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 - 17 mai 2025 - Saint Pascal Baylon
Publié le : 22 novembre 2005 Source : Zenit.org
 

 

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Entretien avec un témoin du martyre de José Sánchez del Río, béatifié dimanche (II)

ROME, Mardi 22 novembre 2005 (ZENIT.org) – Parmi les témoins du martyre de José Sánchez del Río, un jeune Mexicain de 14 ans béatifié ce dimanche à Guadalajara, figurait Marcial Maciel, un enfant d’à peine huit ans qui allait devenir le fondateur de la congrégation des Légionnaires du Christ et du mouvement « Regnum Christi ».

La Légion du Christ compte environ 650 prêtres et 2.500 séminaristes. Le mouvement d’apostolat Regnum Christi compte 65.000 membres laïcs (hommes et femmes), diacres et prêtres, répartis à travers le monde.

Dans cet entretien accordé à Zenit, le père Maciel, âgé aujourd’hui de 85 ans, nous fait revivre le martyre de son jeune ami. Nous publions ci-dessous la deuxième partie de l’entretien. (Pour la première partie, cf. Zenit, Lundi 21 novembre).

Zenit : José Luis fut assassiné et le mouvement cristero qu’il soutenait a échoué. Croyez-vous qu’il soit mort inutilement ?

P. Maciel : En 1929 les cristeros déposèrent les armes, obéissant au mandat de Sa Sainteté le Pape Pie XI. Les gouvernants de l’époque ne respectèrent pas les accords passés avec l’Eglise et avec les cristeros, et de nombreux cristeros désarmés furent ensuite assassinés. Tout ce combat, pour rien. On pourrait penser qu’il s’agissait d’un échec. Mais comme disait Tertullien : « Le sang des martyrs est semence de nouveaux chrétiens ». Jean-Paul II fut témoin, lors de son premier voyage au Mexique en 1979 – son premier voyage comme pèlerin à travers le monde – de l’enthousiasme et de la vie de foi que l’on respire au Mexique, sans aucun doute irrigués par le sang de ses martyrs.

La mort d’un martyr ne sera jamais une mort inutile, mais sera une mort féconde, rédemptrice. C’est la mort du disciple qui s’unit à la croix de son Maître, et qui avec Lui offre sa vie pour le salut de nombreuses personnes, y compris de ses bourreaux. Comme Jésus, sa mort semble à première vue un échec, mais il est un témoin lumineux de la résurrection et de la vie éternelle qui nous attend tous. C’est le triomphe de l’amour sur la haine et de la vie sur la mort. J’ai pu constater à plusieurs reprises que depuis la mort de José Luis, de nombreuses personnes se rendent en visite sur sa tombe, apportent des fleurs, allument des bougies, s’attardent devant sa tombe pour prier, demandant son intercession. Comme disait Jésus : « Dieu n’est pas le Dieu des morts mais des vivants ». Lorsque nous prions les saints, nous savons que nous parlons avec des personnes vivantes, qui ont triomphé définitivement et ont atteint le bonheur avec Dieu vers lequel nous marchons en pèlerins au cours de cette vie, un bonheur auquel nous sommes tous appelés.

Zenit : Un adolescent de 15 ans est-il capable de donner sa vie pour le Christ ? A 15 ans, peut-il être sûr de sa vocation ?

P. Maciel : Vous me demandez si un adolescent de 15 ans est capable de donner sa vie pour le Christ. Le contexte même de cet entretien, le martyre de José Sánchez del Río, un jeune de 14 ans, est en soi une réponse. Dans votre deuxième question vous établissez une belle relation qui renferme une grande vérité. Le martyre est un appel de Dieu à donner toute sa vie pour le Christ en quelques instants. La vocation est aussi un appel à donner toute sa vie pour le Christ, mais jour après jour, minute après minute.

Nous ne pouvons pas oublier que c’est Dieu qui appelle, et Il choisit le moment pour le faire. C’est Dieu qui sème et dépose la graine. Il peut réveiller la vocation sacerdotale dans le cœur d’un enfant, comme dans celui d’un jeune, comme dans celui d’un adulte ; lorsque le moment lui semble opportun Il sait trouver la manière de leur faire sentir clairement au plus profond d’eux-mêmes, son invitation à le suivre. Il est évident que, comme tout processus de maturation dans la vie d’un enfant et d’un jeune, cette graine doit croître avec le temps. L’appel sera étudié et aura le temps d’être pondéré et vérifié. Le chemin vers le sacerdoce ou la vie consacrée passera par différentes étapes de formation et l’Eglise accueillera ceux qui sont aptes. L’important est de pouvoir offrir à ces enfants et ces adolescents qui font l’expérience de l’appel de Dieu, au plus profond d’eux-mêmes, à un jeune âge, un espace de liberté et un milieu propice, une « bonne terre », le soleil, l’eau, l’air, afin que la graine puisse germer en son temps ; c’est ce que nous tentons de faire dans les centres de vocation de la Légion et de « Regnum Christi ».

Ce fut également mon expérience personnelle : j’ai reçu l’appel au sacerdoce à l’âge de 14 ans. J’ai quitté ma famille pour entrer au séminaire à l’âge de 15 ans ; je n’ai jamais douté de ma vocation, j’ai été et je suis pleinement heureux dans mon sacerdoce et j’ai déjà 85 ans…

Zenit : Le fondateur d’une autre congrégation religieuse née au Mexique fut également témoin de ce martyre…

P. Maciel : Je pense que vous faites référence au père Enrique Amezcua Medina, fondateur de la Confraternité sacerdotale des Ouvriers du Royaume du Christ. Il est de Colima. Je ne saurais pas vous dire s’il fut ou non témoin du martyre. Je crois que non, mais il me semble en effet qu’il doit sa vocation sacerdotale à José Luis Sánchez qu’il rencontra en 1927, en pleine guerre des cristeros. Il raconte que lorsqu’il avait 9 ans, alors qu’il s’était approché de José pour faire sa connaissance, il vit que celui-ci tenait contre lui le drapeau du Christ Roi et qu’il parlait avec une grande ferveur de la Très Sainte Vierge Marie, avec un jeune cristero découragé… Le père Enrique – enfant à l’époque – s’approcha, et lui dit qu’il voulait être comme lui soldat du Christ Roi. José lui sourit et répondit qu’il était encore très jeune mais qu’il devait beaucoup prier pour lui et pour tous les cristeros. Le père Enrique se souvient de son regard intense lorsqu’il lui dit : « Dieu va peut-être vouloir que tu sois prêtre. Et si tu deviens un jour prêtre, tu pourras faire beaucoup de choses que ni moi ni les autres ne pouvons réaliser. N’aie donc pas peur…

Il firent – en serrant très fort leurs mains – le pacte de toujours prier l’un pour l’autre. José Luis le quitta en disant : « Nous nous reverrons quand Dieu le voudra : bientôt, ou au Ciel… ».

Zenit : Que demandez-vous à José Luis ?

P. Maciel : Toujours la même chose : qu’il nous obtienne de Dieu la grâce d’être fidèles à notre foi et à notre amour inconditionnel pour le Christ jusqu’à la mort. Je lui confie tous les enfants et les adolescents. Il me semble que, comme il le fut pour moi, José sera pour chacun d’eux un excellent modèle d’amitié avec le Christ, de fidélité et de cohérence chrétienne.



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