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 - 8 juin 2025 - Saint Médard
Publié le : 7 juin 2007 Source : Zenit.org
 

 

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L’archevêque de Hambourg : Les pays du G8 doivent tenir leur promesse

ROME, Mercredi 7 juin 2007 (ZENIT.org) – A la veille de l’ouverture du sommet des pays du G8 à Heiligendamm, l’archevêque de Hambourg, Mgr Werner Thissen, a accordé un entretien à Zenit, dans lequel il réaffirme le devoir direct des citoyens, en tant qu’électeurs et consommateurs, de solliciter les pays industrialisés à tenir la promesse qu’ils ont faite de réduire la pauvreté dans le monde.

« Tout le monde peut faire du bien », a souligné l’archevêque de Hambourg qui dirige la Commission pour « Misereor » de la Conférence épiscopale allemande. Il y a quelques semaines le prélat était allé rencontrer, avec d’autres évêques et cardinaux provenant du monde entier, mais surtout d’Afrique et d’Amérique Latine, des personnalités de la sphère politique européenne affirmant qu’il est nécessaire et urgent de prendre des mesures plus concrètes et plus efficaces.

Cette initiative entrait dans le cadre de la campagne internationale « Make Aid Work. The World Cant’t Wait » (Faites fonctionner les aides. Le monde ne peut attendre) qui a culminé avec une rencontre avec le pape Benoît XVI à Rome.

ZENIT – Excellence, le pape estime que la lutte contre la pauvreté, au niveau mondial, mais surtout l’aide aux pays africains, doit être une priorité de la politique internationale. Que pensez-vous, à ce sujet, des efforts et des mesures qui sont prises par les pays industrialisés ? Et qu’attendez-vous du prochain sommet des pays du G8 a Heiligendamm ?

Mgr Thissen - Les pays industrialisés et en particulier les gouvernements des pays du G8 ont une responsabilité particulière au niveau du développement humain à l’échelle mondiale. Tout d’abord parce qu’ils disposent de moyens bien plus grands pour lutter contre le scandale de la pauvreté et de la faim dans notre monde ; deuxièmement parce que la plupart de leurs décisions, concernant par exemple le commerce mondial et l’annulation de la dette, ont des conséquences directes sur les conditions de vie des populations du sud.

Les gouvernements des pays industrialisés dits ‘riches’ doivent prendre cette responsabilité sans avancer des « oui, mais.. ». Cela signifie que, dans le cadre de leur prochain sommet, les pays du G8, doivent tenir leurs promesses en matière de lutte contre la pauvreté et doivent montrer, par des programmes annuels, comment ils comptent atteindre leur objectif individuel de consacrer 0,51% de leur Revenu Intérieur Brut au développement d’ici 2010.

Ils doivent par ailleurs trouver des solutions équitables et favorables à un allégement du poids de la dette des pays les plus pauvres. Ils doivent agir au plan intérieur afin que la corruption ne nuise plus aux efforts qui sont menés en faveur du développement et contre la pauvreté. Dans ce contexte, il est fort regrettable que la moitié des pays du G8, dont l’Allemagne d’ailleurs, n’ait pas encore ratifié la Convention des Nations unies pour la lutte contre la corruption.

Zenit - Pouvez-vous nous décrire concrètement certaines situations, certains problèmes, qui affligent le continent africain ?

Mgr Thissen - Lors de mes voyages, dans le cadre des activités de notre organisme catholique d’aide au développement « Misereor », je suis sans cesse confronté à la pauvreté, souvent inimaginable, des pays du sud. On retrouve souvent les mêmes problèmes : hommes et femmes, mais surtout les enfants, meurent de maladies banales, tout simplement parce qu’ils n’ont pas accès à l’eau potable ; paysans et pêcheurs n’arrivent plus à nourrir leurs familles et sont obligés d’aller s’installer dans les bidonvilles à la périphérie des grandes villes ; et l’insuffisance du nombre d’écoles et le manque de formation ne font qu’enfermer les gens dans cette spirale de pauvreté.

Mais l’Afrique souffre d’autres graves problèmes comme le virus du SIDA : dans certaines régions, il n’existe pas de familles, ou presque, qui n’aient pas déjà souffert de la perte d’un ou de plusieurs de leurs membres à cause de cette maladie. L’autre catastrophe humaine : les conflits qui sont violents et nombreux. Et penser que c’est la richesse de l’Afrique en matières premières qui est le premier facteur, le premier vecteur de ces conflits. C’est absolument dramatique. Au lieu d’être une bénédiction pour la population, cette richesse est devenue une vraie malédiction.

Zenit - Comment chaque personne peut-elle aider l’Afrique et soulager ses habitants du poids de leur misère ?

Mgr Thissen - Il y a beaucoup de possibilités. Une possibilité consiste à soutenir des personnes par le biais d’œuvres d’assistance comme « Misereor ». Nous devons en outre continuer à demander aux hommes politiques, ceux-là mêmes que nous avons choisis, ce qu’ils font concrètement pour faire face à leur responsabilité.

La première semaine de mai, je me suis rendu avec un groupe d’évêques du sud et des pays du G8 à Berlin et à Rome. Nous avons parlé avec les gouvernements de ce qu’ils peuvent faire pour lutter plus efficacement contre la pauvreté et pour une globalisation plus équitable. Pour cela il n’est pas nécessaire d’être évêque. Chacun peut, par exemple, le demander à un député de son collège électoral.

Une autre manière d’aider au développement est de changer notre mode de vie. Nos commodités et notre confort ont leur part de responsabilité quant à l’injustice des conditions commerciales et quant aux dégâts écologiques dont les pays africains sont victimes. Dans ce cas-là aussi, chaque personne peut faire beaucoup.

Zenit - Comment peut-on être épargné par les influences « néfastes » de notre société qui, interminablement, nous incitent à la surconsommation de marchandises souvent inutiles et aux formes les plus diverses de divertissement, et mener ainsi une vie plus simple, où il y aurait également de l’espace pour l’aide aux nécessiteux ?

Mgr Thissen - Prémisse fondamentale : chacun de nous doit se rendre compte de ce qui est vraiment important dans sa vie.

Notre société de consommation est une société basée sur des réflexes et des impulsions, habituée à décider rapidement sans se poser mille problèmes. Nous parlons-là de décisions rapides qui sont prises au moment d’acheter. Peu nous importe de savoir si les objets que nous achetons seront vraiment utilisés ou s’ils se retrouveront très vite entassés dans un coin ou jetés à la poubelle. Pouvoir (ou devoir) avoir tout rapidement et à bon marché déprécie les objets. Paradoxalement, au lieu de se sentir gratifier on sent monter en nous comme un grand vide. En revanche, ce qui est utile, c’est de faire attention à ce qui est vraiment important – et donc la disponibilité de renoncer aux autres choses. Cette attention demande un exercice. Chaque année dans l’Eglise nous célébrons le Carême. La prière aussi peut être un exercice utile pour reconnaître l’essentiel.

Zenit – Quelles possibilités de succès l’appel du pape aux pays industrialisé , à Angela Merkel et à ses efforts dans le cadre de la campagne « Make Aid Work. The World Cant’t Wait » a-t-il ? Qu’est-ce qui est nécessaire ? Un renversement de tendance ou un changement d’opinion afin que la lutte contre la pauvreté devienne réellement une priorité de la politique internationale ?

Mgr Thissen - Ceci est, du moins en partie, un problème précis de mentalité. Pour nous, beaucoup de choses sont devenues normales. Comme par exemple nous permettre tant de choses au détriment d’autres personnes dans d’autres régions du monde ou au détriment des générations futures. C’est le cas par exemple de la consommation d’énergie ou de produits qui sont fabriqués dans des conditions d’exploitation extrême.

D’un autre côté, beaucoup sont conscients aujourd’hui (et des hommes politiques aussi) qu’il ne peut y avoir de bien-être et de paix tant qu’une large partie de l’humanité se sentira exclue.

Il est donc important que les citoyens fassent entendre leurs voix en tant qu’électeurs et consommateurs. Et notre délégation d’évêques, aux côtés du pape, veut offrir sa part de contribution. Nos demandes ont reçu jusqu’ici plus de 50.000 signatures . D’autres initiatives du genre sont en cours ailleurs. J’ai vraiment confiance que nos voix seront écoutées.



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