se retrouvent dans une juste relation réciproque. [7] Le pape Benoît XVI le rappelait dans son discours au Corps diplomatique près le Saint-Siège, le 9 janvier dernier : « Même dans les relations internationales, la recherche de la vérité réussit à faire apparaître les diversités jusque dans leurs plus subtiles nuances, et les exigences qui s’ensuivent, et pour cela même aussi les limites à respecter et à ne pas dépasser, pour la protection de tous les intérêts légitimes des parties. Cette même recherche de la vérité vous porte également à affirmer avec force ce que tous ont en commun, qui appartient à la nature même des personnes, de tout peuple et de toute culture, et qui doit être pareillement respecté. Quand ces aspects, distincts et complémentaires – la diversité et l’égalité –, sont connus et reconnus, alors les problèmes peuvent se résoudre et les dissensions s’apaiser selon la justice ; des ententes profondes et durables sont possibles. Tandis que, lorsque l’un de ces aspects est méconnu ou que l’on n’en tient pas compte, c’est alors que se font jour l’incompréhension, le conflit, la tentation de la violence et des abus de pouvoir. […] Les diversités indéniables qui caractérisent des peuples de différentes parties du monde et leurs cultures peuvent se rassembler non seulement dans une coexistence tolérante, mais dans un projet d’humanité plus haut et plus riche. Au cours des siècles passés, les échanges culturels entre judaïsme et hellénisme, entre monde romain, monde germanique et monde slave, de même qu’entre monde arabe et monde européen, ont fécondé la culture et favorisé les sciences et les civilisations. Il devrait en être de nouveau ainsi aujourd’hui – et dans une mesure plus grande encore ! –, les possibilités d’échange et de compréhension réciproque étant de fait beaucoup plus favorables. » [8] 10. Le défi de la sécularisation de la foi nous provoque à donner ensemble le témoignage d’une authentique vie évangélique, source d’une sainteté lumineuse pour la société. Permettez-moi d’évoquer ici le souvenir de Mère Teresa : elle a fait beaucoup plus en notre monde que bien des sermons dans les églises, pour aider nos contemporains à sortir d’une vue réductrice de la foi au Christ en un moralisme rigide, sans amour et sans joie. Devant la tentation de l’activisme, la substitution du croire par le faire, l’idée selon laquelle il vaut mieux d’abord améliorer la terre pour ne penser qu’ensuite au ciel – dénoncée par le Pape Benoît XVI dans son Encyclique Deus caritas est – nous avons à proposer le « salut intégral » de l’homme dans toutes les dimensions de sa vie, indiquer la voie à suivre pour entrer dans la joie de Dieu en construisant une civilisation de l’amour. De la rencontre en vérité de nos Eglises, naîtra une nouvelle Pentecôte d’amour pour les hommes et les femmes habitants d’une Europe unie, ouverte à la diversité de cultures fécondées par le levain de la foi au Christ. 11. Permettez-moi pour conclure, d’évoquer cet heureux souvenir de mon dernier séjour à Moscou, ces groupes d’enfants que j’observais dans l’extraordinaire Galerie Tretjakov, conduits joyeusement par leurs maîtresses d’école pour leur donner de découvrir, à travers les chefs d’œuvre de Roublev et de l’art Byzantin, l’âme de la Russie et les racines chrétiennes de l’Europe. Les œuvres de beauté qui sont notre héritage, sont l’un des chemins de l’évangélisation qui, mieux que d’autres, nous donne de saisir l’éblouissante harmonie de la riche mosaïque de l’Europe chrétienne, l’Europe de la foi et de la culture, appelée à retrouver ses racines les plus profondes pour se nourrir de la lymphe de l’Evangile, toujours capable et, c’est ma conviction, seule capable de lui insuffler une nouvelle vie. Je le disais à Moscou, dans mon intervention au Séminaire organisé par le Centre culturel “Bibliothèque de l’Esprit” sur L’échange de dons entre l’Orient et l’Occident, le 16 novembre 2004 : « L’Europe a besoin de retrouver son âme, sa conscience et son cœur pour mériter d’être la légitime héritière des merveilleuses réalisations du passé, et permettre de nouveaux élans pour une nouvelle Pentecôte, dans la vérité, la liberté, la beauté et l’amour partagé des différents peuples, exprimés en chacune des cultures et dans la sagesse qui leur est commune ». [1] Cf. Jacques Dupâquier, Yves-Marie Laulan, L’avenir démographique des grandes religions, F.-X. de Guibert, 2005. Zenit.org, 2006. Tous droits réservés - Pour connaitre les modalités d´utilisation vous pouvez consulter : www.zenit.org ou contacter infosfrench@zenit.org - Pour recevoir les news de Zenit par mail vous pouvez cliquer ici |