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 - 17 mai 2025 - Saint Pascal Baylon
Publié le : 23 novembre 2005 Source :
 

 

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La charge contre le multiculturalisme de l’archevêque d’York

Depuis une flambée d’émeutes en 2001 dans le nord de l’Angleterre, et surtout, depuis les attentats de Londres en juillet, les Britanniques s’interrogent sur les bienfaits et les limites du multiculturalisme en vigueur au Royaume-Uni, une politique qui laisse chaque communauté vivre librement sa propre culture.

Ses défenseurs rappellent qu’elle est une source de tolérance et de diversité, qui, conjuguée à une politique active de lutte contre les discriminations, a permis une représentation politique plus équitable, et au total, une meilleure intégration des minorités ethniques. Mais des voix de plus en plus nombreuses soulignent que le système a aussi conduit à accroître l’isolement entre les communautés et à renforcer la ségrégation sociale.

La dernière en date des critiques contre ce modèle émane d’un personnage influent et respecté, d’origine ougandaise, John Sentamu, archevêque de York, et numéro deux de l’Eglise anglicane. Dans un entretien au Times, publié mardi 22 novembre, il attaque vivement le multiculturalisme et exhorte les Anglais à redécouvrir leur identité nationale. "Le multiculturalisme, affirme-t-il, autorise les autres cultures à s’exprimer mais il empêche la culture de la majorité d’exprimer ses victoires, ses combats, ses joies, ses souffrances". Le multiculturalisme, ajoute-t-il, est un concept qui a échoué à montrer ce que recouvre le fait d’être Anglais : "L’Angleterre est la culture dans laquelle j’ai vécu, et que j’aime. Mes enseignants étaient Anglais. C’est la culture que j’ai connue en grandissant".

L’archevêque d’York, nommé en juin à ce poste, et qui sera officiellement intronisé le 30 novembre, estime que les Anglais devraient avoir une opinion plus favorable de leur identité et de leur Histoire : " Je parle en tant qu’étranger. Les Anglais sont embarrassés à propos de certaines des bonnes choses qu’ils ont faites. Ils ont fait des choses terribles mais l’Empire n’était pas totalement une mauvaise idée."

L’EXPÉRIENCE COLONIALE

John Sentamu conseille aux Anglais, par exemple, de célébrer leur fête nationale, le 23 avril, jour de la St George. L’échec à renouer avec leur identité ne fera, selon lui, qu’alimenter l’extrémisme politique. Le dignitaire anglican n’aime pas le mot "tolérance", qui implique que les communautés se contentent de "se supporter". Il préfère le mot "magnanimité", qui renvoie à une compréhension et une aide mutuelles.

L’archevêque assure que l’expérience coloniale britannique a été préférable à celle de la France. " Ce que les Anglais ont fait en Ouganda n’était pas la réplique du mode de vie à l’anglaise, dit-il. Ils ont pris sérieusement en compte la culture ougandaise et en ont gardé ce qui était bien en elle". Puis se référant à la situation présente, il déclare : "Ce que la France n’a pas fait, c’est de faire sentir à ceux qui vivent chez elles qu’ils en font vraiment partie. Ils parlent français mais ils savent qu’ils ne sont pas Français".

Elevé en Ouganda dans une famille de treize enfants, John Sentamu y a reçu une formation de magistrat. Juge à la Haute Cour de Kampala sous le régime du dictateur Idi Amin Dada, il quitta son pays après avoir été sérieusement battu. Nommé conseiller dans l’enquête (1997-99) sur la mort de Stephen Lawrence, un jeune homme victime d’un crime racial qui avait bouleversé l’Angleterre, il avait reçu à l’époque des lettres racistes. Connu pour son franc-parler, il a, dans cet entretien au Times, justifié une nouvelle fois sa réputation.

Source : le Monde


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