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 - 28 avril 2024 - St Louis-Marie Grignon de Montfort
Publié le : 8 février 2015 Source : Zenit.org
 

 

Les news

Brunor répond à un lecteur ami

Résumé  : Un lecteur ami, qui apprécie la forme des indices pensables, exprime une difficulté, voire un désaccord quant à la méthode, ce qui nous donne une occasion d’en parler.

Cher René, (…) il me semble que différents malentendus président à certaines de tes remarques, et j’aimerais pouvoir les lever.
Tu emploies le terme de «  concordisme  » et tu tentes de t’en expliquer  : «  pour les faire concorder (Brunor) prend le texte au-delà de ce qu’il dit. (…) Mais il n’est pas écrit que le soleil va s’éteindre et il est abusif de faire dire aux Hébreux  : «  Le Ciel et le Terre aussi ont eu un début et ils s’usent  (Tome 1 P. 8).  Brunor soulève de justes questions mais fait trop dire à la Bible.  »…

Nous touchons ici un des nœuds du malentendu. En effet, si tu avais raison, si je faisais dire à la Bible ce qu’elle ne dit pas, je serais tout simplement malhonnête. Mais sans doute n’as-tu jamais remarqué ce passage du Psaume 102 qui nous dit  :
«  Depuis longtemps tu as fondé la Terre
Et les Cieux sont l’ouvrage de tes mains,
Eux périssent, toi tu restes,
tous, comme un vêtement, ils s’usent.  »
Chacun peut donc vérifier que la Bible dit bel et bien, non seulement que le Soleil et l’Univers entier ont eu un commencement, mais qu’ils auront aussi (Soleil et Univers entier), une fin.
Conclusion, ce que tu viens de me reprocher n’était pas exact.

Ce psaume 102 n’est  d’ailleurs qu’un exemple, car on trouve plusieurs autres  citations sur l’aspect provisoire de toutes choses, dans différents livres Bibliques qui affirment que cet Univers entier «  passera  ». On retrouve même cette représentation du monde, c’est-à-dire ce  «  paradigme  » dans le Nouveau Testament à plusieurs reprises. Ce monde de la durée présente sera remplacé, selon la pensée hébraïque, par ce qu’ils appellent la «  malkouta di schémaïia  : le «  Royaume de Dieu  ». Jésus explique à Nicodème comment y entrer, car bien que «  Maître en Israël  », ce dernier l’ignorait. (Jean 3-10). Il y a d’autres citations  : «  Le Ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas  »… «  Des cieux nouveaux une terre nouvelle  » etc.

Donc je n’ai pas inventé cela, je n’ai pas «  fait trop dire à la Bible  », du moins sur ce point.
C’eut été d’ailleurs une considérable erreur de ma part, car le premier venu aurait relevé l’imposture dès les premiers albums mis en circulation en 2007 avec l’Univers imprévisible. Cet  Album paru chez les dominicains du Cerf, qui, comme tu t’en doutes, n’auraient pas laissé passer une telle tentative de manipulation des lecteurs, petits et grands. Car ils ne sont pas du genre à s’en laisser compter en termes d’exégèse et de concordisme.

Que la Bible nous dise que le Ciel et la Terre (hashammaïm ve-ethaaretz) c’est-à-dire «  l’Univers entier  » s’use comme un vieux vêtement, ce n’est sans doute pas très connu des catholiques et je conçois que cela puisse surprendre, mais si on se penche sur la pensée Hébraïque, on constate que c’est un thème fondamental de leur représentation du monde et de leur propre ontologie (qu’ils pratiquent comme Monsieur Jourdain, sans le savoir).

En effet, le  paradigme énoncé par les textes des hébreux est original à plus d’un titre et étrangement «  visionnaire  » si l’on peut dire. Chose qui a malheureusement échappé à des générations de chrétiens, docteurs, Pères, prédicateurs  ou simples baptisés, car dans les siècles passés, ils ne disposaient d’aucun moyen pour le vérifier … C’est sans doute la raison pour laquelle est née cette étrange idée que les textes anciens ne pouvaient en aucun cas être confrontés au réel sous peine d’être suspect de «  concordisme  » alors que ce travail de confrontation au réel (1) répond tout simplement aux exigences de l’exercice normal de l’intelligence.

Mais j’ai remarqué au long des rencontres occasionnées par mes conférences que la définition du mot «  concordisme  » n’est pas la même pour tout le monde. Je regrette que tu n’aies pas tenu compte de l’analyse que j’en fais p. 43 du Tome 2… et je pensais que cela éviterait les malentendus, mais le mieux est de vérifier si nous en avons la même définition.
Rappel  : lors des querelles survenues au milieu du XIX° siècle avec les découvertes de Darwin, on a nommé à juste titre «  concordisme  » une pratique malhonnête qui consistait à trafiquer subrepticement des textes anciens pour leur faire dire ce qu’ils ne disaient pas et les faire concorder avec les sciences naissantes, quand …cela  ne concordait pas.(2)

Si tu critiques ce concordisme-là, sache que je le critique autant que toi car il s’agit d’une véritable imposture qu’il faut combattre de toutes nos forces quand elle se présente.
Mais je n’ose pas imaginer que tu me reproches cela. Si c’était le cas, il te faudrait alors démontrer quels sont les points précis où j’aurais pratiqué cette imposture en déformant tel ou tel mot, telle ou telle phrase, ou affirmation. Car pour de telles accusations,  la critique floue n’est pas envisageable. Surtout que personne ne devrait éprouver de difficultés à montrer des cas très précis d’imposture et de manipulation. On les montre précisément et les voilà démasquées.

Donc j’en déduis que tu adoptes une autre définition du mot «  concordisme  » qui est assez courante chez les personnes ayant reçue une instruction catholique dans nos générations. Moi-même j’ai longtemps cru que le simple fait de comparer Bible et sciences était du «  concordisme  ».

Mais quand on y pense, pourquoi serait-ce «  mal  »  de comparer  :

1-    la façon dont la Bible parle du monde et

2-    le monde lui-même tel que nous le découvrons de mieux en mieux  ?

Et pour quelles raisons serait-ce répréhensible  ? Il s’agit bien du même monde… non  ?

(A suivre…)

NOTES

(1)  L’Être et le néant sont dans un bateau. Brunor Editions

(2)  Définition de wikipedia  : Le concordisme est un système d’exégèse consistant à interpréter les textes sacrés d’une religion de façon à ce qu’ils ne soient pas contradictoires avec les connaissances scientifiques d’une époque [1]. Il tend à faire coïncider les résultats scientifiques avec les données des textes religieux, ceux-ci étant soit lus de manière quasiment littérale, soit réinterprétés pour correspondre aux théories scientifiques.



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