Publié le : 31 mars 2010 Source : Zenit.org
Les newsChemin de Croix au Colisée : Méditations du cardinal RuiniROME, Mercredi 31 mars 2010 (ZENIT.org) - Nous publions ci-dessous le texte intégral des méditations écrites par le cardinal Camillo Ruini, vicaire général émérite du pape pour le diocèse de Rome, pour le Chemin de Croix qui sera présidé vendredi au Colisée, à Rome. OFFICE DES CELEBRATIONS LITURGIQUES CHEMIN DE CROIX PRÉSIDÉ PAR LE SAINT-PÈRE BENOÎT XVI
VENDREDI SAINT 2010 MÉDITATIONS ET PRIÈRES DE Son Éminence
INTRODUCTION CHANT R. Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi, 1. Per lignum servi facti sumus, et per sanctam Crucem liberati sumus. R. 2. Fructus arboris seduxit nos, Filius Dei redemit nos. R. MÉDITATION Quand l’apôtre Philippe lui demande : « Seigneur, montre-nous le Père », Jésus répond : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas... ? Celui qui m’a vu a vu le Père » (Jn 14, 8-9). Ce soir, alors que, dans notre cœur, nous accompagnons Jésus qui chemine sous le joug de la croix, nous n’oublions pas ces paroles. Quand il porte la croix, quand il meurt sur la croix, Jésus encore ne fait qu’un avec le Père. Regardant son visage défiguré par les coups, par la fatigue, par la souffrance intérieure, nous voyons le visage du Père. En cet instant même, la gloire de Dieu, sa lumière trop forte pour l’œil humain, se rend davantage visible sur le visage de Jésus. Là, à travers l’être misérable que Pilate a exhibé devant les juifs, avec l’espérance de les apitoyer, par les mots « Voici l’homme » ! (Jn 19, 5), la vraie grandeur de Dieu se dévoile, cette mystérieuse grandeur qu’aucun homme ne pouvait imaginer. Mais en Jésus crucifié, se révèle aussi une autre grandeur, notre grandeur, la grandeur qui appartient à tout homme par le fait même d’avoir un visage et un cœur humains. Saint Antoine de Padoue écrit : « Le Christ, qui est ta vie, est suspendu devant toi, pour que tu regardes vers la Croix comme en un miroir... Si tu le regardes, tu pourras te rendre compte combien sont grandes ta dignité... et ta valeur... En aucun autre lieu, l’homme ne peut mieux se rendre compte de ce qu’il vaut, qu’en se regardant dans le miroir de la Croix » (Sermons des dimanches et fêtes, III, p.213-214). Oui, Jésus, le Fils de Dieu, est mort pour toi, pour moi, pour chacun de nous et ainsi il nous a donné la preuve concrète que nous sommes grands et précieux aux yeux de Dieu, les seuls yeux qui dépassent toutes les apparences et voient jusqu’au fond la réalité des choses. En participant au Chemin de Croix, nous demandons à Dieu de nous donner à nous aussi ce regard de vérité et d’amour, pour devenir, unis à lui, libres et bons.
Le Saint-Père : Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. PREMIÈRE STATION V/. Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi. De l’Evangile selon saint Jean 19, 6 - 7. 12. 16 MÉDITATION Pourquoi Jésus fut-il condamné à mort, lui qui « là où il passait, faisait le bien » (Ac 10, 38) ? Cette question nous accompagnera au long de ce Chemin de Croix comme elle nous accompagne tout au long de la vie. Dans les Évangiles, nous trouvons une réponse authentique : les chefs des Juifs ont voulu sa mort parce qu’ils ont compris que Jésus se considérait comme le Fils de Dieu. Et nous trouvons aussi une réponse dont les juifs ont usé comme d’un prétexte, pour obtenir de Pilate sa condamnation : Jésus aurait prétendu être un roi de ce monde, le roi des juifs. Mais au-delà de cette réponse, s’ouvre un abîme sur lequel les Évangiles mêmes et toute l’Écriture Sainte nous font ouvrir les yeux : Jésus est mort pour nos péchés. Et plus profondément encore, il est mort pour nous, il est mort parce que Dieu nous aime et nous aime au point de donner son Fils unique, afin que nous ayons par lui la vie (cf. Jn 3, 16-17). C’est donc vers nous qu’il faut regarder : vers le mal et le péché qui habitent en nous et que trop souvent nous feignons d’ignorer. Mais plus encore, nous devons tourner le regard vers Dieu riche en miséricorde qui nous a appelés ses amis (cf. Jn 15, 15). Ainsi, le Chemin de Croix et tout le chemin de la vie devient un itinéraire de pénitence, de douleur et de conversion, mais aussi de gratitude, de foi et de joie. Tous : Pater noster, qui es in cælis : Stabat mater dolorosa Debout, la Mère douloureuse DEUXIÈME STATION /V. Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi. De l’Evangile selon saint Matthieu 27, 27 - 31 De l’Evangile selon saint Jean 19, 17 MÉDITATION Après la condamnation, vient l’humiliation. Ce que les soldats font à Jésus nous semble inhumain. De fait, c’est sans aucun doute inhumain : ce sont des actes de dérision et de mépris à travers lesquels s’exprime une obscure férocité, indifférente à la souffrance, y compris physique, qui est infligée sans motif à une personne déjà condamnée au supplice effrayant de la croix. Cependant, ce comportement des soldats est également, malheureusement, très humain. Mille pages de l’histoire de l’humanité et de la chronique quotidienne confirment que des actions de ce genre ne sont vraiment pas étrangères à l’homme. L’Apôtre Paul a bien mis en lumière ce paradoxe : « Je sais... qu’en moi, ... dans l’être de chair que je suis, n’habite pas le bien : ... je ne réalise pas le bien que je voudrais, mais je fais le mal que je ne voudrais pas » (Rm 7, 18-19). Il en est véritablement ainsi : dans notre conscience, la lumière du bien est allumée, une lumière qui, dans bien des cas, devient évidente et par laquelle, heureusement, nous nous laissons guider dans nos choix. Mais il arrive souvent le contraire : cette lumière est obscurcie par les ressentiments, par les désirs inavoués, par la perversion du cœur. Et alors, nous devenons cruels, capables des choses les pires, y compris de choses inimaginables. Seigneur Jésus, moi aussi, je suis au nombre de ceux qui se sont moqués de toi et qui t’ont frappé. Tu l’as dit : « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 40). Seigneur Jésus, pardonne-moi. Tous : Pater noster, qui es in cælis : Cuius animam gementem, Dans son âme qui gémissait, TROISIÈME STATION /V. Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi. De l’Evangile selon le Prophète Isaïe 53, 4 - 6 MÉDITATION Les Évangiles ne nous parlent pas des chutes de Jésus sous le poids de la Croix, mais cette antique tradition est infiniment vraisemblable. Rappelons seulement que, avant d’être chargé de la croix, Jésus avait été fait flageller par Pilate. Après tout ce qu’il avait subi depuis la nuit passée dans le jardin des oliviers, ses forces devaient être pratiquement épuisées. Avant de nous arrêter sur les aspects les plus profonds et les plus spirituels de la Passion de Jésus, prenons simplement acte de la douleur physique qu’il a dû endurer. Une douleur immense et effrayante, et cela jusqu’à son dernier souffle sur la Croix, une douleur qui ne peut pas ne pas faire peur. La souffrance physique est la plus facile à surmonter, ou tout au moins à atténuer, avec les techniques et les méthodes dont nous disposons aujourd’hui, avec les anesthésiants et autres prises en charge de la douleur. Et ceci, même si pour de multiples causes, naturelles ou liées aux comportements humains, un poids immense de souffrances physiques demeure présent dans le monde. En tous les cas, Jésus n’a pas refusé la douleur physique et il s’est ainsi rendu solidaire de toute la famille humaine, particulièrement de ceux qui, en son sein, sont encore aujourd’hui marqués par ce type de souffrance. Alors que nous le voyons tomber sous la croix, nous lui demandons humblement le courage d’élargir les espaces trop étroits de notre cœur par une solidarité qui ne soit pas faite que de paroles. Tous : Pater noster, qui es in cælis : O quam tristis et afflicta Qu’elle était triste et affligée, QUATRIÈME STATION /V. Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi. De l’Evangile selon saint Jean 19, 25 - 27 MÉDITATION Dans les Évangiles, on ne parle pas directement d’une rencontre de Jésus avec sa Mère sur le chemin de la croix, mais de la présence de Marie au pied de la Croix. Là, Jésus s’adresse à elle et au disciple bien-aimé, l’évangéliste Jean. Ses paroles ont un sens immédiat : confier Marie à Jean, afin qu’il prenne soin d’elle. Et en un sens beaucoup plus profond et plus large : au pied de la Croix, Marie est appelée à dire un second « oui », après le « oui » de l’Annonciation, par lequel elle est devenue la Mère de Jésus, ouvrant ainsi la porte à notre salut. Par ce second « oui », Marie devient la mère de nous tous, de chaque homme et de chaque femme pour lesquels Jésus a versé son sang. Une maternité qui est le signe vivant de l’amour et de la miséricorde de Dieu pour nous. C’est pourquoi, les liens d’affection et de confiance qui unissent le peuple de Dieu à Marie sont si profonds et si solides ; c’est pourquoi nous recourrons spontanément à elle, surtout dans les circonstances les plus difficiles de la vie. Marie, néanmoins, a payé cher cette maternité universelle. Comme Syméon l’avait prophétisé à son propos : « Toi-même, ton cœur sera transpercé par une épée » (Lc 2, 35). Marie, Mère de Jésus et notre mère, aide-nous à faire l’expérience en nos cœurs, ce soir et toujours, de cette souffrance pleine d’amour qui t’a unie à la croix de ton Fils. Tous : Pater noster, qui es in cælis : Quæ mærebat et dolebat, Qu’elle avait mal, qu’elle souffrait CINQUIÈME STATION /V. Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi. De l’Evangile selon saint Luc 23, 26 MÉDITATION Jésus devait être vraiment épuisé et les soldats y remédient en saisissant le premier malheureux qu’ils rencontrent et en le chargeant de la croix. Dans la vie de chaque jour aussi, la croix, sous une multiplicité de formes - depuis une maladie ou un grave accident jusqu’à la perte d’une personne chère ou d’un travail -, s’abat souvent à l’improviste sur nous. Et nous ne voyons en cela qu’une malchance, ou pire encore, un malheur. Mais Jésus a dit à ses disciples : « Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive » (Mt 16, 24). Ce ne sont pas des paroles faciles ; plus encore, ce sont les paroles les plus difficiles de l’Évangile. Tout notre être, tout ce qui est nous, se cabre devant de telles paroles. Toutefois, Jésus poursuit en disant : « Celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la gardera » (Mt 16, 25). Arrêtons-nous sur cet « à cause de moi » : là se trouve toute la prétention de Jésus, la conscience qu’il avait de lui-même et la requête qu’il nous adresse. Il est au centre de tout, Il est le Fils de Dieu qui ne fait qu’un avec le Père (cf. Jn 10, 30), Il est notre unique Sauveur (cf. Ac 4, 12). Effectivement, ce qui semblait au début n’être qu’une malchance ou un malheur se révèle ensuite, fréquemment, être une porte qui s’est ouverte dans notre vie et qui nous a procuré un plus grand bien. Mais il n’en est pas toujours ainsi : tant de fois, en ce monde, les malheurs demeurent des pertes douloureuses. Ici, une nouvelle fois, Jésus a quelque chose à nous dire. Mieux, il lui est arrivé quelque chose : après la croix, il est ressuscité des morts, et il est ressuscité comme premier-né d’une multitude de frères (cf. Rm 8, 29 ; 1 Co 15, 20). Oui, sa croix ne peut être séparée de sa résurrection. C’est seulement en croyant à la résurrection que nous pouvons parcourir de façon sensée le chemin de la croix. Tous : Pater noster, qui es in cælis : Quis est homo qui non fleret, Quel est celui qui sans pleurer SIXIÈME STATION /V. Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi. De l’Evangile selon le Prophète Isaïe 53, 2 - 3 MÉDITATION Quand Véronique a essuyé le visage de Jésus avec un linge, ce visage ne devait certes pas être attirant : c’était un visage défiguré. Mais ce visage ne pouvait laisser indifférent ; ce visage troublait. Il pouvait susciter dérision et mépris, mais aussi compassion et même amour, volonté de venir en aide. Véronique symbolise ces sentiments. Même s’il est défiguré, le visage de Jésus demeure cependant toujours le visage du Fils de Dieu. C’est un visage défiguré par nous, par l’accumulation énorme de la méchanceté humaine. Mais il est aussi un visage défiguré pour nous, qui exprime l’amour et le don que Jésus fait de lui-même, et qui est un reflet de la miséricorde infinie du Père. Dans le visage souffrant de Jésus, nous voyons, en outre, une autre accumulation gigantesque, celle des souffrances humaines. C’est ainsi que le geste de pitié de Véronique devient pour nous une provocation, une sollicitation pressante : il devient l’appel, doux mais impérieux, à ne pas nous détourner, à regarder nous aussi ceux qui souffrent, proches et lointains. Et non seulement regarder, mais venir en aide. Le Chemin de Croix de ce soir n’aura pas été parcouru en vain s’il nous porte à des gestes concrets d’amour et de solidarité effective. Tous : Pater noster, qui es in cælis : Quis non posset contristari, Qui pourrait sans souffrir comme elle SEPTIÈME STATION /V. Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi. Du livre des Psaumes 41, 6 - 10 MÉDITATION Jésus tombe de nouveau sous la croix. Bien sûr, il était épuisé physiquement, mais son cœur était aussi blessé à mort. Pesait sur lui, le refus de ceux qui, depuis le début, s’étaient opposés ostensiblement à sa mission. Pesait sur lui le refus que le peuple qui semblait plein d’admiration et d’enthousiasme en sa faveur lui avait, finalement, opposé. C’est pourquoi, contemplant la cité sainte qu’il aimait tant, Jésus s’était exclamé : « Jérusalem, Jérusalem, ..., combien de fois j’ai voulu rassembler tes enfants comme la poule rassemble ses poussins, et vous n’avez pas voulu » (Mt 23, 37). Pesaient terriblement sur lui la trahison de Judas, l’abandon des disciples au moment de l’épreuve suprême ; pesait sur lui d’une façon particulière le triple reniement de Pierre. Nous savons bien que pesait sur lui la masse innombrable de nos péchés, des fautes qui, à travers les millénaires, jalonnent l’histoire humaine. Nous demandons donc à Dieu, avec humilité mais aussi avec confiance : Père riche en miséricorde, aide-nous à ne pas rendre encore plus pesante la croix de Jésus. En effet, comme l’a écrit Jean-Paul II dont nous célébrons ce soir le cinquième anniversaire de la mort : « La limite imposée au mal, dont l’homme est le fauteur et la victime, c’est en définitive la divine miséricorde » (Mémoire et Identité, p.70). Tous : Pater noster, qui es in cælis : Pro peccatis suae gentis Pour les péchés de tout son peuple HUITIÈME STATION /V. Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi. De l’Evangile selon saint Luc 23, 27 - 29. 31 MÉDITATION C’est donc Jésus qui a compassion des femmes de Jérusalem et de nous tous. Alors même qu’il porte la croix, Jésus demeure l’homme qui a compassion des foules (cf. Mc 8, 2), qui fond en larmes devant la tombe de Lazare (cf. Jn 11, 35), qui proclame bienheureux ceux qui pleurent, parce qu’ils seront consolés (cf. Mt 5, 4). C’est ainsi que Jésus se révèle être le seul à connaître vraiment le cœur du Père et à pouvoir nous le faire connaître : « Personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler » (Mt 11, 27). Depuis les temps les plus anciens, l’humanité s’est interrogée, souvent avec angoisse, pour savoir quelle est véritablement l’attitude de Dieu à notre égard : une attitude de sollicitude providentielle ou au contraire de souveraine indifférence, ou bien encore de dédain et de mépris ? À une question de ce genre, nous ne pouvons pas donner une réponse certaine avec les seules ressources de notre intelligence, de notre expérience et encore moins de notre cœur. C’est pourquoi Jésus - sa vie et sa parole, sa croix et sa résurrection - est la réalité de loin la plus importante de toute l’aventure humaine, la lumière qui éclaire notre destin. Tous : Pater noster, qui es in cælis : Eia mater, fons amoris, Daigne, ô Mère, source d’amour, NEUVIÈME STATION /V. Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi. De la deuxième lecture de saint Paul apôtre aux Corinthiens 5, 19-21 MÉDITATION Voici le motif le plus profond des chutes répétées de Jésus : non seulement les souffrances physiques, non seulement les trahisons humaines, mais la volonté du Père. Cette volonté mystérieuse et humainement incompréhensible, mais infiniment bonne et généreuse, par laquelle Jésus s’est fait « péché pour nous », par laquelle retombent sur lui toutes les fautes de l’humanité et s’accomplit ce mystérieux échange qui nous rend, à nous pécheurs, la « justice de Dieu ». Tandis que nous cherchons à nous identifier à Jésus qui chemine et tombe sous le poids de la croix, il est bien juste que nous éprouvions en nous des sentiments de repentir et de douleur. Mais la gratitude qui envahit notre âme doit être encore plus forte. Oui, Seigneur, tu nous as rachetés, tu nous as libérés, par ta croix tu nous as rendus justes devant Dieu. Mieux encore, tu nous as unis intimement à toi au point de faire aussi de nous en toi, les enfants de Dieu, ses familiers et ses amis. Merci, Seigneur, fais que la gratitude envers toi soit la note dominante de notre existence. Tous : Pater noster, qui es in cælis : Fac ut ardeat cor meum Fais qu’en mon cœur brûle un grand feu DIXIÈME STATION V/. Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi. De l’Evangile selon saint Jean 19, 23 - 24 MÉDITATION Jésus est dépouillé de ses vêtements : nous arrivons au dernier acte de ce drame, qui a débuté avec l’arrestation au jardin des oliviers, où Jésus est dépouillé de sa dignité d’homme, avant même de l’être de celle de Fils de Dieu. Ainsi donc, Jésus est présenté nu au regard des gens de Jérusalem et au regard de l’humanité entière. Plus profondément, il est juste qu’il en soit ainsi : il s’est en effet complètement dépouillé de lui-même, afin de se sacrifier pour nous. C’est pourquoi le geste de le dépouiller de ses vêtements est également l’accomplissement d’une parole de la Sainte Écriture. En regardant Jésus nu sur la croix, nous percevons en nous-mêmes un appel pressant : regarder franchement en nous-mêmes ; nous mettre à nu spirituellement à nos propres yeux, mais avant tout devant Dieu, et également devant nos frères en humanité. Nous dépouiller de la prétention d’apparaître meilleurs que ce que nous sommes, pour chercher au contraire à être sincères et transparents. Le comportement qui, peut-être plus qu’aucun autre, provoquait l’indignation de Jésus était l’hypocrisie. Combien de fois a-t-il dit à ses disciples : ne faites pas « comme ceux qui se donnent en spectacle » (Mt 6, 2.5.16), ou à ceux qui contestaient ses bonnes actions : « Malheureux êtes-vous, hypocrites » (Mt 23, 13.15.23.25.27.29). Seigneur Jésus, toi qui es nu sur la croix, aide-moi à être nu moi aussi devant toi. Tous : Pater noster, qui es in cælis : Sancta mater, istud agas, Ô sainte Mère, daigne donc ONZIÈME STATION V/. Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi. De l’Evangile selon saint Marc 15, 25 - 27 MÉDITATION Jésus est cloué sur la croix. Une torture effroyable. Et tandis qu’il est suspendu à la croix, nombreux sont ceux qui se moquent de lui et aussi qui le provoquent : « Il en a sauvé d’autres, et il ne peut pas se sauver lui-même ! ... Il a mis sa confiance en Dieu ; que Dieu le délivre maintenant s’il l’aime ! Car il a dit : « Je suis le Fils de Dieu ! » (Mt 27, 42-43). Ainsi est tournée en dérision non seulement sa personne, mais aussi sa mission de salut, cette mission que Jésus précisément sur la croix était en train de porter à son accomplissement. Mais, en son cœur, Jésus connaît une souffrance incomparablement plus grande, qui lui fait pousser un cri : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mc 15, 34). Il s’agit certes des premières paroles d’un Psaume, qui se conclut par la réaffirmation de la pleine confiance en Dieu. Toutefois, ce sont des mots à prendre totalement au sérieux, qui expriment l’épreuve la plus grande à laquelle Jésus ait été soumis. Combien de fois, face à une épreuve, nous pensons être oubliés ou abandonnés de Dieu. Et même, nous sommes tentés d’en conclure que Dieu n’existe pas. Le Fils de Dieu, qui a bu jusqu’à la lie son calice amer et qui est ensuite ressuscité des morts, nous dit au contraire, par toute sa personne, par sa vie et sa mort, que nous devons faire confiance à Dieu. En lui, nous pouvons croire. Tous : Pater noster, qui es in cælis : Tui Nati vulnerati, Ton enfant n’était que blessures, DOUZIÈME STATION V/. Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi. De l’Évangile selon saint Jean 19, 28 - 30 MÉDITATION Quand la mort survient après une maladie douloureuse, on dit souvent avec soulagement : « Il a fini de souffrir ». En un certain sens, ces paroles valent aussi pour Jésus. Mais ce sont des paroles trop courtes et superficielles, face à la mort de quiconque et bien plus encore face à la mort de cet homme qui est le Fils de Dieu. De fait, quand Jésus meurt, le voile du Temple de Jérusalem se déchire en deux et d’autres signes surviennent, qui font que le centurion romain qui montait la garde près la croix s’exclame : « Vraiment, celui-ci était le Fils de Dieu ! » (cf. Mt 27, 51-54). En réalité, rien n’est aussi obscur et mystérieux que la mort du Fils de Dieu, qui, uni à Dieu le Père, est la source et la plénitude de la vie. Mais rien n’est aussi lumineux, parce que là resplendit la gloire de Dieu, la gloire de l’Amour tout puissant et miséricordieux. Devant la mort de Jésus, notre réponse est le silence de l’adoration. Nous nous confions ainsi à lui, nous nous mettons entre ses mains, en lui demandant que rien, dans notre vie comme dans notre mort, ne puisse jamais nous séparer de lui (cf. Rm 8, 38-39). Tous : Pater noster, qui es in cælis : Vidit suum dulcem Natum Elle vit son enfant très cher TREIZIÈME STATION /V. Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi. De l’Évangile selon saint Jean 2, 1 - 5 MÉDITATION À présent, l’heure de Jésus est accomplie et Jésus est descendu de la croix. Et voici pour l’accueillir, les bras de sa Mère. Après avoir goûté jusqu’au bout la solitude de la mort, aussitôt Jésus retrouve - à travers son corps inanimé - le plus fort et le plus doux de ses liens humains, la tendresse chaleureuse de sa Mère. Les plus grands artistes, nous pensons à la Pietà de Michel-Ange, ont su percevoir et exprimer la profondeur et la force indestructible de ces liens. En rappelant que Marie, au pied de la croix, est devenue aussi la mère de chacun d’entre nous, nous lui demandons de mettre en notre cœur les sentiments qui l’unissait à Jésus. Pour être véritablement chrétien, en effet, pour pouvoir vraiment suivre Jésus, il faut être lié à lui avec tout ce que nous sommes : notre esprit, notre volonté, notre cœur, nos petits et nos grands choix quotidiens. Ainsi, seulement, Dieu pourra être au centre de notre vie, ne pas être réduit à une présence consolante qui devrait être toujours disponible, mais sans interférer avec les intérêts concrets sur la base desquels nous agissons. Tous : Pater noster, qui es in cælis : Fac me vere tecum flere, Que vraiment je pleure avec toi, QUATORZIÈME STATION V/. Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi. De l’Évangile selon saint Matthieu 27, 57 - 60 MÉDITATION Avec la pierre qui ferme l’entrée du sépulcre, tout semble être vraiment terminé. Mais l’Auteur de la vie pouvait-il rester prisonnier de la mort ? C’est pourquoi le tombeau de Jésus, depuis lors et jusqu’à aujourd’hui, n’est pas seulement devenu l’objet de la plus émouvante dévotion, mais il est aussi à l’origine de la plus profonde division des intelligences et des cœurs : là se séparent les routes entre ceux qui croient au Christ et ceux qui ne croient pas en lui, même si par ailleurs ils le considèrent comme un homme merveilleux. Ce tombeau s’est bien vite retrouvé vide et jamais on n’a pu trouver une explication convaincante au fait qu’il soit resté vide, si ce n’est celle qu’ont donnée les témoins de Jésus ressuscité des morts, de Marie-Madeleine à Pierre, en passant par les autres apôtres. Devant le tombeau de Jésus, nous demeurons en prière, demandant à Dieu les yeux de la foi qui nous permettent de nous unir aux témoins de sa résurrection. Ainsi, le chemin de la croix devient également, pour nous, source de vie. Tous : Pater noster, qui es in cælis : Quando corpus morietur, Au moment où mon corps mourra, DISCOURS DU SAINT-PÈRE Le Saint-Père s’adresse aux personnes présentes. À la fin de son discours, le Saint-Père donne la Bénédiction apostolique :
V/. Dominus vobiscum. V/. Sit nomen Domini benedictum. V/. Adiutorium nostrum in nomine Domini. V/. Benedicat vos omnipotens Deus, CHANT R. Crux fidelis, inter omnes arbor una nobilis, 1. Pange, lingua, gloriosi prœlium certaminis, 2. De parentis protoplasti fraude factor condolens, © Copyright 2010 - Libreria Editrice Vaticana Zenit.org, 2006. Tous droits réservés - Pour connaitre les modalités d´utilisation vous pouvez consulter : www.zenit.org ou contacter infosfrench@zenit.org - Pour recevoir les news de Zenit par mail vous pouvez cliquer ici |