Publié le : 13 juillet 2007 Source : Zenit.org
Les newsP. Cantalamessa : Le Bon SamaritainROME, vendredi 13 juillet 2007 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile du dimanche 15 juillet, proposé par le P. Raniero Cantalamessa, Capucin, prédicateur de la Maison pontificale. Pour mettre Jésus à l’épreuve, un docteur de la Loi lui posa cette question : « Maître, que dois-je faire pour avoir part à la vie éternelle ? » © http://www.aelf.org A cette question, qu’un docteur de la loi lui avait posée, Jésus répond sous forme de parabole. Dans la musique et dans la littérature mondiale, certaines « attaques » sont devenues célèbres. Quatre notes d’une séquence et le connaisseur sait déjà : « Cinquième symphonie de Beethoven : le destin qui frappe à la porte ! ». Beaucoup de paraboles de Jésus ont cette caractéristique-là. « Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho... », et immédiatement, tout le monde comprend : la parabole du Bon Samaritain ! Dans les milieux juifs de l’époque, on discutait [pour savoir] qui devait être considéré comme son prochain par un Israélite. La catégorie des « prochains » comprenait généralement tous les concitoyens et prosélytes, autrement dit les gentils qui avaient adhéré au judaïsme. Dans le choix de ses personnages (un Samaritain portant secours à un Judéen !) Jésus veut nous dire que notre prochain appartient à une catégorie universelle, pas à une catégorie particulière. Il a pour horizon l’homme, non le cercle familial, ethnique ou religieux. Notre prochain c’est aussi l’ennemi ! Car on sait que les Judéens, « ne voulaient rien avoir en commun avec les Samaritains ! » (cf. Jn 4,9). Cette parabole nous enseigne que l’amour du prochain doit être non seulement universel, mais qu’il doit également être concret et factif. Comment le Samaritain de la parabole se comporte-t-il ? Si ce dernier s’était contenté de s’arrêter le long de la route et avait dit à ce pauvre malheureux gisant dans son sang : « Mon pauvre ami, comme je suis désolé ! Comment est-ce arrivé ? et bonne chance ! », ou quelque chose du genre, avant de poursuivre son chemin, tout ceci n’aurait-il pas été une ironie ou une insulte ? Le Samaritain se comporta autrement : « Il s’était approché, avait pansé les plaies de l’homme en y versant de l’huile et du vin ; puis l’avait chargé sur sa propre monture et l’avait conduit dans une auberge pour prendre soin de lui. Le lendemain, il avait sorti deux pièces d’argent, et en les donnant à l’aubergiste, avait dit : « Prends soin de lui ; tout ce que tu auras dépensé en plus, je te le rendrai quand je repasserai ». Toutefois, dans la parabole du Bon Samaritain ce n’est pas tant que Jésus exige un amour universel et concret qui est inédit. La vraie nouveauté, fait remarquer le pape dans son livre, est ailleurs. Après avoir fini de raconter sa parabole, Jésus demanda au docteur de la loi qui lui avait posé la question : « A ton avis, lequel des trois hommes [le lévite, le prêtre, le Samaritain], était le prochain de cet homme tombé dans le piège des bandits ? ». Jésus opère un bouleversement inattendu par rapport au concept traditionnel de « prochain ». Le prochain c’est le Samaritain, pas le blessé, comme on aurait pu le croire. Cela veut dire qu’il ne faut pas attendre passivement que notre prochain tombe sur nous, sa présence signalée parfois à coups de signalisations lumineuses et toutes sirènes déployées. C’est à nous d’être prêts à nous rendre compte qu’il est là, d’être prêts à le découvrir. Le prochain est celui que chacun de nous est appelé à devenir ! Le problème du docteur de la Loi paraît renversé ; d’un problème abstrait et académique, on passe à un problème concret et opérationnel. La question qu’il faut se poser n’est pas : « Qui est mon prochain ? », mais : « De qui puis-je être le prochain, maintenant et ici ? ». Dans son livre, le pape applique la parabole du Bon Samaritain à la situation actuelle. Il assimile tout le continent africain à ce pauvre malheureux, dépouillé, roué de coups, et laissé à moitié mort sur le bord de la route ; et nous, membres des pays riches de l’hémisphère nord, il nous voit sous les traits des deux personnages qui passent leur chemin, parfois même sous les traits des bandits qui l’ont mis dans cet état. Je voudrais parler d’une autre actualisation possible de cette parabole. Je suis convaincu que si Jésus vivait aujourd’hui en Israël et qu’un docteur de la Loi lui demandait à nouveau : « Qui est mon prochain ? » il changerait légèrement sa parabole et à la place du « Samaritain » mettrait un « Palestinien » ! Et si c’était un Palestinien qui l’interrogeait, à la place du Samaritain nous trouverions un Juif ! Mais limiter nos propos à l’Afrique ou au Moyen Orient est trop facile. Si c’était à l’un de nous de demander à Jésus : « Qui est mon prochain ? », que répondrait-il ? Il répondrait certainement que notre prochain n’est pas uniquement notre compatriote, mais aussi l’étranger, non seulement le chrétien mais aussi le musulman, non seulement le catholique mais aussi le protestant. Mais il ajouterait aussitôt que ce n’est pas là la chose la plus importante ; la chose la plus importante n’est pas de savoir qui est mon prochain, mais de voir de qui je peux être le prochain, maintenant et ici ; pour qui je peux être le Bon Samaritain. Innovative Media, Inc. L’accord préalable écrit de l’éditeur est nécessaire pour toute reproduction des informations de ZENIT Zenit.org, 2006. Tous droits réservés - Pour connaitre les modalités d´utilisation vous pouvez consulter : www.zenit.org ou contacter infosfrench@zenit.org - Pour recevoir les news de Zenit par mail vous pouvez cliquer ici |