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 - 15 mai 2025 - Saint Michel Garicoïts
Publié le : 7 novembre 2014 Source : Zenit.org
 

 

Les news

L’Eglise, lieu où se célèbre la réponse à l’amour et à l’alliance de Dieu

Lectures  : Ez 47, 1-2.8-9.12 ; Ps 46 ; 1 Co 3, 9-11.16-17 ; Jn 2 :,13-22

1) L’Eglise est notre maison

Aujourd’hui nous aurions dû célébrer le XXXIIe dimanche du temps ordinaire. Comme cette année (2014), le 9 novembre (1) la dédicace de notre église-mère de Rome, la basilique de Saint-Jean-de-Latran, consacrée initialement au Très Saint Sauveur et par la suite également à saint Jean Baptiste et à saint Jean l’Evangéliste.

 Les lectures de la messe d’aujourd’hui nous aident à rechercher un lien d’amour vrai et profond avec le Seigneur que l’on peut rencontrer dans les églises-temples de pierre consacrées à la rencontre avec Lui, et plus spécialement dans le Christ « temple du Dieu vivant » et dans l’Eglise que nous formons. Cependant, avant de nous livrer à une brève réflexion sur ces textes, il me semble utile de nous demander : « Pourquoi, aux yeux des chrétiens, est-il important de célébrer la dédicace d’une église et l’existence même de l’église en tant que lieu de culte ? » La réponse, je la trouverai dans les paroles de l’Evangile : « L’heure vient et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; car ce sont là les adorateurs que le Père demande ».

 Toutefois, ces paroles nous amènent à nous poser d’autres questions comme : « à quel titre, donc, nous les chrétiens, donnons-nous tant d’importance à l’église de pierre » si chacun de nous peut adorer le Père en esprit et vérité dans son propre cœur ou dans sa maison ? Pourquoi cette obligation d’aller à l’église chaque dimanche ? ».

 La réponse est que Jésus ne nous sauve pas séparément les uns des autres. Il est venu se constituer un peuple, une communauté de personnes, qui sont en communion avec lui et en communion entre elles.

 En effet, il faut garder à l’esprit que l’homme religieux s’est toujours efforcé de rendre la divinité présente et visible, même quand la foi affirmait qu’il s’agissait d’un Dieu invisible et inaccessible aux capacités humaines. Le peuple élu, par volonté divine, construisit le célèbre temple de Jérusalem pour donner une demeure à Dieu, jouir de sa présence et témoigner de la fidélité réciproque à l’alliance. Dans la chrétienté, l’église de pierre, ce nouveau temple de Dieu parmi nous, a pris un sens plus profond : c’est le lieu où les fidèles célèbrent en communion de foi les mystères divins. C’est le lieu où Dieu Lui-même se fait présent parmi nous pour tisser un dialogue continu avec nous, ses enfants, et où, sous les espèces de l’eucharistie, il nous nourrit de son corps et de son sang. C’est le lieu où les mystères divins se dévoilent au cours des célébrations liturgiques et où l’église en tant qu’édifice rend visible la vraie Eglise, comprise comme communion des fidèles qui, en Christ, font l’expérience de la fraternité. C’est aussi le lieu de la fête qui trouve son expression la plus haute dans la célébration eucharistique, mémorial de la mort et de la résurrection du Seigneur.

Depuis les premiers cours de catéchisme nous avons appris qu’avec le baptême chacun de nous est devenu temple de Dieu et que Jésus a enseigné que le temple de Dieu c’est, avant tout, le cœur de l’homme qui a accueilli sa parole. En se référant à lui-même et à son Père Céleste, il dit de chaque croyant chrétien : « Nous viendrons à lui, et chez lui, nous établirons notre demeure » (Jn 14,23), et saint Paul écrit aux chrétiens de Corinthe : « Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu ? » (1Co 3,16). Si, donc, le temple de Dieu est le croyant, il ne faut pas oublier que le lieu de la présence de Dieu et du Christ est aussi « là où deux ou trois se trouvent réunis en son nom » (Mt 18,20). Depuis le Concile Vatican II la famille chrétienne est appelée « église domestique » (Lumen Gentium, 11), c’est-à-dire temple divin de famille, puisque grâce au sacrement de mariage, elle est, par excellence, le lieu où « deux ou trois sont réunis » en son nom, donc où Il se trouve, Lui.

2) L’Eglise, lieu d’une Présence

Dorénavant, le « nouveau » lieu où adorer le Père est le corps du Christ ressuscité. Jésus lui-même y faisait déjà allusion dans sa discussion avec les Juifs, grandement offensés de ce qu’il avait chassé du temple les vendeurs d’animaux et les changeurs d’argent. Comme on le lit dans l’évangile d’aujourd’hui, les Juifs demandaient l’explication d’un geste si violent de la part du Messie. Et Jésus répondit par un message prophétique : « Détruisez ce temple et en trois jours je le relèverai ». Or il parlait du temple de son corps, comme se le rappelèrent les disciples après sa résurrection. Dans la conversation avec la Samaritaine, c’est la même idée qui revient. A la question de savoir où l’on devait adorer Dieu : sur le mont Garizim ou à Jérusalem, Jésus, tout en sachant que le salut viendrait des Juifs, se place au-dessus de ces questions. Le lieu où l’homme peut rencontrer Dieu n’est pas le mont Sion à Jérusalem en Judée, ni le mont Garizim en Samarie, mais c’est dans la personne de Jésus qui a offert son Corps sur la Croix et dès lors a fait de chaque autel un mont du sacrifice. « L’heure vient, et elle est déjà venue où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; car ce sont là les adorateurs que le Père demande » (cf. l’Evangile d’aujourd’hui). Dieu est Esprit et Vie, comme Il est Amour et Lumière. Ses adorateurs ne se prosternent pas au milieu de sacrifices de sang et d’animaux brûlés  (holocaustes), mais ils s’élèvent vers lui dans l’Esprit, comme des fils bienaimés qui savent aimer.

3) La fête du Christ et notre fête

 Nous célébrons aujourd’hui la fête du Fils de Dieu qui s’est fait homme, qui a planté sa tente –son corps- parmi nous. Les Eglises de pierre sont un signe de sa présence : c’est Lui qui nous parle, qui se donne lui-même en nourriture, qui préside à la communauté rassemblée dans la prière. Lors de la fête de la dédicace de la Basilique de Saint-Jean-de-Latran, chaque communauté locale, au-delà de l’expression de sa propre communion avec le siège de Pierre, rappelle et célèbre aussi la dédicace de sa propre église locale, grande ou petite. Jésus enseigne que le temple de Dieu est, avant tout, le cœur de l’homme qui accueille sa Parole. Et chaque fois que quelqu’un accueillera cette parole, dit Jésus, « nous viendrons à lui, et nous ferons chez lui notre demeure ».

 La fête d’aujourd’hui n’est pas, et il s’en faut, une fête étrange, même si elle semble honorer les « murs » anciens et vénérables de la Basilique de Saint-Jean-du-Latran, alors que les lectures de la messe nous invitent à prêter attention plutôt à leur signification symbolique.

Certes, cette fête nous rappelle la valeur symbolique de cette basilique particulière qui nous renvoie à la Chaire de Pierre et de ses successeurs, les papes, comme point de repère et garants de l’unité de la foi. Cependant, aujourd’hui nous célébrons surtout l’Eglise édifice spirituel dont, comme saint Paul nous le rappelle dans la deuxième lecture, nous sommes, nous, les pierres vivantes, édifiées sur la fondation qu’est le Christ.

 « Si la maison de Dieu, c’est nous-mêmes, nous sommes construits en ce monde, pour être consacrés à la fin du monde. L’édifice, ou plutôt sa construction, se fait dans la peine ; la dédicace se fait dans la joie. Ce qui se passait quand s’élevait cet édifice, c’est ce qui se passe maintenant, quand se réunissent ceux qui croient au Christ. Lorsque l’on croit, c’est comme lorsque l’on coupe du bois dans la forêt et que l’on taille des pierres dans la montagne ; lorsque les croyants sont catéchisés, baptisés, formés, c’est comme s’ils étaient sciés, ajustés, rabotés par le travail des charpentiers et des bâtisseurs » (Saint Augustin, Sermon 336, In dedicationem Ecclesiae).

 Les Vierges consacrées dans le monde vivent avec une particulière intensité cette dédicace, en s’offrant complètement au Christ, corps et âme, à l’exemple de la Vierge Marie, Mère de l’Eglise. La Vierge a été la première tente du Verbe de Dieu, celle qui, la première, et de manière unique, donna corps au Corps du Christ. Je recommande donc de demander à la très Sainte Vierge de pouvoir garder fidèlement dans notre cœur Celui qu’elle garda aussi dans son sein. Notre prière à la Vierge et l’exemple des Vierges consacrées nous aideront à nous abandonner à l’Esprit puisque c’est seulement dans l’abandon à l’Esprit Saint que s’accomplit le mystère de cette perpétuation de l’Incarnation que constitue la vie chrétienne, de cette perpétuation de l’Incarnation divine qu’est le mystère même de l’Eglise et de la sainteté de chacun de nous.

Lecture Patristique Saint Augustin d’Hippone (354-430)

Pour la dédicace d’une Eglise (Sermon 336, 1, 6) 

La solennité qui nous réunit est la dédicace d’une maison de prière. La maison de nos prières, nous y sommes ; la maison de Dieu, c’est nous-mêmes. Si la maison de Dieu, c’est nous- mêmes, nous sommes construits en ce monde, pour être consacrés à la fin du monde. L’édifice, ou plutôt sa construction, se fait dans la peine ; la dédicace se fait dans la joie. Ce qui se passait, quand s’élevait cet édifice, c’est ce qui se passe maintenant quand se réunissent ceux qui croient au Christ. Lorsque l’on croit, c’est comme lorsque l’on coupe du bois dans la forêt et que l’on taille des pierres dans la montagne ; lorsque les croyants sont catéchisés, baptisés, formés, c’est comme s’ils étaient sciés, ajustés, rabotés par le travail des charpentiers et des bâtisseurs. Cependant, on ne fait la maison de Dieu que lorsque la charité vient tout assembler. Si ce bois et cette pierre n’étaient pas réunis selon un certain plan, s’ils ne s’entrelaçaient pas de façon pacifique, s’ils ne s’aimaient pas, en quelque sorte, par cet assemblage, personne ne pourrait entrer ici.

Enfin, quand tu vois dans un édifice les pierres et le bois bien assemblés, tu entres sans crainte, tu ne redoutes pas qu’il s’écroule. Le Christ Seigneur, parce qu’il voulait entrer et habiter en nous, disait, comme pour former son édifice : Je vous donne un commandement nouveau, c’est que vous vous aimiez les uns les autres. C’est un commandement, dit-il, que je vous donne. Vous étiez vieux, vous n’étiez pas une maison pour moi, vous étiez gisants, écroulés. Donc, pour sortir de votre ancien état, de votre ruine, aimez-vous les uns les autres. Que votre charité considère encore ceci : cette maison est édifiée, comme il a été prédit et promis, dans le monde entier. En effet, quand on construisait la maison de Dieu après la captivité, on disait dans un psaume : Chantez au Seigneur un chant nouveau ; chantez au Seigneur, terre entière. On disait alors : un chant nouveau ; le Seigneur a dit : un commandement nouveau.

Qu’est-ce qui caractérise le chant nouveau, sinon un amour nouveau ? Chanter est le fait de celui qui aime. Ce qui permet de chanter, c’est la ferveur d’un saint amour. Ce que nous voyons réalisé ici physiquement avec les murs doit se réaliser spirituellement avec les âmes ; ce que nous regardons ici accompli avec des pierres et du bois, doit s’accomplir dans vos corps, avec la grâce de Dieu. Rendons grâce avant tout au Seigneur notre Dieu : les dons les meilleurs, les présents merveilleux viennent de lui. Célébrons sa bonté de tout l’élan de notre cœur. Pour que soit construite cette maison de prière, il a éclairé les âmes de ses fidèles, il a éveillé leur ardeur, il leur a procuré de l’aide ; à ceux qui n’étaient pas encore décidés, il a inspiré la décision ; il a secondé les efforts de bonne volonté pour les faire aboutir. Et ainsi Dieu, qui produit chez les siens la volonté et l’achèvement parce qu’il veut notre bien, c’est lui qui a commencé tout cela, et c’est lui qui l’a achevé.

NOTE

(1) Aujourd’hui la liturgie célèbre la « Dédicace de la basilique Saint-Jean-de-Latran », construite par l’empereur Constantin sur la colline du Latran et il semble que cette fête, déjà à partir du XIIe siècle, était célébrée le 9 novembre. Au tout début, c’était une fête uniquement pour la ville de Rome. Cette célébration s’est ensuite étendue à toutes les églises de la ville et du monde (Urbi et Orbi) en signe de communion et d’unité avec la chaire de Pierre qui, selon St Ignace d’Antioche, « préside à toute l’assemblée de la charité » et, selon St Clément d’Alexandrie, « préside à la vérité ».



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