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 - 7 juillet 2025 - Bx Raoul
Publié le : 8 janvier 2010 Source : Zenit.org
 

 

Les news

La croisade de charité de l’Eglise, par le cardinal Cordes (I)

ROME, Vendredi 8 janvier 2010 (ZENIT.org) - Aujourd’hui cardinal, à la tête du Conseil pontifical chargé de coordonner l’œuvre de charité des organisations de l’Eglise, Paul Josef Cordes reconnaît que s’il se trouve là où il est aujourd’hui, il le doit en grande partie aux prières d’une religieuse.

Celle-ci a prié avec ferveur et constance pour que Dieu fasse de lui un prêtre, sans jamais lui en parler, ni lui demander s’il le voulait. Quand il l’a appris, cela ne lui a pas plu du tout, et il le lui a dit. Elle a souri, puis elle a ri.

Ce jour-là, raconte le cardinal, ils ont conclu un « pacte » : à chaque fois qu’il aurait quelque chose de difficile à faire, il lui écrirait pour solliciter sa prière. Le cardinal est convaincu que ce sont les prières de cette religieuse qui ont encouragé sa vocation. 

Le cardinal Cordes est né à Kirchhundem (archidiocèse de Paderborn, Allemagne) en 1934. Ses parents tenaient un cinéma, un restaurant et un hôtel. Actuellement âgé de 75 ans, est président du Conseil pontifical Cor Unum depuis 1995, lorsque celui-ci s’est distingué du Conseil pontifical « Justice et paix ». Il a récemment publié deux ouvrages : Where Are the Helpers : Caritas and Spirituality ? (Où sont les auxiliaires : Charité et Spiritualité) (Notre Dame University Press), et Why Priests ? Various Answers Guided by the Teachings of Benedict XVI (Scepter Press) (Pourquoi des prêtres : diverses réponses guidées par les enseignements de Benoît XVI).

Dans la première partie de cet entretien à ZENIT, le cardinal Cordes réfléchit sur la tâche à laquelle il s’est consacré durant ces 15 dernières années : la Charité.

ZENIT - Quelle est la mission de Cor Unum ?

Cardinal Cordes - Le Conseil pontifical Cor Unum est le dicastère du Saint-Siège chargé de la mise en oeuvre concrète des projets charitables du Saint-Père. Dans sa première encyclique, Deus caritas est, Benoît XVI décrit Cor Unum comme « l’instance du Saint-Siège responsable de l’orientation et de la coordination entre les organisations et les activités caritatives promues par l’Eglise universelle » (No. 32).

Institué en 1971 par le pape Paul VI, Cor Unum - « un seul coeur » - rappelle l’unité du Coeur et de l’Esprit des premiers chrétiens et identifie leur mission unificatrice en termes de charité. Une partie importante de cette tâche passe par la promotion de la « catéchèse » de la charité, qui implique l’esprit de l’action caritative de l’Eglise.

Nous devons montrer l’amour que nous portons à notre prochain et le communiquer aux autres. Nous devons faire preuve d’humanité, et ne pas nous contenter d’être techniques et administratifs. La rencontre personnelle est la clé, c’est pourquoi beaucoup dépend du coeur et du témoignage personnel. Cela nécessite de notre part de développer un esprit de conviction enthousiaste pour ne pas développer une mentalité fonctionnelle.

Tandis que Cor Unum aide les organisations à développer une foi et une conviction fortes, les aides plus techniques et concrètes sont dispensées par les institutions diocésaines, nationales et internationales. Parmi ces dernières, on peut citer l’exemple de Caritas Internationalis, une plateforme regroupant diverses institutions caritatives dans le monde entier. Cor Unum a pour mission spéciale « de suivre et d’accompagner » l’activité de Caritas Internationalis, tant dans le domaine international que dans ses regroupements régionaux (Lettre pontificale au cours de la « Dernière Cène », Septembre 2004).

Cor Unum gère également deux fondations : la Fondation Populorum Progressio, qui vient au secours des plus abandonnés, et de ceux qui manquent de protection, comme les populations indigènes et paysannes (les campesinos) d’Amérique latine  ; et la Fondation Jean-Paul II pour le Sahel, visant à combattre la désertification qui frappe la partie sud du Sahara. En outre, le Conseil a réduit les fonds affectés aux aides d’urgence, lesquels sont attribués au nom du pape directement aux personnes qui sont dans le besoin.

ZENIT - Quelle doit être, selon vous, la priorité des organismes d’aide et de développement catholiques ? Comment doivent-ils être, d’abord et surtout, des instruments d’évangélisation ?

Cardinal Cordes - La priorité de toute organisation catholique, y compris les agences d’aide et de développement, est de porter le visage du Christ et son évangile aux pauvres et aux nécessiteux. C’est le souhait de tout chrétien qui veut offrir ce qu’il a de mieux : l’amour de Dieu présent en Jésus-Christ. L’idée qu’une organisation catholique puisse fonctionner ou oeuvrer sans la dimension d’évangélisation mine les fondements même et l’objectif de l’entité. S’engager avec le monde ne signifie pas intégrer dans l’Eglise les valeurs et les croyances du monde, mais plutôt infuser l’Evangile dans le monde pour son salut.

Nous avons la Croix Rouge, nous avons diverses autres organisations philanthropiques, et tout cela est très bien. Mais porter sur ces choses un regard spécifiquement chrétien implique d’aller au-delà de la misère humaine. Souvent, à elle seule, l’aide matérielle ne suffit pas, si les difficultés des gens sont telles que leur donner du pain, un toit ou des médicaments ne suffit plus à les aider. Qu’offrir à une personne en train de mourir, à une femme qui a perdu ses enfants dans un tremblement de terre ? On peut les réconforter, parler de Dieu et de la vie éternelle qu’il nous a préparée. Ce message est essentiel, et nous, fidèles, devons le préserver.

Cette conviction ne doit pas être confondue avec le prosélytisme. Comme Benoît XVI le dit dans son encyclique : « la charité ne doit pas être un moyen au service de ce qu’on appelle aujourd’hui le prosélytisme. L’amour est gratuit. Il n’est pas utilisé pour parvenir à d’autres fins. Cela ne signifie pas toutefois que l’action caritative doive laisser de côté, pour ainsi dire, Dieu et le Christ. C’est toujours l’homme tout entier qui est en jeu. Souvent, c’est précisément l’absence de Dieu qui est la racine la plus profonde de la souffrance. Celui qui pratique la charité au nom de l’Église ne cherchera jamais à imposer aux autres la foi de l’Église. » (Deus Caritas est, No. 31c.)

ZENIT - Dans le cadre de vos visites dans les différentes conférences épiscopales du monde entier pour faire connaître l’enseignement de la première encyclique de Benoît XVI - Deus caritas est - vous mettez en garde contre la tendance au sécularisme des organismes humanitaires d’aide et de développement. Quelles sont vos principales préoccupations, spécifiques, de ce point de vue ?

Cardinal Cordes - J’ai effectué une récente visite à la Conférence des évêques catholiques d’Australie [nov. 23-29], et j’ai été invité à un certain nombre d’assemblées plénières dans différents pays : Etats-Unis, Inde, Philippines, Angleterre et Pays de Galles, Russie, Pologne, Autriche et Espagne. Une des premières choses que je fais est de proclamer tout le bien accompli par tant de nos organisations caritatives catholiques, et qui en vérité témoigne de la présence du Christ dans le monde. Ceux qui font ce bien sont souvent parmi les croyants les plus fervents, les plus remplis de foi. Ils sont irremplaçables en termes de mission et de message de l’Eglise.

Néanmoins, durant les années que j’ai passées à Cor Unum, les organisations elles-mêmes ont partagé avec nous leurs combats pour servir ceux qui sont dans le besoin et pour maintenir leur foi et leur identité catholiques. Le sécularisme représente l’une des nombreuses idéologies qui cherchent à influencer la pratique de la charité catholique. Le secteur du financement, venant notamment de sources extérieures au monde religieux, de gouvernements et de donateurs privés, apporte souvent des restrictions à la dimension religieuse de notre activité charitable, et contraint à abandonner des éléments chrétiens comme condition préalable pour bénéficier des subventions.

Une autre influence du sécularisme vient de la promotion de la culture de mort, dans laquelle des groupes religieux sont soumis à des pressions qui les éloignent de l’enseignement moral, très clair, en matière de respect de la vie humaine. Une troisième influence est l’idée, issue de la société sécularisée, que le compromis est la plus haute vertu, car il favorise l’harmonie. Idée qui peut sembler très séduisante, notamment face à l’embarras que pourrait susciter l’enseignement moral et social de l’Eglise, mais qui procure une unité purement superficielle. Il est bon de nous rappeler souvent que nous devons, en tant que croyants, nous engager dans le monde pour lui amener le Christ à travers la mission de l’Eglise, et non pour refaire l’Eglise et le Christ à l’image du monde.

ZENIT - Comment « Deus Caritas Est » répond-elle à ces préoccupations et contribue-t-elle à renforcer l’identité catholique de ces organisations ?

Cardinal Cordes - Le Saint-Père cherche à nous ramener tous à la réalité de la Charité du Christ, en nous rappelant le vrai sens et la nature de ce que Dieu a révélé de lui-même  : une unité d’amour des Trois Personnes. Benoît XVI nous demande de contempler cette Trinité et de nous conformer aux Personnes aimantes que nous contemplons. Si nous cherchons à refléter cette réalité d’amour, la véritable charité et la pleine dignité de toutes les femmes et de tous les hommes seront rendues visibles puisque nous sommes faits à l’image de Dieu. Si nous gardons les yeux fixés sur cette suprême vérité d’amour, qui nous est montrée plus intensément dans la Croix du Christ, l’identité des agences caritatives, et leur mission, deviennent tout à fait claires.

[Fin de la première partie]



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