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 - 29 juin 2025 - Saint Pierre et Saint Paul
Publié le : 9 juillet 2009 Source : Zenit.org
 

 

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« Caritas in Veritate et théorie du genre », par Mgr Anatrella (2)

ROME, Jeudi 9 juillet 2009 (ZENIT.org) - A l’occasion de la publication de l’Encyclique du pape Benoît XVI, Caritas in Veritate, Monseigneur Tony Anatrella psychanalyste et spécialiste en psychiatrie sociale, a bien voulu répondre aux questions de Zenit au sujet de la notion de genre humain évoquée par l’encyclique et qui ne correspond pas à la définition du genre dans la théorie du genre qui sert de norme aux Institutions internationales et de référence pour modifier la législation dans de très nombreux pays.

Le premier volet de cette réflexion a été publiée hier, mercredi 8 juillet et le troisième volet sera publié demain, 10 juillet 2009.

Mgr Anatrella reçoit de nombreuses personnes en difficultés psychologiques et enseigne la psychologie à Paris. Il est consulteur du Conseil pontifical pour la famille et du Conseil pontifical pour la pastorale de la santé. Il vient de publier : « La tentation de Capoue - Anthropologie du mariage et de la filiation » - Éditions Cujas (Paris). Il a également publié plusieurs ouvrages qui portent sur la théorie du genre : La différence interdite´, aux éditions Flammarion et Le règne de Narcisse, aux Presses de la Renaissance.

Zenit : Mais d’où vient cette idéologie qui est largement méconnue ?

Mgr Tony Anatrella : La théorie du genre est née à partir des travaux cliniques de psychanalystes américains recevant des personnes transsexuelles et qui souhaitaient faire modifier leur apparence sexuelle : un homme devenant une femme, ou une femme devenant un homme. Évidemment ces pseudos transformations, faites de diverses amputations et d’implants de prothèses, ne sont que des artifices, le sujet a un semblant d’allure extérieure d’un autre sexe que le sien d’origine. Il s’agit surtout d’un subterfuge identitaire, car en réalité un homme ne devient jamais une femme pas plus qu’une femme ne devient un homme. Il n’est pas rare de voire certaines personnes revenir consulter quelques années après pour retrouver leur corps d’origine. Les premiers cliniciens qui se sont donc intéressés au cas de la transsexualité, comme un échec de l’intériorisation du corps sexué, observaient que pour ces personnes, il y avait une scission entre la représentation d’elles-mêmes et la réalité de leur corps sexué. Elles ne parvenaient pas, pour diverses raisons, à accepter et à intégrer leur corps sexué au masculin ou au féminin. Elles étaient en conflit intrapsychique entre leur identité sexuelle qui est un donné de fait et leur orientation sexuelle qui procède habituellement d’une lente élaboration des pulsions partielles intégrées à l’intériorisation de l’identité sexuelle de fait. Les spécialistes en ont conclu que pour ces cas particuliers, leur véritable identité sexuelle était imaginaire et en dysharmonie avec leur personne sexuée. Derrière cette contorsion symptomatique, divers problèmes psychiques non traités dans l’évolution du sujet l’amenaient à se situer de cette façon ; signe d’une profonde immaturité ou encore d’un trouble de l’identité sexuelle (comme le qualifie encore la classification américaine des maladies le DSM IV). Cette organisation typique est souvent le cas chez des sujets qui se heurtent à des problèmes d’identification, de manque d’étayage ou de failles narcissiques qui les empêchent de parvenir à un self cohérent et à une unité interne. L’orientation sexuelle est recherchée pour elle-même, indépendamment et en contradiction avec l’identité sexuelle. Les travaux de Freud et de ses successeurs ont mis en évidence les structures psychiques qui conduisent à une sorte de scission interne sur la base d’une dépressivité et d’une intolérance à son être sexué. C’est ainsi que des sujets s’acheminent vers des formes de sexualités problématiques en dehors d’une relation entre un homme et une femme.

A partir de ce constat clinique qui n’avait pas de valeur philosophique, certains ont voulu en tirer la conclusion que l’ensemble des hommes et des femmes vivaient sur le régime du décalage entre leur identité sexuelle et leur orientation sexuelle.

Dans les années 1960 les féministes, en manque de philosophie pour fonder intellectuellement leur revendication et leur opposition aux hommes, se sont emparées de cette idée. Elles ont rationalisé un constat clinique relatif à des cas particuliers pour faire une distinction entre la disposition physique et organique inscrite sur le corps de l’homme et de la femme et qui ne peut pas être changée mais qui, pour ces militantes, n’est pas déterminante, et la différence sexuelle du masculin, du féminin et des orientations sexuelles (dites genre neutre) qui serait une construction sociale et peut donc être modifiée à dessein. Autrement dit, le corps de chacun peut être marqué par un organe particulier mais ce n’est pas lui qui révèle l’identité sexuelle du sujet qui reste toujours à construire, voire même à choisir. Elle peut être également déconstruite pour devenir quelqu’un d’autre et s’autocréer selon ses désirs. Ces thèses de la déconstruction inspirées par Jacques Derrida et Michel Foucault ont imprégné la pensée universitaire américaine et nous reviennent à travers la théorie du genre, comme une nouvelle aliénation idéaliste qui s’écarte du réel.

Dans les années 1980, alors que le mouvement homosexuel avait perdu ses caractères revendicatifs des années 1970, il a été relancé à la suite de la pandémie du VIH. Il s’est relativement reconstitué à partir de la lutte nécessaire contre la transmission du VIH en participant et en devenant de plus en plus un des acteurs de prévention contre le Sida. De revendications en revendications, se sont faites jour des revendications plus particulières comme la reconnaissance légale de ce type de relation en la dépénalisant et en la supprimant des listes des maladies mentales, l’instauration de statut d’union civile pour préserver les droits de ceux qui se retrouvaient seuls après le décès de leur partenaire, et l’extension du mariage et l’adoption des enfants. Les militants de la cause homosexuelle ont trouvé, à travers la théorie du genre, un cadre idéologique afin de porter et de justifier toutes leurs revendications. La création de concepts militants comme celui de « l’homophobie » accusant d’avoir peur des personnes homosexuelles ou de leur propre homosexualité inconsciente (inutile d’insister sur cette vision psychologisante simpliste) ceux qui discutaient, réfléchissaient, voire s’opposaient à ces revendications et à aux changements dans la législation. Tout ceci était porté, justifié et valorisé par les médias sans aucun esprit critique d’une pensée réduite à des stéréotypes.

La théorie du genre a ainsi été soutenue par l’idée noble de l’égalité entre l’homme et la femme mais qui n’a pas tout à fait le même sens dans cette idéologie et par des idées de liberté et de lutte contre les discriminations, qui signifient dans cette théorie le besoin de s’émanciper du travail de la différenciation subjective des sexes. Nous serions ainsi homme et femme, à l’identité incertaine et organisés autour d’une bisexualité originelle que l’organisation sociale hétérosexuelle vient contrarier.

Zenit : Quelles en sont les principales conséquences ?

Mgr Tony Anatrella : Il faut savoir que cette théorie du genre sert de référence aux Organisations internationales (ONU, OMS, Commission Populations, UNESCO, UNICEF, etc.) mais aussi aux législations européennes depuis le Traité de Maastricht (1992). Plusieurs fonctionnaires et législateurs participant aux travaux préparatoires m’ont fait remarquer que personne ne sait qui a introduit la catégorie de la théorie du genre dans ce Traité alors qu’il n’en avait jamais été question. Elle a été découverte une fois le Traité signé, qui est composé de plusieurs milliers de pages, et à été reprise dans le mini-traité de Lisbonne non encore ratifié.

Les conséquences sont nombreuses et variées, elles s’installent dans l’ignorance des citoyens. Les formulaires administratifs, par exemple, ne portent plus la mention « Sexe » mais « Genre » où toutes les réponses sont possibles. La confusion commence déjà de cette façon. Elle se poursuit à travers l’affirmation de la parité entre hommes et femmes, comme un principe fondateur. D’ailleurs, qui serait contre cette idée alors que l’Église à travers le sens du mariage qu’elle a institué dès l’origine, a été fondé sur le sens de l’élection libre des conjoints, pour lutter contre les mariages forcés et arrangés par les familles, sur le sens de l’égalité entre l’homme et la femme et sur le sens de l’érotisme recentré sur la vie conjugale là où il était dissocié. Il fallut près de 20 siècles pour que la société accepte et fasse sien ce modèle. Un prêtre qui célébrait le mariage librement consenti par un homme et une femme mais sans le consentement des parents risquait la prison sous le règne du Roi François 1er et bien après lui encore. Paradoxalement, ce sont les révolutionnaires de 1789 qui ont reconnu et légalisé le mariage tel qu’il était conçu par l’Église.

La parité entre hommes et femmes dans la théorie du genre se confond avec la similitude : l’un étant l’autre. On affirme curieusement que la différence sexuelle est indispensable à la vie sociale mais peu nécessaire à la vie conjugale et familiale. Celle-ci pourrait s’organiser dans l’indistinction sexuelle ou encore dans la monosexualité avec des personnes de même sexe dont la relation n’est ni significative de vie conjugale, ni significative de vie familiale. Mais l’époque actuelle étant tellement dans la promotion des idées transgressives et des manipulations des réalités fondatrices de l’existence que l’on ne cherche pas à comprendre que nous sommes dans un détournement, au sens pervers du terme, des structures même de la sexualité humaine.

Zenit : Il y aurait une tentative de se libérer du corps ?

Mgr Tony Anatrella : Le besoin de sortir de son corps et de ses structures est un vieux fantasme qui fabrique les contes et les légendes, mais aussi toutes les philosophies idéalistes alors que le christianisme est fondé sur l’Incarnation et donc sur le sens du corps donné et reçu à accomplir. A l’inverse de cette perspective, il faudrait se dégager de sa condition humaine. Il y a une sorte d’angoisse qui traverse l’histoire humaine pour accepter l’altersexualité et l’identité respective de l’homme et de la femme au point que nous en sommes venus aujourd’hui à vouloir les effacer au nom d’un principe noble, parlant à tous, qui est celui de l’égalité. Mais dans la psychose du déni de la différence sexuelle, il est dévoyé au sein de la notion confuse et délétère du genre à travers le féminisme en tant que négation de l’homme et à travers l’homosexualité dont le modèle social apparaît comme celui qui se dispense de toutes les opérations psychiques de la différenciation sexuelle et de l’intégration de l’altérité sexuelle. Nous voici une fois de plus dispensés des contraintes pourtant libérantes et heureuses de la condition humaine, là où d’autres les considèrent comme des entraves et des malheurs.

Le marxisme voulait libérer l’homme social de toutes les contraintes et façonner une nouvelle humanité radieuse. Il voulait le bonheur de l’homme quitte à massacrer tout ce qui s’opposait à ce mouvement. Il a échoué parce que ses prémices étaient fausses. Mais par la force des médias, des lois du marché et des lois civiles, les contraintes sont devenues encore plus nombreuses que par le passé, privant de plus en plus l’homme de ses libertés.

A présent, la théorie du genre veut libérer l’homme subjectif de son identité sexuelle pour fabriquer un sujet qui se construit seul et sans références autre que lui-même, pour autant que ce soit possible. Et le voilà de plus en plus vide intérieurement, dépendant de ses émotions, plutôt que libre de raisonner, adonné à diverses addictions et contraint soit à l’asexualité du castré qui compense par l’imaginaire et le voyeurisme médiatique et de l’Internet, soit à l’autosexualité du plaisir solitaire actuellement valorisé, et même à travers le même et le semblable. Si l’homme se vit dans un deçà de son identité sexuelle comment ne peut-il pas être enfermé dans le soliloque des pulsions partielles de la sexualité infantile ? Telle est l’impasse entretenue par la théorie du genre.

Zenit : En quoi justement les plus jeunes sont-ils concernés ?

(à suivre)

 




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