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 - 20 juin 2025 - Saint Sylvère
Publié le : 29 mai 2008 Source : Zenit.org
 

 

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« Famille et procréation humaine », commentaire de Mgr Anatrella (III)

ROME, Jeudi 29 mai 2008 (ZENIT.org) - « Le christianisme est à l’origine de la révolution de l’élection libre et amoureuse du couple constitué entre un homme et une femme », rappelle Mgr Tony Anatrella, psychanalyste et spécialiste en psychiatrie sociale, consulteur des Conseils pontificaux de la famille et pour la Pastorale de la santé.

« Un enjeu de la procréation » : c’est le titre du commentaire de Mgr Tony Anatrella dans le document du Conseil pontifical de la Famille intitulé « Famille et procréation humaine », (in « Famiglia e Procreazione umana », - Libreria Editrice Vaticana, pp. 185-198).

Dans son introduction, Mgr Anatrella indique que « le document ‘Famille et procréation humaine’ (2006) du Conseil pontifical pour la famille est un instrument de travail qui cherche à faire le point sur les divers déplacements idéologiques qui se sont produits ces dernières années à la suite de nombreuses découvertes scientifiques qui ont entraîné l’apparition de nouvelles techniques favorisant ou empêchant la conception des enfants. Ce document a le mérite de mettre en perspective les enjeux anthropologiques, sociaux et moraux sur le devenir de la procréation ».

Dans la première partie de son commentaire, intitulée « Les conditions de la conception de l’enfant », Mgr Anatrella tord le cou à des idées reçues en disant d’emblée : « L’Église n’a jamais remis en question la légitime régulation des naissances, mais elle s’est toujours montrée critique à l’égard des moyens utilisés et de la mentalité qu’ils développent » (cf. Zenit du 27 mai 2008).

Dans la seconde partie de son commentaire, intitulée : « L’enfant a besoin de la famille composée par un homme et une femme qui sont ses parents », Mgr Anatrella aborde les questions du « principe de la différence sexuelle », des « principes d’humanisation et de différenciation psychique », des « problèmes de filiation à venir » et de « l’adoption d’un enfant en dehors du couple homme/femme » : « ce serait contraire à ses intérêts », avant de poser la question : « Avoir deux papas, deux mamans ? » (cf. Zenit du 28 mai 2008).

Problèmes de filiation à venir

« On constate que des enfants adoptés par un couple, rencontrent des problèmes d’origine qui les insécurisent plus ou moins fortement. Certains enfants du divorce vivent parfois des problèmes de filiation qui les déstabilisent. Faut-il y ajouter des pathologies identitaires qui proviennent de l’indistinction sexuelle des personnes avec lesquelles vit l’enfant ? », interroge Mgr Anatrella.

Il ajoute le danger d’absence de repères qui permette à l’enfant de s’identifier sexuellement : « Nous pouvons faire l’hypothèse que l’incohérence entre le couple procréateur et le duo éducateur risque d’entraîner chez l’enfant, dans sa vie d’adulte, une absence de repères identificatoires au masculin et au féminin vécus dans l’intimité d’un couple, une difficulté à mettre en oeuvre l’altérité sexuelle, et une confusion pour s’inscrire dans des liens générationnels ».

Des enquêtes limitées

Il fait état de « sérieuses difficultés » lorsque ces personnes « doivent fonder un couple » : « leur vie affective risque d’être insuffisamment développée ».

Il y voit « l’un des principaux problèmes (...) dont témoignent des personnes quand elles ont vécu dans un contexte homosexuel. Il leur manque une dimension du réel qui les limite pour s’accomplir. Il leur manque intimement une image guide de ce qu’est un couple et une famille ».

Il déplore que les enquêtes sur « le supposé « bien être » des enfants élevés par des personnes homosexuelles », soient « limitées » parce qu’elles « négligent les effets de structures de la vie psychique qui sont observables et dont la traduction ne se fera que sur le long terme ».

L’individuation du sujet, très compliquée

Et d’affirmer : « Un enfant a besoin d’un père et d’une mère évidemment de sexes différents. Sinon dans l’absence de cette altérité, l’individuation du sujet sera très compliquée pour se situer vraiment, plus tard, affectivement dans l’altérité. Les enfants et les adolescents peuvent apparemment aller bien, mais c’est une fois devenus adultes que les problèmes vont se manifester : ils ne savent pas quoi faire de cette incohérence ».

Plus encore, selon Mgr Anatrella, « sur le long terme, ce système ‘d’adoption’ homosexuelle développera des caractères psychotiques (et non pas la psychose), c’est-à-dire des personnalités qui auront du mal à se situer vis-à-vis des réalités de la vie ».

Des mots d’enfants

Il cite ces exemples : « Apprenant par son père qu’il allait quitter sa famille pour vivre avec un homme, son fils de 10 ans lui dit : « Si tu es homosexuel, tu ne peux plus être mon papa ». Autre exemple révélateur, une fille de 9 ans, alors que l’on complimentait les deux femmes qui l’élevaient ensemble, répondit vivement : « Oui, mais moi je n’ai pas de papa ». Ces réactions en disent long sur le vécu des enfants (...) ».

L’adoption d’un enfant en dehors du couple homme/femme, contraire à ses intérêts

« Actuellement, faisait observer Mgr Anatrella, on privilégie davantage le désir des adultes, qui est loin d’être toujours légitime, à l’intérêt de l’enfant. Nous passons de « l’enfant sujet » à « l’enfant objet ». » Il va jusqu’à déplorer :« L’enfant est devenu un bien de consommation, un prolongement narcissique de soi ».

L’amour ne suffit pas

Car, affirme le consulteur romain, « l’amour ne suffit pas ! », avant d’ajouter : « Encore faut-il savoir de quel amour il s’agit ? Il y a des formes « d’amour » qui altèrent des dimensions psychiques de l’enfant. Il n’est pas juste de prétendre que peu importent les adultes qui s’occupent de l’enfant, ce qui compte c’est qu’il y ait de l’amour. Cela est insuffisant pour être structurant, encore faut-il que l’amour soit incarné dans un couple formé par un homme et une femme ».

« L’amour conjugal et familial implique la différence sexuelle pour être authentique. Autrement dit, la question n’est pas de savoir si l’enfant sera aimé mais dans quelle structure relationnelle on va l’engager ? », affirme l’expert.

Plus encore, il estime que « la demande impérieuse de « posséder » ainsi un enfant, au nom d’un sexe unique, est l’expression d’un désir de domination, d’un seul sexe autosuffisant et tout-puissant, dans lequel l’enfant est surinvesti affectivement ».

Dans ce cas, l’enfant est « instrumentalisé » et « joue un rôle de symptôme pour compenser l’infécondité entre personnes de même sexe et valider leur situation particulière ».

L’enfant, avertit le psychanalyste, « ne peut pas être impliqué dans n’importe quel mode de vie », car « un critère de sexualité est indispensable afin qu’il trouve sa place et le sens de sa vie psychique entre un homme et une femme, ou auprès d’un adulte seul qui ait intégré intimement cette dimension et soit dans l’ordre de ce désir ».

Avoir deux papas, deux mamans ?

C’est pourquoi il n’hésite pas à affirmer que : « dire à l’enfant qu’il a deux papas ou deux mamans est un mensonge social et un handicap pour le situer dans l’altérité sexuelle ».

Et d’expliquer pourquoi : « Il sera en présence de deux adultes qui, quoiqu’ils disent, ne sont pas dans la réalité de la différence sexuelle. Ils ne sont pas ainsi psychologiquement situés pour vivre complètement la symbolique parentale. L’enfant peut plus facilement accepter et intérioriser son identité sexuelle entre un homme qui est son père, et une femme qui est sa mère ».

« Le couple générationnel est dans la cohérence de ce dont un enfant a besoin, conclut Mgr Anatrella. Dans le cas contraire, il sera confronté au problème de ses origines et à celui de son histoire généalogique. Le respect de la différence sexuelle dans la famille est essentiel : dans le meilleur des cas, elle permet à l’enfant de se libérer de la confusion et de l’insécurité identitaire ».

Conclusion

L’auteur diagnostique la tentative de « désolidariser la filiation du mariage, de désincarner la procréation en se privant de l’apport de l’homme (du père), et en la dissociant de l’union entre un homme et une femme », ce qui fait que « le corps deviendrait étranger à la procréation ».

« Il est déraisonnable de faire l’impasse sur la nécessité pour l’enfant d’être éduqué par un homme et une femme qui l’ont conçu ou adopté. Il a besoin de cette cohérence fondatrice entre différence sexuelle, mariage et procréation », affirme au contraire Mgr Anatrella qui cite à l’appui les enfants de concubins qui « incitent souvent leurs parents à se marier pour être certains de pouvoir s’appuyer sur leur union conjugale qui est au fondement du lien parental ».

« La seule existence du père auprès de la mère procure de la nourriture psychique aux enfants pour se distinguer et accéder à l’autonomie ».

Dans un univers monosexuel, privé de la différence et de l’altérité sexuelles, il manquera à l’enfant plusieurs donnés du réel : celui de la personne de l’autre sexe, du couple vécu entre un homme et une femme, de la différence structurante qui existe entre un père et une mère dont il n’aura pas l’expérience ».

Il regrette que « l’éducation contemporaine (...) reste dans l’analphabétisme des sentiments ».

Mais il indique aussi les ressources de l’Evangile en disant : « Le christianisme est à l’origine de la révolution de l’élection libre et amoureuse du couple constitué entre un homme et une femme. Nous sommes encore aux prémisses de ce que les hommes et les femmes ont à découvrir et à conforter socialement : une civilisation fondée sur la mixité du couple qu’ils forment et qu’ils engagent dans la durée. Elle est source de vie, d’ouverture sur le sens de l’autre et d’avenir ».

Les deux derniers ouvrages publiés par Mgr Anatrella sur le thème de cet article sont : « Le règne de Narcisse », Presses de la Renaissance (Paris) ; « Époux, heureux époux », Flammarion (Paris).

Anita S. Bourdin



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