Publié le : 6 mars 2006 Source : Zenit.org
Les newsLa persécution antichrétienne dans le monde, par Thomas Grimaux (2)ROME, Lundi 6 mars 2006 (ZENIT.org) – Thomas Grimaux est l’auteur du « Rapport 2005 des persécutions antichrétiennes dans le monde », publié par l’A.E.D. (Aide à l’Eglise en Détresse), avec une préface de Marc Fromager, directeur national de l’AED France (192 pages. 15 euros). Il présente aux lecteurs de Zenit les clefs de son enquête sur « l’état actuel de la persécution antichrétienne » dans le monde (pour la première partie de l’entretien, cf. Zenit, 5 mars). Zenit : La persécution signifie-t-elle uniquement assassinats ou actes violents ? T. Grimaux : Nous ne le pensons pas car l’homme étant la conjonction d’une âme et d’un corps, la persécution ne peut se résumer aux seules blessures contre le corps. Elle sera ici considérée comme toute attaque portée volontairement contre l’âme et/ou le corps. Les terribles ‘progrès’ en manipulation psychologique apportés par le nazisme, par le marxisme et par les autres totalitarismes du XXème siècle montrent bien que le martyre n’est pas uniquement corporel. Nous disons volontairement car il est évident que, dans un accident de voiture, si je tue involontairement un homme, qui se trouve être un prêtre, je ne le fais pas exprès et l’acte n’est pas antichrétien. De la même manière, si je tue une vieille dame conduisant une voiture on ne pourra en conclure une ‘gérontophobie’ de ma part. Mais, si volontairement, je fonce pour écraser le piéton, il y a acte délibéré. Attaque portée volontairement contre l’âme et/ou le corps d’un chrétien. Mais cela ne suffit pas. Il faut encore indiquer que c’est en connaissant la qualité de chrétien et contre cet état que l’agresseur agit. Dans une bagarre, je puis tuer en état de légitime défense, une personne chrétienne mais il n’y a pas d’acte antichrétien réel. En revanche, si je fonce pour écraser une religieuse en habit, je commet un acte antichrétien. Ainsi, la définition devient : attaque portée volontairement contre un chrétien en tant que tel et, par extension, attaque portée contre tout ce qui est ou représente l’Eglise. Zenit : Ce sujet étant ‘sensible’, quels sont les écueils à éviter pour ne pas tomber dans une vision partisane ? T. Grimaux : Il y en a deux, qui sont les excès opposés : la paranoïa et l’angélisme. De grâce, ne pensons pas que tout le monde en veut aux chrétiens, vous et moi, nous pouvons quand même aller à la messe librement. Ceci étant dit, s’il ne faut pas voir des actes antichrétiens partout, il ne faut pas non plus avoir peur de les dénoncer lorsqu’ils existent. Gardons-nous également de tout angélisme. En effet, arrêtons de prétendre que les ‘jeunes’ qui régulièrement provoquent un début d’incendie dans l’église de telle petite ville de Bourgogne, sont de « pauvres petits qui ne savent pas ce qu’ils font » ! Si, ils le savent et c’est parce qu’ils voient en la religion un ‘opium du peuple’ ou dans les hommes de Dieu des ‘pauvres types tous plus ou moins pédophiles’ qu’ils commettent ces actes. La preuve en est qu’ils ne s’attaquent pas à l’épicerie du coin, ni à la façade de la Mairie, ni à la synagogue. Or, pourquoi des ‘jeunes’ qui dégradent une synagogue ou une mosquée seraient considérés comme antisémites ou antimusulmans, et pas antichrétiens quand ils le font contre une église ? Jusqu’ici, ce fait brut ne révèle pas s’il s’agit d’une triste affaire de banditisme comme il en existe chaque jour dans le monde, ou s’il s’agit d’un acte de persécution. Mais laissons la parole aux personnes qui sont sur le terrain. Le Président de la Conférence épiscopale du Burundi, Mgr Ntamwana, donne, sans entrer dans les détails, des renseignements précieux : « De la façon dont il a été exécuté, et je parle bien d’une vraie exécution, on voit que Mgr Courtney était recherché ». De plus, le Nonce était avec sa voiture habituelle, reconnaissable entre toutes. Aussi, à l’instar des autorités politiques du pays après enquête et avec témoignage des survivants, il dénonce les FNL comme auteur de l’assassinat. Cette conclusion s’impose d’elle-même pour l’évêque puisque son prédécesseur, Mgr Tscherrig, avait lui-même échappé à deux attentats. Une fois cette accusation portée, le porte parole des FNL - qui est un pasteur protestant, M. Habimana - s’en indigne et jure devant le pays et l’Eglise que son groupe n’y est pour rien. Et puis, il ajoute que le Président de la Conférence épiscopale a trente jours pour quitter le pays (menaces qui s’évanouiront devant le tollé provoqué par de tels propos). Pas de paranoïa donc mais pas d’angélisme non plus. Vérifier les informations et préférer taire un cas non avéré, telle est notre méthode. Cependant, nous reconnaissons à l’avance que nous pouvons nous tromper, et nous sommes prêts à présenter des excuses si une erreur s’est glissée dans le livre. Zenit : Un tel travail nécessiterait d’aller dans tous les pays, ce qui est impossible. Pour les pays que vous n’avez pas visité, quelles sont vos sources ? T. Grimaux : Il y a d’abord celles de l’AED, association internationale catholique présente dans la grande majorité des pays, soit donateurs, soit en détresse. Il y a ensuite des contacts personnels établis au cours de voyages ou non. Il y a enfin, les grandes sources d’information du monde catholique comme la vôtre ou comme le Service de Presse du Vatican, Fides, Misna, APIC, ACAT, Asia News, Justice et Paix, EDA, les services diocésains de communication ; différents médias allant de RFI à la BBC en passant par les journaux français, soit d’information générale soit chrétiens, ainsi que les journaux des congrégations religieuses et missionnaires (MEP, Spiritains, etc.). Zenit : Dans ce livre de près de 200 pages, vous donnez un nombre très important de faits, dans environ 100 pays. Pourquoi cette approche factuelle ? T. Grimaux : Oui mais pour être précis, les actes de persécution cités par pays sont précédés d’une grande et large introduction que je reprends en partie ici. Mais, à côté des données de populations et de pourcentages de religion - données objectives et nécessaires - nous évoquons rapidement la situation législative quant à la liberté religieuse (le droit de pratiquer en privé certes, mais encore la liberté ou non de construire des lieux de cultes, le statut juridique de l’Eglise, les lois d’exception, l’existence d’une religion d’Etat ou non, l’accès aux médias…). Cet ensemble permet de signifier si dans le pays la liberté religieuse est existante, limitée, très limitée ou inexistante. Zenit : Pour chaque pays, vous présenter des flèches qui indiquent des tendances… T. Grimaux : … Toujours dans ce but d’éviter les caricatures, nous mettons en effet des petites flèches à la fin de chaque pays : vers le bas (baisse), parallèle au sol (pas de changement) et vers le haut (augmentation). Une seule de ces flèches est en noir et c’est elle qui donne la tendance observée dans le pays. Le premier graphique concerne la liberté religieuse donc, qui est soit en baisse, soit identique à l’année précédente (qu’elle ait été existante, inexistante, limitée ou très limitée), soit en hausse. L’autre graphique donne la tendance pour le nombre et la gravité des actes de persécution. Zenit : Selon vous, quelles sont les types des persécutions ? Zenit.org, 2006. Tous droits réservés - Pour connaitre les modalités d´utilisation vous pouvez consulter : www.zenit.org ou contacter infosfrench@zenit.org - Pour recevoir les news de Zenit par mail vous pouvez cliquer ici |