Publié le : 27 mai 2008 Source : Zenit.org
Les news« Famille et procréation humaine », commentaire de Mgr Anatrella (I)ROME, Mardi 27 mai 2008 (ZENIT.org) - « Un enjeu de la procréation, l’enfant a besoin d’un homme et d’une femme qui sont ses parents », affirme Mgr Tony Anatrella, psychanalyste et spécialiste en psychiatrie sociale, consulteur des Conseils pontificaux de la famille et pour la pastorale de la santé. « Un enjeu de la procréation », c’est le titre du commentaire de Mgr Tony Anatrella dans le document du Conseil pontifical de la famille intitulé « Famille et procréation humaine », (in ‘Famiglia e Procreazione umana’ - Libreria Editrice Vaticana, pp. 185-198). Les deux derniers ouvrages publiés par Mgr Anatrella sur le thème de cet article sont : Le règne de Narcisse, Presses de la Renaissance (Paris) ; Époux, heureux époux, Flammarion (Paris). Dans son introduction, Mgr Anatrealla indique que « le document ‘Famille et procréation humaine’ (2006) du Conseil Pontifical pour la Famille est un instrument de travail qui cherche à faire le point sur les divers déplacements idéologiques qui se sont produits ces dernières années à la suite de nombreuses découvertes scientifiques qui ont entraîné l’apparition de nouvelles techniques favorisant ou empêchant la conception des enfants. Ce document a le mérite de mettre en perspective les enjeux anthropologiques, sociaux et moraux sur le devenir de la procréation ». « Le document exprime notamment, souligne l’auteur, une inquiétude face à la lente diminution des naissances qui donne le sentiment que la vie s’arrête avec soi. Diverses raisons ont été avancées pour expliquer l’origine de la baisse démographique dans les pays développés qui s’étend progressivement à l’ensemble du monde. Pour l’instant, la population mondiale vieillit et, dans quelques années, sans doute, les jeunes seront minoritaires face aux anciens. Les sociétés ont-elles le sens de leur avenir quand elles font la grève des naissances ? » Il encourage dans ce contexte des « politiques sociales » : « La situation se modifie en revanche lorsque des politiques familiales viennent en aide aux couples. Ainsi ils peuvent être encouragés et soutenus dans leur désir d’enfants et dans le renouvellement des générations au sein de leur famille. Grâce à divers facteurs, et sans doute au renouveau de la politique familiale, nous assistons depuis quelques années en France à une légère augmentation des naissances. La question est de savoir si ce mouvement sera confirmé dans la durée ? Quand une société vit dans l’espérance de son avenir, elle est procréatrice ». Mais Mgr Anatrella rappelle que l’enfant à besoin d’un père et d’une mère pour grandor et se structurer en disant : « Les enjeux de la procréation sont nombreux surtout lorsqu’une conception morcelée et antinomique du sens de la famille, laisse supposer que l’enfant pourrait se « faire » en dehors d’un lien intime entre un homme et une femme. Cet aspect va retenir l’ensemble de ma réflexion dans cet article ». Plus encore, c’est la société qui est en jeu : « Pour se développer, ajoute Mgr Anatrella, les enfants ont besoin de trouver, non seulement auprès de leurs parents mais aussi de la société, des raisons d’être désirés, attendus et éduqués dans les conditions qui leur soient favorables. Curieusement nous sommes dans une mentalité qui laisse supposer que la procréation n’a plus rien à voir avec la conjugalité, le corps humain et la différence sexuelle. C’est pourquoi, je voudrais évoquer quelques réalités psychiques et sociales de la procréation qui concourent à l’épanouissement de l’enfant ». Dans la première partie de son commentaire, intitulée « Les conditions de la conception de l’enfant » , Mgr Anatrealla tord le cou à des idées reçues en disant d’emblée : « L’Église n’a jamais remis en question la légitime régulation des naissances, mais elle s’est toujours montrée critique à l’égard des moyens utilisés et de la mentalité qu’ils développent ». Or, fait-il observer, « en l’espace de quelques années, sous l’influence des méthodes contraceptives et abortives, mais aussi de la théorie du gender qui valorise les tendances sexuelles au détriment de l’identité sexuelle de l’homme et de la femme, on a voulu séparer la procréation de la sexualité, faire dépendre l’existence de l’enfant d’un projet parental et revendiquer un droit à l’enfant ». Parmi les conséquences, Mgr Anatrella fait observer que « la sexualité est ainsi mutilée de l’une de ses dimensions essentielles : dans une vision purement subjective et individualiste, l’enfant risque de ne pas être reconnu pour lui-même dans sa réalité de sujet, mais comme un bien et un objet affectif pour soi ». Il rappelle que « des militants pour le mariage entre personnes de même sexe et pour l’adoption des enfants, vont jusqu’à affirmer que la procréation n’a plus rien à voir avec le corps humain grâce à l’assistance médicale à la procréation (AMP) voir à l’insémination avec donneur anonyme (IDA) ». Appelant au réalisme, l’auteur invite à « admettre que la procréation et l’enfant ne se comprennent que par rapport à la différence sexuelle » , car « celle-ci est un donné de fait » : « Il n’y a que deux identités sexuelles, celle de l’homme et celle de la femme. Mais ce donné objectif peut être différemment vécu et infléchi par des orientations sexuelles qui viennent troubler l’identité masculine ou féminine ». Par ailleurs, « d’un point de vue psychique, les représentations pulsionnelles que le sujet se donne à lui-même, constitutives de son désir, sont relativement plastiques et laissent entrevoir diverses organisations de l’orientation sexuelle. Elles sont le reflet de son histoire psychoaffective et de la façon dont il a, plus ou moins, intériorisé son identité sexuelle ». « Si la vie psychique exprime parfois des ambivalences sexuelles, le lien conjugal et familial, et la procréation en particulier, reposent sur la complémentarité des sexes et non pas sur une monosexualité » , fait observer Mgr Anatrella. Or, il invite à poser les « bonnes » questions : « Les mentalités contemporaines ont trop tendance à vouloir aborder ces problèmes uniquement sur un plan compassionnel au détriment de leur dimension structurelle. Autrement dit : quels sont les besoins de l’enfant pour se construire, entre autres, à partir de son père et de sa mère ? Quelle est la forme de famille à partir de laquelle la société s’organise et sert de référence à l’enfant, sans pour autant s’empêcher d’accueillir et de soutenir des cas particuliers ? Quelle forme de sexualité doit reconnaître et instituer la société, en laissant à chacun la liberté de vivre comme il le souhaite ? » Or, dit-il, « les décisions politiques, prises dans la précipitation et sous la pression de mouvements idéologiques, ne répondent pas à ces questions ». « Bien au contraire, ajoute-t-il, la confusion est à son comble lorsqu’on laisse entendre que « tout-est-dans-tout » en matière de couple, de mariage, de filiation, d’adoption et de famille. En se privant des distinctions les plus élémentaires sur le sens de ces diverses réalités, la réflexion et la liberté de les penser sont censurées par de multiples attitudes d’intimidation, de représailles, voire même par des procès d’intention. Une liberté de penser qui devient progressivement légalement interdite ». Il évoque un « déplacement sémantique qui soulève de nombreux problèmes » : « Tout le vocabulaire spécifique pour parler du couple formé par un homme et une femme, de la vie conjugale et de la famille est utilisé pour caractériser la relation qui réunit deux personnes de même sexe ». « Or ce langage, affirme Mgr Anatrella, ne peut pas désigner et nommer ce qui constitue une association de personnes de même sexe ». Il évoque la création du Pacs en France (1999) et l’inscription du « déni de la différence sexuelle » dans la loi : « Les articles du Code civil définissant le mariage ont servi de matrice pour créer ce pacte civil de solidarité. Le législateur aurait été mieux inspiré de concevoir un contrat de biens et de revoir la fiscalité pour faciliter la transmission en cas de décès en faveur d’une ou d’autres personnes étrangères à la famille. Les réformes qui sont annoncées pour aligner les droits liés au mariage à ceux du Pacs sont une façon déguisée pour créer un « mariage » bis. C’est une façon d’inscrire le déni de la différence sexuelle dans la loi, alors qu’elle est l’un des fondements du lien social, et d’instituer un double système contradictoire ». « L’enfant, affirme le psychanalyste, procède du couple formé par un homme et une femme qui précède son existence. Le couple implique la réunion de deux contraires complémentaires, fondée sur la différence et l’altérité sexuelles. La notion même de couple vient du terme latin « copula ». Or il n’y a qu’un homme et une femme qui forment un couple et qui copulent. La notion de couple n’est pas applicable à la relation entre personnes de même sexe ». « Dans les nombreuses études que j’ai consacrées à cette question, j’en suis venu à désigner ce type de relation en lui appliquant le concept de « duo ». Ce concept est plus adapté pour nommer l’association monosexuelle ; il correspond mieux aux caractéristiques psychologiques qui structurent ce genre de relation de l’identique à l’identique, fondée, entre autres, sur une motivation spéculaire ». « Dans un système relationnel que je qualifie du réflecteur, où le même se mire à travers le même dans l’impossibilité de concevoir un autre, il y a certes deux personnes, mais il n’y a pas de place pour l’altérité et pour la procréation entre elles. Pourquoi soutenir cette idée ? Tout simplement parce que le sens de l’altérité s’acquiert lorsque le sujet accepte et intériorise la différence sexuelle. L’époque actuelle entretient divers dénis à ce sujet ». « Toute l’idéologie actuelle portée par la théorie du gender du déni de la différence sexuelle, du corps et de la procréation est résumée dans cette étrange formule. Or l’amour conjugal et familial, qui est une structure relationnelle et non pas un sentiment, implique la différence sexuelle, c’est-à-dire l’association d’un homme et d’une femme », fait remarquer Mgr Anatrella. « L’enfant a besoin de ce couple pour comprendre sa naissance, se situer dans la généalogie d’une filiation et dans la cohérence de la succession des générations. La différence sexuelle a toujours été un des invariants humains pour fonder le cadre porteur de la société. En laissant supposer que le couple, le mariage et la famille peuvent s’admettre en dehors de cette référence, c’est tout le cadre porteur qui au fil du temps va se fragiliser et se découdre », ajoute l’auteur. Il rappelle que c’est une cause de violence : « Depuis plus de cinquante ans la différence sexuelle est attaquée pour des raisons idéologiques et par ceux qui ne parviennent pas à l’accepter et à la vivre : cette mentalité favorise la déliaison sociale et institutionnelle qui produit en réalité de l’insécurité et se traduit à travers la violence ». « La déliaison s’exprime notamment à travers le fait de dissocier la conjugalité de la parenté, la sexualité de la procréation, la procréation de l’identité sexuelle. Ce sont autant de clivages qui sont présentés comme de nouvelles libertés alors qu’ils brouillent l’élaboration de la différence sexuelle au bénéfice de la valorisation des orientations sexuelles », ajoute Mgr Anarella avant de conclure : « Les orientations sexuelles, qui sont une émanation des pulsions premières et n’ont pas toujours été remaniées dans la vie psychique, peuvent être recherchées pour elles-mêmes. Ce phénomène est connu : la nouveauté est dans le fait de vouloir retenir les orientations sexuelles comme un fondement à partir duquel il serait possible de codifier des normes sociales. L’enfant se développe au mieux dans la cohérence d’un couple qui lui signifie son origine ou à défaut, en cas d’adoption, puisse en être le substitut. Dans la deuxième partie de son commentaire, intitulée : « L’enfant a besoin de la famille composée par un homme et une femme qui sont ses parents », Mgr Anatrelal aborde les questions du « principe de la différence sexuelle », des « principes d’humanisation et de différenciation psychique », des « problèmes de filiation à venir » et de « l’adoption d’un enfant en dehors du couple homme/femme » : « ce serait contraire à ses intérêts », avant de poser la question : « Avoir deux papas, deux mamans ? » ( à suivre) Zenit.org, 2006. 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