Publié le : 6 décembre 2011 Source : Zenit.org
Les newsRegard croisé sur l’exposition « Fra Angelico et les maîtres de la lumière »ROME, mardi 6 décembre 2011 (ZENIT.org) – Le musée Jacquemart-André, à Paris permet d’admirer de façon exceptionnelle des mystères peints par le bienheureux Fra Angelico – Jean de Fiesole (1400-1455) –, jusqu’au 16 janvier prochain grâce à l’exposition intitulée « Fra Angelico et les maîtres de la lumière » : une visite que le P. Kim En Joong fait goûter à l’avance aux lecteurs de Zenit (cf. La présentation de l’exposition, Zenit du 7 septembre 2011). En effet, contemplatifs autant que peintres, Dominicains de l’Ordre des Prêcheurs, Fra Angelico, au XVe siècle, et Kim En Joong, au XXIe siècle, révèlent leur profonde amitié avec Dieu en faisant jaillir dans leurs œuvres la couleur et la lumière du mystère contemplé. Pourtant, si ce parfait accord de l’idéal dominicain les réunit par la contemplation et la prédication, leurs peintures inspirées ont peu de chose en commun. Fra Angelico déclenche la vénération par la mystérieuse présence de ses personnages, par la beauté de ses visages, par le langage silencieux de ses récits bibliques. Quant à Kim En Joong, artiste non-figuratif d’origine coréenne, il témoigne d’une lumière qui a atteint son cœur et illuminé sa vie, notamment dans la création de vitraux où visible et invisible tissent des rayons d’éternité : « Et la lumière fut » (Gn, 1, 4). Séverine Jahan l’a rencontré. Zenit - Avec Fra Angelico, vous avez une même famille spirituelle mais également la prédication picturale, pouvez-vous évoquer ces points communs ? P. Kim En Joong - Fra Angelico est devenu religieux et peintre dans un contexte extrêmement difficile. L’Italie du Nord était marquée par la peste, les dissensions sociales, politiques et religieuses et la guerre sévissait ! Malgré cette période historique mouvementée, la peinture de Fra Angelico offre une vision béatifique de la société de son époque. Grâce à sa vie contemplative, il a gardé sa liberté intérieure. Toute son œuvre artistique est le reflet de son âme. Il n’est pas surréaliste mais surnaturel. Il exprime l’Eternité. Pourquoi est-il possible de parler de tradition et de modernité dans la peinture de Fra Angelico ? Fra Angelico est au-delà du temps, il n’y a pas de souci chronologique ou historique dans ses oeuvres, c’est l’éternité qui compte. Ce qui est important, c’est la Présence au présent. C’est en cela qu’il est moderne et c’est aussi pour cela qu’il prêche encore aujourd’hui ! Que la peinture soit figurative ou non-figurative, cela n’a pas d’importance. En revanche, elle se doit d’être authentique, sincère, fidèle à la contemplation. Si elle n’est pas authentique, cela devient de la propagande et non de l’art sacré. Lorsqu’on regarde une œuvre d’art sacré, on doit éprouver une sensation nouvelle qui évoque la nouvelle Jérusalem ou la nouvelle terre… Mais l’œuvre d’art est en même temps ancrée dans la tradition et dans notre humanité. Dans votre peinture non-figurative, peut-on également parler de tradition ? Une œuvre ne peut pas vivre seulement des messages qu’elle doit délivrer. Elle doit innover, donner à voir, donner au cœur et à la pensée, transcrire le présent et s’inscrire dans le futur. Dans la dimension infinie de l’art non-figuratif, la tradition s’incarne dans un dessein sacré où créer devient une forme d’« action de grâce », une façon de poser son regard sur l’au-delà. Quel est votre souhait pour le présent et pour le futur ? Fra Angelico, par son oeuvre picturale toujours vivante, nous relie à l’éternité. Puisse la beauté, la pureté la sobriété et la vérité nous libérer éternellement. Propos recueillis par Séverine Jahan Zenit.org, 2006. Tous droits réservés - Pour connaitre les modalités d´utilisation vous pouvez consulter : www.zenit.org ou contacter infosfrench@zenit.org - Pour recevoir les news de Zenit par mail vous pouvez cliquer ici |