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 - 22 avril 2024 - Saint Léonide
Publié le : 22 septembre 2006 Source : Catholique.org
 
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Trois catholiques exécutés en Indonésie : « Vous nous avez amené au silence »

Dernières déclarations : le père Jimmy Tumbelaka, accompagnateur spirituel des trois catholiques exécutés confie sa douleur d’avoir été empêché par le procureur de donner les derniers sacrements aux condamnés et de célébrer une eucharistie avec eux.

Les condamnés s’étaient également vu refusés de recevoir le sacrement de la réconciliation.

Il s’agit de la part des autorités d’un dernier manque lourd aux droits des condamnés, le système judiciaire indonésien prévoyant que soient réalisées « dans la mesure du possible » les dernières volontés des condamnés.

L’aumônier n’avait pu célébrer une messe à l’extérieur qu’avec les familles des condamnés, des paysans désargentés de la région de Palu.

Le procureur s’oppose également à l’inhumation des corps à la cathédrale de Palu comme le souhaite la communauté catholique.

Les trois catholiques avaient déclarés peu de temps avant leur exécution : « nos mains sont innocentes, la loi est contre nous, pendant des années nous avons essayé de montrer la vérité, mais ils nous ont amené au silence. »


L’exécution vient comme une fin tragique à un long feuilleton qui a opposé la petite minorité chrétienne du pays (5%), soutenue par une partie des intellectuels, d’ONG et de médias allant jusqu’à parler de boucs émissaires, aux quelque 210 millions de musulmans.

Leur condamnation risque de faire basculer l’Indonésie dans l’islam le plus radical alors que, jusqu’à aujourd’hui, les prêcheurs de type salafiste avaient échoué à imposer la charia.

Jakarta a déployé plus de 4 000 policiers dans cette île, la quatrième du pays sachant que les gages qu’elle donnait à sa frange islamiste allait faire resurgir les tensions intercommunautaires.

Les trois hommes exécutés ont été présentés comme ayant encouragé des violences contre des musulmans.

Lors des débats, la défense a vivement contesté les faits. Selon leur avocat, Stefanus Roy Rening, les condamnés, des paysans pauvres et quasi analphabètes, ne présentent pas le profil de « cerveaux ». Ils ont de plus toujours nié les faits qui leur sont reprochés. L’organisation Amnesty International a dit « craindre que ces trois hommes n’aient pas bénéficié d’un procès équitable ».

Ces arguments n’ont pas plus été entendus que les appels à la clémence lancés par les diplomates et Benoît XVI. Le président indonésien, Susilo Bambang Yudhoyono, est resté inflexible.

Les extrémistes musulmans ont fait de la mort des trois malheureux une question de principe. Des manifestations ont même été organisées pour hâter leur exécution. Malgré les accords de paix signés à Sulawesi (l’autre nom des Célèbes) en 2001, les violences religieuses n’ont pas cessé, et les meurtres de chrétiens y sont récurrents. « Certains responsables gouvernementaux estiment que (...) si vous offrez à la communauté musulmane l’exécution de ces hommes, alors soudainement le sentiment d’injustice prendra fin », analyse Sidney Jones, spécialiste de l’islamisme en Indonésie.

Dans un communiqué diffusé quelques heures avant l’exécution, l’AED (Aide à l’Église en Détresse) précisait que l’évêque de Fabianus Tibo (60 ans), Marinus Riwu (48 ans) et Dominggus da Silva (42 ans), Mgr Suwatan, continuait « de prier pour un miracle ».

L’AED rappelle que la date de leur exécution a été repoussée à plusieurs reprises, le pape Benoît XVI lui-même ayant lancé un appel à la clémence les concernant.
Interrogé en Indonésie le 20 septembre, Mgr Suwatan a expliqué, toujours selon l’AED, qu’il y avait de sérieux motifs pour faire appel contre leur condamnation, et qu’on ne pouvait pas les ignorer. Il a souligné que des témoins ont apporté de nouvelles preuves qui rétrospectivement fournissaient un alibi aux accusés et a fait remarquer qu’aux yeux de la loi cela suffisait à justifier la clémence dans certains cas.

Selon Mgr Suwatan, les autorités ont avancé la date de l’exécution principalement pour mettre un terme à cette affaire avant que commence le Ramadan. Pendant ce temps, dans toute l’Indonésie, les chaînes de prières et les protestations se sont succédé, réclamant l’ajournement de l’exécution.

De ombreux prêtres, y compris le père Jimmy Tumbelaka, guide spirituel des trois condamnés, s’étaient réunis dans l’église de Sainte Marie au centre de Palu pour prier, en présence de plusieurs milliers de fidèles.

Le Vatican à immédiatement réagi dans un communiqué : "C’est une nouvelle très triste et très douleureuse. Chaque fois qu’une peine de mort est exécutée, cela représente une défaite pour l’humanité (..) Nous sommes désolés car les efforts de diverses organisations, dont Sant’Egidio, n’ont pas eu de succès. Même le pape était intervenu avec un appel " quelques heures avant l’éxecution.

Vendredi des centaines de chrétiens d’Indonésie ont laissé éclater leur colère dans l’est de l’archipel quelques heures après l’exécution controversée.
Dans la localité d’Atambua, située dans la partie occidentale de l’île de Timor, les protestaires ont brisé des vitres à coups de pierres et incendié les bureaux du procureur général.

Selon la radio Elshinta des dignitaires religieux dont le père Aloysius Kosat et le révérend Gabriel Manek Amteme ont appelé les manifestants au calme.
"Actuellement, environ 1.000 personnes ont été conduites vers un champ pour écouter l’évêque", a déclaré Dedy Warat. "Il y a eu des victimes mais nous ne savons pas encore combien et quel est leur état", a-t-il ajouté.

Sources :

Zenit, AED, Le Salon Beige, le Figaro, Kath.net

Contacts de l’ambassade d’Indonésie en France :

kons@amb-indonesie.fr
Tél. : 01 45 03 81


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