Publié le : 12 octobre 2007 Source : Zenit
Les newsLa performance est incontournable mais pas à n’importe quel prixLa compétition et la performance sont des moteurs puissants pour l’entreprise, créatrice de richesses et lieu d’intégration sociale. Mais comment développer, conquérir et gagner sans dérives ? C’est la question qui sera débattue lundi 15 octobre lors de la 6ème édition des entretiens de Valpré, à Lyon, sur le thème : « La performance... à quel prix ». Organisés à l’initiative de la Congrégation des Augustins de l’Assomption, les entretiens de Valpré réuniront quelque 500 décideurs, cadres dirigeants et spécialistes du monde de l’entreprise autour du cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon. Ghislain Lafont est le président des entretiens de Valpré, au titre de ses fonctions de responsable des activités temporelles de la Congrégation des Assomptionnistes. Dans cet entretien à Zenit, il décrit le contexte de ce grande rendez-vous annuel au cœur de la France. Zenit - Cela fait six ans qu’ont lieu les entretiens de Valpré à Lyon, des entretiens qui prennent de plus en plus de visibilité. Comment expliquez-vous que ces entretiens séduisent autant ? G. Lafont - Je crois que ce qui séduit les gens c’est cette rencontre entre l’Eglise et la société, mais surtout la société vue du côté du prisme de l’entreprise ; c’est de voir le cardinal Barbarin, cardinal archevêque de Lyon, Primat des gaules, qui a 55 ans, ouvert sur le monde, et pour lequel la rencontre avec les chefs d’entreprise et les dirigeants est quelque chose d’essentiel. Je pense que les personnes sont curieuses de voir comment le cardinal Barbarin débat, écoute, donne des points de vue vis-à-vis des chefs d’entreprise extrêmement connus, puisqu’ils ont en général une aura nationale, voire internationale, ou vis-à-vis de personnes qui ont été des représentants d’organisations syndicales très puissantes comme Nicole Nottat de la CFDT par exemple, ou des chercheurs en médecine, ou en génétique comme le professeur Axel Khan. C’est ça qui intéresse le public. Et puis ils sont également intéressés par nos ateliers qui réunissent entre 20 et 30 personnes, avec deux animateurs chacun, qui font se rencontrer des gens qui ont besoin de raconter leurs expériences et de s’enrichir auprès des autres, dans un climat d’écoute mutuelle et de paix qui touche les gens. Zenit : Pour leur 6eme édition, les Entretiens de Valpré ont choisi cette année de mettre l’accent sur le thème de la performance... ‘La performance à quel prix ?’ Pourquoi ce choix ? G. Lafont - L’année dernière, on avait choisi comme thème : « Parler vrai, un impossible défi ». Nous étions alors en pleine campagne électorale et avions tous été assez perturbés par un manque de simplicité, de vérité, d’un certain nombre de candidats. Et lorsque nous avons commencé à nous réunir, nous sommes très vite tombés sur cette notion de performance. C’était une époque de tensions chez Renault, d’un certain nombre de conflits, la mondialisation, l’importance prise par l’industrie en Chine, en Inde, le fait que les industries européennes étaient sous pression etc. On est très vite arrivé à se dire : Mais au fond, tout ça pourquoi ? Pourquoi être performant ? Zenit : Et on le voit en ce moment avec certains scandales... G. Lafont - Oui, par exemple avec le scandale de l’EADF, ce délit d’initié organisé par une vingtaine ou une trentaine de cadres dirigeants qui ont su avant tout le monde qu’Airbus aurait eu des difficultés et qui ont vendu leurs titres, sachant très bien qu’ils le faisaient parce que leurs titres allaient chuter. Et puis il y a aussi le fameux plan de réduction d’effectifs qui a été lancé par Louis Gallois. Alors, nous nous disons : la performance c’est très bien, mais à quel prix, quand on voit où on en est aujourd’hui. C’est exactement au cœur du débat. Zenit : Est-ce que vous faites une distinction entre la « performance » et la « compétition » ? Et est-ce que performance et compétitivité peuvent aller de pair de façon positive ? G. Lafont - Oui, je pense que la performance est une performance financière et économique, ce qui est indispensable pour l’aspect de la rentabilité et le fait de reconstituer et augmenter des fonds propres pour faire face à un développement, c’est-à-dire pour assurer la pérennité de l’entreprise, son développement et donc l’emploi. En revanche, pour moi, la compétition c’est quelque chose de beaucoup plus positif que la performance. La compétition c’est vraiment être le meilleur ou un des meilleurs, un des leaders dans son segment de marché. Et je pense par exemple que lorsque M. Thierry de la Tour d’Artaise, [Président-directeur général de SEB, ndlr] va nous expliquer qu’il a racheté quasiment une entreprise de la même taille que SEB, en Chine, on est vraiment dans une logique de compétition qui est de tirer le produit par le haut. Et il y a d’autres exemples. Quant à savoir s’il peut y avoir synthèse entre performance et compétitivité, il y a un exemple qui me vient à l’esprit et qui est celui du groupe Michelin : Michelin est le premier pneumaticien mondial. C’est à la fois une des meilleures rentabilités sur le plan des performances financières, technologiques, mais ils ont chez Michelin toute cette dynamique aussi de la compétition pour être les meilleurs, autrement dit tirer les gens par le haut, tirer le centre de recherche par le haut. Pour moi, cela est remarquable. Donc la performance pour la performance, sans la compétition positive qui fait que toutes ces personnes se sentent dans une culture d’entreprise et qu’elles partagent des vraies valeurs, cela n’a pas de sens. C’est d’ailleurs ce que l’on va essayer de traiter dans ces entretiens. La performance, si c’est pour que l’homme se retrouve sur le bas-côté, cela ne vaut pas le coup. Zenit : Les entretiens de Valpré sont rythmés par une douzaine d’ateliers dont un est centré sur « la religion encourage-t-elle la performance » ? En quoi la religion est-elle directement concernée ? G. Lafont - D’abord il ne faut pas oublier que les entretiens de Valpré sont une initiative d’une congrégation religieuse, ce qui n’est pas neutre du tout. Le drapeau, le label des entretiens de Valpré, c’est la Congrégation des Augustins de l’Assomption. C’est important parce que les assomptionnistes sont toujours, par le biais du groupe Bayard presse, qu’ils détiennent depuis 134 ans, ouverts sur le public de jeunes, le public de personnes âgées, le public religieux, donc ils savent parler à des publics très divers et très variés. En organisant cet atelier sur « la religion encourage-t-elle la performance ? », nous sommes au cœur du débat. Qu’on soit chrétien, non chrétien, pratiquant ou non, est-ce que le fait d’être chrétien ou le fait d’être d’une autre religion, est un avantage concurrentiel ? Est-ce que je suis tiré par le haut, est-ce que cela m’aide ou pas ? Zenit : A l’heure de la mondialisation, est-ce que les assomptionnistes ont en projet d’élargir leur initiative au plan national et pourquoi pas au plan international ? G. Lafont - D’abord il faut du temps pour installer une manifestation. C’est très long, très lent. Au bout de six ans on commence vraiment à exister dans le dispositif médiatique. Et puis c’est vrai que le cœur de cette initiative est Valpré, ce centre d’accueil pour les entreprises, les associations, toutes les personnes qui veulent venir se former dans une endroit bien placé à Lyon. Nous sommes physiquement présents à Lyon et que les entretiens aient lieu à Valpré a un sens. Mais les assomptionnistes viennent de prendre la suite de la Congrégation des bénédictins qui avait un centre d’accueil, vraiment le cousin germain de Valpré, tout près de Paris, à Saint Lambert des Bois, mais qui pour différentes raisons n’ont pas pu continuer à assurer le soutien et la visibilité spirituelle et ecclésiale de ce centre. Donc on pourrait très bien imaginer que dans une période à définir on puisse organiser sur Paris des entretiens. Donc oui, la Congrégation des Assomptionnistes souhaite que cette manifestation puisse bénéficier au plus grand nombre. Nous sommes sur une visée nationale et internationale. Zenit : Et vous-même, au plan personnel, dans quel état d’esprit êtes-vous à la sortie de chaque manifestation de Valpré ? Quel est l’élément commun qui ressort de tous ces entretiens et qui vous encourage à leur donner encore plus de visibilité ? G. Lafont - Personnellement, comme président de Valpré, au titre des Assomptionnistes puisque je m’occupe de l’ensemble de leurs affaires sur le plan du temporel, je me sens comblé de faire une offre comme celle que l’on fait à Valpré. C’est-à-dire offrir un produit sur des thématiques où l’on veut approfondir certaines choses en vérité. On peut traiter tous les sujets, sans tabous, mais tout dépend de la manière dont on les traite. Ma très grande satisfaction est de voir qu’il y a une très grande attente, une très grande soif de vérité, une très grande soif du mode opératoire, du mode d’emploi de l’homme. Chaque année nous augmentons en fréquentation, en qualité de prestations. Pour en savoir plus sur le programme des entretiens et sur les inscriptions, cf. : www.entretiensdevalpre.org |