Publié le : 29 février 2008 Source : Zenit.org
Les newsL’œil de la foi nous permet de voir le monde de Dieu, explique le P. CantalamessaROME, Vendredi 29 février 2008 (ZENIT.org) - Nous publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile du dimanche 2 mars, quatrième dimanche de carême, proposé par le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale. Evangile de Jésus Christ selon saint Jean 9, 1-41 Jésus vit sur son passage un homme qui était aveugle de naissance. © Copyright AELF - Paris - 1980 - 2006 tous droits réservés L’aveugle de naissance La guérison de l’aveugle de naissance nous concerne de près car, d’une certaine manière, nous sommes tous des aveugles de naissance. Le monde lui-même est né aveugle. Selon l’état actuel de la science, on sait que pendant des millions d’années la vie existait sur la terre mais c’était une vie à l’état aveugle. L’œil pour voir n’existait pas encore, le fait même de voir n’existait pas. L’œil, dans sa complexité et sa perfection, est l’une des fonctions qui se sont formées le plus lentement. Cette situation se reproduit en partie dans la vie de tout homme particulier. Même s’il n’est pas proprement aveugle, l’enfant qui naît est encore incapable de distinguer les contours des choses. Il ne commence à voir clairement qu’au bout de quelques semaines. Si l’enfant était capable d’exprimer ce qu’il ressent quand il commence à voir clairement le visage de sa maman, les personnes, les choses, les couleurs, on entendrait un « oh ! » d’émerveillement, un hymne à la lumière et à la vue ! Voir, est un miracle, mais nous n’y faisons pas attention parce que nous y sommes habitués et le considérons normal. Et voilà que Dieu parfois réalise cela de manière soudaine, extraordinaire, pour nous réveiller de notre torpeur et nous rendre attentifs. C’est ce qu’il fit avec la guérison de l’aveugle de naissance et d’autres aveugles dans l’Evangile. Mais est-ce uniquement pour cela que Jésus guérit l’aveugle de naissance ? Nous sommes nés aveugles, dans un autre sens. Il y a un autre œil qui doit encore s’ouvrir dans le monde, outre l’œil matériel : l’œil de la foi ! Celui-ci permet de distinguer un autre monde, au-delà de celui que nous voyons avec les yeux du corps : le monde de Dieu, de la vie éternelle, le monde de l’Evangile, le monde qui ne finit même pas avec la... fin du monde. C’est ce que Jésus a voulu nous rappeler avec la guérison de l’aveugle de naissance. Il envoie tout d’abord le jeune aveugle à la piscine de Siloé. Jésus voulait ainsi montrer que cet œil différent, l’œil de la foi, commence à s’ouvrir dans le baptême, lorsque nous recevons justement le don de la foi. C’est pour cette raison que dans l’antiquité, le baptême était également appelé « illumination » et être baptisés se disait « être illuminés ». Dans notre cas, il ne s’agit pas de croire de manière générale en Dieu, mais de croire en Jésus Christ. L’évangéliste utilise cet épisode pour nous montrer comment on parvient à une foi totale et mûre dans le Fils de Dieu. L’aveugle recouvre la vue et, parallèlement, il découvre en effet qui est Jésus. Au départ, pour l’aveugle, Jésus n’est qu’un homme : « L’homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue... ». Plus tard, à la question : « Et toi, que dis-tu de lui, puisqu’il t’a ouvert les yeux ? » il répond : « C’est un prophète ! » Il a fait un pas supplémentaire ; il a compris que Jésus est un envoyé de Dieu, qu’il parle et agit en son nom. Enfin, rencontrant à nouveau Jésus, il s’exclame : « Je crois, Seigneur ! », et il se prosterne devant lui pour l’adorer, le reconnaissant ainsi ouvertement comme son Seigneur et son Dieu. En nous décrivant tout cela de manière aussi détaillée, c’est comme si l’évangéliste Jean nous invitait très discrètement à nous poser la question : « Et moi, où en suis-je sur ce chemin ? Qui est Jésus de Nazareth pour moi ? ». Personne ne nie le fait que Jésus soit un homme. Il est également reconnu presque universellement qu’il a été un prophète, un envoyé de Dieu. Et beaucoup s’arrêtent là. Mais cela ne suffit pas. Même un musulman, s’il est cohérent avec ce qui est écrit dans le Coran, reconnaît que Jésus est un prophète. Mais il ne se considère pas un chrétien pour autant. Le saut avec lequel on devient chrétien au sens propre est quand on proclame, comme l’aveugle de naissance, Jésus « Seigneur » et qu’on l’adore comme Dieu. La foi chrétienne n’est pas essentiellement croire à quelque chose (que Dieu existe, qu’il existe un au-delà...), mais croire en quelqu’un. Dans l’Evangile, Jésus ne nous donne pas une liste de choses à croire ; il dit : « Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi » (Jn 14,1). Pour les chrétiens, croire, c’est croire en Jésus Christ. Zenit.org, 2006. Tous droits réservés - Pour connaitre les modalités d´utilisation vous pouvez consulter : www.zenit.org ou contacter infosfrench@zenit.org - Pour recevoir les news de Zenit par mail vous pouvez cliquer ici |