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 - 26 juin 2025 - Saint Jean et Saint Paul
Publié le : 16 février 2012 Source : Zenit.org
 

 

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Evangéliser, c’est transmettre une foi vécue

ROME, jeudi 16 février 2012 (ZENIT.org) – En Europe comme en Afrique, il faut redécouvrir la foi comme expérience personnelle, pour être de véritables évangélisateurs, affirme le cardinal Peter Erdő.

A l’occasion du second symposium des évêques d’Europe et d’Afrique, le cardinal Hongrois Peter Erdő, président du Conseil des conférences épiscopales d’Europe (CCEE), présente à Zenit le symposium, qui a lieu à l’Université pontificale Regina Apostolorum de Rome, sera conclu demain 17 février 2012 (cf. Zenit des 10 et 13 février 2012).

Zenit – Eminence, quels sont les nœuds stratégiques dans les relations entre l’épiscopat européen et l’épiscopat africain ?

Card. Erdő – C’est une collaboration qui dure depuis un certain temps. Depuis des années, nous tenons des congrès et depuis au moins une décennie nous avons des rencontres régulières entre les représentants du CCEE et du Symposium des Conférences Épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SECAM). Chaque année nous abordons un sujet spécifique : après l’esclavage, l’immigration et d’autres thèmes, cette année nous traitons de la Nouvelle évangélisation. Les rapports entre les évêques africains et européens sont désormais “familiaux” : la majeure partie des évêques africains a étudié dans quelque université européenne, ils connaissent la réalité de nos diocèses. A leur tour, les diocèses européens envoient en Afrique de nombreux missionnaires, y compris laïcs. Il s’est développé un réseau qui semble offrir un rayon d’espérance.

De quoi avez-vous parlé durant ce symposium  ?

Durant ce symposium, des problématiques communes ont émergé, et d’autres plus spécifiques. Nous avons parlé de petites communautés, de mouvements de spiritualité, du rôle du catéchiste, c’est-à-dire de celui qui transmet la foi et qui est proche des personnes. Nous avons abordé le défi des sectes, qui est un grand défi non seulement en Afrique, mais aussi en Europe. Le défi de la sécularisation est plus prononcé en Europe, et celui de la pauvreté est plus prononcé en Afrique. Nous savons à ce sujet que le rapport entre pauvres et riches ne peut pas être unilatéral : le riche aussi a besoin de beaucoup de choses (non matérielles), tandis que le pauvre, inversement, peut donner beaucoup sur le plan humain. Jésus n’a pas promis le bonheur “à brève échéance”, il n’a pas dit non plus : “Je guéris tout de suite toutes les maladies, j’élimine tout de suite la pauvreté…”.

Quels sont les aspects important de l’évangélisation  ?

La préparation des séminaristes est un aspect important, en les éduquant en particulier à la transmission de la conviction de foi vécue, car répandre une doctrine ne suffit pas. Nous devons concentrer notre attention sur l’essence du message chrétien. Et c’est la perspective existentielle de notre foi qui indique où est cette essence. D’un côté il y a la personne de Jésus, de l’autre il y a notre bonheur, qui se situe dans une perspective de vie éternelle, plus que terrestre. Si cette conviction est vive en nous, alors nous avons beaucoup à dire.

Quelle perspective offre l’Année de la foi, qui sera inaugurée en octobre prochain ?

Tout d’abord, nous devons être conscients du fait que notre foi nous relie à nos origines. Ce n’est pas une religion «  philosophique  » mais «  révélée  ». Nous devons trouver la continuité historique de la tradition entre Jésus-Christ et nous-mêmes. Ce qui sera en quelque sorte un “pont de la foi”, une foi qui est aussi espérance, comme nous l’enseigne Benoît XVI dans Spe Salvi. Nous devons être prêts à témoigner de la raison d’une espérance existentielle, et non abstraite. L’Année de la foi est donc une occasion de se concentrer sur l’essence même de la foi et sur la signification existentielle de la foi pour nous. C’est seulement ainsi que nous pouvons devenir évangélisateurs.

Quelle espérance représentent les laïcs pour la Nouvelle évangélisation ?

Plus qu’une espérance, les laïcs sont une réalité concrète. Tous les baptisés, du reste, ont la vocation à être missionnaires. En particulier par le rôle de la famille dans la transmission de la foi. Dans l’évangélisation, nous devons aussi faire un effort significatif pour la famille, qui traverse aujourd’hui  une période difficile. L’appui culturel et institutionnel de la société envers l’Eglise s’est amoindri : c’est une réalité dont il faut tenir compte. Aujourd’hui il est nécessaire d’avoir une foi plus intense et personnelle que par le passé.

L’Europe est fortement sécularisée, et pourtant au niveau institutionnel, il y a eu récemment des signaux positifs à propos du crucifix dans les écoles, l’euthanasie, l’objection de conscience…

Chaque signal positif est évidemment significatif. Quand on parle de valeurs fondamentales comme la vie humaine, il y a un consensus qui va au-delà de la communauté catholique. En ce sens, nous sommes en train de promouvoir les valeurs morales et sociales, en collaboration avec l’église orthodoxe.

Comment est vécue la Nouvelle évangélisation en Europe orientale ?

Les églises chrétiennes orientales ont un point fort dans leur célébration liturgique, qui a un effet certain, même sur les jeunes. Lorsque nous ne banalisons pas le culte, nous ouvrons les portes à la force missionnaire de la célébration.

Vous êtes originaire d’un ancien pays communiste. Quel enseignement pour l’Occident représentent des pays comme la Hongrie ou la Pologne, qui ont souffert la persécution ?

L’expérience passée nous enseigne que nous devons rester vigilants face aux doctrines et idéologies courantes. Nombreux parmi elles ont des contenus inhumains et des programmes arbitraires concernant la société et la dignité humaine. Les grandes philosophies, d’habitude, naissent à l’Ouest et, dans de nombreux cas, ont provoqué leurs effets les plus néfastes à l’Est.

En Hongrie, l’Eglise n’est pas forte, ni au plan social, ni au plan organisationnel ou institutionnel. Nous voyons très clairement qu’il est nécessaire que chacun de nous approfondisse sa conviction personnelle. Nous ne pouvons pas nous laisser emporter par l’évolution “naturelle” des choses alors qu’il n’y a plus rien de “naturel” : ni les circonstances pacifiques, ni le bien-être matériel, ni le respect réciproque ne sont épargnés. Il est donc nécessaire d’approfondir notre foi avec toute notre conscience, en nous habituant à un certain “anticonformisme”, en nous ouvrant à la dignité et à la sensibilité de tous. Le christianisme ne peut certainement pas devenir une idéologie combattive : au contraire, il doit être proche des personnes, et réconcilier les divers groupes à l’intérieur de la société.

Quel rôle peut jouer la Nouvelle évangélisation, par rapport à la crise économique ?

Saint Paul dit : “Si nous avons mis notre espoir dans le Christ pour cette vie seulement, nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes.” (1Co 15,19) Notre foi n’a pas pour objet le succès économique. Nous devons évidemment travailler pour rendre les conditions de vie de tous les peuples plus dignes. Mais le christianisme n’est pas une théorie d’économie, ni une recette concrète sur comment “gérer les finances”.

L’Evangile offre plutôt des valeurs fondamentales à respecter – y compris dans le domaine de l’économie et de la société – comme la justice, la miséricorde, la charité, l’aide à ceux qui en ont besoin. Nous ne devons pas seulement donner quelque chose aux pauvres, nous devons les aimer. Ces dernières années, nous assistons à des débats qui portent presque toujours sur des données statistiques abstraites, et très souvent on ne promet rien qui concerne vraiment la vie des personnes. Les valeurs de la culture, de la langue, de l’histoire et du génie des peuples ne ressortent pas dans les statistiques. Il ne suffit pas de parler de migration et de postes de travail, il faut aussi considérer et respecter les biens humains et culturels, même s’il est difficile de quantifier concrètement leur valeur économique.

Propos recueillis par Luca Marcolivio

Traduit de l’italien par Anne Kurian




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