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 - 24 mai 2025 - Saints Donatien et Rogatien
Publié le : 13 novembre 2013 Source : Zenit.org
 

 

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Préparation au mariage : un « défi » à relever, huit balises

Le mariage est une «  bonne nouvelle  » à annoncer à une société fragilisée, mais pour l’annoncer, les évêques de France ont voulu repérer le terrain et les expériences fructueuses, pour mieux répondre aux attentes de couples qui viennent – ou pas – demander le sacrement du mariage, mais en tous cas, un témoignage de l’Eglise sur le couple et la famille. Il s’agit de «  relever le défi  » de la préparation au mariage aujourd’hui, explique Mgr Benoit-Gonnin qui propose huit balises sur le chemin.

Mgr Jacques Benoit-Gonnin, évêque de Beauvais, Noyon et Senlis, a présenté, vendredi matin, 8 novembre, à Lourdes, devant l’assemblée des évêques de France, le fruit de la réflexion d’un groupe de travail intitulé  : «  Proposer les sacrements de l’initiation chrétienne et préparer au mariage  ». Le groupe a démarré en mars 2011, lors de l’assemblée de printemps des évêques, et il après le «  point d’étape  » de 2012, il s’est concentré sur «  la préparation au mariage  ». Actualité de la réflexion lancée il y a un an et demi, anticipant les grands débats de la société française.

L’évêque a distingué les «  deux types d’attente  » par rapport au mariage  : celle de l’Eglise qui souhaite «  annoncer clairement ce à quoi le sacrement engage  » et le «  désir des fiancés  », avec cette conviction que «  trois soirs ne suffisent plus à préparer cinquante ans de vie conjugale  », comme le dira le P. Burgun.

Mgr Benoit-Gonnin a souligné la nécessité de «  tenir compte de la situation des couples  » et du «  cheminement vers le sacrement  », comme une «  aventure à vivre en communion avec Jésus-Christ en son Eglise  ».

Le groupe de travail a écouté les expériences de terrain  : une Journée diocésaine des mariés dans le diocèse d’Avignon, une paroisse à Aix-en-Provence  ; la préparation renouvelée mise en œuvre dans le diocèse d’Angoulême  ; celle de La Rochelle (jumelant paroisse et Communauté du Chemin Neuf)... Il a annoncé deux témoignages  : le renouveau de la préparation au mariage dans le diocèse d’Annecy et «  l’école de vie conjugale  » dans une paroisse parisienne.

Pour s’orienter, la pastorale de la préparation au mariage s’appuie, en France, sur trois documents  : les «  Repères en pastorale sacramentelle et liturgique  » de 1994, les «  Orientations – pastorale du mariage  » (2002) et le «  Texte national d’orientation de la catéchèse en France  » (2006), «  toujours actuels et pertinents  ».

Voici, en résumé, les huit balises (cf. Ci-dessous, «  Documents  », pour le texte intégral).

1 - Une conviction se dégage de l’écoute des témoignages  : «  les couples doivent être accueillis et rejoints tels qu’ils sont  », et les pasteurs ne doivent pas être trop « impatients de présenter toute la beauté du sacrement  » (sans y renoncer  !).

2 - La préparation devrait favoriser «  une vraie rencontre du Christ  », sans laquelle il est difficile de susciter la «  participation  » et le «  cheminement  » des couples. Il devrait s’agir d’une «  annonce kérygmatique  » à mettre en oeuvre, en lien avec le sacrement du mariage.

3 - Autre constatation  : ce cheminement «  devrait faire droit à la théologie du corps pour rejoindre les fiancés dans ce qu’ils vivent  », l’éclairer, «  faire ressortir les enjeux, la beauté, les défis que cela représente  ».

4 - Le «  temps  » constitue un «  facteur majeur à bien gérer  »  : une année précède le mariage, mais il arrive qu’elle ne soit guère mise à profit, en fonction des possibilités des ministres.

5 - Le groupe de réflexion préconise aussi d’adopter une «  démarche de type catéchuménal  », qui favorise une démarche «  libre, consciente et responsable  », dans le cheminement vers le sacrement.

6 - En ce sens, il met en garde contre une préparation au mariage qui serait «  réduite  » à la préparation au sacrement  : elle gagnerait à être une préparation à la «  vie conjugale après le sacrement  », notamment en prenant en compte la situation concrète des couples et leurs fragilités.

7 - Il a constaté l’importance de proposer un cheminement «  actif  » des fiancés entre chaque rencontre  : un travail à effectuer chez eux, à partir de questions à réfléchir, pour que la préparation ne conduise pas au seul rapport «  enseignés/enseignants  ».

8 - Il est également important d’être attentif au «  témoignage des accompagnateurs  » pour aborder les questions «  en vérité, de façon concrète et crédible  ».

Ces «  huit points d’attention  » par rapport aux rencontres pourraient baliser en quelque sorte la «  conversion pastorale  » dont parle le pape François, a fait observer Mgr Benoit-Gonnin qui a proposé le témoignage de deux expériences pour introduire les échanges des évêques.

Renouveau de la préparation au mariage dans un diocèse

Le P. Emmanuel Blanc, vicaire épiscopal à Annecy (cf. «  Documents  » pour le texte intégral), a témoigné de l’impulsion donnée par le «  texte national d’Orientation de la catéchèse en France  » (TNOC). Il constate l’importance de la cohésion entre une «  bonne implantation des centres de préparation au mariage  » (CPM), les équipes d’accompagnement des fiancés – qui «  ne sont pas en concurrence  » avec CPM -, et une proposition de la foi, une catéchèse.

En 2008, la préparation au mariage a connu un tournant dans le diocèse d’Annecy avec la prise de conscience  que la préparation au mariage constitue un «  moment privilégié  » qui donne lieu à des « initiatives trop méconnues  », et qu’en même temps il faudrait «  mettre davantage à profit le temps entre demande et préparation  », avec la mise en place d’un «  chemin de type catéchuménal  ».

En 2011, un parcours a été mis en place pour le diocèse, après contacts avec les 38 paroisses  :

1 – l’accueil, qui permet de «  se poser  » et qui est «  décisif  »  : la qualité de la première rencontre étant décisive pour la suite du chemin  ;

2 – une session CPM, qui joue le rôle de «  starter  », avec partage sur la vie de couple, relecture du chemin parcouru ensemble, et implication des accompagnateurs en tant que croyants  ; avec le retour en paroisse et une «  déclaration intention  »  ;

3 – l’entretien pastoral avec un prêtre ou un diacre, qui permet de faire une synthèse du chemin parcouru, à partir d’un «  Carnet de route  » remis aux fiancés en début de parcours. C’est l’occasion de «  faire le point sur la déclaration d’intention  », et le dossier administratif  ; à ce stade, ce qui est important, c’est que le prêtre ne soit pas seulement «  l’homme de la célébration  » finale.

Trois modules catéchétiques (complémentaires) sont proposés en groupe, selon le calendrier paroissial  :

1)      Proposition d’ouvrir la Bible, de prendre un temps en couple autour de la Parole de Dieu  ;

2)      Des chrétiens expriment leur foi, à partir du Symbole des Apôtres ou d’une bénédiction nuptiale, pour comprendre ce qu’elle dit de Dieu  ;

3)      Une rencontre avec la communauté paroissiale, par exemple lors d’une «  messe des fiancés  ».

Trois supports concrets soutiennent la démarche :

1. Le Livret de l’accompagnateur, qui trace les étapes et les pistes pour animer chacune d’elles (en cours de réédition)  ;

2. Le Carnet de route des fiancés  : il est important qu’au cours de la préparation, ils notent ce qui les marque, et fassent le lien entre les différentes étapes  ; c’est aussi un support pour l’entretien pastoral avec le prêtre  ;

3. La formation des accompagnateurs, sur 5 soirées  : communication, accueil, mariage sacrement, rencontre, bible, parole de Dieu.

Après un an d’expérience les 38 paroisses ont été recontactées  : elles ont «  toutes  » constaté un «  nouveau dynamisme  », plus «  d’unité  » dans le parcours, bien accueilli par les couples, notamment parce qu’il unifie les propositions  ; les équipes sont «  plus motivées  » par le projet, par la formation commune, qui permet la rencontre de ceux qui vont «  dans une même direction  ». Avec cependant des cas de figure très différents  : paroisses où la préparation mariage repose uniquement sur les prêtres, ou sur un ou deux couples d’accompagnateurs de fiancés, ou  ; paroisses avec équipe d’accompagnement, et avec mise en oeuvre de l’itinéraire diocésain, ou bien démarche indépendante.

Dans certaines paroisses, la rencontre avec la communauté se fait de façon plus élargie, par exemple avec des personnes au seuil de l’Eglise, avec des parents demandant le baptême enfants,… et pas seulement à l’occasion d’une messe, mais pour un temps de rencontre, de partage.

Le P. Blanc conclut en résumant les principaux défis  : l’appel des accompagnateurs, l’utilisation du temps, l’utilisation de la Bible, une approche plus communautaire. Il souligne l’importance du document de l’épiscopat de juin 1994 («  Repères en pastorale sacramentelle et liturgique  »), l’évolution quant à l’accueil et au témoignage des croyants. Un parcours qui est à la fois «  proposition exigeante  » et accompagnement par la foi de l’Eglise.

Pas «  condamnés à divorcer  »

Le P. Cédric Burgun, du diocèse de Metz, enseignant le Droit canonique à Paris, et juge ecclésiastique à Versailles, confronté donc aux demandes de déclaration de nullité de mariage, a témoigné de l’expérience de  « l’école de vie conjugale  » vécue depuis plusieurs années, et qui s’adresse à des couples qui ne sont pas mariés religieusement, et qui veulent réfléchir sur leur vie commune «  pour discerner et avancer vers un éventuel engagement  » (cf. «  Documents  » pour le texte intégral).

Moins d’un tiers des participants ont un projet de mariage en arrivant. Ce sont des personnes qui attendent une parole sur ce qu’ils vivent, ce qu’il est possible de vivre, et veulent se resituer dans l’«  espace de l’engagement  ».

Parfois, aucun couple dans leur famille ou amis n’a «  tenu  ». D’où les interrogations : «  suis-je enfermé dans une spirale d’échec de ma relation  ?  » «  Suis-je condamné à divorcer  ?  » «  Puis-je retrouver confiance  ?  » Autant de questions «  en amont de la simple préparation au mariage  ».

Il ne s’agit plus de discerner une connaissance théorique sur le mariage mais de «  discerner si l’on peut tenir avec cette personne avec laquelle je vis hic et nunc  ».

Il s’agit d’un «  accompagnement  » pour vérifier la «  capacité à contracter mariage  », la «  maturité  » nécessaire pour s’engager librement, à une époque où de nombreuses demandes de déclaration de nullité sont présentées pour «  manque de maturité  » des époux au moment du consentement.

La préparation propose des «  exercices à faire en couple  » et un «  suivi  » qui permet une «  école de discernement  »  : «  trois soirs ne suffisent plus à préparer cinquante ans de vie conjugale  », fait-il observer.

Et au terme de leur cheminement, les couples peuvent découvrir «  qu’ils ne sont «  pas faits pour se marier tout de suite  »  ; ou bien qu’ils ne sont pas faits pour se marier l’un avec l’autre  ; ou bien, au contraire, leur « capacité à tenir  », en étant «  renouvelés  »,  «  guéris  », pour vivre une nouvelle «  espérance  ».

L’accompagnement se fait par des couples animateurs et des prêtres, avec le «  choix pastoral  » de «  fonctionner  » avec les différents états de vie, dans un témoignage de «  vie fraternelle  ».

Le premier point est également l’accueil des personnes telles qu’elles se présentent et «  sans douanes paroissiales  », le but premier visé n’étant pas de conduire à la «  pratique dominicale  », mais d’aider chacun à cheminer dans la «  confiance  », en s’appuyant sur la Parole de Dieu, sur une «  messe expliquée  » qui permet une catéchèse, des exposés d’enseignants, des témoignages de vie, et l’exemple du service des couples animateurs.

Les couples accueillis eux-mêmes deviennent en quelque sorte évangélisateurs lorsqu’ils invitent un couple ami à une rencontre qui commence par un café-croissant, des témoignages de bonheur en couple, une messe paroissiale.

Les jeunes couples sont souvent blessés dans leur capacité d’engagement fait-ilobserver le Père Burgun. Ils appartiennent à une génération qui adopte dans la vie les comportements de la vie professionnelle, avec des contrats, des relations interchangeables, la «  débrouille  ». C’est une «  génération crise  », dans un «  monde en crise  » depuis leur naissance, et où tout est remis en question. Elle est donc «  plus volatile  », «  connectée  », «  superficielle  », marquée davantage par «  l’instabilité familiale  », ou la «  dépendance à la pornographie  », marquée par une certaine « immaturité  ». (De nombreux procès en nullité sont motivés par l’immaturité psycho-affective des époux.)

Même les jeunes catholiques les plus engagés, connaissant la théologie mariage, ne sont pas épargnés  : ils ne sont pas forcément «  capables d’en vivre au quotidien  », du fait de cette immaturité. La connaissance intellectuelle du mariage est une chose, la «  capacité de s’engager  » une autre. Et il faut «  éduquer par un cheminement qui prend du temps sous le regard de Dieu  ».

Certains non chrétiens disent leur «  joie de vivre ces cycles  », de «  savoir ce que dit l’Eglise et ce qu’elle a à leur apprendre  ».

Le P. Burgun dit sa confiance  : l’Eglise propose «  ce qu’aucune autre institution ne propose  » et cela «  sera encore plus vrai à l’avenir  ».



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