Derniers chiffres du sida : l’Eglise appelle à redoubler d’effort et non à pavoiser

ROME, Dimanche 25 novembre 2007 (ZENIT.org) – Les chiffres révisés sur l’épidémie de VIH, qui ont ramené l’estimation du nombre de personnes vivant avec le VIH dans le monde à quelque 33 millions, ont été accueillis avec satisfaction par tous les agents ecclésiaux actifs dans la lutte contre le VIH et le sida, comme un signe d’espoir et un défi de tenir les promesses, annonce Caritas Internationalis dans un communiqué publié le 20 novembre.

« Nous nous félicitons de toute donnée indiquant qu’un moins grand nombre de personnes vivent avec le VIH, que ce soit dû à une plus grande exactitude des statistiques ou au fait que l’efficacité de l’action conduite dans certaines zones a eu un impact positif », déclare Linda Hartke, coordinatrice de l’Alliance œcuménique « agir ensemble ». « Mais il n’est absolument pas question de relâcher nos efforts. Le VIH reste un mal dévastateur pas seulement pour les individus mais pour les familles, les communautés et les nations », précise-t-elle, toujours selon le communiqué.

Les nouveaux chiffres rendus publics aujourd’hui par l’ONUSIDA et l’Organisation mondiale de la santé ont révisé l’estimation du nombre de personnes vivant avec le VIH pour la ramener à 33,2 millions. En 2007, environ 2,5 millions d’adultes et d’enfants ont été infectés par le VIH et quelque 2,1 millions sont décédés de maladies opportunistes liées au sida. La révision à la baisse de ces chiffres est principalement imputable aux méthodologies améliorées de collecte de données et à une meilleure information de la part de nombreux pays, notamment l’Inde. Cependant, certaines indications laissent penser que l’accès facilité au traitement et les efforts plus intensifs de prévention ont stabilisé la propagation de la maladie dans certains pays. Même avec les chiffres révisés, l’ONUSIDA confirme que le sida a provoqué la mort de 24 à 25 millions de personnes depuis que la sida a été identifié en 1981, précise Caritas Internationalis.

Mgr Robert J. Vitillo, conseiller spécial de Caritas Internationalis pour les questions relatives au VIH et au sida, fait observer que l’impact du sida est infiniment plus important que ne l’indiquent les statistiques. « Le travail direct de nos organisations membres Caritas et d’autres organisations catholiques en matière de soins, accompagnement et appui a toujours montré que l’impact du sida dépasse ce que les chiffres officiels pourront jamais laisser percevoir » explique-t-il. « La lutte contre le sida ne consiste pas seulement à traiter une maladie mais à en traiter tous les facteurs dans notre société qui continuent à alimenter la propagation de la maladie et à saper notre lutte, par exemple, la stigmatisation et la discrimination, la violence et l’injustice à l’encontre des femmes, la pauvreté, l’isolement, les mauvais traitements. Nous lisons tout cela sur les visages qui nous entourent et ces données ne peuvent pas être quantifiées ».

« Les chiffres sont importants dans la mesure où ils donnent une indication sur l’ampleur du problème et l’échelle de la réponse requise » estime le révérend Christo Greyling, président du réseau africain de responsables religieux vivant avec le VIH ou le sida ou personnellement touchés par eux (ANERELA+) et conseiller régional pour l’Afrique sur les relations VIH/sida/Eglise à World Vision. « Mais ils ne racontent jamais toute l’histoire. Nous devons continuer à faire davantage pour nous attaquer vraiment à la propagation du VIH, pas seulement veiller à l’exactitude de nos chiffres. Au demeurant, les difficultés toujours rencontrées pour obtenir des données exactes indiquent qu’il nous reste encore beaucoup à faire pour surmonter les facteurs qui font que des personnes restent isolées, non dépistées, non comptabilisées et non traitées. La baisse des taux de prévalence des personnes vivant avec le VIH ne réduit pas pour autant la stigmatisation qui empêche les personnes d’accéder aux services et empoisonne la vie des enfants et des adultes touchés par le VIH ».

L’ONUSIDA estime que ses estimations antérieures des besoins mondiaux en ressources pourraient ne pas devoir être minorées de plus de 5% parce que les calculs tenaient largement compte des nouvelles données. Anne-Marie Helland, conseillère spéciale sur les droits sociaux et politiques à Norwegian Church Aid, membre du Conseil d’administration du Fonds mondial et du groupe de stratégie HIV et sida de l’Alliance œcuménique « agir ensemble », souligne que les gouvernements et les autres bailleurs de fonds et organisations participant à la lutte n’ont jamais atteint les objectifs antérieurs, en termes de couverture des besoins estimés. « Les ressources n’ont jamais été suffisantes pour identifier toutes les personnes touchées, et encore moins pour le dépistage, l’accompagnement, le traitement et les autres services d’appui », précise-t-elle. « La révision des chiffres à la baisse ne change rien à l’écart qui existe entre ce qui est fait et ce qui devrait être fait ».

Le révérend Hielke Wolters, directeur de Justice, diaconie et responsabilité pour la création au Conseil œcuménique des Eglises se félicite à l’idée que des chiffres plus exacts « aideront le monde à planifier, mobiliser des ressources et conduire des actions plus efficacement pour vaincre le VIH ». Cependant, il souligne que, entre autres indications, l’estimation que la majorité des 33 millions de personnes vivant avec le VIH ignorent même qu’elles sont séropositives, et la cadence de 6 800 nouvelles personnes infectées chaque jour en particulier dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire et parmi les femmes et les jeunes, montrent que des actions urgentes et intensives sont encore nécessaires. « Cette révision des estimations à la baisse ne doit pas amoindrir notre engagement ni notre détermination à vaincre cette maladie qui peut être prévenue et traitée », conclut le communiqué.

Les données 2007 sur le VIH/sida peuvent être consultées sur www.unaids.org
Pour un complément d’information veuillez contacter Sara Speicher, sspeicher@e-alliance.ch,
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