Consignes et Résolutions de la Rencontre
A la fin de la rencontre une lettre a été envoyée au Pape. Les participants du congrès donnaient trois consignes de travail suivant les réflexions de cette rencontre. La première est la formation chrétienne : « La formation est le milieu par excellence où peut s’exprimer l’originalité des charismes des différents mouvements et communautés, chacun fondant son procédé éducatif dans sa propre pédagogie spécifique.
La seconde est une « annonce puissante ». « La mission aide à découvrir la plénitude de la vocation propre aux baptisés, repoussant la tentation d’un repli égoïste sur soi-même et protège du danger de considérer le mouvement auquel on appartient comme une espèce de refuge, dans une atmosphère d’amitié confortable, pour se protéger des problèmes du monde ».
La troisième consigne est une attention spéciale vers ceux qui souffrent, pauvres et marginaux, qui consiste, surtout à « créer et soutenir avec créativité des œuvres et des projets qui montrent l’amour de Dieu pour chaque homme qui souffre, et ouvrent des voies à la puissance transformatrice de la charité en face des grands défis de plus de justice, solidarité, paix et unité dans la vie de nos peuples.
Une opportunité magnifique
Cet événement a été une magnifique opportunité pour constater l’action du Saint Esprit qui inspire divers charismes lesquels renforcent et remplissent de vitalité l’Eglise universelle.
Il y a des milliers et des milliers de femmes et hommes, laïcs et consacrés, qui s’ajoutent aux Mouvements et Communautés Ecclésiales pour vivre leur engagement de baptême avec radicalité et authenticité dans un même but : l’établissement du Règne du Christ sur la terre. Au milieu de la diversité des charismes et des méthodes, il existe une grande unité qui enrichit l’Eglise.
Lettre envoyée à Benoît XVI par les 122 responsables des 45 mouvements qui se sont réunis pour la première rencontre des Mouvements ecclésiaux d’Amérique Latine.
Très Saint Père,
Nous, cent vingt-deux responsables de quarante-cinq mouvements et nouvelles communautés provenant de 23 pays d’Amérique Latine, et trente deux évêques, joints à la présidence du CELAM et une représentation du Conseil Pontifical des Laïcs, réunis à Bogota du 9 au 12 mars 2006 pour participer à la première rencontre des Mouvements Ecclésiaux et des Nouvelles Communautés en Amérique Latine , sur le thème « Disciples et missionnaires du Christ aujourd’hui », désirons vous exprimer notre gratitude pour la sollicitude avec laquelle vous avez suivi cette initiative prise avec le Conseil Pontifical pour les Laïcs et le conseil Episcopal Latinoaméricain, et pour le message que vous avez bien voulu envoyer aux participants par l’intermédiaire de Son Eminence le Cardinal Sodano. Merci, Saint Père de nous avoir témoigné votre proximité paternelle et envoyé vos paroles significatives, montrant à notre Eglise et à nos peuples un encouragement plein d’amour et d’espérance.
D’avoir placé au centre de l’attention de cette rencontre le thème du chrétien, ou plutôt du disciple du Christ, est le vrai signe de la conscience qu’a l’église de l’Amérique Latine de l’urgence fondamentale pour le temps que nous vivons :/ la permanence de la foi, la transmission de la foi, la fructification de la foi dans toutes les dimensions de vie des personnes, des familles, de nos nations. Le patrimoine de la foi catholique est le plus grand trésor de nos peuples. Il existe pourtant le risque de son érosion toujours plus intense et même de sa dilapidation. Il existe un risque réel de perte de la foi, de la perception de son sens pour la vie, un risque réel que la foi dans le Christ devienne de plus en plus insignifiante pour la vie de tant de gens. Dans ce sens, on appelle l’attention, la clairvoyance avec laquelle le Document de Participation à la 5ème Conférence Générale de l’Episcopat d’Amérique Latine recueillera la conviction acquise dont on ne peut donner d’emblée le sujet, celui qui répondra à de tels défis. Aujourd’hui nous sommes plus conscients de la véritable nature de la crise. Il ne suffit plus de parler de « nouvelle évangélisation » sans se poser la question du sujet qui la fera aboutir. Il est nécessaire de réveiller l’intérêt pour Jésus Christ et son évangile. Cette tâche est spécialement ardue de nos jours car il y a beaucoup de personnes qui pensent le connaître déjà et le confondent avec une vague religiosité. Il faut « recommencer à partir du Christ », comme nouveau début, dans la nouveauté, l’actualité, la réalité et la fascination de sa rencontre, à sa suite, en communion avec Lui.
Dans le message que Votre Sainteté nous a envoyé vous nous dites que l’espérance de l’Eglise est « que les Mouvements et Nouvelles Communautés contribuent à donner un nouvel élan à l’évangélisation de tous les secteurs de la société, du monde du travail et de la famille, de la culture et de l’éducation, enfin dans tous les domaines où se déroule la vie des hommes d’aujourd’hui. » Nous qui avons eu le privilège de participer à cette rencontre de Bogota, voulons répondre à vos attentes en nous engageant avec trois priorités.
La première et grande priorité, est sûrement la formation chrétienne. En effet la capacité d’une génération d’adultes est en crise, pour éduquer leurs propres enfants, car aujourd’hui les ciments mêmes du procédé éducatif se désintègrent. On vit comme si la vérité n’existait pas, comme si le désir de bonheur dont est fait le cœur de l’homme devait rester sans réponse. L’influence de cette culture affecte aussi les baptisés ; c’est pourquoi il existe des identités chrétiennes faibles et confuses. La formation est le domaine par excellence où peut s’exprimer l’originalité des charismes de différents mouvements et communautés, chacun fonde son procédé éducatif de la personne sur sa propre pédagogie spécifique. Au centre de chaque charisme se trouve la rencontre personnelle avec le Christ vivant. Le défi que l’Eglise a en face d’elle est de montrer sa capacité à générer et éduquer le chrétien qui répond à la nouvelle situation de « confusion généralisée » (DP 15), où les chrétiens du Continent sont appelés à vivre leur foi, conscients de la difficulté de transmettre la foi dans cette situation.
La seconde grande urgence est une « annonce forte ». La formation chrétienne doit toujours avoir une portée missionnaire. La mission aide à découvrir en plénitude la vocation propre aux baptisés, elle défend de la tentation d’un repli égoïste sur soi-même, protège du danger de considérer l’appartenance à un mouvement comme un espèce de refuge, dans un climat d’amitié chaleureuse, pour se protéger des problèmes du monde. On a vu pendant ces jours l’engagement missionnaire des mouvements ecclésiaux et des nouvelles communautés avec une capacité indiscutable de réveiller à nouveau l’enthousiasme apostolique et le courage missionnaire chez les laïcs. De cette façon on répond à une des nécessités les plus urgentes de l’Eglise de notre temps, c’est-à-dire la catéchèse des adultes, comprise comme une authentique initiation chrétienne qui leur révèle la valeur et la beauté du sacrement de Baptême. Appréciant le sentiment de mystère bien enraciné qui se trouve dans la piété populaire et enrichis par elles les mouvements et les nouvelles communautés offrent des pédagogies d’évangélisation qui peuvent contribuer avec efficacité à l’orienter vers la formation de disciples et missionnaires du Christ. Ils se dirigent aussi avec naturel et courage vers les frontières difficiles des aréopages modernes de la culture, des moyens de communication sociale, de l’économie et de la politique pour encourager la construction de formes de vie plus dignes de l’homme et de tous les hommes. De plus nous avons vu l’importance de participer en nous insérant dans le tissu des églises locales, pour les transformer en signes éloquents de l’universalité de l’Eglise et de sa mission.
Le dernier engagement, mais non le moins important, dans lequel nous voulons avancer est celui d’une attention spéciale envers ceux qui souffrent, pauvres et marginaux en face de tant de formes nouvelles et anciennes de pauvreté que nous côtoyons dans notre réalité latinoaméricaine - qui sont en contradiction criante et qui interpellent face à la tradition catholique de nos peuples- nous voulons nous efforcer, comme nous l’enseigne l’encyclique « Deus caritas est » à créer et soutenir avec créativité des œuvres et des projets qui montrent l’amour de Dieu à chaque homme qui souffre, et qui ouvrent des voies à la puissance transformatrice de la charité devant les grands défis de justice majeure, de solidarité, de paix et unité dans la vie de nos peuples.
Nous avons un ferme espoir que cette première Rencontre offrira une contribution à la préparation et à la réalisation de la 5ème Conférence Générale de l’Episcopat d’Amérique latine,prévue en mai 2007 à Aparecida (Brésil) sur le thème « Disciples et missionnaires de Jésus Christ pour que nos peuples aient la vie en Lui ». « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie (Jn.XIV, 6). Et nous nous engageons à susciter partout un échange d’expériences, réflexions et propositions qui peuvent servir à édifier la préparation d’un événement si important.
Nous sommes très désireux que beaucoup de membres de nos Mouvements et communautés puissent rencontrer Votre sainteté à Rome, sur la Place Saint Pierre, le 3 Juin 2006, veille de la Pentecôte, et nous vous renouvelons notre engagement à annoncer l’Evangile dans tous les lieux où nous sommes présents. Par l’intercession de Marie, mère de l’Eglise, si aimée de nos peuples, par nos mouvements et nos communautés, nous offrons à Dieu nos prières pour Vous et nous vous demandons votre Bénédiction Apostolique Paternelle.
Les cardinaux, évêques, prêtres et fidèles laïcs qui ont participé à la première Rencontre des Mouvements Ecclésiaux et des Nouvelles Communautés d’Amérique Latine.
Bogota, 12 mars 2006