Après les élections, les chrétiens pourraient envisager leur retour en Irak

ROME, Mercredi 11 février 2009 (ZENIT.org) - La défaite des partis religieux fondamentalistes aux élections provinciales du 31 janvier dernier en Irak devrait permettre aux chrétiens de pouvoir commencer à rentrer chez eux, a souligné l’évêque auxiliaire de Bagdad, Mgr Andreas Abouna, et permettre au pays de « se remettre sur les rails ».

Pour la communauté chrétienne irakienne, dont le nombre est descendu au-dessous des 300.000 membres, les dernières consultations électorales dans 10 des 14 provinces du pays, pourraient être considérées comme un changement en faveur de leur survie. Il y a vingt ans, l’Irak comptait 1,4 million de chrétiens.

Les résultats préliminaires de la semaine dernière ont révélé de grands résultats pour le parti du premier ministre Nouri al-Maliki, une nouvelle qui, selon Mgr Abouna « a fait la joie » des chrétiens que le sectarisme et la violence de l’époque post-Saddam avaient contraints à émigrer.

Dans un entretien lundi avec l’œuvre catholique Aide à l’Eglise en détresse (AED), Mgr Abouna a commenté ces résultats, affirmant que c’était « un très bon résultat surtout en cette phase de développement du pays. Cela aidera l’Irak à se remettre sur les rails ».

Evoquant le climat relativement pacifique dans lequel se sont déroulées ces élections, il pense que « cela pourrait faire changer d’avis aux chrétiens, et commencer à leur donner envie de rentrer chez eux ».

L’évêque auxiliaire de Bagdad pour les chaldéens, estime que les gouvernements laïcs ont plus de probabilité de faire davantage que les partis religieux pour défendre les droits des minorités, un point de vue largement partagé par les chrétiens.

« Je suis convaincu que lorsque elle se répandra, la nouvelle fera plaisir aux chrétiens, surtout parce qu’un gouvernement plus laïc favorisera les groupes religieux minoritaires », affirme-t-il.

Les résultats diffusés après le dépouillement de 90% des votes, jusqu’à jeudi dernier, montrent que les partis religieux islamiques ont subi de fortes pertes, alors que le parti islamique Dawa d’al-Maliki a remporté la victoire à Bagdad et à Bassorah.

Ces chiffres sont un coup dur pour le plus grand parti Chiite, le Conseil suprême islamique de l’Irak, et même si al-Maliki et sa coalition politique « L’Etat de la Loi » ont de forts appuis religieux, le programme qu’ils ont proposé n’est pas sectaire.

Mgr Abouna souligne également l’échec de la sécurité en Irak durant les années où le gouvernement et la politique étaient conduits par des extrémistes sunnites et chiites, y compris l’incendiaire Muqtada al-Sadr.

« Tous sont d’accord sur le fait que, durant ces dernières années, lorsque les partis religieux étaient forts, rien n’a été fait », ajoute-t-il.

« Les Irakiens se sont rendus compte que le meilleur moyen d’aider le pays est de maintenir la séparation entre la religion et la politique ».

Comme d’autres religieux, Mgr Abouna s’est opposé fermement à la naissance d’un système religieux théocratique en Irak.

En 2005, tant Mgr Abouna que Mgr Louis Sako, l’archevêque de Kirkuk, avaient demandé au cardinal Cormac Murphy-O’Connor de Westminster d’intercéder auprès du gouvernement britannique, pour changer l’ébauche du texte constitutionnel de l’Irak qui, selon eux, visait à instaurer indirectement la loi islamique (sharia). Mais leur appel n’a pas donné de résultats.

Etant donné la complexité des règles électorales sur la répartition des sièges, les résultats officiels des élections provinciales du 31 janvier ne seront pas disponibles avant la fin du mois.

Pour plus d’informations : www.acnuk.org

Traduit de l’italien par Isabelle Cousturié