ROME, Jeudi 15 octobre 2009 (ZENIT.org) - Ce jeudi 15 octobre, dans la matinée, a eu lieu la quinzième congrégation générale pour la lecture des rapports des carrefours, dans la salle du synode. Un délégué fraternel et quatre auditeurs sont également intervenus.
RAPPORTS DES CARREFOURS
Les Rapports sont le fruit des discussions au sein des Carrefours, précise la secrétairerie générale du synode ; ils sont rédigés de manière à recueillir les opinions de la majorité comme de la minorité et expriment de façon claire les avis unanimes ainsi que les avis contraires. Ces rapports, soumis à l’approbation des Carrefours, contiennent toutes les suggestions et les réflexions des membres de chaque Carrefour et représentent une description fidèle des opinions de la majorité et de la minorité. Ces rapports sont extrêmement importants, car ils sont l’expression la plus évidente et la mieux formulée de la pensée des Pères synodaux, qui ont participé à la discussion des Carrefours. Ils contiennent aussi les éléments de base des conclusions du Synode. Les rapports, dans leur ensemble, représentent une première synthèse du travail synodal.
Lors de la Quinzième Congrégation générale de ce matin, ont été présentés, d’après l’ordre des demandes d’intervention, les Rapports des Carrefours suivants, rédigés par les Rapporteurs des Carrefours :
- Lusitanus : Mgr Gabriel MBILINGI, C.S.Sp., Archevêque Coadjuteur de Lubango, Président du "Inter-regional Meeting of Bishops of Southern Africa" (I.M.B.I.S.A.) (ANGOLA)
- Gallicus E : Rév. P. Edouard TSIMBA, C.I.C.M., Supérieur Général de la Congrégation du Coeur Immaculé de Marie (Missionnaires de Scheut) (UNION SUPÉRIEURS GÉNÉRAUX)
- Anglicus A : Mgr Anthony John Valentine OBINNA, Archevêque d’Owerri (NIGÉRIA)
- Gallicus A : Rév. P. Gérard CHABANON, M. Afr., Supérieur Général des Missionnaires d’Afrique (Pères Blanc) (UNION SUPÉRIEURS GÉNÉRAUX)
- Anglicus C : Rév. Mgr Obiora Francis IKE, Directeur du "Catholic Institute for Development, Justice and Peace" (CIDJAP), Enugu, Nigéria (NIGÉRIA)
- Gallicus C : Mgr Philippe OUÉDRAOGO, Archevêque d’Ouagadougou (BURKINA FASO)
- Anglicus - Gallicus : Mgr Jean MBARGA, Évêque d’Ebolowa (CAMEROUN)
- Anglicus B : Mgr Sithembele Anton SIPUKA, Évêque d’Umtata (AFRIQUE DU SUD)
- Gallicus B : Mgr Louis PORTELLA MBUYU, Évêque de Kinkala, Président de la Conférence Épiscopale (RÉPUBLIQUE DU CONGO)
- Anglicus E : Mgr Martin Igwemezie UZOUKWU, Évêque de Minna (NIGÉRIA)
- Gallicus D : Mgr Denis Komivi AMUZU-DZAKPAH, Archevêque de Lomé (TOGO)
- Anglicus D : Mgr. Lucas ABADAMLOORA, Évêque de Navrongo-Bolgatanga, Président de la Conférence Épiscopale (GHANA)
Nous publions, ci-dessous, les résumés des Rapports des Carrefours présentés lors de la Quinzième Congrégation générale (traductions non officielles, distribuées par la secrétairerie générale du synode).
- Lusitanus : Mgr Gabriel MBILINGI, C.S.Sp., Archevêque Coadjuteur de Lubango, Président du "Inter-regional Meeting of Bishops of Southern Africa" (I.M.B.I.S.A.) (ANGOLA)
A. Quelques thèmes peu développés :
La Vie consacrée, la fonction des Évêques, des prêtres et des catéchistes, comme agents qualifiés de la réconciliation ;
l’administration de la justice comme élément essentiel pour une société réconciliée, sachant les problèmes qui existent dans ce domaine à l’intérieur de nos pays ;
la Parole de Dieu comme lumière qui illumine le chemin de la Réconciliation, de la Justice et de la Paix ;
la liturgie comme centre de la vie du chrétien et donc pour cette raison essentielle sur le chemin de la réconciliation ;
la fonction de l’école et de la famille comme lieux de formation à la réconciliation ;
l’inculturation sans laquelle les efforts de réconciliation pourraient être inutiles ;
la dimension pneumatologique et mariale ;
le tribalisme et la xénophobie comme cause de violents conflits et de violations des droits de la personne humaine ;
le fétichisme comme élément portant à la souffrance, à la peur, aux conflits et à l’exploitation des personnes ;
les jeunes, les adolescents et les enfants comme protagonistes de la réconciliation et de la paix et non seulement comme victimes ;
la faim, expression du manque de moyens de base pour une vie digne, comme élément générant conflits et injustices.
B. Quelques suggestions
Une référence explicite à la Doctrine sociale de l’Église comme devant faire partie du contenu de notre doctrine évangélisatrice et catéchétique ;
que la catéchèse suive le modèle catéchuménal qui porte la personne à faire son option personnelle pour le Christ ;
évoquer la fonction fondamentale de la Vie consacrée dans la vie et la mission de l’Église, en soulignant surtout son travail dans le domaine de la réconciliation, de la justice et de la paix à travers la prière, la présence dans les écoles, les hôpitaux, les moyens de communication sociale, la promotion de la femme, etc ; souligner la fonction de la femme dans le domaine de la réconciliation à partir de son propre génie féminin ;
valoriser le domaine de la politique comme service à la société, en aidant les hommes politiques chrétiens à assumer leurs engagements sur la base de leur propre foi. Investir dans la formation et l’accompagnement des laïcs dans les différents secteurs de leur vie, avec la possibilité de nommer des aumôniers dans des domaines spécifiques : professeurs, policiers, militaires, etc ; en se référant au clergé, insister sur le vécu du ministère sacerdotal comme service au peuple de Dieu et non comme autorité. Que les prêtres soient réellement au milieu des personnes, en dédiant du temps au ministère de l’écoute et de la réconciliation. Qu’ils soient capables de prêter leur aide dans le soin des blessures et des traumatismes. Qu’ils soient également conscients de leur fonction sociale, en se faisant d’authentiques instruments de réconciliation, même parmi les non chrétiens ;
dénoncer les graves situations des droits de l’homme, et le faire avec vigueur, avec clarté et avec précision ;
avoir le courage de suivre également un chemin de réconciliation et de purification de la mémoire à l’intérieur de l’Église.
[Texte original : portugais]
- Gallicus E : Rév. P. Edouard TSIMBA, C.I.C.M., Supérieur Général de la Congrégation du Coeur Immaculé de Marie (Missionnaires de Scheut) (UNION SUPÉRIEURS GÉNÉRAUX)
La recherche de la vérité est une condition indispensable pour la réconciliation.
Continent de tant de ressources et objet de tant de convoitises, l’Afrique doit aussi apporter sa propre part au reste du monde.
Est-il possible de parler de paix à un peuple affamé ? Mais la pauvreté doit-elle excuser l’acharnement des uns et des autres pour des actes de barbarie ?
Parler de réconciliation veut dire parler de la miséricorde de Dieu. Seule une personne réconciliée avec Dieu, vivant dans la paix est capable d’apporter la paix. Il est donc nécessaire de rappeler la grande valeur du sacrement de réconciliation et donc le sérieux et le temps que les agents (dont les prêtres) doivent prendre à ce sujet en y consacrant le temps et toute la préparation qu’il faut, tant pour la confession personnelle que pour les célébrations communautaires.
Le Christ reste la source de réconciliation et de la justice. Repartir de Lui, dans la prière et forts de sa Parole. On devrait davantage former des laïcs, hommes et femmes, comme agents de réconciliation.
En plus des fondements bibliques, utiliser les fondements de traditions africaines trouvés dans des proverbes, sentences. Malgré tout ce qui se passe en Afrique, il ne faut pas désespérer. Beaucoup de bonnes choses s’y passent aussi et qui méritent l’attention du monde. La vie et le témoignage des nombreux chrétiens, parfois jusqu’au martyre, méritent une mémoire et est source pour renforcer la foi. La vie et l’exemple des agents de l’Église sans distinction, est de grande importance dans ce domaine de réconciliation. En effet, pour les chrétiens, c’est dans l’espérance que nous sommes sauvés (Spe salvi).
Il faut susciter la collaboration aussi bien des hommes que de femmes, dans la prise en compte de leurs atouts, dans l’Église et dans la société.
Que tous les chrétiens, chacun selon son ministère, soient fiers de l’être et de le montrer dans leur vie. Ainsi, notre Église deviendra une communauté de joie et de fête et accomplira sa mission prophétique. La sainteté est un appel à tous et à toutes et mérite une place importante dans le texte.
[Texte original : français]
- Anglicus A : Mgr Anthony John Valentine OBINNA, Archevêque d’Owerri (NIGÉRIA)
Résumé non remis par le Rapporteur du Carrefour.
- Gallicus A : Rév. P. Gérard CHABANON, M. Afr., Supérieur Général des Missionnaires d’Afrique (Pères Blanc) (UNION SUPÉRIEURS GÉNÉRAUX)
INTRODUCTION
Nous rendons grâce à Dieu pour les engagements des laïcs, hommes et femmes dans l’auto-prise en charge de l’Église en Afrique. Mais nous attirons l’attention sur l’influence néfaste de la sorcellerie, véritable guerre occulte que l’Afrique se fait en son sein.
VISION
Justice, Paix et Réconciliation sont des dons de Dieu. L’Église a un rôle prophétique à jouer en faisant fructifier ces dons.
MÉTHODE
Une double démarche s’impose : dénoncer et annoncer. Dénoncer les injustices en essayant de bien comprendre les causes profondes et annoncer, proclamer les efforts, les politiques qui vont dans la bonne direction.
DEUX GRANDS THÈMES
1. La famille : Elle est la cellule de base de la société et des communautés chrétiennes. Elle est menacée par la pauvreté, la mauvaise gouvernance, la difficulté de scolariser les enfants, la violence et l’irresponsabilité de pères de famille qui abandonnent leurs épouses et leurs enfants.
2. L’Islam : Un sujet très discuté. Les situations sont plurielles en Afrique et en particulier entre le Nord et le Sud du Sahara. Arabité et africanité n’ont pas toujours les mêmes valeurs. Un dialogue de vie et un dialogue social peuvent se développer entre chrétiens et musulmans. Il a été fortement souligné que l’on doit viser partout à la liberté de conscience et à la réciprocité des cultes.
AUTRES THÈMES
- Les Religions Traditionnelles Africaines doivent avoir plus de place dans notre réflexion.
- Formation, vie et rôle des prêtres.
- Développement des diacres permanents, possibles acteurs de Justice, paix et réconciliation.
- Solidarité entre les églises. Que les conférences épiscopales parlent d’une seule voix.
- Importance de l’œcuménisme.
CONCLUSION
Marchons sous la conduite de l’Esprit Saint vers un plan d’action pour l’Église d’Afrique qui fasse d’elle un agent reconnu et apprécié de transformation sociale qui s’inscrive parfaitement dans sa mission d’évangélisation.
[Texte original : français]
- Anglicus C : Rév. Mgr Obiora Francis IKE, Directeur du "Catholic Institute for Development, Justice and Peace" (CIDJAP), Enugu, Nigéria (NIGÉRIA)
Résumé non remis par le Rapporteur du Carrefour.
- Gallicus C : Mgr Philippe OUÉDRAOGO, Archevêque d’Ouagadougou (BURKINA FASO)
Résumé non remis par le Rapporteur du Carrefour.
- Anglicus - Gallicus : Mgr Jean MBARGA, Évêque d’Ebolowa (CAMEROUN)
Ce rapport comprend deux grandes articulations :
1. L’appréciation générale de la relatio post disceptationem,
2. les réponses au questionnaire de ce document
En général, la relatio post disceptationem, a été positivement appréciée ; les exigences liées à sa rédaction disent au mieux le mérite de son auteur qui a su produire un si grand texte en si peu de temps avec si peu de caractères. La Secrétairerie du Synode pourrait envisager de donner plus temps et d’espace littéraire.
Cependant on aurait voulu qu’il soit rédigé en suivant autant que possible la structure de l’Instrumentum laboris. De plus, une vision multi ministérielle de l’ Église aurait mieux donné l’importance de la place et de la mission de toutes les catégories du peuple de Dieu dans l’Église, notamment les laïcs. La question du tribalisme dans l’Église reste un défi majeur. Un équilibre aurait pu être fait entre les développements théologiques et l’ampleur des drames humains de l’Afrique auxquels les Pères synodaux doivent répondre ; l’action prophétique des commissions "justice et paix" méritait aussi une meilleure prise en compte. L’analyse des conflits africains devait permettre d’approfondir leurs causes dominantes telles que le pillage des ressources naturelles de l’Afrique, plus incisif que le tribalisme souvent incriminé.
Le groupe 12 reconnaît que ce synode est un don de Dieu pour toute l’Église et même pour toute l’humanité. La communion ecclésiale est aussi une force qui doit permettre aux Africains d’affronter les défis qui sont les leurs dans l’espérance et la résurrection ainsi que dans la pleine solidarité universelle. La foi au Christ, qui est une spécificité des chrétiens, offre à tous les hommes et particulièrement aux Africains, une capacité réelle d’insuffler a tout le continent l’esprit de réconciliation, de justice et de paix. Elle est pour tous les chrétiens africains un appel à un véritable engagement missionnaire et prophétique pour qu’il soit en tous lieux et en tout temps des signes et des instruments de cette Afrique réconciliée, pacifiée et juste.
[Texte original : français]
- Anglicus B : Mgr Sithembele Anton SIPUKA, Évêque d’Umtata (AFRIQUE DU SUD)
Résumé non remis par le Rapporteur du Carrefour.
- Gallicus B : Mgr Louis PORTELLA MBUYU, Évêque de Kinkala, Président de la Conférence Épiscopale (RÉPUBLIQUE DU CONGO)
Résumé non remis par le Rapporteur du Carrefour.
- Anglicus E : Mgr Martin Igwemezie UZOUKWU, Évêque de Minna (NIGÉRIA)
Résumé non remis par le Rapporteur du Carrefour.
- Gallicus D : Mgr Denis Komivi AMUZU-DZAKPAH, Archevêque de Lomé (TOGO)
Résumé non remis par le Rapporteur du Carrefour.
- Anglicus D : Mgr. Lucas ABADAMLOORA, Évêque de Navrongo-Bolgatanga, Président de la Conférence Épiscopale (GHANA)
Résumé non remis par le Rapporteur du Carrefour.
AUDITION D’UN DÉLÉGUÉ FRATERNEL
- Sa Grace Owdenburg Moses MDEGELLA, Evêque de la Diocese Luthérienne de Iringa (TANZANIE)
Mon intervention se réfère à la dernière phrase de la section 11 du premier chapitre à la page 5 de l’Instrumentum laboris. Cependant cela a été en grande partie dépassé par le résumé du Synode du 13 octobre. Je parlerai brièvement de trois domaines à savoir la repentance, la résistance et la collaboration.
Je cite : "Fondamentalement, ce qui souille (la) société africaine vient du cœur (cf. Mt 15,18-19 ; Mc 7,15 et aussi Gn 4). Une attention spéciale est accordée à Gn 4.
Les forces qui ont épuisé l’Afrique ont été tant intérieures qu’extérieures. Beaucoup a été dit à propos des forces extérieures dans ce synode et au cours des années. Je me concentrerai sur les forces intérieures.
Repentance : En vue d’une vraie réconciliation, d’une vraie justice et d’une véritable paix en Afrique et pour réaliser une metanoia réalisable, les responsables africains dans toutes les sphères d’influence et dans tous les pas de la vie doivent être transformés et être des agents de transformation.
Si la foi est probablement possible, la repentance ne l’est pas. L’Église universelle doit appeler les responsables africains nationaux à la repentance en ce qui concerne les atrocités, la brutalité, les effusions de sang, la violence, la malhonnêteté, le mauvais usage des ressources naturelles, l’excès de pouvoir, l’abus, le viol, le truquage des votes, la manipulation et la corruption et beaucoup d’autres chose encore.
Résistance : L’Église universelle doit résister et se détacher des responsables qui ne craignent pas Dieu. En revanche, elle devrait les conduire à craindre Dieu, à exercer l’honnêteté, le respect de la liberté, la justice, les droits de l’homme et la dignité de toute personne et rechercher la paix et la réconciliation.
Collaboration : Avec révérence et humilité, je suppose qu’aucune dénomination ecclésiale ne peut se présenter seule pour inculquer la réconciliation, la paix et la justice. Aucune Église particulière ne peut briller seule et provoquer à elle seule une palatabilité acceptable. Étant la lumière du monde et le sel de la terre, l’Église universelle doit encourager l’esprit d’œcuménisme parmi les autres dénominations et être en dialogue avec d’autres fois.
[Texte original : anglais]
AUDITION DES AUDITEURS
- M. Ngon-Ka-Ningueyo (François) MADJADOUM, Directeur du Secours Catholique et Développement [SE.CA.DEV.] (TCHAD)
- Mme Marie-Madeleine KALALA NGOY MONGI, Avocate, Ministre Honoraire des Droits Humains (RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO)
- Soeur Marie-Bernard ALIMA MBALULA, Secrétaire de la Commission Justice et Paix de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (C.E.N.C.O.), et de l’Association des Conférences Épiscopales de l’Afrique Centrale (A.C.E.A.C.), Kinshasa (RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO)
- M. Victor M. SCHEFFERS, Secrétaire Général de la Commission Justice et Paix des Pays-Bas, La Haye (PAYS-BAS)
- M. Ngon-Ka-Ningueyo (François) MADJADOUM, Directeur du Secours Catholique et Développement [SE.CA.DEV.] (TCHAD)
Suite au conflit du Darfour, les réfugiés soudanais ont afflué à l’Est du Tchad à partir de 2003. Aux réfugiés qui sont près de 250 000, s’ajoutent plus de 1 500 000 têtes de bétail. Cette arrivée massive a accentué la pression sur les ressources naturelles.
Le SECADEV (Secours Catholique et Développement) gère trois camps de réfugiés : Kounoungou, Milé et Farchana qui habritent actuellement 55 000 personnes. coordonne l’assistance humanitaire, s’occupe de la mise en place des abris et infrastructures, de la distribution des vivres et du matériel, de l’approvisionnement en eau potable, de l’hygiène, de l’assainissement et de l’environnement.
La cohabitation pacifique entre les réfugiés et les populations d’accueil est lié au fait que les réfugiés et les populations d’accueil sont du même groupe ethnique. La seule question qui trouble ces bonnes relations de cohabitation est la question foncière.
Le SECADEV est une Caritas qui a pour mission de secourir d’abord et de "mettre debout" ensuite. Assez rapidement, avec le financement du réseau, Caritas a relancé les activités agricoles et d’élevage au niveau de quelques villages.
S’agissant des conflits autour de la paille, du bois de chauffe ou des terres, et des agressions aux femmes qui vont chercher du bois ; le refus de donner des terres à cultiver aux réfugiés, etc.
Les alternatives suivantes ont été mises en place : une formation spécifique est donnée aux animatrices du secteur socio-communautaire pour suivre, accompagner les femmes victimes des agressions.
Le SECADEV fait ce qu’il peut pour "la mission de servir la paix", il fait le service de la société sans distinction d’ethnie, de religion ni de nationalité : tous les hommes sont créés à l’image de Dieu et son devoir est de secourir celui qui est dans la détresse.
Le SECADEV travaille dans un milieu où l’islam est dominant, plus de 90% de la population, et donc son action est une forme de dialogue avec l’islam. Il est reconnu comme une œuvre chrétienne, mais il est apprécié et respecté.
[Texte original : français]
- Mme Marie-Madeleine KALALA NGOY MONGI, Avocate, Ministre Honoraire des Droits Humains (RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO)
S’il est vrai que le nombre de chrétiens catholiques a augmenté depuis la première assemblée synodale, l’image de l’Afrique en a-t-elle pour autant été transformée ? Les meilleurs de ses enfants ont participé ou participent à la gouvernance de leur pays, mais une fois en poste, ils changent de comportement, tout comme l’a évoqué dans cette salle l’un des pères synodaux qui a parlé de la coexistence de deux consciences ! Ce sont les mêmes que l’on voit à la messe du dimanche, que l’on retrouve en même temps dans des groupes dits de réveil ou encore dans les loges !
Tant que régneront la pauvreté et la guerre, il sera difficile de trouver des familles unies, à l’image de celle de Nazareth, au sein desquelles, en plus de l’amour, l’éducation sera une priorité. L’éducation transforme l’être humain, pétrie de valeurs éthiques, elle peut combattre les faux dieux (fétiches, sorcellerie, enrichissement indu, égoïsme, mysticisme, etc.).
Il est urgent que notre Église :
- s’engage sans crainte sur le chemin, non seulement de la dénonciation, mais de la désapprobation, pourquoi pas de la condamnation du comportement déviant des leaders catholiques ;
- les invite à restaurer la famille au sein de la société par une meilleure politique sociale qui permette également l’accès de tous à l’instruction ;
- augmente les subventions allouées aux aumôniers des jeunes et des étudiants ;
- intensifie la formation des laïcs et des familles chrétiennes notamment par une plus grande vulgarisation du compendium de la Doctrine sociale de l’Église, qui devrait être le livre de chevet de chaque homme de bonne volonté ;
- augmente les moments et les espaces de collaboration entre elle et les différents acteurs ;
- assure l’accompagnement des laïcs catholiques engagés en politique par des mécanismes bien compris de tous.
[Texte original : français]
- Soeur Marie-Bernard ALIMA MBALULA, Secrétaire de la Commission Justice et Paix de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (C.E.N.C.O.), et de l’Association des Conférences Épiscopales de l’Afrique Centrale (A.C.E.A.C.), Kinshasa (RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO)
Dieu a doté la femme des dons spécifiques afin de prendre soin de la vie. En effet, l’accueil, la gratuité, le don de soi, la compassion, la tendresse, la patience, la prévoyance, la solidarité, l’attention, la bonté, la compréhension, etc. sont autant de valeurs reconnues chez la femme et qui sont indispensables pour donner la vie.
La conscience de ces dons devient alors une mission, une tâche qui engage la femme dans un témoignage spécifique que la société attend particulièrement d’elle. Dans tous les domaines où elle est appelée à œuvrer notamment, en famille, dans l’Église, dans la politique, dans la société, son combat, sa contribution est de placer la vie humaine au cœur de toutes les préoccupations. Les femmes sont appelées à enrichir tous ces domaines de ces valeurs d’humanité par leur présence, efficace et efficiente.
Malheureusement, on ne sent pas souvent les effets de cette présence surtout dans le domaine politique. Il devient légitime de s’interroger : où sont les femmes engagées dans la politique quand les dirigeants africains adoptent des lois qui détruisent l’Afrique ? Le silence des femmes sur des questions vitales devrait nous inquiéter.
La mission de la femme est exigeante, car elle implique une capacité d’initiative, de créativité, d’inventivité et d’encouragement pour aller à contre-courant par rapport à la culture de la mort et de la violence que nous déplorons. Elle les oblige à changer, de l’intérieur, l’organisation sociale en y apportant une touche féminine.
Dans la réalisation de cette mission délicate, les femmes ont besoin de la collaboration des hommes pour qu’ensemble, homme et femme, chacun puisse apporter sa contribution à l’humanisation de la société.
[Texte original : français]
- M. Victor M. SCHEFFERS, Secrétaire Général de la Commission Justice et Paix des Pays-Bas, La Haye (PAYS-BAS)
L’Église en Europe ne peut ignorer les problèmes politiques, sociaux et économiques des pays africains. Dans cette intervention, j’aimerais porter à votre attention la réponse hollandaise à l’appel de nos commissions sœurs étrangères, en particulier de celles d’Afrique.
Quand elle fut créée en 1968 par la Conférence épiscopale hollandaise, "Justitia et Pax Pays-Bas" se donnait pour objectif de faire naître, au sein de la communauté catholique et au-delà, la conscience de la responsabilité et de l’aptitude de tous les peuples à jouer un rôle dans l’émergence de la justice et de la paix, dans nos pays et à l’étranger. "Justitia et Pax Pays-Bas" en donne une interprétation contemporaine, en informant, inspirant, motivant et mobilisant les catholiques afin qu’ils contribuent à la promotion d’une société mondiale plus juste, et en influençant les processus sociaux et politiques, en liaison avec d’autres composantes de la société civile qui partagent cette vision.
Notre solidarité avec les commissions sœurs qui travaillent pour la justice, la paix et la réconciliation, peut prendre plusieurs formes. Nous les aidons à renforcer leurs capacités à défendre par eux-mêmes leurs droits, et à prendre une part active dans l’éveil des consciences, la défense et le lobbying dans leur pays et au niveau international, développant une stratégie qui transforme l’indignation morale (que de nombreux évêques ont évoquée lors de ce synode) en des solutions politiques pratiques qui sont présentées au moment opportun et sous la forme correcte à leur propre gouvernement, à l’Union européenne, ou aux Nations unies.
J’aimerais encourager tous les évêques à inviter les laïcs, hommes et femmes, à travailler avec eux dans les commissions justice et paix à tous les niveaux de l’Église.
[Texte original : anglais]