Publié le : 13 septembre 2010 Source : Zenit.org
Les newsProvaROME, Dimanche 12 septembre 2010 (ZENIT.org) - En janvier 2005, l’archevêque de Mossoul a compté parmi les victimes de la violence en Irak. Enlevé par des inconnus, il a été menacé de mort, avant d’être libéré. A ses ravisseurs qui lui demandaient combien il avait d’argent, l’archevêque a répondu à la question, mais il a ajouté que si on le tuait, c’est eux qui allaient devoir distribuer l’argent aux pauvres à sa place. Mgr Basile Georges Casmoussa, 71 ans, est l’archevêque de Mossoul pour les catholiques syriaques. Quand il parle de sa terre natale, un sourire éclaire son visage parce que, avoue-t-il, il garde espoir en l’humanité. Dans cette interview accordée à l’émission de télévision « Là où Dieu pleure », le prélat réfléchit sur l’urgence de la paix pour son pays en proie à des conflits et des troubles. Q : Souhaiteriez-vous le départ des soldats américains dès que possible ? Mgr Casmoussa : Vous commencez par la bonne question. Oui, bien sûr, tout soldat souhaite normalement rentrer chez lui. Ce dont nous avons besoin et que nous espérons, c’est la paix pour notre pays. Je pense que c’est une bonne chose d’étudier les modalités de retour, afin de construire la paix, la tranquillité et l’amitié entre deux peuples, le peuple d’Irak et le peuple des Etats-Unis. Les chrétiens sont-ils pénalisés en Irak par la présence des soldats américains ? Vivre en Irak est encore très risqué, et sans doute aussi dans la région où vous vivez. Si je ne me trompe, vous-même avez été enlevé en 2005. Pouvez-vous dire qui vous a enlevé et pourquoi ? Que vous ont-ils demandé ? Ils m’ont demandé par exemple, pourquoi nous disons que le Christ est le Fils de Dieu, pourquoi nous, prêtres ne nous marions pas, quelle est la signification du mariage chrétien etc. Vous ont-ils enlevé parce qu’ils pensaient que vous étiez un espion américain, ou pourquoi l’ont-ils fait ? Non, non rien de cela. Ils ne m’ont accusé de rien. Parfois, ils utilisent ce prétexte, mais ce n’est pas vrai, bien entendu, et ils ne m’ont pas accusé de cela. Ils prétextent toujours une relation avec les forces d’occupation. Pouvez-vous nous dire ce qui vous est arrivé ? Comment avez-vous été enlevé ? Etait-ce dans la rue, dans l’église ? Avez-vous craint pour votre vie ? Et que vous ont-ils répondu ? Même si l’argent était destiné aux pauvres, sans doute le voulaient-ils pour l’utiliser à des fins terroristes Ainsi vous êtes aimé des chrétiens comme des musulmans ? Sans doute est-ce un don de Dieu. Quand je suis revenu à l’archevêché, une vieille femme m’a dit : « Excellence, j’ai prié pour que Dieu leur rompe le cou ». C’est une expression arabe. J’ai répondu : « Non madame, si Dieu leur rompt le cou, le nombre des handicapés va augmenter. Demandons à Dieu de briser leurs cœurs pour un miracle ». Les chrétiens irakiens sont nombreux à quitter le pays... Et vous êtes toujours à Mossoul. Comment se fait-il que vous restiez à Mossoul ? Vous-même êtes né pas très loin de Mossoul ? Mais maintenant on fait venir des musulmans dans des villages chrétiens. Ne peut-on pas parler de nettoyage ethnique quand des familles musulmanes viennent s’installer dans des villages chrétiens ? Cela signifie que vous perdez les églises ou les écoles ? Non, nous ne les perdons pas en tant que bâtiments, mais nous perdons notre liberté, notre culture et notre personnalité (notre identité) et nous sommes dilués dans la majorité, comme c’est le cas dans les grandes villes comme Bagdad. Quand on a un régime démocratique et que le pays est libre pour tous, chacun jouit de ses droits en tant qu’individu et en tant que communauté, chrétiens ou non chrétiens ; par exemple dans nos écoles maintenant : si vous avez un élève musulman parmi des chrétiens, cet élève musulman a droit à l’enseignement islamique, ce qui est bien et nous sommes d’accord pour cela ; mais pour les chrétiens, il faut qu’il y ait 51% de chrétiens dans l’école pour qu’ils aient droit à l’enseignement chrétien. C’est donc injuste ? Oui. Si vous avez les mêmes droits pour tous les citoyens, alors vous ne demandez pas de privilèges spéciaux. Les privilèges existent quand on ne garantit pas aux citoyens les mêmes droits. Aux Etats-Unis, les immigrés d’Irak, de Chine, du Japon, d’Europe et d’Irlande, sont autorisés à conserver leurs langues et leur culture, mais ils sont tous considérés comme Américains ; comme citoyens américains jouissant des mêmes droits. Nous aspirons à cela, mais tant que nous ne l’obtiendrons pas, nous demanderons la reconnaissance de notre identité et de notre culture. Mais comment pouvez-vous rester assis là, souriant et si amical, en sachant la gravité de vos problèmes et que vous risquez de perdre votre propre identité en retournant chez vous ? Propos recueillis par Marie-Pauline Meyer, pour l’émission télévisée « La où Dieu pleure », conduite par la Catholic Radio and Television Network (CRTN), en collaboration avec l’association Aide à l’Eglise en Détresse (AED). Traduit de l’anglais par Zenit Sur le Net : Texte adapté de : www.wheregodweeps.org/iraq-kidnapped-archbishop/ - Aide à l’Eglise en détresse France - Aide à l’Eglise en détresse Belgique - Aide à l’Eglise en détresse Canada - Aide à l’Eglise en détresse Suisse Zenit.org, 2006. 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