Publié le : 11 septembre 2008 Source : Zenit.org
Les newsSéparer l’Eglise et l’Etat ne signifie pas séparer la foi et la politique ROME, Jeudi 11 septembre 2008 (ZENIT.org) - Non seulement la religion a droit à son espace dans la sphère politique, mais la démocratie a besoin d’un apport moral et de convictions religieuses pour rester saine et forte, estime l’archevêque de Denver. Exclure la religion, a affirmé Mgr Charles Chaput, auteur d’un ouvrage intitulé « Render Unto Caesar : Serving the Nation by Living Our Catholic Beliefs in Political Life » (Rendre à César : Servir la nation en vivant ses propres convictions catholiques dans la vie publique), est la manière la plus rapide pour détruire une démocratie. Dans un entretien accordé à ZENIT, Mgr Chaput parle des idées contenues dans son livre concernant le rapport des catholiques avec la politique, et commente les sujets qui, selon lui, sont les plus importants pour les électeurs américains à la veille des élections présidentielles qui auront lieu en novembre. ZENIT - Le catholicisme dans la vie publique des Etats-Unis a parcouru un chemin long et complexe. Vous affirmez que les catholiques ont encore beaucoup à apporter à la sphère politique, mais qu’ils séparent encore trop leurs convictions de leur activité politique. Pourquoi ? Personne ne souhaite une théocratie et les protestations des médias contre le spectre du « fondamentalisme chrétien » ne sont qu’une tactique particulièrement offensive visant à semer la peur. L’Eglise ne prétendre diriger l’Etat. Mais nous ne voulons pas non plus que l’Etat interfère dans nos croyances et pratiques religieuses, ce qui aujourd’hui, franchement, représente un problème beaucoup plus grave. Séparer l’Eglise et l’Etat ne signifie pas séparer la foi et les questions politiques. Un vrai pluralisme a besoin d’une saine confrontation des idées. En ce sens, la meilleure façon de faire mourir une démocratie est d’inciter les gens à séparer leurs convictions religieuses et morales des décisions politiques. Si les gens croient vraiment en quelque chose, ils agiront toujours conformément à leur conscience. Sinon ils ne feraient que mentir à eux-mêmes. C’est pourquoi l’idée de vouloir exclure de force la religion du débat politique publique est non seulement une idée imprudente mais également antidémocratique. Pour ce qui est de John F. Kennedy, il faut se souvenir du contexte de sa campagne en 1960. Il avait du talent et du courage à revendre, mais il avait aussi 200 ans de préjugé protestant bien cimenté à surmonter. Hélas, pour tenter de dissiper ces craintes protestantes il a créé un nouveau modèle catholique, donnant une vision déformée de cette séparation entre l’engagement publique et les convictions personnelles. Il a agi en toute bonne foi, et bien sûr il ne pouvait pas voir l’avenir, mais sa position a fait beaucoup de dégâts. Ces quarante dernières années, son exemple a guidé chaque fonctionnaire catholique de l’administration publique qui est « personnellement opposé » à un mal grave, mais ne fera rien pour l’éliminer. Nous payons encore aujourd’hui le prix de cette manière de penser. ZENIT - Vous relevez par ailleurs que la nouvelle culture des moyens de communication a créé une forme de débat publique où la « sérieuse confrontation d’idées » a été remplacée par les slogans. Que doivent faire, dans ce contexte, les hommes politiques catholiques ? Mgr Chaput - Il n’existe pas de réponse simple à ce problème. Les catholiques américains devraient se comporter de manière plus critique vis-à-vis des moyens de communication et vis-à-vis du monde de l’information dans son ensemble. Il y a beaucoup de gens très biens qui travaillent dans le journalisme. Mais l’image de la réalité proposée par les moyens d’information varie toujours en fonction d’au moins trois éléments : le type de technologie, la nécessité du profit et la tendance politique de l’organisation. ZENIT - En publiant votre livre quelques mois avant les élections présidentielles aux Etats-Unis, avez-vous cherché à avoir en quelque sorte un impact sur le choix des électeurs ? Mon intention n’est pas, dans ce livre ou ailleurs, de dire aux gens comment voter. Je n’appuie aucun candidat et n’utilise pas de code terminologique qui puisse induire les gens à apprécier ou non un parti politique plutôt qu’un autre. Ce n’est pas le travail d’un pasteur. Les personnes doivent voter selon leur conscience. Mais la conscience ne sort pas miraculeusement du néant ; ce n’est pas une question d’opinion personnelle ou de préférence privée. La conscience est toujours fondée sur une vérité plus grande que nous. Ceux qui se disent catholiques doivent faire preuve d’honnêteté vis-à-vis d’eux-mêmes et avec la communauté des croyants. Ils doivent vraiment agir en catholique, que ce soit dans le privé ou dans le domaine publique, y compris au moment de prendre des décisions politiques. Et le travail du pasteur est bien là : encourager les catholiques à approfondir leur foi et à la mettre en pratique. ZENIT : En cette année d’élections on dirait que le débat se focalise davantage sur les « grands » thèmes sociaux. Comment voyez-vous cette tendance ? Et quelles sont les questions principales auxquelles les électeurs catholiques seront confrontés en novembre prochain ? Bien que l’on cherche à cacher ces questions derrière des discussions sur les « plus grands thèmes sociaux », la question de l’avortement reste la principale question de notre époque. On ne peut tourner autour de la réalité du profit, de la brutalité et de l’injustice de l’avortement en utilisant un langage politiquement correct ou des gestes solennels. L’avortement est un meurtre légalisé. Et il faut y mettre un terme. Tous les autres droits dépendent du droit à la vie. Nous devons cesser d’avoir honte de parler et d’agir pour la vérité. Nous avons le choix entre être des disciples ou être des lâches. Dans le monde d’aujourd’hui il n’y a pas d’autres possibilités : il faut choisir. Propos recueillis par Karna Swanson Zenit.org, 2006. Tous droits réservés - Pour connaitre les modalités d´utilisation vous pouvez consulter : www.zenit.org ou contacter infosfrench@zenit.org - Pour recevoir les news de Zenit par mail vous pouvez cliquer ici |