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 - 26 juin 2025 - Saint Jean et Saint Paul
Publié le : 21 février 2012 Source : Zenit.org
 

 

Les news

Lettre de carême du patriarche melkite Gregorios III

ROME, mardi 21 février 2012 (ZENIT.org) –  Le patriarche Gregorios III  invite les jeunes à découvrir le silence, à l’occasion du carême, dans sa lettre publiée par le patriarcat grec melkite catholique d’Antioche et de tout l’Orient, d’Alexandrie et de Jérusalem.

Lettre de Sa Béatitude Gregorios III,
Patriarche d’Antioche et de tout l’Orient,
d’Alexandrie et de Jérusalem,
à l’occasion du
Grand et Saint Carême 2012

"Entre dans ta pièce la plus retirée,
ferme la porte à clef"
(Matthieu 6, 6)

A nos chers frères les Hiérarques, membres de notre Saint-Synode,
Aux Supérieurs généraux et aux Supérieures générales,
A nos fils les prêtres,
A tous les fils et les filles des paroisses et des Eparchies de notre Eglise Grecque-Melkite Catholique, dans les pays arabes et dans le monde entier,
Salut "quadragésimal", avec mon affection, ma bénédiction apostolique et ma prière !

       "Entre dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte à clef" : c’est l’appel que Jésus-Christ a adressé à ses disciples. C’est le même appel que Nous adressons aux fils et aux filles de notre Eglise Grecque-Melkite Catholique au début du grand et saint Carême. Ce temps béni ouvre devant nous  ses grandes portes. C’est ce que nous chantons à l’Orthros, à partir du dimanche du pharisien et du publicain jusqu’au dimanche des Rameaux : "Ouvre-moi les portes de la pénitence, Seigneur source de vie, dans ton saint temple veille mon esprit, portant le temple très impur de mon corps, mais dans ta bonté purifie-moi, en ta grande tendresse et ton amour compatissant !"
Cet appel est l’un de ceux, nombreux, que Jésus-Christ a adressés à ses disciples autrefois. Aujourd’hui, Il l’adresse à nous, en ce "temps de salut", nous incitant à approfondir notre vie spirituelle. Pour répondre à cet appel, les moines, jadis, quittaient leurs monastères, le premier jour du Carême (appelé pour cela le "lundi du moine"), pour se recueillir dans les solitudes des ermitages et s’y adonner à la prière.

       Nous citons ici quelques versets de l’Ecriture Sainte comme introduction à cette lettre et pour servir de sujets de méditation spirituelle pendant les jours du grand et saint Carême.
"Venez à l’écart, leur dit [Jésus], en un lieu solitaire, et reposez-vous un peu" (Marc 6, 31).
"Encore en pleine nuit, [Jésus] se leva, sortit et s’en alla dans un lieu solitaire ; et là Il priait" (Marc 1, 35).
"En ces jours-là, [Jésus] s’en alla dans la montagne pour prier, et Il passa toute la nuit à prier Dieu" (Luc 6, 12).
"[Jésus] gravit la montagne pour y prier. Et pendant qu’Il priait, l’aspect de son visage changea" (Luc 9, 28-29).
"Tandis qu’Il priait solitaire, ses disciples étaient près de Lui" (Luc 9, 18).
"Quant à Marie, elle conservait avec soin tous ces souvenirs et les méditait en son cœur" (Luc 2, 19).

       "Survint une femme, une pécheresse de la ville. Ayant appris qu’Il était à table chez le Pharisien, elle avait apporté un vase de parfum. Se plaçant alors en arrière tout en pleurs, à ses pieds, elle se mit à lui arroser les pieds de ses larmes ; puis elle les essuyait avec ses cheveux, les couvrait de baisers, les oignait de parfum" (Luc 7, 37-38).
"Et je me dis : qui me donnera des ailes comme à la colombe ? Je prendrai mon vol pour trouver mon repos" (Psaume 55, 7).
"Ecoutons ce que dit le Seigneur notre Dieu" (Psaume 85, 9).
"Si quelqu’un m’aime, il observera ma parole, et mon Père l’aimera, et nous viendrons à lui et nous ferons chez lui notre demeure" (Jean 14, 23).
"Ma demeure sera de nouveau au-dessus d’eux ; je serai leur Dieu et ils seront mon peuple" (Ezéchiel 37, 27).
"Et il y eut devant Dieu un vent fort et violent qui fendait les montagnes et brisait les rochers : Dieu n’était pas dans le vent. Après le vent, un tremblement de terre : Dieu n’était pas dans le tremblement de terre. Et après le tremblement de terre, le feu : Dieu n’était pas dans le feu. Et après le feu, un murmure doux et léger. Quand Elie l’entendit, il s’enveloppa le visage et, étant sorti, il se tint à l’entrée de la caverne. Et voici qu’une voix lui dit : Que fais-tu ici, Elie ?" (I Rois 19, 11-13).
"Des entrailles du poisson, Jonas pria son Dieu et dit : (...) Je me suis souvenu de Dieu, et ma prière est parvenue à Toi en ton saint Temple. Que ceux qui s’attachent à de futiles vanités abandonnent celui qui les aime ; moi, aux accents de louange, je t’offrirai des sacrifices, j’accomplirai les vœux que j’ai promis, le salut vient de Dieu !" (Jonas 2, 2 et 8-10).

       Dans la Liturgie, on lit des appels constants et répétés au calme, au silence intérieur : "Que fasse silence toute chair mortelle" (Samedi-Saint, tropaire chanté à la place du Kherouvikon) ; "Tenons-nous bien ! Tenons-nous avec crainte ! Soyons attentifs !" (Introduction à l’anaphore) ; "Soyons attentifs ! Sagesse !" (monition plusieurs fois répétée).
Les consignes que donne Saint Basile le Grand pour la célébration de la Divine Liturgie sont éloquentes. En voici une partie :
"N’aie pas de sentiments de rancune quand tu célèbres le service divin, sinon le Paraclet fuira loin de toi. Ne juge personne, n’entre en dispute avec personne le jour de la célébration. Mais persévère dans l’église, dans la prière, dans la lecture jusqu’au moment de la célébration des divins mystères. Tiens-toi devant l’autel sacré avec un cœur plein de componction. Ne regarde pas de ce côté ou de l’autre ! Plutôt tiens-toi dans la crainte et le frémissement devant le Roi céleste. Ne te hâte pas dans la prière ! Ne la résume pas pour accomplir un autre service mondain ! Ne t’occupe pas des visages des gens ! Mais dirige tout ton cœur vers le Roi qui trône devant toi et vers les Anges qui l’entourent".
A partir de tout cela, Nous aimons souligner l’importance des expressions extérieures, même corporelles, de ces recommandations. Ainsi le calme dans les prières, le ton de la voix, le chant de l’Epître et de l’Evangile, qui doivent être chantés d’une manière méditative et pieuse. De même, Nous aimons souligner que les prières qui sont appelées "secrètes", et que Nous avons invité à prononcer à haute voix, ne doivent pas être chantées, mais dites d’une manière douce, mystikos selon l’expression grecque, et suivies par les doxologies à haute voix.

       Nous aimons insister aussi sur l’importance de la méditation, de la solitude, des retraites spirituelles silencieuses. Il est à conseiller de les faire dans les couvents et les monastères pendant le grand Carême, pour vivre des moments de méditation, de recueillement et de prière liturgique en communauté et en privé.
Nous voudrions inviter à intensifier, pendant le temps du grand Carême, la lectio divina de la Parole de Dieu, en privé et dans les groupes, les réunions pastorales diverses, et au partage évangélique à la suite de la lecture. Cela est l’objet des propositions 2 et 3 de l’Assemblée Spéciale pour le Moyen-Orient du Synode des Evêques ; en voici le texte :
"La Parole de Dieu est l’âme et le fondement de toute la pastorale ; on souhaite que chaque famille ait une Bible. Les Pères du Synode encouragent la lecture et la méditation quotidiennes de la Parole de Dieu, spécialement la lectio divina, la création d’un site Internet biblique, avec explications et commentaires catholiques à la portée des fidèles, la préparation d’un livret d’introduction à la Bible, Ancien et Nouveau Testament, avec une méthode facile de lire la Bible. Ils encouragent aussi les éparchies et les paroisses à promouvoir des sessions bibliques où l’on médite et explique la Parole de Dieu afin de répondre aux questions des fidèles, en vue de créer chez eux une familiarité avec les Ecritures, un approfondissement de la spiritualité et un engagement à l’apostolat et à la mission" (n° 2).
"Les Pères synodaux recommandent de travailler pour mettre l’Ecriture Sainte, avec ses deux Testaments, au centre de notre vie chrétienne, et cela par l’encouragement de son annonce, sa lecture, sa méditation, son interprétation christocentrique et sa célébration liturgique, à l’exemple de la première communauté chrétienne.
       "On propose qu’une année biblique soit proclamée, après une préparation adéquate, et qu’elle soit suivie par une semaine annuelle de la Bible" (n° 3).

       Il est important d’éduquer la jeunesse et de l’inviter au silence, au calme, surtout dans les sorties et activités des jeunes. Diminuer le volume des chants dans les réunions et les activités paroissiales.
Il est aussi important d’insister sur l’ascèse chrétienne, la mystique, la mortification, la vie solitaire... Tout cela peut mener le chrétien à une expérience intérieure, mystique et spirituelle intense, qui aide à la maturation chrétienne et à la croissance spirituelle.
Le droit canon invite les séminaristes à faire croître l’intimité et même la familiarité avec le Christ, à la méditation de la Parole de Dieu, à la direction spirituelle, à la vie en Christ, à l’examen de conscience, à l’esprit de prière et au recueillement. Ces consignes sont adressées de même aux prêtres, aux religieux et aux religieuses. Elles peuvent être pratiquées aussi par les laïcs (voir le canon 346 du Code des Canons des Eglises Orientales).
Nous invitons les membres du clergé et nos fidèles à faire une retraite spirituelle pendant le grand Carême.
A cette occasion, Nous exprimons de nouveau un désir très cher à notre cœur : que nos ordres religieux, masculins et féminins, réservent une maison pour les retraites spirituelles, avec l’atmosphère adéquate pour la direction spirituelle, la confession, les célébrations pénitentielles, les prédications, les offices liturgiques et la Divine Liturgie célébrés dans toute leur splendeur.
La vie spirituelle et son approfondissement, auxquels Nous invitons à l’occasion du grand Carême, sont un moyen efficace pour surmonter les maladies modernes dont parlent les Lineamenta du Synode sur la Nouvelle Evangélisation, qui sera célébré en octobre 2012. Nous y lisons (n° 6 § 3) :

       "Les caractéristiques d’une compréhension sécularisée de la vie marquent le comportement quotidien de nombreux chrétiens, qui se montrent souvent influencés – pour ne pas dire conditionnés – par la culture de l’image, avec ses modèles et ses poussées contradictoires. La mentalité hédoniste et consumériste dominante induit en eux une dérive vers la superficialité et un égocentrisme auxquels il est difficile de s’opposer. La ’mort de Dieu’ que nombre d’intellectuels annonçaient dans les dernières décennies cède la place à un culte stérile de la personne. Il existe un danger réel de perdre aussi les éléments fondamentaux de la grammaire de la foi, avec, pour conséquence, la possibilité de tomber dans une atrophie spirituelle et un vide du cœur ou, au contraire, dans des formes substitutives d’appartenance religieuse ou de spiritualisme flou. Dans un tel scénario, la nouvelle évangélisation se présente comme l’encouragement dont ont besoin les communautés fatiguées pour redécouvrir la joie de l’expérience chrétienne, retrouver ’l’amour d’antan qui s’est perdu’ (Apocalypse 2, 4), et réitérer la nature de la liberté dans la recherche de la Vérité".
Le Saint Père Benoît XVI insiste souvent sur le silence, dans ses lettres, ses exhortations et ses homélies devant les grandes foules ; il invite au silence après la lecture de l’Evangile, après le sermon, après la Sainte Communion.
Comme il serait souhaitable d’introduire des moments de silence, durant la Divine Liturgie, les offices liturgiques, la célébration des sacrements, les réunions des différentes activités pastorales, les conseils pastoraux, les commissions, de sorte qu’on lise et qu’on médite ensemble la Parole de Dieu, suivie d’un partage spirituel qui nous aide à nous enrichir mutuellement et à échanger nos expériences spirituelles !
Oui ! Nous avons tellement besoin d’aller au fond ! Nous avons besoin d’entrer au fin fond de nos âmes, dans notre sanctuaire intérieur, notre autel intérieur. Nous avons tellement besoin de moments de tranquillité, de quiétude (shekina), de méditation, de silence, d’écoute !

       C’est sur quoi Nous avons insisté dans la préface du livret (en arabe) intitulé Prières orientales pour le temps du grand Carême, dont voici un passage :
"Les prières de ce livret sont un guide sur les voies de la pénitence corporelle par le jeûne, l’abstinence et la mortification, et sur les voies de la pénitence (metanoia) spirituelle, selon ce que nous inspire la conscience illuminée par l’Esprit Saint qui habite en nous. Ces pratiques visent à la sanctification de nos âmes par la prière, la purification, la pénitence, la confession, l’élévation spirituelle vers Dieu et l’union avec Lui, avec son amour, l’amour et le service du prochain, la réception des saints mystères (sacrements), la pratique des vertus de foi, d’espérance et de charité, l’aumône et les actes de miséricorde spirituelle et corporelle.
"Nous avons choisi des hymnes pour toute la période du Carême. C’est comme une échelle spirituelle pour la montée de la Résurrection.
"Ce livret peut être utile dans les réunions paroissiales, dans la catéchèse, dans les familles, dans les retraites spirituelles, etc." (ce livret, en arabe, est en vente surtout chez les Pères Paulistes).
Nos maladies spirituelles et corporelles ont besoin du remède du jeûne et de la prière. Le Carême est un temps favorable, un temps de salut.

Appel

       Dans les situations actuelles tragiques de nos pays arabes, surtout en Syrie, Nous invitons nos prêtres et nos fidèles à faire de ce temps du Carême un temps de prières et d’intercessions, de pénitence, à l’intention de la paix, de la solidarité, de l’unité, de la concorde, du dialogue et du respect entre tous les citoyens. Que Dieu protège nos pays arabes, surtout la Syrie ! Plaise au Sauveur que ce temps du Carême nous mène vers les vraies voies de la résurrection et de la paix !

       Avec l’Eglise, nous chantons : "Frères, ne prions pas à la manière du pharisien, car celui qui s’élève devra s’humilier. Humilions-nous plutôt devant Dieu, à la manière du publicain, et disons comme lui : Seigneur, aie pitié du pécheur que je suis !".

Nous souhaitons à tous et à toutes un Saint Carême !
Avec notre affection, notre bénédiction et notre prière.

                                       + Gregorios III
Patriarche d’Antioche et de tout l’Orient,
d’Alexandrie et de Jérusalem

Appendice I

(Extraits de notre Lettre de Carême de l’an 2004)

1 – Le Canon du Grand et Saint Carême

       Comme chaque année, Nous aimons nous référer au Canon du Grand et Saint Carême, selon l’antique tradition originelle, comme suit.
Les jours de jeûne et d’abstinence sont le mercredi et le vendredi de la semaine de carnaval avant la semaine de la tyrophagie, ainsi que du lundi au vendredi des semaines de Carême et de la Semaine Sainte, à moins que l’un de ces jours ne coïncide avec la fête de l’Annonciation (25 mars). Le Samedi Saint est le seul samedi pour lequel il faut jeûner ; en effet, il est interdit de jeûner les autres samedis de l’année, car le samedi (sabbat) est un jour saint, lié au jour de la Résurrection (dimanche).
L’abstinence doit être observée tous les jours de Carême, y compris le dimanche, et de la Semaine Sainte, sauf si l’Annonciation tombe pendant ce temps. Le dimanche des Rameaux, on peut manger du poisson.
L’abstinence concerne la viande et le jus de viande, les produits laitiers, les œufs, le lait, le fromage et le beurre, tandis que le poisson est permis à certains jours (25 mars et dimanche des Rameaux). De même, le vin et l’huile sont permis à certains jours.
Nos Saints Synodes ont traité plus d’une fois de la question du jeûne et de l’abstinence, spécialement de 1949 à 1954. Surtout après le Concile Vatican II, l’orientation générale était que chaque Eparque fixe la discipline du jeûne et de l’abstinence d’une façon convenable pour son éparchie.

       Bien que plusieurs dispenses aient été accordées pour différentes situations de vie, la discipline du jeûne selon l’ancienne tradition orientale reste en vigueur et, grâce à Dieu, est assez bien observée dans beaucoup d’institutions de religieux et de religieuses, dans le clergé et parmi les fidèles.

2 – Signification du jeûne et de l’abstinence

           Le jeûne est le fait de ne prendre ni nourriture ni boisson depuis minuit jusqu’à l’heure des Vêpres. La personne qui jeûne prend donc un seul repas par jour après les Vêpres ou la Liturgie des Présanctifiés, ou à midi après la Divine Liturgie des dimanches et jours de fête.
Le jeûne eucharistique, dans son sens le plus profond, est lié à la célébration de la Divine Liturgie et à la Sainte Communion. Selon l’ancienne tradition, quiconque se présente à la Sainte Communion doit avoir jeûné, sans prendre aucune nourriture ni boisson.
En fait, la Communion met fin au jeûne ; nous pouvons dire qu’elle brise le jeûne, que ce soit après un jour de jeûne ou n’importe quel jour de Carême. Dans ce cas, la personne qui jeûne termine son jeûne et sa journée en participant à la Liturgie des Présanctifiés, qui est l’office des Vêpres avec Communion. De même, les jeûnes pour la préparation de Noël et pour la Théophanie terminent avec la Divine Liturgie, précédée par l’office des Vêpres. Et le jeûne des trois derniers jours de la Semaine Sainte termine avec la Communion pascale le matin de Pâques.

3 – La sagesse du jeûne

       Les Saints Pères de l’Eglise considèrent le jeûne du Grand et Saint Carême comme une réalisation de la dîme de Dieu. Les quarante jours représentent environ un dixième des 365 jours de l’année. En effet, nous lisons dans les commandements (Deutéronome 12, 6-7)que nous devons apporter les dîmes et recevoir les bénédictions de Dieu. Nous ajoutons les jeûnes de l’Avent, des Apôtres et de la Dormition. Ces différents jeûnes coïncident avec les quatre saisons de l’année afin de sanctifier toute l’année : le jeûne de l’Avent est en automne, le jeûne du Grand et Saint Carême tombe principalement en hiver, celui des Apôtres tombe à la fin du printemps et celui de la Dormition en été.
Ainsi, le fidèle chrétien qui observe les différents jeûnes demeure dans une relation continuelle avec les exercices spirituels et ascétiques et dans une vigilance spirituelle qui permet au Saint Esprit d’œuvrer en lui. De la même façon, il garde la santé à la fois de son âme et de son corps.
       Beaucoup cherchent auprès des docteurs et des savants des informations en vue de garder la bonne santé de leurs corps, mais nous ne serions pas surpris de découvrir que la sagesse de l’Eglise, en distribuant ces jeûnes, est tout à fait d’accord avec les instructions médicales, et même en avance sur leurs critères, car elle vise à la santé de l’âme et du corps en même temps. C’est ainsi que se relise ce que disait notre Maître Jésus : "Cherchez premièrement le Royaume et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît" (Matthieu 6, 33). Et aussi cette réponse au tentateur dans le désert : "Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu" (Matthieu 4,4 ; Deutéronome 8, 3). Expliquant le vrai sens du Carême, Saint Paul dit : "Soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez, et quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu" (I Corinthiens 10, 31). Et encore : "Glorifiez donc Dieu dans votre corps" (I Corinthiens 6, 20).

4 - Les offices propres du Grand et Saint Carême

 – Liturgie des Présanctifiés (Proagiasmena) : Dans l’Eglise Grecque-Melkite Catholique s’est généralisée la coutume de célébrer la Liturgie des Présanctifiés (en grec : Proagiasmena), à la fin de l’office des Vêpres, le mercredi et le vendredi des semaines de jeûne, les deux premiers jours de la première semaine du Carême et les trois premiers jours de la Semaine Sainte. Les autres jours de jeûne, les prêtres célèbrent la Divine Liturgie de Saint Jean Chrysostome, avec des Evangiles et des Epîtres propres.

 – Grandes Complies : Cet office est célébré le soir du lundi, du mardi, du mercredi et du jeudi, et est aussi connu sous le nom de la prière "Seigneur des armées".

 – Office des Louanges de la Mère de Dieu (en grec : Acathistos) :  Est célébré le soir des vendredis des cinq semaines de jeûne, en l’honneur de la Très Sainte Mère de Dieu (Theotokos).

Liturgie de Saint Basile : Est célébrée tous les dimanches de Carême, ainsi que le Jeudi Saint et le Samedi Saint.

Appendice II
Choix de textes du Grand et Saint Carême

 Pour le bien spirituel de tous, nous donnons ci-dessous un choix de textes qui peut servir aux personnes et dans les réunions des activités pastorales durant le Carême.
Comme cela a été indiqué plus haut, un livret (en arabe) a été publié qui contient de larges extraits de prières pour toute la période du Carême.

1 - Lucernaire des Vêpres du dimanche du fils prodigue :
"En une terre d’innocence et de vie j’ai semé le péché ; de l’insouciance j’ai moissonné les épis, j’ai mis en tas les gerbes de mes actions ; ce n’est pas sur l’aire du repentir que je les ai déposées ; et pourtant je Te prie, ô mon Dieu, Toi qui depuis toujours cultives nos guérets : au souffle de ta douce bonté vanne le grain de mes actions, nourris mon âme de grâce et de pardon, engrange-moi dans tes célestes greniers et sauve-moi".

2 - Cathisme après la troisième ode de l’Orthros du dimanche du fils prodigue :
"Seigneur, hâte-Toi de m’ouvrir tes bras paternels, car j’ai follement dépensé toute ma vie ; considère le trésor inépuisable de ta pitié, Sauveur, ne méprise pas la pauvreté de mon cœur ; vers Toi, Seigneur, je crie plein de componction : Père, j’ai péché contre le ciel et contre Toi".

3 - Cathisme de l’Orthros du lundi de la tyrophagie :
"Les portes de la divine pénitence s’ouvrent devant nous, entrons joyeusement et purifions nos corps ; de nourriture abstenons-nous ainsi que de nos passions, nous conduisant comme des serviteurs du Christ, qui appelle le monde au royaume des cieux, offrons la dîme de toute l’année au Roi de l’univers pour contempler avec amour sa sainte Résurrection".

4 - Huitième ode du premier canon de l’Orthros du jeudi de la tyrophagie :
"Ferme la bouche pour jeûner, la conscience apaisée ; ô mon âme, tourne-toi vers le Seigneur, accomplissant de bonnes actions ; offre-Lui comme un encens d’agréable odeur les aliments de la vertu ; et crie joyeusement : Toutes ses œuvres bénissez le Seigneur !".

5 - Cinquième ode du second canon de l’Orthros du vendredi de la tyrophagie :
"Le jeûne, la prière et les pleurs et notre humble comportement, tels sont les présents que nous portons à Celui qui pour nous s’est abaissé, afin qu’au temps du Carême Il nous accorde le pardon de nos péchés".

6 - Laudes du dimanche de la tyrophagie :
"Il est ouvert, le stade des vertus, y entrent ceux qui veulent s’exercer, au combat du Carême préparez-vous : ceux qui luttent avec courage recevront la couronne méritée ; prenons l’armure de la croix pour combattre l’ennemi, tenant la foi pour inébranlable rempart, pour cuirasse la prière et pour casque la charité, pour glaive le jeûne qui retranche toute méchanceté de nos cœurs. Qui fait ainsi recevra la couronne en vérité des mains du Christ tout-puissant, au jour du jugement".

7 – Laudes du dimanche de la tyrophagie :
"Voici venir le temps des combats spirituels, la victoire sur les démons, la tempérance tout armée, l’angélique splendeur et l’assurance auprès de Dieu ; par elle Moïse, en effet, devint le confident du Créateur et put entendre sa voix en d’invisibles révélations ; par elle, Seigneur, accorde-nous aussi, dans ta bonté, d’adorer ta Passion et ta sainte Résurrection".

8 - Lucernaire des Vêpres du premier lundi de Carême :
"Commençons le temps de ce Carême lumineux, nous adonnant aux combats spirituels, sanctifions notre âme et purifions notre chair ; de nourriture ne jeûnons pas seulement, abstenons-nous aussi de toute passion, cultivant les spirituelles vertus ; en elles persévérant fidèlement, puissions-nous être dignes de voir la Passion du Christ notre Dieu et l’allégresse de sa sainte Résurrection".

9 - Cathisme III de l’Orthros du premier lundi de Carême :
"Commençons ce Carême dans la joie, rayonnants des préceptes du Christ notre Dieu, dans la lumière de la charité et l’éclat de l’oraison, dans la pureté de cœur et l’énergie des forts, afin de nous hâter noblement, le troisième jour, vers la sainte Résurrection, qui répand sur l’univers son immortelle clarté".

10 - Deuxième ode du premier canon de l’Orthros du mardi de la première semaine de Carême :
"Gravissons la montagne des bonnes actions et par le jeûne libérons-nous de nos terrestres impulsions et de l’aiguillon du plaisir ; pénétrons dans l’obscure nuit de la sublime contemplation pour ne plus voir que l’aimable beauté du Christ sur la mystique voie de la divine ascension".

11 - Deuxième ode du deuxième canon de l’Orthros du mardi de la première semaine de Carême :
"Venez, pénétrons dans la chambre de nos cœurs, pour offrir au Seigneur notre prière en Lui disant : Notre Père qui es aux cieux, dans ta bonté, pardonne-nous nos péchés".

12 - Neuvième ode du deuxième canon de l’Orthros du mardi de la première semaine de Carême :
"Par le jeûne et la prière, gravissons la montagne des commandements, et d’un cœur pur nous verrons Dieu, recevant de Lui les tables de la Loi ; comme Moïse autrefois, nous resplendirons de gloire intérieurement en présence du Dieu qui nous aime".

13 - Apostiches de l’Orthros du mardi de la première semaine de Carême :
"Fidèles, commençons un Carême saint, qui procure à nos âmes le salut ; servons avec crainte le Seigneur, parfumons-nous la tête avec l’huile des vertus ; lavons-nous le visage aux flots de pureté, ne faisons pas de grandes phrases en priant, mais, comme nous l’avons appris du Seigneur, disons : Notre Père qui es aux cieux, pardonne-nous nos péchés, dans ton amour pour les hommes".

14 - Lucernaire des Vêpres du jeudi de la première semaine de Carême :
"Frères, jeûnons corporellement, jeûnons aussi en esprit, délions toute chaîne d’iniquité, brisons les liens de nos violentes passions, déchirons tout injuste contrat, donnons aux pauvres du pain et recevons les sans-logis, afin d’obtenir du Christ notre Dieu la grâce du salut".

15 - Lucernaire des Vêpres du samedi de la première semaine de Carême :
"Venez, fidèles, accomplissons dans la lumière les œuvres de Dieu et marchons avec dignité, comme en plein jour, rompons tout injuste contrat et supprimons en nous tout objet de scandale pour le prochain ; rejetons les plaisirs de la chair pour accroître nos dons spirituels ; donnons aux pauvres de quoi manger, allons vers le Christ et dans la repentance disons-Lui : O notre Dieu, aie pitié de nous !".

16 - Apostiches de l’Orthros du vendredi de la sixième semaine de Carême :
"Arrivés au terme des quarante jours, Seigneur ami des hommes, nous Te demandons de voir aussi la sainte semaine de ta Passion pour glorifier en elle tes hauts faits et l’œuvre ineffable de ton salut en chantant d’une même voix : Seigneur, gloire à Toi !".



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