Publié le : 6 septembre 2013 Source : Zenit.org
Les newsAimer pour ne pas mourirAimer pour ne pas mourir Rite romain (A Milan (Italie), rite ambrosien, IIe dimanche après le martyr de Saint-Jean le Précurseur 1) Aimer le Père plus que le père. Comme Jésus est le sens de la vie, Il adresse l’invitation aux nombreuses personnes qui marchent avec Lui, à briser tous les liens, même leur propres liens (Lc 14,25-26). L’Evangéliste Luc est minutieux et insistant lorsqu’ il liste les liens à briser et il conserve, en outre, tout le paradoxe du verbe grec "misein" (haïr). Saint -Mathieu utilise le verbe grec fileo[1], que l’on peut traduire par "préférer" (à mon avis, je pense que cette traduction est appropriée). Saint-Luc aussi, évidemment, ne pense pas à "haïr" au sens strict du terme. En redonnant au verbe « haïr » sa signification première de proposer, subordonner avec certitude, ces paroles de Jésus conservent leur propre force de façon intacte. Il sait très bien que les parents doivent être aimés et respectés. Pour Jésus, il s’agit non pas de haine, mais de détachement, de préférence en vue du Royaume : toutefois, l’évangéliste a conservé le verbe grec "misein" qui indique, sans aucun doute, un détachement radical. Il ne s’agit pas uniquement de briser les liens d’avec la famille, ni même d’un détachement d’avec soi-même ; l’exemple de Jésus est très concret et précis : il suffit d’être disposés à porter la croix (verset 27), c’est à dire, être prêts à un don de soi effectif et total. 2) Suivre par amour et sans demi-mesures. Lecture Patristique Saint Augustin d’Hippone Discours 344 L’AMOUR DE DIEU ET L’AMOUR DU MONDE 2. C’est à ceux qui sont embrasés d’amour, ou plutôt à ceux qu’il veut embraser de cet amour, que le Sauveur adresse ces paroles. Notre Seigneur n’a pas détruit, mais réglé l’amour que l’on doit à ses parents, à son épouse, à ses enfants. Il n’a pas dit : « Celui qui les aime », mais « Celui qui les aime plus que moi »… Aime ton père, mais aime davantage le Seigneur ; aime celui qui t’a donné le jour, mais aime encore plus celui qui t’a créé. Ton père t’a donné le jour, mais ne t’a pas créé, car il ne savait pas en t’engendrant qui tu serais ou ce que tu deviendrais. Ton père t’a nourri, mais il n’est pas l’origine du pain qui apaisait ta faim. Enfin, il faut que ton père meure pour que tu hérites de ses biens, mais tu partageras l’héritage que Dieu te destine en demeurant avec lui éternellement. Aime donc ton père, mais pas plus que ton Dieu ; aime ta mère, mais aime plus encore l’Eglise, qui t’a engendré à la vie éternelle… En effet, si tu dois tant de reconnaissance à ceux qui t’ont engendré à une vie mortelle, quel amour dois-tu à ceux qui t’ont engendré pour l’éternité ? Aime ton épouse, aime tes enfants selon Dieu, pour les amener à servir Dieu avec toi, et lorsque vous lui serez réunis, vous ne craindrez pas d’être séparés. Ton amour pour ta famille serait bien imparfait si tu ne les conduisais pas à Dieu… Prends la croix et suis le Seigneur. Ton Sauveur lui-même, tout Dieu qu’il était dans la chair, revêtu de ta chair, lui aussi a montré des sentiments humains lorsqu’il a dit : « Mon Père, s’il est possible, que ce calice s’éloigne de moi » (Mt 26,39)… La nature de serviteur dont il s’est revêtu pour toi a fait entendre la voix de l’homme, la voix de la chair. Il a pris ta voix afin d’exprimer ta faiblesse, et te donner sa force…, et te montrer quelle volonté préférer. ___________ NOTES [1] Le verbe philéô signifie « aimer » dans le sens de « bien aimer, chérir, traiter avec affection, embrasser amicalement, accueillir avec amitié un hôte ». Philéô était le verbe qui exprimait l’idée d’’affection entre amis (le substantif philóssignifie en effet en grec « l’ami ». Par philéô est entendu un rapport interpersonnel fondé sur l’égalité, sur l’affinité à l’intérieur d’une communauté, une ville, une race. En effet, comme adjectif, philós signifie « cher », et il était utilisé dans la relation entre les parents et les enfants ou entre frères et sœurs. Le verbe philéô revient neuf fois chez Jean, cinq fois chez Matthieu, une fois chez Marc et deux fois chez Luc ; et deux fois dans les Lettres. Dans le sens de « chérir, avoir de l’affection pour », Jésus utilise de tant en tant ce verbe envers Lazare et Jean (Jean, 11,3,36 ; 20,2), révélant ainsi une tendresse particulière et une préférence. Le verbe agapáô signifie « aimer » dans le sens de « chérir, avoir une grande considération pour, préférer, privilégier » : il est utilisé pour indiquer l’amour vers Dieu, le Christ, la justice ou le prochain. Par rapport à philéô, le verbe agapáô à une nuance affective mineure ou, plus précisément, une nuance émotive et il exprime un mouvement de bienveillance idéale, un type d’amour qui part du haut ou qui s’adresse vers le haut. Dans le latin de la Vulgate, le verbe agapáô est traduit avec diligo, d’où découle l’italien « pridiligere » (privilégier en français). Agapáô revient 37 fois chez Jean, 13 fois chez Luc, 8 fois chez Matthieu et 5 fois chez Marc ; on peut trouver aussi 25 fois dans les Lettres de Jean. Dans le discours de la Cène rapporté par Jean, le Christ utilise toujours ce verbe : « Comme le père m’a aimé, c’est ainsi que je vous ai aussi aimé » (Jean 15,9). « Aimez-vous les uns les autres » (Jean 15,18), jusqu’à cette dernière prière (Jean 17) par laquelle le Christ, en se donnant complètement aux hommes, dit : « Et je leur ai fait connaître ton nom et je le ferai connaître, parce que l’amour avec lequel tu m’as aimés soit en eux et que je sois moi-même en eux ». La différence entre l’amour exprimé par philéô et celui exprimé par agapáô – en réalité cette différence était ignoré par les Grec de l’époque classique – devient particulièrement clair dans le chapitre 21 (15-17) de Jean, quand le Christ fait par trois fois la demande très connue à Pierre : « Pierre, m’aimes-tu ? ». En réalité la première et la seconde demande sont porteuses du verbe agapáô : « Après le repas, Jésus dit à Simon-Pierre : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu (agapâs) plus que ceux-ci ? » Il lui répond : « Oui Seigneur, tu sais que je t’aime (philô) ». Alors il lui dit « Prends soin de mes agneaux ». Puis il lui demande une deuxième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu (agapâs) ? » Il lui répond pour la seconde fois : « Oui Seigneur, tu sais que je t’aime (philô) ». Jésus lui dit : » Prends soin de mes brebis ». Puis, il lui demande une troisième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu bien (phileîs) ? La troisième fois, le Christ utilise le verbe philéô parce que, avant la Pentecôte, les apôtres, y compris Pierre, vivaient encore l’amour selon le rapport de sang, selon l’affinité du groupe ou de la famille : Ils comprennent la valeur de « l’amour » connoté par l’expression du verbe philéô. C’est seulement après la Pentecôte, quand la flamme de l’amour christique sera descendue sur eux, les apôtres comprendront pleinement la valeur universelle de l’agápê, au point tel que Paul pourra ainsi en parler dans « l’Hymne à la Charité » (1 Cor 13, 1-8) [2] La médiocrité est un mot qui indique, par exemple, 1. La position intermédiaire entre deux extrêmes ; 2. La qualité modeste ou ayant peu de valeur d’une chose : médiocrité de la marchandise ; 3.La qualité modeste d’une personne, qui, donc, est qualifié de médiocre. Zenit.org, 2006. 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