Publié le : 30 novembre 2011 Source : Zenit.org
Les newsAudience générale du 30 novembre 2011 : la prière de JésusROME, mercredi 30 novembre 2011 (ZENIT.org) - « Dans notre prière aussi nous devons apprendre, toujours davantage, à entrer dans cette histoire du salut dont Jésus est le sommet, renouveler devant Dieu notre décision personnelle de nous ouvrir à sa volonté », explique Benoît XVI. Le pape exhorta à la constance dans la prière en disant : « Eduquons-nous à une relation intense avec Dieu, à une prière qui ne soit pas occasionnelle, mais constante, pleine de confiance, capable d’éclairer notre vie ». Benoît XVI a en effet commencé une nouvelle série de catéchèses, sur la prière de Jésus lui-même, lors de l’audience générale de ce mercredi matin, 30 novembre. Nous publions ci-dessous le texte intégral de cette catéchèse donnée en la salle Paul VI du Vatican : Chers frères et sœurs, Au cours des dernières catéchèses, nous avons réfléchi sur certains exemples de prière dans l’Ancien Testament ; aujourd’hui, je voudrais commencer à tourner notre regard vers Jésus, vers sa prière, qui traverse toute sa vie, comme un canal secret qui irrigue l’existence, les relations, les gestes et qui le guide, avec une fermeté progressive, vers le don total de soi, selon le projet d’amour de Dieu le Père. Jésus est le maître également de nos prières, Il est même notre soutien actif et fraternel chaque fois que nous nous adressons au Père. Il est vrai, comme le synthétise un titre du Compendium du Catéchisme de l’Eglise catholique, que « la prière est pleinement révélée et réalisée en Jésus » (541-547). C’est vers lui que nous voulons tourner notre regard au cours des prochaines catéchèses. Un moment particulièrement significatif de son chemin est la prière qui suit le baptême auquel il se soumet au fleuve Jourdain. L’évangéliste Luc souligne que Jésus, après avoir reçu, avec tout le peuple, le baptême des mains de Jean-Baptiste, entre dans une prière très personnelle et prolongée : « Comme tout le peuple se faisait baptiser et que Jésus priait, après avoir été baptisé lui aussi, alors le ciel s’ouvrit. L’Esprit Saint descendit sur Jésus » (Lc 3,21-22). C’est précisément ce fait de « prier », d’être en dialogue avec le Père qui illumine l’action qu’il a accomplie avec une grande partie de son peuple, accourue sur les rives du Jourdain. En priant, Il donne à son geste du baptême une marque exclusive et personnelle. Jean-Baptiste avait adressé un puissant appel à vivre véritablement comme « fils d’Abraham », en se convertissant au bien et en accomplissant des fruits dignes de ce changement (cf. Lc 3,7-9). Et un grand nombre d’Israélites s’étaient mis en route, comme le rappelle l’évangéliste Marc, qui écrit : « Toute la Judée, tout Jérusalem, venait [à Jean]. Tous se faisaient baptiser par lui dans les eaux du Jourdain, en reconnaissant leurs péchés » (Mc 1,5). Jean-Baptiste apportait quelque chose de véritablement nouveau : se soumettre au baptême devait marquer un tournant définitif, abandonner une conduite liée au péché et commencer une vie nouvelle. Jésus aussi accueille cette invitation, entre dans la multitude grise des pécheurs qui attendent sur les rives du Jourdain. Mais, comme les premiers chrétiens, nous aussi nous nous posons la question : pourquoi Jésus se soumet-il volontairement à ce baptême de pénitence et de conversion ? Il n’avait aucun péché à confesser, il n’avait pas de péché, donc il n’avait donc pas besoin de se convertir. Pourquoi accomplit-il alors ce geste ? L’évangéliste Matthieu rapporte l’étonnement de Jean-Baptiste qui affirme : « C’est moi qui ai besoin de me faire baptiser par toi, et c’est toi qui viens à moi ! » (Mt 3,14) et la réponse de Jésus : « Pour le moment, laisse-moi faire ; c’est de cette façon que nous devons accomplir parfaitement ce qui est juste » (v. 15). Le sens de la parole « justice » dans le monde biblique est d’accepter pleinement la volonté de Dieu. Jésus montre sa proximité à la portion de son peuple qui, en suivant Jean-Baptiste, reconnaît comme insuffisant de se considérer simplement comme fils d’Abraham, mais veut accomplir la volonté de Dieu, veut s’appliquer afin que son comportement soit une réponse fidèle à l’alliance offerte par Dieu en Abraham. En descendant alors au fleuve Jourdain, Jésus, sans péché, rend visible sa solidarité avec ceux qui reconnaissent leurs péchés, choisissent de se repentir et de changer de vie ; il fait comprendre que faire partie du peuple de Dieu signifie entrer dans une optique de nouveauté de vie, de vie selon Dieu. Dans ce geste, Jésus anticipe la croix, il entame son activité en prenant la place des pécheurs, en assumant sur ses épaules le poids de la faute de l’humanité tout entière, en accomplissant la volonté du Père. En se recueillant en prière, Jésus montre le lien intime avec le Père qui est aux Cieux, fait l’expérience de sa paternité, saisit la beauté exigeante de son amour, et dans le dialogue avec le Père, reçoit la confirmation de sa mission. Dans les paroles qui retentissent du Ciel (cf. Lc 3,22), il y a le renvoi anticipé au mystère pascal, à la croix et à la résurrection. La voix divine le définit « mon Fils, le bien-aimé », rappelant Isaac, le fils bien-aimé que le père Abraham était disposé à sacrifier, selon le commandement de Dieu (cf. Gn 22, 1-4). Jésus n’est pas seulement le Fils de David, descendant messianique royal, ou le Serviteur, dont Dieu se réjouit, mais il est aussi le Fils unique, bien-aimé, semblable à Isaac, que Dieu le Père donne pour le salut du monde. Au moment où, à travers la prière, Jésus vit en profondeur sa propre filiation et l’expérience de la paternité de Dieu (cf. Lc 3,22b), l’Esprit Saint descend (cf. Lc 3,22a), qui le guide dans sa mission et qu’Il manifestera après avoir été élevé sur la croix (cf. Jn 1,32-34 ; 7, 37-39), afin qu’il illumine l’œuvre de l’Eglise. Dans la prière, Jésus vit un contact ininterrompu avec le Père pour réaliser jusqu’au bout son projet d’amour pour les hommes. C’est sur l’arrière-plan de cette extraordinaire prière que se situe toute l’existence de Jésus vécue dans une famille profondément liée à la tradition religieuse du peuple d’Israël. C’est ce que montrent les références que nous trouvons dans l’Evangile : sa Circoncision (cf. Lc 2,21), et sa Présentation au Temple (cf. Lc 2,22-24), ainsi que l’éducation et la formation à Nazareth, dans la sainte maison (cf. Lc 2,39-40 et 2, 51-52). Il s’agit d’« environ trente ans » (Lc 3,23), un temps prolongé de vie cachée et de travail, bien qu’avec des expériences de participation à des moments d’expression religieuse communautaire, comme les pèlerinages à Jérusalem (cf. Lc 2,41). En nous rapportant l’épisode de Jésus, âgé de 12 ans, dans le Temple, assis au milieu des maîtres (cf. Lc 2,42-52), l’évangéliste Luc laisse entrevoir que Jésus, qui prie après le baptême au Jourdain, possède une longue habitude de prière intime avec Dieu le Père, enracinée dans les traditions, dans le style de sa famille, dans les expériences décisives vécues en son sein. La réponse de l’enfant de 12 ans à Marie et Joseph indique déjà la filiation divine, que la voix céleste manifeste après le baptême : « Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne le saviez-vous pas ? C’est chez mon Père que je dois être » (Lc 2,49). Ce n’est pas en sortant des eaux du Jourdain que Jésus inaugure sa prière, mais il poursuit sa relation constante, habituelle avec le Père ; et c’est dans cette union intime avec Lui qu’il accomplit le passage de la vie cachée de Nazareth à son ministère public. L’enseignement de Jésus sur la prière vient certainement de sa façon de prier apprise en famille, mais elle a des origines profondes et essentielles dans sa condition de Fils de Dieu, dans son rapport unique avec Dieu le Père. Le Compendium du Catéchisme de l’Eglise catholique répond à la question : de qui Jésus a-t-il appris à prier ? ainsi : « Selon son cœur d’homme, Jésus a appris à prier de sa mère et de la tradition juive. Mais sa prière jaillit d’une source plus secrète, parce qu’il est le Fils éternel de Dieu qui, dans sa sainte humanité, adresse à son Père la prière filiale parfaite » (541). Dans notre prière aussi nous devons apprendre, toujours davantage, à entrer dans cette histoire du salut dont Jésus est le sommet, renouveler devant Dieu notre décision personnelle de nous ouvrir à sa volonté, Lui demander la force de conformer notre volonté à la sienne, dans toute notre vie, en obéissance à son projet d’amour pour nous. La prière de Jésus touche toutes les phases de son ministère et toutes ses journées. Les difficultés ne sont pas un obstacle. Les Evangiles laissent même entrevoir l’habitude de Jésus de passer en prière une partie de la nuit. L’évangéliste Marc raconte l’une de ces nuits, après la lourde journée de la multiplication des pains et il écrit : « Aussitôt après, Jésus obligea ses disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive, vers Bethsaïde, pendant que lui-même renvoyait la foule. Quand il les eut congédiés, il s’en alla sur la montagne pour prier. Le soir venu, la barque était au milieu de la mer et lui, tout seul, à terre » (Mc 6,45-47). Lorsque les décisions se font urgentes et complexes, sa prière se prolonge et devient plus intense. Dans l’imminence du choix des Douze Apôtres, par exemple, Luc souligne la durée nocturne de la prière préparatoire de Jésus : « En ces jours-là, Jésus s’en alla dans la montagne pour prier, et il passa la nuit à prier Dieu. Le jour venu, il appela ses disciples, en choisit douze, et leur donna le nom d’Apôtres » (Lc 6,12-13). Chers frères et sœurs, éduquons-nous à une relation intense avec Dieu, à une prière qui ne soit pas occasionnelle, mais constante, pleine de confiance, capable d’éclairer notre vie, comme nous l’enseigne Jésus. Et demandons-Lui de pouvoir communiquer aux personnes qui nous sont proches, à ceux que nous rencontrons sur notre route, la joie de la rencontre avec le Seigneur, lumière pour notre existence. Merci. A l’issue de la catéchèse en italien, le Saint-Père s’est adressé aux pèlerins de langue française : Chers frères et sœurs, après quelques exemples de prière dans l’Ancien Testament, nous allons regarder ce que fut celle de Jésus. Les Evangiles montrent qu’elle a traversé toute sa vie, en l’irriguant secrètement jusqu’au don total de lui-même. Dans la prière, Jésus vit un contact ininterrompu avec son Père afin de réaliser son projet d’amour pour l’humanité. N’oublions pas qu’il a grandi dans une famille profondément liée à la tradition religieuse du peuple d’Israël ! La réponse qu’il fait à Marie et à Joseph qui le découvrent dans le Temple au milieu des docteurs indique déjà sa filiation divine. Après avoir reçu le baptême de Jean au Jourdain, Jésus « se tenait en prière », nous dit l’évangéliste Luc. Cette attitude éclaire ce qu’il vient de faire et lui donne un sceau particulier. Il manifeste sa solidarité avec son peuple et il l’invite à vivre d’une façon nouvelle, selon Dieu. Il passe ainsi de la vie cachée à son ministère public en demeurant uni à son Père. Sa prière dans la solitude du désert ou de la nuit lui permet d’être pleinement fidèle à la volonté divine. Et nous, chers amis, comment prions-nous ? En prenons-nous le temps ? Prier est un art qui s’apprend. Pratiquons-le avec constance et confiance, comme nous l’enseigne Jésus. *** © Copyright du Texte original plurilingue : Libreria Editrice Vaticana Zenit.org, 2006. 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