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 - 8 juillet 2025 - Saint Edgar
Publié le : 20 décembre 2010 Source : Zenit.org
 

 

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Le scandale de la pédophilie, péché d’une « gravité particulière »

ROME, Lundi 20 décembre 2010 (ZENIT.org) - Le visage de l’Eglise est couvert de poussière et son vêtement est déchiré, fait observer le pape en reprenant une image de Hildegarde de Bingen, à propos du scandale de la pédophilie de la part de membres du clergé : un péché d’une « gravité particulière ». Mais le pape analyse aussi le contexte social et idéologique qui a permis cette plaie et il en appelle à la formation des consciences.

Le pape a tenu ce matin au Vatican dans la salle Royale, le discours annuel à la Curie romaine sur l’état de l’Eglise pendant l’année écoulée, à l’occasion de l’échange traditionnel des vœux.

Le pape a fait le parallèle entre l’atmosphère de désagrégation morale et le sentiment d’insécurité de la fin de l’empire romain et la société actuelle : « La décomposition des systèmes porteurs du droit et des attitudes morales de fond, qui leur donnaient force, provoquaient la rupture des digues qui, jusqu’à ce moment, avaient protégé la cohabitation pacifique entre les hommes. Un monde était en train de décliner. De fréquents cataclysmes naturels augmentaient encore cette expérience d’insécurité. On ne voyait aucune force qui aurait pu mettre un frein à ce déclin. L’invocation de la puissance propre de Dieu était d’autant plus insistante : qu’il vienne et protège les hommes de toutes ces menaces ! »

« Le monde, avec toutes ses nouvelles espérances et possibilités, est en même temps, a fait observer le pape, tourmenté par l’impression que le consensus moral est en train de se dissoudre, un consensus sans lequel les structures juridiques et politiques ne fonctionnent pas ; en conséquence, les forces mobilisées pour la défense de ces structures semblent être destinées à l’échec ».

Le pape a mentionné la « joie » et la « gratitude » envers Dieu pour l’année sacerdotale, qui a permis de « renouveler la conscience de ce don que représente le sacerdoce de l’Église catholique, qui nous a été confié par le Seigneur ».

Benoît XVI a souligné la beauté du sacerdoce : « Il est beau que des êtres humains soient autorisés à prononcer au nom de Dieu et avec un plein pouvoir la parole du pardon, et soient ainsi en mesure de changer le monde, la vie ; combien il beau que des êtres humains soient autorisés à prononcer les paroles de la consécration, par lesquelles le Seigneur attire en lui un morceau du monde, et ainsi en un certain lieu le transforme dans sa substance ; combien il est beau de pouvoir être, avec la force du Seigneur, proche des hommes dans leurs joies et leurs souffrances, dans les heures importantes comme aux heures sombres de l’existence ; comme il est beau d’avoir dans la vie comme mission non celle-ci ou celle-là, mais simplement l’être même de l’homme - pour l’aider à s’ouvrir à Dieu et à vivre à partir de Dieu ».

Mais justement, ce fut aussi l’année de la révélation de la « dimension inimaginable » des « abus contre les mineurs commis par des prêtres » : c’est « transformer le Sacrement en son contraire », car « sous le manteau du sacré ils blessent profondément la personne humaine dans son enfance et lui cause un dommage pour toute la vie ».

Benoît XVI reprend les termes de la vision de l’Eglsie qu’a eue sainte Hildegarde de Bingen, en 1170 : « Dans la vision de sainte Hildegarde, explique le pape, le visage de l’Église est couvert de poussière, et c’est ainsi que nous l’avons vu. Son vêtement est déchiré - par la faute des prêtres ».

Voilà la leçon que le pape en tire : « Nous devons accueillir cette humiliation comme une exhortation à la vérité et un appel au renouvellement. Seule la vérité sauve ».

Il en appelle à la réparation du mal commis : « Nous devons nous interroger sur ce que nous pouvons faire pour réparer le plus possible l’injustice qui a eu lieu ».

Il invite à rechercher les causes : « Nous devons nous demander ce qui était erroné dans notre annonce, dans notre façon tout entière de configurer l’être chrétien, pour qu’une telle chose ait pu arriver ».

Et les remèdes : « Nous devons trouver une nouvelle détermination dans la foi et dans le bien. Nous devons être capables de pénitence. Nous devons nous efforcer de tenter tout ce qui est possible, dans la préparation au sacerdoce, pour qu’une telle chose ne puisse plus arriver ».

Benoît XVI remercie « de tout cœur tous ceux qui s’engagent pour aider les victimes et pour leur redonner la confiance dans l’Église, la capacité de croire à son message ».

« Dans mes rencontres avec les victimes de ce péché, j’ai toujours, confie le pape, trouvé aussi des personnes qui, avec grand dévouement, se tiennent aux côtés de celui qui souffre et a subi un préjudice ».

Il rend hommage à la fidélité des prêtres : « C’est l’occasion pour remercier aussi les si nombreux bons prêtres qui transmettent dans l’humilité et la fidélité, la bonté du Seigneur et qui, au milieu des dévastations, sont témoins de la beauté non perdue du sacerdoce ».

Le pape souligne la « gravité particulière de ce péché commis par des prêtres » et de la « responsabilité correspondante ».

Il ajoute aussi ce diagnostic sur le contexte social, dénonçant « un marché de la pornographie concernant les enfants, qui en quelque façon, semble être considéré toujours plus par la société comme une chose normale ». Il dénonce « la dévastation psychologique d’enfants, dans laquelle des personnes humaines sont réduites à un article de marché » commun « épouvantable signe des temps ».

Il déplore « le tourisme sexuel » qui « menace une génération entière et l’endommage dans sa liberté et dans sa dignité humaine ».

Le pape n’hésite pas à désigner la « Babylone » de l’Apocalypse, « symbole des grandes villes irréligieuses du monde » et le péché du « commerce des corps et des âmes » devenus une « marchandise ».

Pour Benoît XVI il est aussi un antre facteur : la drogue « qui, avec une force croissante, étend ses tentacules autour de tout le globe terrestre ».

Le pape dénonce la dictature de la recherche du plaisir et le mauvais usage de la liberté : « Tout plaisir devient insuffisant et l’excès dans la tromperie de l’ivresse devient une violence qui déchire des régions entières, et cela au nom d’un malentendu fatal de la liberté, où justement la liberté de l’homme est minée et à la fin complètement anéantie ».

Mais pour Benoît XVI la racine du mal est aussi à chercher dans certaines idéologies : « Dans les années soixante-dix, la pédophilie fut théorisée comme une chose complètement conforme à l’homme et aussi à l’enfant. Cependant, cela faisait partie d’une perversion de fond du concept d’ethos. On affirmait - jusque dans le cadre de la théologie catholique - que n’existerait ni le mal en soi, ni le bien en soi. Existerait seulement un « mieux que » et un « pire que ». Rien ne serait en soi-même bien ou mal. Tout dépendrait des circonstances et de la fin entendue. Selon les buts et les circonstances, tout pourrait être bien ou aussi mal. La morale est substituée par un calcul des conséquences et avec cela cesse d’exister ».

« Les effets de ces théories sont aujourd’hui évidentes », constate le pape qui cite Jean-Paul II (Veritatis splendor, 1993) : « Il a indiqué avec une force prophétique, dans la grande tradition rationnelle de l’ethos chrétien, les bases essentielles et permanentes de l’agir moral ».

Le pape en appelle à l’utilisation de ce texte pour la formation des « consciences » : « C’est notre responsabilité de rendre de nouveau audibles et compréhensibles parmi les hommes ces critères comme chemins de la véritable humanité, dans le contexte de la préoccupation pour l’homme, où nous sommes plongés ».

Anita S.Bourdin



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