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 - 22 avril 2024 - Saint Léonide
Publié le : 21 février 2007 Source : Le Figaro
 
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Le jeûne prend un nouvel élan chez les catholiques.

« TOUTE la communauté est volontaire pour jeûner ! » Un drôle de défi pour ces moniales cisterciennes de l’abbaye d’Échourgnac, en Dordogne, plus connues pour leur production annuelle de fromage que pour leur pratique de l’ascèse.

C’était sans compter sur une vingtaine de retraitants accueillis à l’abbaye pour une semaine, qui viennent de leur faire découvrir que la pratique du jeûne a le vent en poupe et que l’expérience mérite d’être tentée.

Cette tradition millénaire a été presque perdue chez les catholiques, en raison de règles ayant perdu leur signification profonde. Certains associent encore vaguement le vendredi au poisson, d’autres se souviennent du « bol de riz du mercredi pour les enfants de l’Éthiopie ». Par ailleurs, les monastères, comme l’explique soeur Marie-Véronique, à l’hôtellerie d’Échourgnac, « ont cherché à se débarrasser d’un ascétisme exagéré, hérité du passé ».

Pourtant, des jésuites, des communautés nouvelles comme celles du Chemin Neuf, des prêtres et des laïcs ont emprunté un chemin de crête, entre vertus thérapeutiques et vertus spirituelles, et proposent des expériences de jeûne sur plusieurs jours. Un renouveau discret mais réel, confirmé par une passionnante enquête sur le jeûne * destinée au grand public et tout juste publiée.

Lacher prise

Le père Jean-Luc Souveton, artisan de ce renouveau, termine aujourd’hui, mercredi des Cendres et premier jour du carême, cette retraite à Échourgnac en compagnie d’une vingtaine de chrétiens plus ou moins pratiquants.

Prêtre du diocèse de Saint-Étienne, il anime depuis six ans, et quatre fois par an, ces semaines au cours desquelles, après avoir limité leur alimentation dans les semaines précédentes, les participants ne touchent à aucune nourriture solide. Le père Souveton affirme faire le plein de retraitants, systématiquement. « Dans notre société, dit-il, les gens sont gavés de nourriture, d’informations, de biens, de voyages et d’images, comme de relations superficielles. Ils n’ont plus d’espace disponible dans leur vie pour accueillir ce qu’ils cherchent réellement. » « Le jeûne permet d’ouvrir une brèche, de mettre en lumière des difficultés occultées par ce trop-plein », explique le prêtre rompu à la méthode Vitoz et qui utilise, pour le jeûne, celle d’un Allemand précurseur, Otto Büchinger.

Habituée de ces retraites, Nelly Paradis a été sujette à quelques troubles physiques la première année. Elle a passé outre et elle dit avoir appris à « lâcher prise sur son corps et son esprit ». « Le jeûne permet la rencontre avec les autres et avec le divin », soutient-elle.

« Il faut que l’Église apprenne à répondre à ces demandes pour ne pas laisser partir les fidèles n’importe où », confirme de son côté le père Emmanuel Dumont, curé dans les Hauts-de-Seine, membre de la communauté de l’Emmanuel. Pour la première fois, il propose une semaine de jeûne à ses paroissiens, suivie par un médecin. Une vingtaine de fidèles vont se lancer, « peut-être interpellés par le ramadan, mais surtout désireux de rompre avec la société de consommation et de vivre autrement leur temps de carême ».

* Jean-Claude Noyé, Le Grand Livre du jeûne, éd. Albin Michel.

Auteur : Sophie de Ravinel / Le figaro


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