Publié le : 22 septembre 2009 Source : Zenit.org
Les news« Don Luigi » : Diplomate et Pasteur « sui generis », par le P. RosicaROME, Mardi 22 septembre 2009 (ZENIT.org) - Pour le P. Thomas Rosica, c.s.b., Mgr Luigi Ventura, jusqu’ici nonce apostolique au Canada et nommé aujourd’hui par Benoît XVI comme nonce en France est un « grand pasteur ». C’est aussi « un ami de la télévision catholique « Sel et Lumière » dont le P. Rosica est le président-directeur général - il a aussi été le directeur général et national de la JMJ de 2002 à Toronto. Il dit encore de Mgr Ventura dans cet hommage en ligne : « Il a été un grand don et bénédiction pour l’Eglise canadienne et surtout pour les JMJ 2002 et la télévision Sel et Lumière ». Il rappelle que « l’une des tâches les plus importantes d’un nonce est d’aider le Saint-Père dans les nominations d’évêques dans le pays où il se trouve ». « Don Luigi » : Diplomate et Pasteur « sui generis » Hommage à Monseigneur Luigi Ventura, nonce au Canada 2001-2009 Depuis les temps anciens, les papes ont envoyé des représentants, avec le titre de Légats, aux conciles généraux et locaux de l’Église. Ces légats étaient choisis parmi le clergé romain et les évêques d’Italie qui relevaient directement du Saint-Siège. À partir du 11e siècle, ces représentations étaient confiées à des cardinaux à cause de l’importance des missions. Ils portaient alors le titre de légat pontifical. Le nom de ‘nonce’ (du latin ‘nuntius’ qui signifie messager ou message), était toutefois octroyé aux prélats, en général des évêques, à qui l’on confiait une négociation ou une mission à caractère particulier. Les nonces apostoliques sont aujourd’hui les représentants personnels du Saint-Père auprès des différents pays du monde. Le rôle complexe et parfois inconnu des nonces s’opère à divers niveaux, le plus souvent en arrière plan, avec grande discrétion et humilité. En premier lieu, le nonce assigné à un pays donné travaille de près avec les églises locales (les diocèses) et la conférence épiscopale nationale afin de renforcer les communications entre l’Église qui est dans ce pays, le Saint-Père et les différents dicastères romains. Les nonces apostoliques sont le rappel vivant de l’universalité de l’Église. Ensuite, les nonces sont les représentants officiels du Saint-Siège auprès du gouvernement du pays auquel ils sont assignés. Les nonces servent de liaison officielle entre le pays où ils se trouvent et le Saint-Siège. Puisque leur mission leur permet d’avoir une vue d’ensemble sur plusieurs enjeux, les nonces jouent un rôle-clé dans l’orientation de l’Église catholique dans un pays donné. Les nonces viennent et se succèdent. La plupart des gens ne peuvent jamais réellement connaître un nonce ! Ce fut tout le contraire avec Mgr Luigi Ventura, nonce apostolique au Canada de 2001 à 2009. Arrivé la veille du 11 septembre 2001, on lui colla, même avant son arrivée au Canada, le titre de ‘nonce de la JMJ’ : le nonce de la Journée mondiale de la jeunesse 2002. Et c’est vraiment ce qu’il a été ! Luigi Ventura n’était pas n’importe quel diplomate envoyé chez nous. Il lui fallut peu de temps pour comprendre l’Église canadienne et répondre à ses besoins pastoraux. L’une des tâches les plus importantes d’un nonce est d’aider le Saint-Père dans les nominations d’évêques dans le pays où il se trouve. Mgr Ventura a accompli ce travail de manière remarquable, laissant sa marque sur l’Église canadienne pour les années à venir. Il a parcouru ce pays d’un océan à l’autre à l’autre, apportant la bonne nouvelle de Jésus-Christ et le message de l’Église, du « siège social » sur les bords du Tibre, jusqu’aux endroits les plus reculés du Canada. Il nous rappelait l’importance d’avoir une vue d’ensemble : de voir l’universalité de l’Église. Parcourant notre vaste territoire, il s’est lié d’amitié avec des gens de partout et a rapproché des étrangers, faisant de la place pour la paix du Christ en notre terre. Il fut un véritable ‘pontifex’ (pontife), un « faiseur de ponts » dans un monde et un pays qui trop souvent élèvent des murs et des divisions. Il fut un extraordinaire et doux berger avec un cœur universel qui a conquis notre vaste pays avec son sourire contagieux, sa bonté authentique, son acuité pastorale et son bon sens. Et maintenant quelques mots à votre intention, « Excellence ». Je suis certain que vous n’aviez jamais envisagé la possibilité d’une vie au service de la diplomatie vaticane lorsque vous étiez jeune prêtre à Brescia, dans le nord de l’Italie. Déjà là, vous étiez un pasteur dynamique qui aimait travailler avec les jeunes, favorisant des vocations, collaborant à la formation des séminaristes... jusqu’à ce coup de téléphone qui a changé votre vie. Votre évêque vous a alors envoyé à l’Académie pontificale ecclésiastique à Rome, pour devenir diplomate. Pendant ces années ‘cachées’ à la Secrétairerie d’État, avant votre ordination épiscopale le 29 avril 1995, vous avez eu le privilège de travailler auprès de deux grands hommes, le défunt Cardinal Agostino Casaroli et le pape Jean-Paul II, les architectes qui ont provoqué la chute du Rideau de Fer au cours de ces années tumultueuses de la fin des années 80 et début 90. Vous avez sûrement pu voir beaucoup de choses en coulisse... et entendre l’écho des paroles fortes de Jean-Paul II qui ont marqué votre ministère presbytéral et épiscopal : « N’ayez pas peur ! Ouvrez les portes, ouvrez-les toutes grandes au Christ ! Ouvrez les frontières des États, des systèmes économiques et politiques à son salut. N’ayez pas peur ! » ‘Don Luigi’, comme on vous appelle toujours lorsque vous faites du ministère en paroisse lors de vos vacances en Italie, avec chaque nouvelle mission, vos horizons géographiques se sont élargis tout comme votre cœur pour finalement accueillir le monde dans votre vie. Vous avez d’abord appris et nous avez ensuite transmis que la force de la diplomatie vaticane est la main de solidarité qu’elle tend en signe de fraternité et d’amour pour et avec tous. À maintes reprises avez-vous reçu un appel pour vous déplacer : des confins de l’Académie pontifical et de la Secrétairerie d’État au Brésil, en Bolivie, au Royaume-Uni, en Afrique, au Chili puis au Canada pendant huit belles années dans ce pays de neige et de froid ! Combien de fois avez-vous pu lancer, à vous-mêmes ou à voix haute : « Mamma mia, quelles distances ? Combien de neige ? Comment peut-il faire si froid ? Y’a-t-il un printemps dans ce pays ? Quand viendra-t-il ? » Vous avez encouragé et raffermi vos frères évêques dans leur difficile mais important ministère de berger auprès de leur troupeau et de témoin de l’unité au Christ et au successeur de Pierre. Aux nombreux prêtres de ce pays qui travaillent dur, vous avez été un grand frère, à l’écoute, les mettant au défi et les encourageant, leur manifestant votre reconnaissance pour leur dévouement. Vous étiez également un frère pour les religieuses du Canada. Et pour les dizaines de milliers de jeunes qui ont eu le privilège de vous rencontrer, profitant de votre chaleureuse hospitalité italienne à la nonciature à Ottawa, que vous appelez la maison de Pierre, vous êtes demeuré à la hauteur de votre nom de ‘nonce de la JMJ’. Vous vivez réellement les paroles de Benoît XVI prononcées lors de la messe d’inauguration de son pontificat à Rome en 2005 : « L’Église est vivante et l’Église est jeune. » Votre rôle-clé lors des Journées mondiales de la jeunesse, cet événement béni, à Toronto, en juillet 2002, ses préparatifs et ses retombées, ne seront pas oubliés pour bien des années à venir. Vos encouragements constants et votre contribution à la naissance et la croissance de Télévision Sel + Lumière au Canada furent également indispensables. Aujourd’hui encore, vous avez reçu un appel à faire vos valises pour déménager à Paris, où le pape Benoît XVI vous a nommé Nonce apostolique en France, la Fille aînée de l’Église. Nous sommes tristes de vous voir quitter notre pays car plusieurs amitiés y sont nées au cours des huit dernières années. Nous rendons grâce à Dieu pour Luigi Ventura que nous avons accueilli en 2001, et que nous avons apprécié depuis huit ans. Nous savons que le Seigneur ne nous oubliera pas et nous enverra un autre nonce. Mais Luigi Ventura était une expérience, ‘sui generis’, un être unique en son genre. Ceux d’entre nous qui l’avons connu, qui avons travaillé de près avec lui et l’avons aimé savons que malgré les froids hivers canadiens, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur de l’Église, il était porteur d’un printemps que nous attendions et duquel nous avons été enchanté pendant huit ans. Dans un brillant discours fait en 2004 à l’Université Assomption à Windsor, Mgr Ventura concluait son message avec ces paroles : « Je souhaite vous rassurer tous au sujet de la mission d’un nonce apostolique qui, bien qu’elle soit au service de la foi, ne fait pas partie de la vérité de la foi. Par conséquent, chacun est libre d’émettre le jugement qu’il veut à propos de la fonction de nonce apostolique sans mettre en danger le salut de quiconque ! Je serais heureux cependant, si ma contribution ici aujourd’hui vous encourageait, ne serait-ce qu’un peu, à aimer l’Église et le Saint-Père. » Aujourd’hui nous pouvons affirmer avec certitude : il a grandement contribué à ce que nous aimions davantage le Christ, Son Église et le Saint-Père. Merci ‘Don Luigi’ d’avoir été ce Bon Berger pour le Canada au cours des huit dernières années. Merci d’être ce serviteur du Christ, serviteur des fidèles et du monde. Un autre grand homme de Brescia, le pape Paul VI, le pape Montini avait déclaré un jour : « La diplomatie est l’art de faire la paix. » Ces paroles vous décrivent à merveille. Ne nous oubliez pas ! Soyez assurés que nous nous souviendrons de vous. Mille grazie ! Arrivederci ! Bon voyage ! Ad multos annos dans votre service joyeux pour le Seigneur et pour l’Église. Rev. Thomas Rosica, C.S.B., C.E.O. Salt and Light Catholic Media Foundation, Toronto, Ontario Zenit.org, 2006. Tous droits réservés - Pour connaitre les modalités d´utilisation vous pouvez consulter : www.zenit.org ou contacter infosfrench@zenit.org - Pour recevoir les news de Zenit par mail vous pouvez cliquer ici |