Publié le : 7 octobre 2007 Source :
Les newsExpulsion des Sans papiers à Massy - Communiqué de Mgr DubostSource : http://catholique-evry.cef.fr/ Le tribunal vient d’ordonner l’expulsion du collectif qui occupe par la force l’église Saint-Paul de Massy depuis le 21 avril. Désormais, une église est rendue à sa destination première qui est la prière, et où est respectée la liberté de culte, qui a été bafouée plus de 10 mois en 5 ans dans cette communauté. Certes, le collectif se vante d’avoir autorisé la communauté à célébrer et a largement médiatisé ce fait. Mais il faut savoir que les personnes venant prier dans l’église étaient contrôlées et surveillées. Le climat nous a amenés aussi à renoncer à faire le catéchisme dans l’église. Pour autant, cette décision de justice représente pour moi un échec. C’est toujours un échec de ne pas réussir à s’entendre et nous n’avons pas réussi à le faire. J’ai proposé, au début de l’occupation, et ensuite plusieurs fois, que le collectif abandonne l’église au profit d’une salle. Les « soutiens » ont refusé d’envisager cette solution. Dès le départ, la situation paraissait inextricable. D’une part, la majorité nouvellement élue voulait afficher sa fermeté sur le problème de l’immigration et cette occupation lui en donnait l’occasion ; d’autre part, les « soutiens » des Sans-papiers, étaient dans une attitude du tout ou rien. C’est pourquoi j’ai demandé une expulsion immédiate, puis, ne l’ayant pas obtenue, j’ai pensé qu’il fallait donner du temps pour que toutes les parties puissent se rencontrer et trouver une solution. J’ai moi-même rencontré une délégation de Sans-papiers chaque semaine, je leur ai proposé une salle - proposition qui a été refusée. J’ai accueilli cette délégation à Longpont le 15 août, lors de la fête du diocèse. Un groupe de liaison a été constitué, la communauté a multiplié les contacts. Mais les « soutiens » ont refusé que les paroissiens puissent servir d’intermédiaire avec la préfecture et ont empêché toute rencontre directe avec le Préfet. Ces mêmes « soutiens » ont bloqué la lettre que l’équipe de liaison, qui comptait des Sans-papiers, a envoyée aux Sans-papiers. Très vite, il a été clair que Madame Davy, s’affichant comme déléguée de la C.G.T., ayant préparé l’opération (comme celle d’il y a cinq ans) dans les locaux de son syndicat, cherchait moins à trouver des solutions qu’à faire une opération politique pendant la campagne électorale, puis à la faire durer en attendant une « rentrée chaude ». Dès le départ, sa position maximaliste cachait un souhait d’être présente au journal de vingt heures, expulsée de Saint-Paul par la force publique. C’est pourquoi elle a bloqué toute initiative. Dès le mois de juillet, j’ai informé les Sans-papiers de l’impasse où les conduisait le jusqu’auboutisme de leurs « soutiens », et leur ai dit qu’en l’absence de l’ébauche d’une solution prévisible, je demanderais leur départ à partir du 1er septembre. Je me refuse au pourrissement qui lèse les paroissiens et les voisins : ils ont subi dix mois d’occupation en cinq ans ! Je rappelle que Saint-Paul n’est pas un squat et que les Sans-papiers de Massy ont pour la plupart un logement et un métier. Ils se relaient pour occuper, mais n’habitent pas là. Le problème de l’immigration demeure un vrai problème. Il ne faut pas interpréter l’action judiciaire qui s’achève comme une action contre les Sans-papiers, mais comme une action contre leurs « soutiens ». Pour mémoire, je rappelle que le diocèse abrite et participe à un collectif de Sans-papiers, que le Secours Catholique, voire la conférence Saint-Vincent de Paul, ont une véritable action avec eux pour les accompagner et les loger. Une commission est à leur service et je ne peux qu’encourager chacun à continuer dans ce sens. J’invite tous ceux qui m’ont écrit à rejoindre le chantier. Mais ce chantier ne peut avancer que dans le respect de la loi, même pour ceux qui militent pour le changement de la loi. Il est vrai qu’une action locale ne suffit pas. Une véritable action politique s’impose : et c’est au débat politique de la déterminer et aux électeurs de trancher. L’action demande de la rigueur, de l’honnêteté et le respect des droits de l’homme. Aujourd’hui, je constate que la plupart des politiques pensent qu’il faut réguler les flux migratoires. Il semble hypocrite de le penser et, dans le même temps, de refuser les moyens de la régulation. Ainsi, je pense que faire croire qu’il suffit d’occuper une église pour avoir droit à des papiers conduit à favoriser ce que l’on prétend combattre et, en particulier, la véritable « traite » organisée pour utiliser certains des Sans-papiers. Comme toute l’Eglise, je veux lutter contre ce qui me semble une atteinte aux droits de l’homme : le rapprochement familial est un droit, le refus des tests A.D.N. est un droit. La rapidité de traitement des dossiers est un droit (la préfecture d’Evry n’a que trois fonctionnaires pour traiter de ces questions : ceci a des conséquences inhumaines). La trop grande fréquence des contrôles policiers, le soupçon permanent, ne sont pas acceptables : l’action entreprise à Massy par les Sans-papiers doit interroger le gouvernement sur les limites de sa politique. Dans les critiques qui ont été adressées à l’Eglise, l’Evangile a été beaucoup cité : comment ne pas s’en réjouir ? Puis-je simplement ajouter que l’Evangile demande aussi de réfléchir à ce que l’on fait ? L’amitié sait dire oui, elle sait aussi dire non. On ne bâtit pas une société en demandant de bénir les coups de force. Monseigneur Michel Dubost |