Publié le : 12 septembre 2014 Source : Zenit.org
Les newsExalter la Croix, c’est exalter l’amourFête de l’Exaltation de la Sainte Croix – 14 septembre 20141 Nb 21,4b-9 ; Ps 77 ; Phil 2,6-11 ; Jn 3,13-17 L’Amour illumine la Croix La fête d’aujourd’hui célèbre la Sainte Croix, non pour exalter l’instrument du supplice sur lequel Jésus est monté et est mort, mais pour célébrer ce que la Croix du Christ nous a manifesté : l’amour, et ce qu’il nous a apporté : le salut. Dans la première lecture, tirée du livre des Nombres, nous trouvons l’épisode auquel Jésus fait allusion dans son dialogue avec Nicodème (évangile de ce jour) : les Israélites, après s’être rebellés contre Dieu et contre Moïse, sont punis. Cette punition les rend conscients de leur péché et ils demandent à Moïse d’intervenir auprès de Dieu. Celui-ci ordonne à Moïse d’élever un serpent d’airain sur un bâton pour que celui qui le regardera ne meure pas de la morsure de ce reptile. Le serpent, signe et cause de mort, de terreur, d’échec et de souffrance, devient alors signe et source de vie de la même façon que la croix, signe de punition et de mort devient signe de vie. Dans la deuxième lecture tirée de la lettre aux Philippiens, la croix est vue comme le motif d’« exaltation » du Christ. Jésus, Fils de Dieu « s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu à son aspect comme un homme, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort sur une croix. C’est pourquoi Dieu l’a exalté (Ph 2,6-7). » Le Père exalte le Fils qui a accepté d’obéir jusqu’au don suprême de sa vie ; la croix devient ainsi signe de l’obéissance-adhésion qui accompagne toute son aventure terrestre. Dans l’Evangile, Jésus dit à son visiteur Nicodème « il faut que le Fils de l’homme soit élevé afin que quiconque croit ait, en lui, la vie éternelle (Jn 3,14-15). » C’est sur la croix que nous trouvons la manifestation la plus haute de l’amour de Dieu. Sur la croix, Jésus réalise de façon plus éclatante ce que faisait le serpent d’airain élevé sur un bâton en plein milieu du campement. Quiconque regarde avec foi et implore Jésus Christ est sauvé. Depuis que le Christ a rempli d’amour sa croix et l’a illuminée de vie, la douleur et toutes les absurdités de notre aventure humaine prennent sens : nous les partageons avec Lui pour renaître avec Lui à une vie nouvelle. La croix, plantée pour toujours dans le cœur et dans la vie de chacun de nous, devient ainsi un arbre de vie d’où jaillissent l’énergie divine et la grâce qui sanctifie. Avec Adam et Eve, c’est au pied d’un arbre vert qu’a commencé notre tragique histoire du péché. Avec Jésus et Marie, c’est avec un arbre sec, « reverdi » par l’amour du Christ obéissant et immolé pour nous, que notre renaissance reprend vie. Il est tout à fait justifié de célébrer cette fête aujourd’hui et de faire tous les jours le signe de la croix afin de nous rappeler la tragédie du péché et le triomphe de l’amour. Nous devrions répéter le geste pieux de gratitude que nous accomplissons le Vendredi Saint quand nous adorons la croix du Christ et laissons sur elle l’empreinte de notre amour en l’embrassant et en embrassant le Christ qui y est étendu. La Croix nous enseigne que notre action est d’autant plus efficace que nous sommes « compatissants »2 et que nous souffrons du malheur du monde. C’est un enseignement qui nous déconcerte, qui est difficile à accepter, parce que instinctivement et naturellement, la souffrance nous fait horreur et nous la rejetons. Mais cette réaction instinctive n’enlève rien à la grandeur de la souffrance. En fait cette réaction, même Jésus l’a éprouvée : avant de commencer sa Passion, il a prié le Père : « Père, si c’est possible, éloigne de moi ce calice ». Mais pourquoi s’étonner de ce que même notre âme éprouve une réaction immédiate de répugnance et de refus vis-à-vis de la souffrance, qu’elle touche le physique ou qu’elle opprime le cœur et blesse l’âme ? La Croix est la clé de l’amour, le bois pour labourer la mer de la vie Il est évident que la croix ne plaît à personne. Elle ne plaît pas non plus à Jésus-Christ (« Père, si cela est possible, éloigne de moi ce calice »), mais comme l’a écrit Saint Bernard de Chiaravalle : « Jésus nourrissait des pensées de paix et moi je ne le savais pas. En effet, qui connaît les desseins du Seigneur, ou qui prend part à ses conseils ? (cf. Jr, 29,11). Mais ces clous dont il a été percé sont devenus pour moi comme des clefs, qui m’ont ouvert le trésor de ses secrets et fait voir la volonté du Seigneur…Le secret de son cœur se voit par les ouvertures de son corps…On voit les entrailles de la miséricorde de notre Dieu par laquelle ce soleil levant nous est venu visiter du ciel (Lc 1,78) » (Sermons sur le cantique des cantiques ; Ser. LXI,4). « Le secret de son cœur se voit » : la Croix est la révélation suprême de ce qui demeure dans le cœur de Dieu. C’est ainsi que Saint Paul peut affirmer « ne rien savoir parmi vous, sinon Jésus-Christ et Jésus-Christ crucifié » (1Cor 2,2). A la question la plus importante qu’un être humain puisse poser : « Qui est Dieu ? », le christianisme répond : « cherche la réponse dans le crucifix ». Le cœur de l’homme est pétri du désir de voir Dieu (cf. Summa Theologica, 1,2,q.3,a.8), et le chrétien répond : « regarde le crucifix et tu verras Dieu ». La croix révèle en premier lieu la logique interne de l’article spécifique de notre foi : « le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous (Jn 1,14). C’est la logique du partage de notre condition humaine qui consiste dans la participation à la même nature humaine : l’événement de l’Incarnation nous montre que Dieu s’intéresse vraiment à notre sort et à nos cas humains jusqu’au point de venir les vivre Lui-même. En second lieu, sa Croix manifeste et révèle que nous sommes sauvés. L’instrument du supplice qui, le Vendredi Saint, avait manifesté le jugement de Dieu sur le monde, est devenu source de vie, de pardon, de miséricorde, signe de réconciliation et de paix. « Pour être guéri du péché, jetons les yeux vers Jésus-Christ en croix », disait Saint Augustin dans son Commentaire de l’évangile de Jean, 12,11. En levant les yeux vers le crucifix, adorons Celui qui est venu prendre sur lui le péché du monde et nous donner la vie éternelle. Aujourd’hui, l’Eglise nous invite à élever avec fierté cette croix glorieuse afin que le monde puisse voir jusqu’où est arrivé l’amour du Crucifié pour les hommes. Elle nous invite à rendre grâce à Dieu parce que d’un arbre qui avait apporté la mort, la vie a jailli de nouveau. C’est sur ce bois que Jésus nous révèle sa souveraine majesté, qu’il nous révèle qu’Il est exalté dans la gloire. Non seulement la Croix nous montre qui est réellement Dieu dans son amour crucifié, glorieux et en majesté, mais elle nous donne ce que désire le cœur : le vrai bonheur, en le rendant réalisable. A ce propos Saint Augustin écrit : « Ainsi en est-il de celui qui voit de loin sa patrie, mais qui en est séparé par la mer ; il a beau voir le but où il doit diriger ses pas, les moyens lui manquent pour s’y transporter… Entre elle et nous s’étend la mer du siècle présent qu’il nous faut traverser, mais plusieurs ne le voient même pas. Afin de nous procurer le moyen d’y parvenir, celui-là est venu vers qui nous voulions aller. Et qu’a-t-il fait ? Il a préparé un navire sur lequel nous pourrons traverser la mer. Personne, en effet, ne peut traverser la mer de ce siècle, à moins que la croix de Jésus-Christ ne le porte. Celui-là même dont la vue est faible s’attache parfois à cette Croix : que le chrétien, même celui qui est incapable d’apercevoir de loin le terme de son voyage ne s’en dessaisisse point, et elle le conduira au port. » (Saint Augustin, Commentaire de l’évangile de Jean, II,2). Ainsi, nous nous accrochons à la Croix pour qu’elle nous porte sur les sentiers de la vérité, humblement, sans défense. En effet, si nous subissons la croix ou si nous la traînons, elle finira par nous écraser, mais si nous l’étreignons, c’est elle qui nous portera. De plus, ne nous détachons pas de la croix si ce n’est pour la regarder et apprendre l’amour en laissant que l’amour infini qui a exalté le Seigneur fasse battre notre cœur. Enfin, faisons souvent et faisons-le bien, le signe de la croix, comme je l’ai dit plus haut. Il est significatif que dans la grotte de Massabielle, lors de sa première apparition à Bernadette Soubirous, la Vierge immaculée ait commencé cette rencontre par le signe de la croix. Plus qu’un simple geste, c’est une initiation aux mystères de la foi que Bernadette reçoit de Marie. Le signe de la croix est en quelque sorte la synthèse de notre foi parce qu’il nous dit combien Dieu nous a aimés. Il nous dit que dans le monde, existe un amour plus fort que la mort, plus fort que nos faiblesses et que nos péchés. La puissance de l’amour est plus forte que le mal qui nous menace. C’est ce mystère de l’universalité de Dieu pour les hommes que Marie est venue révéler à Lourdes. Elle invite tous les hommes de bonne volonté, tous ceux qui souffrent dans leur cœur et dans leur corps, à lever les yeux vers la croix de Jésus pour trouver la source de la vie, du salut, de la liberté et de l’amour. 3)L’amour virginal est crucifié, donc conjugal C’est sur la croix que l’amour virginal du Christ pour le Père et pour tous les hommes atteindra sa plus haute expression ; sa pauvreté arrivera au détachement total ; son obéissance jusqu’au don de sa vie (Vie Consacrée, 23a). L’amour a porté le Christ au don de soi jusqu’au sacrifice suprême de la Croix. Celle-ci est le « lit des noces » des vierges consacrées avec le Christ, leur époux mystique. Leur union avec le Christ advient sur la Croix. Il les unit à Lui afin qu’elles participent à sa passion, de laquelle dépend le salut du monde. Les Vierges consacrées se sont consacrées au Seigneur Jésus, le Fils du Dieu Très-Haut, et elles le reconnaissent comme leur époux (Rite de la consécration des Vierges, n.17). Je leur adresse l’invitation de Saint Augustin « qu’Il soit un point fixe dans votre cœur Celui qui a été, pour vous, fixé sur la croix ». (De sancta virginitate, cc.54-S5 : PL 40,428). Lecture Patristique HOMÉLIE DE S. ANDRÉ DE CRÈTE (Oratio 10 in Exaltatione sanctae crucis : PG 97, 1018-1019, 1022-1023) La croix, gloire et exaltation du Christ. Nous célébrons la fête de la Croix, de cette Croix qui a chassé les ténèbres et ramené la lumière. Nous célébrons la fête de la Croix et, avec le Crucifié, nous sommes portés vers les hauteurs, nous laissons sous nos pieds la terre et le péché pour obtenir les biens du ciel. Quelle grande chose que de posséder la Croix : celui qui la possède, possède un trésor. Je viens d’employer le mot de trésor pour désigner ce qu’on appelle et qui est réellement le meilleur et le plus magnifique de tous les biens ; car c’est en lui, par lui et pour lui que tout l’essentiel de notre salut consiste et a été restauré pour nous.En effet, s’il n’y avait pas eu la Croix, le Christ n’aurait pas été crucifié, la vie n’aurait pas été clouée au gibet, et les sources de l’immortalité, le sang et l’eau qui purifient le monde, n’auraient pas jailli de son côté, le document reconnaissant le péché n’aurait pas été déchiré, nous n’aurions pas reçu la liberté, nous n’aurions pas profité de l’arbre de vie, le paradis ne se serait pas ouvert. S’il n’y avait pas eu la Croix, la mort n’aurait pas été terrassée, l’enfer n’aurait pas été dépouillé de ses armes. La Croix est donc une chose grande et précieuse. Grande, parce qu’elle a produit de nombreux biens, et d’autant plus nombreux que les miracles et les souffrances du Christ ont triomphé davantage. C’est une chose précieuse, parce que la Croix est à la fois la souffrance et le trophée de Dieu. Elle est sa souffrance, parce que c’est sur elle qu’il est mort volontairement ; elle est son trophée, parce que le diable y a été blessé et vaincu, et que la mort y a été vaincue avec lui ; les verrous de l’enfer y ont été brisés, et la Croix est devenue le salut du monde entier. La Croix est appelée la gloire du Christ, et son exaltation. On voit en elle la coupe désirée, la récapitulation de tous les supplices que le Christ a endurés pour nous. Que la Croix soit la gloire du Christ, écoute-le nous le dire lui-même : Maintenant le Fils de l’homme a été glorifié, et Dieu a été glorifié en lui. Si Dieu a été glorifié en lui, Dieu en retour lui donnera sa propre gloire. Et encore : Toi, Père, glorifie-moi de la gloire que j’avais auprès de toi avant le commencement du monde. Et encore : Père, glorifie ton nom. Alors, du ciel vint une voix qui disait : Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore. Cela désignait la gloire qu’il devait obtenir sur la Croix. Que la Croix soit aussi l’exaltation du Christ, tu l’apprends lorsqu’il dit lui-même : Quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes. Tu vois : la Croix est la gloire et l’exaltation du Christ. 1 Le 14 septembre 2014 tombe un dimanche, jour où l’on célèbre la fête de l’Exaltation de la Sainte Croix, qui dans le calendrier liturgique « prévaut » sur le dimanche ordinaire, tant dans le rite romain (24e dimanche du temps ordinaire – Année A) que dans le rite ambrosien (3e dimanche après le martyre de Saint Jean le Précurseur). Historiquement, cette fête a été instituée lorsque sainte Hélène ayant retrouvé la Croix de Jésus, son fils, l’empereur Constantin, fit construire la basilique sur le lieu de la Passion. C’est ainsi que cette fête de l’Exaltation reprend et commémore certains faits historiques liés au Saint Bois de la Croix, plus précisément la découverte de la Vraie Croix. Une tradition née très tôt veut que Sainte Hélène, mère de l’empereur Constantin, ait retrouvé à Jérusalem, près du Golgotha, les trois croix utilisées pour Jésus-Christ et les deux larrons ; une guérison miraculeuse qui s’était produite au contact de l’une d’elles, permit de reconnaître la croix du Sauveur et de l’exposer à la vénération du peuple. On commémore aussi la seconde grande Exaltation de la Croix à Constantinople en 629. Le 4 mai 614, au cours du sac de Jérusalem, la Vraie Croix était tombée aux mains des Perses. En 628, l’empereur Héraclius ayant battu le roi de Perse, Cosroës, récupéra la précieuse relique. Fier de sa victoire, Héraclius s’avançant à cheval, vêtu de la pourpre et arborant la couronne, voulut rapporter à Jérusalem le Saint bois du Salut en passant par la grande porte de la ville. Mais son cheval s’arrêta et le patriarche Zaccharie, qui avait été libéré de la prison des Perses, fit observer à l’empereur que le fils de Dieu n’avait pas porté la croix en grande pompe par la rues de Jérusalem. Ayant déposé la pourpre et la couronne, pieds nus et sans monture, Héraclius porta sur ses épaules le Saint bois jusqu’au Golgotha. 2 En ce sens que nous sommes capables de partager la souffrance, et que nous avons une passion pour Dieu et pour l’homme Zenit.org, 2006. Tous droits réservés - Pour connaitre les modalités d´utilisation vous pouvez consulter : www.zenit.org ou contacter infosfrench@zenit.org - Pour recevoir les news de Zenit par mail vous pouvez cliquer ici |