Publié le : 21 décembre 2011 Source : Zenit.org
Les newsDialogue de Noël de Benoît XVI avec des détenus à RebibbiaROME, mardi 21 décembre 2011 (ZENIT.org) – « Je suis venu surtout pour vous montrer ma proximité personnelle et profonde, dans la communion avec le Christ qui vous aime », a déclaré Benoît XVI, dimanche dernier, en rendant visite à des prisonniers de son diocèse. Durant sa visite à la prison romaine de Rebibbia, dimanche 18 novembre 2011, Benoît XVI a prononcé un discours puis il a répondu aux questions de quelques détenus (cf. Zenit du 18 décembre 2011 pour le texte intégral du discours et le reportage de la visite). Voici notre traduction intégrale du dialogue, d’après la transcription de Radio Vatican. Benoît XVI a parlé d’abondance du cœur, sans papier. Rocco - Je m’appelle Rocco. Avant tout je voulais vous présenter notre et mon personnel remerciement pour cette visite qui nous est très agréable et donne un message de solidarité, humanité et réconfort dans une période si dramatique pour les prisons italiennes. Je souhaite demander à Votre Sainteté si son geste sera compris dans sa simplicité, y compris de nos politiques et gouvernants, afin que soit restituée à tous les laissés-pour-compte, c’est-à-dire nous les détenus, la dignité et l’espérance qui doivent être reconnues à chaque être vivant. L’espérance et la dignité indispensables pour reprendre le chemin d’une vie digne d’être vécue. Benoît XVI - Merci de vos paroles. Je sens votre affection pour le Saint-Père, et je suis touché de cette amitié que je sens chez vous tous. Je voudrais dire que je pense souvent à vous et je prie toujours pour vous car je sais que la prison est une condition très difficile. Souvent, au lieu d’aider à renouveler l’amitié avec Dieu et avec l’humanité, elle aggrave la situation, y compris intérieure. Je suis venu surtout pour vous montrer ma proximité personnelle et profonde, dans la communion avec le Christ qui vous aime, comme je l’ai dit. Mais évidemment cette visite, qui se veut personnelle pour vous, est aussi un geste public qui rappelle à nos concitoyens, à notre gouvernement, qu’il y a de grands problèmes et de difficultés dans les prisons italiennes. Bien sûr, le sens de ces prisons est justement d’aider la justice, et la justice implique en premier lieu la dignité humaine. C’est pourquoi elles doivent être construites pour faire grandir la dignité, pour que soit respectée la dignité. Il faut que vous puissiez renouveler en vous-mêmes le sens de la dignité pour mieux répondre à notre vocation profonde. Nous avons entendu la ministre de la justice, nous avons perçu combien elle se sent avec vous, combien elle perçoit toute votre réalité. De ce fait, nous pouvons être convaincus que notre gouvernement et les responsables feront leur possible pour améliorer cette situation. Ils feront leur possible pour vous aider à trouver réellement, ici, une bonne réalisation de la justice qui vous aide à retourner dans la société avec la conviction de votre vocation humaine et avec tout le respect qu’exige votre condition humaine. Quant à moi, je donnerai toujours des signes, autant que je peux, pour dire qu’il est important que ces prisons correspondent à leur dessein. Ce dessein est de renouveler la dignité humaine et non d’attaquer cette dignité, et d’améliorer sa condition. Espérons que le gouvernement ait la possibilité, toutes les possibilités pour répondre à cette vocation. Merci. Omar - Je m’appelle Omar. Saint-Père, je voulais te demander un million de choses, que j’ai toujours pensé te demander, mais aujourd’hui que je le peux, il m’est difficile de te poser une question. Je suis ému par l’évènement, ta visite ici dans la prison est un fait très fort pour nous, détenus chrétiens catholiques, et donc plus qu’une question, je préfère te demander de nous permettre de nous accrocher à toi avec notre souffrance et celle de nos familles, comme un câble électrique qui communique avec Notre-Seigneur. Je t’aime. Benoît XVI - Moi aussi je t’aime, et je suis reconnaissant pour ces paroles qui touchent mon cœur. Je pense que ma visite montre que je voudrais suivre les paroles du Seigneur qui me touchent toujours, ces paroles du jugement dernier que j’ai lues dans mon discours : “Vous m’avez visité en prison et c’était moi qui vous y attendais”. Cette identification du Seigneur avec les prisonniers nous engage profondément et je dois moi-même me demander : ai-je agi selon cet impératif du Seigneur ? Ai-je gardé à l’esprit cette parole du Seigneur ? C’est un motif de ma venue, parce que je sais que le Seigneur m’attend en vous. Alberto - Je m’appelle Alberto. Sainteté, j’ai perdu l’un après l’autre tous les membres de ma famille. Maintenant je suis un homme nouveau, et depuis un mois papa d’une enfant splendide appelée Gaia. Cela vous semble-t-il juste qu’on ne me laisse pas la possibilité de retourner à la maison, alors que j’ai largement payé ma dette envers la société ? Benoît XVI - Avant tout, félicitations ! Je suis heureux que vous soyez père, que vous vous considériez comme un homme nouveau et que vous ayez une splendide petite fille : c’est un don de Dieu. Naturellement, je ne connais pas les détails de votre cas, mais j’espère avec vous que vous pourrez retourner dans votre famille dès que possible. Vous savez que pour la doctrine de l’Eglise la famille est fondamentale. Il est important que le père puisse tenir sa fille dans ses bras. Ainsi, je prie et j’espère que dès que possible, vous pourrez tenir votre fille dans les bras. Et être avec votre épouse et votre fille pour construire une belle famille et ainsi collaborer à l’avenir de l’Italie. Federico - Sainteté, je suis Federico, je parle au nom des personnes détenues au G14, qui est l’unité de l’infirmerie. Qu’est-ce que des hommes détenus, malades et séropositifs peuvent demander au pape ? A notre pape, déjà surchargé du poids de toutes les souffrances du monde, est-ce qu’ils demandent qu’il prie pour eux ? Qu’il leur pardonne ? Qu’il les garde dans son grand cœur ? Oui, nous voulons demander cela, mais surtout qu’il porte notre voix où on ne l’entend pas. Nous sommes loin de nos familles, mais non de la vie, nous sommes tombés, et dans notre chute nous avons fait du mal aux autres, mais nous nous sommes relevés. On parle trop peu de nous, souvent de façon féroce comme si l’on voulait nous éliminer de la société. Cela nous fait nous sentir sous-humains. Vous êtes le pape de tous et nous vous prions d’agir pour que la dignité ne nous soit pas enlevée en même temps que la liberté. Pour qu’il ne soit plus donné pour acquis que « reclus » veut dire « exclu pour toujours ». Votre présence est pour nous un immense honneur ! Nos vœux les plus chers pour Noël, à tous. Benoît XVI
- Oui, vous m’avez dit des paroles vraiment mémorables : nous sommes tombés, mais nous sommes ici pour nous relever. Ceci est important : le courage de se relever, d’aller de l’avant avec l’aide du Seigneur et avec l’aide de tous les amis. Vous avez dit aussi qu’on parle de vous en termes féroces. Malheureusement c’est vrai, mais je ne voudrais pas dire que cela. Il y en a aussi d’autres qui parlent de vous en bien et pensent à vous. Gianni - Je m’appelle Gianni, de l’unité G8. Sainteté, il m’a été enseigné que le Seigneur voit et lit à l’intérieur de nous, je me demande pourquoi l’absolution a été déléguée aux prêtres ? Si je la demande à genoux, tout seul, dans une chambre, me tournant vers le Seigneur, est-ce qu’il m’absoudrait ? Ou est-ce que ce serait une absolution de valeur différente ? Quelle serait la différence ? Benoît XVI
- Oui, c’est une grande et vraie question que vous me posez. Je dirais deux choses. La première : évidemment, si vous vous mettez à genoux avec un vrai amour de Dieu, et priez que Dieu vous pardonne, il pardonne. La doctrine de l’Eglise a toujours dit que si quelqu’un demande le pardon, il reçoit le pardon de Dieu. A condition qu’il le fasse avec une vraie repentance, pas seulement pour éviter les peines, les difficultés, mais par amour du bien, par amour de Dieu. Voilà pour la première partie. Si j’ai réellement conscience que j’ai mal agi, si l’amour du bien, la volonté du bien, renaissent en moi, si je me repens de n’avoir pas répondu à cet amour, et si je demande pardon à Dieu qui est le Bien, il me pardonne. Nwaihim - Sainteté, je m’appelle Nwaihim, unité G11. Saint-Père, le mois dernier vous êtes allé en visite pastorale en Afrique, dans la petite nation du Bénin, une des nations les plus pauvres du monde. Vous avez vu la foi et la passion de ces hommes envers Jésus-Christ. Vous avez vu des personnes souffrir pour diverses raisons : racisme, faim, travail juvénile… Je vous demande : ils mettent leur espérance et leur foi en Dieu et meurent entre pauvreté et violence. Pourquoi est-ce que Dieu ne les écoute pas ? Peut-être que Dieu écoute seulement les riches et les puissants qui au contraire n’ont pas la foi ? Merci Saint-Père. Benoît XVI
- Je voudrais d’abord dire que j’ai été très heureux sur votre terre ; l’accueil des Africains a été extrêmement chaleureux. J’ai fait l’expérience de cette cordialité humaine qui est un peu obscurcie en Europe, parce que nous avons tant d’autres choses sur le cœur, qui le rendent un peu dur. En Afrique, la cordialité était en quelque sorte exubérante. J’ai senti aussi la joie de vivre. Et ce fut une belle impression pour moi : malgré la pauvreté et toutes les grandes souffrances que j’ai vues aussi – j’ai salué des lépreux, des malades du sida, etc – malgré tous ces problèmes et la grande pauvreté, il y a une joie de vivre, une joie d’être une créature humaine. Car il y a une conscience originelle que Dieu est bon et qu’il m’aime. L’homme est un être aimé de Dieu. Cela a été pour moi l’impression disons « prépondérante » : voir plus de joie, plus d’allégresse, dans un pays souffrant que dans les pays riches. Pour conclure, un détenu a lu une prière : Stefano - Sainteté, je m’appelle Stefano, unité G 11. © Copyright des paroles italiennes de Benoît XVI : Libreria Editrice Vaticana Zenit.org, 2006. Tous droits réservés - Pour connaitre les modalités d´utilisation vous pouvez consulter : www.zenit.org ou contacter infosfrench@zenit.org - Pour recevoir les news de Zenit par mail vous pouvez cliquer ici |