Publié le : 28 mars 2010 Source : Zenit.org
Les newsNicaragua : Une Eglise dans les marais (I)ROME, Jeudi 25 mars 2010 (ZENIT.org) - Le Nicaragua a été ravagé par la guerre civile, par les dictatures et les catastrophes naturelles. Aujourd’hui, ce pays est l’un des plus pauvres du monde occidental. Mgr David Zywiec, capucin, est l’évêque auxiliaire du vicariat de Bluefields. Sa juridiction embrasse presque toute la moitié Est du pays, y compris la plaine côtière connue sous le nom de « Mosquito Coast ». Q - Pouvez-vous nous expliquer comment un Polonais Américain a pu finir à Bluefields, au Nicaragua ? Q - Quelle a été votre première impression en arrivant là-bas ? Mais le fait est qu’environ une semaine avant notre arrivée il y avait eu un enlèvement et le président avait imposé loi martiale et couvre-feu dans le pays. Nous ne le savions pas. Si bien que nous sommes arrivés vers 21h00, traversant la frontière peu avant la fermeture. L’accueil des autres missionnaires a été : « Quoi ? Vous arrivez à cette heure-ci ? Vous ne savez pas qu’il y a le couvre-feu ? Les soldats auraient pu vous tirer dessus et vous laisser morts sur la route ». Nous avons aussitôt pris acte de la violente réalité locale. Voilà donc quelle a été notre première impression. Q - Avez-vous déjà été menacé ou vous est-il arrivé de vous sentir menacé au Nicaragua ? Je me disais à moi-même : « Mes parents paient leurs impôts au gouvernement américain et le gouvernement américain aide celui du Nicaragua, et dans cette zone des bombes sont lâchées contre les guérilleros ». Je n’ai jamais vu une de ces bombes, mais la chose me faisait un peu peur. Grâce à Dieu je suis maintenant ici pour vous le raconter. Q - Quelles sont les difficultés que vous avez dû surmonter ou auxquelles vous avez dû vous adapter dans votre nouvelle vie au Nicaragua ? Puis l’armée du gouvernement a arrêté des personnes et les a torturées. Certains ont « disparu », d’autres, comme on le saura après, ont été tués. Si on fait les comptes, en l’espace de deux ans, les forces gouvernementales avaient séquestré 300 personnes. Que faire dans ce genre de situation ? Nous n’étions pas préparés à cela ! Q - Vous n’auriez jamais imaginé d’être confronté à cela ? Q - Le Vicariat de Bluefields comprend aussi la « Mosquito Coast ». D’où vient ce nom ? Mgr. Zywiec - La partie orientale du Nicaragua, qui se trouve à l’intérieur du Vicariat de Bluefields, n’a jamais été conquise par les Espagnols et les Indiens Miskito qui l’habitent sont restés autonomes. Cette population avait jadis une sorte d’empire qui partait de la côte caribéenne de Panama, traversait le Costa Rica et le Nicaragua, pour s’étendre jusqu’au Honduras. Ils étaient alors très puissants, au XVIII siècle. Q - Le vicariat apostolique de Bluefields couvre un territoire de plus de 50.000 km2. C’est énorme ! Pouvez-vous nous décrire un exemple de visite pastorale dans les villages, au milieu des paroissiens ? Puis je demande de rencontrer les responsables de l’Eglise. C’est pour moi une manière d’instaurer un bon dialogue. Enfin je dis : « Je voudrais quelque chose à manger ». Généralement, quand l’évêque vient, et vu qu’ils n’ont pas d’électricité, ils abattent une vache ou un cochon car ils n’ont pas la possibilité de conserver la nourriture. Comme ça, il y a de quoi manger pour tous et nous mangeons tous ensemble ! Q - Le vicariat apostolique de Bluefields couvre aussi la moitié de tout le Nicaragua. Vous êtes 25 prêtres. N’êtes-vous pas un peu surchargés ? Chaque dimanche, dans les églises, il y a une célébration de la Parole. Les personnes qui assurent ces célébrations sont les « délégués de la Parole ». Normalement nous en avons deux par église, de manière à ce que si l’un tombe malade, l’autre soit prêt à le remplacer. Puis nous avons un catéchiste pour les baptêmes, un pour les premières communions et les confessions, un autre pour la confirmation et un pour les mariages. D’habitude, une fois par an, ces catéchistes suivent un cours de formation. Certaines paroisses ont aussi des cours pour musiciens. Et puis il y a les mouvements. Nous appelons cela des « mouvements de retraite ». C’est une manière d’aider à faire grandir la foi, à former de vrais leaders. Nous dépendons beaucoup des laïcs. Q - Combien de missionnaires êtes-vous ? Vous avez dit que beaucoup d’entre vous sont devenus âgés. D’où viennent les nouvelles recrues ? Y-a-t-il des vocations au Nicaragua ? Par exemple, là où il y a un diacre marié, ou un délégué de la Parole, on vit cet engagement chrétien, qui est un terrain fertile pour les vocations, pas seulement au sacerdoce mais à la vie religieuse aussi. Par exemple, dans un village de près de 10.000 âmes, ces vingt dernières années, 15 jeunes filles sont entrées au couvent. Je pense que c’est très beau de voir ça. Q - Quelles manifestations de foi populaire ou de dévotions avez-vous au Vicariat ? Pour la Semaine sainte, dans certains villages il y a des processions pour le Chemin de Croix tandis que pour la veillée pascale, le cierge pascal est béni en plein air puis on entre en procession dans l’église. Pour les fêtes patronales aussi il y a des processions. On accompagne la statue du saint patron à travers tout le village, en chantant et en récitant le chapelet. C’est normal. C’est une partie normale de la vie de l’église. Mais nous prions aussi pour qu’il ne pleuve pas trop ! Q - Mise à part la taille du territoire, qu’est-ce qui est selon vous le plus difficile dans l’évangélisation de la population miskito ? Un autre point est que sur les 1.000 églises, 100 sont de langue miskito ; alors que dans les autres on parle espagnol. Il y a essentiellement des paysans qui pratiquent une agriculture de subsistance et s’adonnent quotidiennement à la culture et l’élevage. Une des principales préoccupations est peut-être que les gens puissent non seulement recevoir les sacrements, être baptisés, mais qu’ils puissent aussi apprendre davantage sur leur foi et sur ce que signifie vivre quotidiennement une évangélisation plus profonde. Je pense qu’il est très important pour nous de promouvoir les vocations, pour qu’il y ait demain de nouvelles générations de prêtres. La promotion humaine aussi est importante, à travers les écoles et les programmes sanitaires, pour que les personnes puissent écouter la Parole de Dieu, mais qu’elles puissent aussi vivre de manière plus humaine et participer en toute conscience à la vie nationale, afin qu’on ne les oublie pas. Fin de la première partie. La deuxième partie sera publiée dimanche prochain, toujours dans la section « Où Dieu pleure ». Propos recueillis par Mark Riedemann, pour l’émission télévisée « Où Dieu pleure », conduite par la Catholic Radio and Television Network (CRTN), en collaboration avec l’association Aide à l’Eglise en Détresse (AED). Sur le Net : - Aide à l’Eglise en détresse France - Aide à l’Eglise en détresse Belgique - Aide à l’Eglise en détresse Canada - Aide à l’Eglise en détresse Suisse Zenit.org, 2006. Tous droits réservés - Pour connaitre les modalités d´utilisation vous pouvez consulter : www.zenit.org ou contacter infosfrench@zenit.org - Pour recevoir les news de Zenit par mail vous pouvez cliquer ici |