Publié le : 20 mars 2011 Source : Zenit.org
Les newsEthiopie : 1% de catholiques gère 90% de l’aide socialeROME, Dimanche 20 mars 2011 (ZENIT.org) - Les Actes des Apôtres rapportent qu’un des premiers convertis au christianisme fut un Ethiopien. Dès le 4e siècle, l’Ethiopie déclarait la foi catholique comme religion officielle. C’était l’un des premiers pays à le faire. Cependant, aujourd’hui, les catholiques représentent moins de 1% de la population totale. Malgré leur petit nombre, ils gèrent 90% des programmes sociaux du pays. Dans cette interview accordée à l’émission de télévision « Là où Dieu pleure », Mgr Rodrigo Mejía Saldarriaga, vicaire apostolique de Soddo-Hosanna, évoque le travail accompli par l’Eglise au service du pays. Q : Vous êtes né, vous avez grandi et vous été ordonné en Colombie. Comment vous retrouvez-vous en Ethiopie ? Qu’est-ce qui a été le plus difficile à votre arrivée en Afrique ? Comment décririez-vous la mentalité africaine ? Vous qui avez vécu dans tant de pays si différents, que trouvez-vous d’unique dans la foi des Ethiopiens ? Le christianisme en Ethiopie est fortement marqué par la tradition juive, parce qu’il y avait une présence juive en Ethiopie, avant le christianisme. Et aujourd’hui encore, certaines traditions et coutumes remontent à l’Ancien Testament. Par exemple, ils ne mangent pas de porc et jeûnent deux fois par semaine. Comment se présente le panorama religieux dans l’Ethiopie aujourd’hui ? Les catholiques représentent moins de 1% de la population, et pourtant l’Eglise catholique gère plus de 90% des programmes sociaux en Ethiopie. Comment expliquez-vous cela ? De quel genre de pauvreté s’agit-il ? Quel est le salaire moyen ? Mais ce n’est pas un pays pauvre en ressources agricoles, et il possède des minéraux. Pourquoi n’est-il pas capable de se développer ? La terre est bonne, vous avez raison, mais les méthodes agricoles employées sont très, très traditionnelles. Une sorte d’agriculture de subsistance. L’Ethiopie, qui est le pays le plus montagneux d’Afrique, est donc fortement tributaire de l’eau de pluie. Quand le pays est touché par la sécheresse, c’est un drame pour les paysans. Quel type de programmes l’Eglise a-t-elle mis en œuvre ? L’Eglise catholique est reconnue pour ses institutions éducatives, du jardin d’enfant à l’enseignement secondaire. Et, plus récemment, a été lancé un grand projet pour démarrer une université catholique dans la capitale, et peut-être plus tard dans d’autres villes, avec différents campus. L’Eglise catholique est connue pour son engagement dans l’éducation, car nous sommes convaincus que l’éducation est le premier pas pour sortir de la pauvreté. Les chrétiens représentent 45% de la population totale, mais les musulmans sont aussi très nombreux. Que pensent les musulmans de ce travail de l’Eglise, de sa forte présence, en particulier de ce type de programmes ? Historiquement, l’Ethiopie a toujours été considérée, même dès les débuts de l’islam, comme un pays chrétien en Afrique, et ils l’ont accepté. Durant la persécution contre les musulmans, même à l’époque de Mahomet, l’Ethiopie a accueilli les musulmans comme réfugiés et, depuis ce jour, les musulmans ont promis qu’ils respecteraient l’Ethiopie, et ils ont tenu leur promesse. C’est une tradition, une tradition orale, qui s’est perpétuée encore aujourd’hui. Les chrétiens et les musulmans travaillent de concert aussi de cette façon pour le bien de leur pays ? Dans les écoles, par exemple, quel est le pourcentage d’étudiants musulmans ? Je n’ai pas de données précises. Avec les petits enfants, les musulmans ont lancé leurs propres écoles coraniques, bien entendu. Dans nos écoles secondaires, je dirais peut-être que 10%-15% sont musulmans. En voyez-vous les effets dans le panorama politique ? Plus précisément, les musulmans, qui sont passés par une éducation catholique, sont-ils plus ouverts au christianisme, pas nécessairement pour se convertir, mais plus ouverts à une collaboration avec les chrétiens ? Vous n’avez pas l’autorisation ? Non, nous enseignons la religion aux catholiques dans nos écoles en dehors des périodes scolaires et du programme scolaire, mais nous devons suivre le programme prescrit dans le pays. Vous êtes évêque du diocèse de Soddo-Hosanna. Quel est votre plus grand défi comme berger de ce diocèse ? Le défi le plus immédiat a été la sécheresse. Après ma nomination, nous avons connu cinq mois sans pluie. La terre est bonne, mais ces gens vivent toujours au niveau de subsistance et de pauvreté. Dans les périodes de sécheresse comme celle-ci, ils sont contraints de manger leurs graines, de sorte qu’à ces moments-là, ils n’ont rien à manger. C’est une pauvreté réelle et cette sécheresse a été l’un des premiers défis auxquels j’ai été confronté. Que fait l’Eglise dans ce domaine ? Collabore-t-elle avec l’aide alimentaire ? Quel serait vote appel aux catholiques du monde entier, en tant que berger de ce diocèse, et pour l’Ethiopie ? L’appel le plus évident est qu’ils soient sensibilisés et connaissent beaucoup mieux l’Ethiopie, car ce pays n’apparaît, semble-t-il, à la télévision et à la radio que lorsqu’il y a des problèmes : quand sévit la famine ou qu’il y a des guerres et des conflits, ce qui risque de donner une image négative de l’Ethiopie. Alors que l’Ethiopie est un pays fantastique, qui offre une diversité de cultures. C’est, de surcroît, un pays magnifique, avec beaucoup de choses à contempler et admirer. Ensuite pour les chrétiens, solidarité est le mot clé, solidarité avec les Ethiopiens dans leurs souffrances, dans leur pauvreté parce que nous sentons que, après la guerre froide et l’écroulement du Mur de Berlin, l’Europe est davantage orienté vers l’Europe de l’Est. Ce sont de nouveaux marchés pour l’investissement, alors que nous avons l’impression que l’Afrique en général et l’Ethiopie en particulier sont oubliés. Sur le plan pastoral, quels sont vos besoins au quotidien ? C’est leur unique repas ? Propos recueillis par Mark Riedermann pour l’émission télévisée « La où Dieu pleure », conduite par la Catholic Radio and Television Network (CRTN), en collaboration avec l’association Aide à l’Eglise en Détresse (AED). Sur le Net : - Aide à l’Eglise en détresse France - Aide à l’Eglise en détresse Belgique - Aide à l’Eglise en détresse Canada - Aide à l’Eglise en détresse Suisse Zenit.org, 2006. Tous droits réservés - Pour connaitre les modalités d´utilisation vous pouvez consulter : www.zenit.org ou contacter infosfrench@zenit.org - Pour recevoir les news de Zenit par mail vous pouvez cliquer ici |