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 - 22 avril 2024 - Saint Léonide
Publié le : 10 novembre 2005 Source :
 

 

L’Eglise dans l’Histoire

Interview : au delà du film " Amen ", quelle vérité historique sur l’attitude de l’Eglise durant la seconde guerre mondiale ?

L’Affiche.

L’affiche du film est inacceptable, parce que c’est la Croix du Christ qui est assimilée à la croix gammée. Costa-Gavras cherche à créer le scandale parce que cela lui assure une très bonne publicité..

La thèse du film.

Il est bon de s’interroger sur ce film J’en parle à partir de comptes-rendus de personnes qui l’ont vu et qui sont des historiens, des hommes pondérés.

La thèse, c’est que l’Eglise catholique, et Pie XII en particulier, encore qu’il soit moins présent dans le film qu’on le dit, se seraient tus à propos du nazisme et laissé cette idéologie se développer.

Ensuite, elle n’aurait rien fait pendant la Seconde Guerre Mondiale pour venir en aide aux juifs. Et pourquoi n’aurait-ils rien fait ? Parce qu’il redoutait plus le Bolchevisme que le nazisme et qu’entre deux maux il faut choisir le moindre. C’est un mensonge : nous avons les déclarations de Pie XII sur le sujet et nous savons qu’il n’a jamais mis sur les plateaux d’une même balance ces deux idéologies.

Catholicisme et nazisme.

L’idéologie nazie était violemment anti-chrétienne. Hitler vouait une haine au peuple juif parce qu’il était porteur d’un message spirituel l’opposé à sa volonté de dominer les cœurs et les esprits. cette haine se doublait d’une haine effroyable des chrétiens. Il l’a clairement dit à plusieurs reprises et il l’a montré à travers ses actes. Je ne cite qu’un texte, qui n’est pas d’Hitler lui-même, mais de Rosenberg, l’un des théoriciens du nazisme : " Le catholicisme est, à coté du judaïsme, le second système d’éducation d’espèce étrangère qui doit être vaincu physiquement et spirituellement si un peuple allemand conscient de l’honneur et une véritable culture nationale doivent naître un jour. "

Le concordat avec l’Allemagne.

Un concordat qu’est-ce que c’est ? C’est un accord juridique qui peut représenter un utile moyen de pression. Ce n’était nullement l’approbation d’un régime Pie XII, qui n’était encore que le cardinal Pacelli, était intervenu dans la rédaction de ce concordat qui sera signé en 1933. Il a dit à plusieurs reprises qu’il détestait le nazisme, mais qu’il fallait signer un accord pour exercer une pression. Sinon, on n’avait aucun moyen juridique de réclamer quoi que ce soit.

Il faut rappeler que lors des élections qui ont porté le Nazisme au pouvoir, les landers à majorité catholique ont donné moins de trente pour cent des voix aux nazis. C’est un détail significatif. Du coté catholique on percevait la nocivité de cette idéologie païenne.

L’action de Pie XI.

En 1937 le pape Pie XI a élevé une voix dénonçant les horreurs du nazisme. Il a écrit une encyclique, intitulée " Avec un souci brûlant ". Qui a été le principal rédacteur, avec deux autres ? Le cardinal Pacelli, futur Pie XII en 1939. Cette encyclique a mis en fureur les nazis. Et il y avait de quoi les mettre en fureur car elle dénonce le caractère inhumain de cette idéologie.

On peut se poser la question : à la mememême époque, pourquoi les démocraties se sont-elles aplaties devant Hitler comme elles l’ont fait ? Préparant par-là, par leur lâcheté, leurs accommodements, la domination nazie. Comment ce fait-il que les démocraties se soient tues et donnent aujourd’hui des leçons ?

L’action de Pie XII.

En 1939, le cardinal Pacelli est élu pape. Dès sa première lettre pastorale, il va demander avec insistance que la paix soit sauvegardée. La guerre a été déclarée. Pie XII, qui recevait quelques informations sur ce qui se passait en Allemagne, a cherché à agir. Mais ce n’est pas facile. Elever la voix, c’est très bien, mais si ce que vous dites provoque des représailles contre ceux que vous voulez défendre, est-ce vraiment les défendre ? Est-ce qu’il n’y a pas d’autres moyens pour les défendre ? Pie XII reviendra souvent sur le sujet en disant qu’il cherchait le meilleur moyen pour défendre le peuple juif. Il n’a pas manqué de les trouver. Après la guerre le grand rabbin de Rome est venu le remercier pour tout ce qu’il avait fait concrètement en faveur des juifs de Rome : il en a sauvé plusieurs milliers. Golda Meir, premier ministre d’Israël, est venue remercier le pape pour tout ce qu’il avait fait pour le peuple juif dans le monde.

Les évêques de Hollande ont, en pleine guerre mondiale, adressé une lettre à leurs fidèles dénonçant les excès des nazis. Dans les vingt-quatre heures tous les juifs de Hollande, ou presque, ont été déportés. C’est l’une des raisons pour lesquelles Pie XII n’a pas voulu faire de déclarations intempestives. En revanche, il a agi. Il a aussi parlé. Il suffit de réécouter les radio-messages, en particulier celui de Noël 1942 pour se rendre compte qu’il parlait haut et fort, justement à propos du peuple juif. Mais il parlait de telle manière que sa parole soit efficace et n’entraîne pas de nouvelles représailles.

Je pose aussi la question : qu’ont fait les démocraties occidentales en guerre pour le peuple juif ? Qu’a fait Roosevelt ? il était informé. Qu’a fait Churchill ? Evidemment, ils étaient en guerre et l’Allemagne était considérée comme l’adversaire à abattre, mais qu’ont-ils fait concrètement face au drame du peuple juif ? Comment est-ce qu’ils ont aidé les juifs ?

Pourquoi ce film ?

C’est pourquoi le film de Costa-Gavras est loin de la vérité historique. D’ailleurs, l’auteur dit : " C’est mon opinion ". Et il s’est fondé sur quoi pour bâtir cette opinion ? A-t-il consulté les archives, entre autres celles du Saint-Siège qui ont été publiées par un jésuite, le P. Pierre Blet ? Non il ne les connaît pas. Il le dit ouvertement dans l’une de ses interviews.
Bien-sur, pendant la deuxième guerre mondiale, tous les catholiques n’ont pas été exemplaires. C’est vrai, il y a eut des trahisons. Mais est-ce bien respecter la vérité historique que d’affirmer que l’Eglise catholique a été complice par son silence et sa lâcheté d’un régime qui voulait la destruction de l’Eglise ? C’est une thèse absurde et pénible.

Les silences d’aujourd’hui.

D’autres drames se sont déroulés depuis et continuent de se produire. Le courage que l’on réclame de Pie XII, et qu’à mon avis il a eut, l’avons-nous face aux drames contemporains ? Ne sommes-nous pas silencieux ? Trop silencieux ? Toujours avec des arguments qui après nous paraissent scandaleux. En 1975, le Journal " Le Monde " avait envoyé un journaliste au Cambodge. Relisez les articles de cet envoyé spécial qui expliquait que les Khmers rouges avaient libéré un peuple qui attendait leur venue, lisez les articles de ce journal qui pendant de longs mois soutenait que les Khmers rouges avaient apporté plus de justice et de paix, lisez les articles de ce journal qui a gardé un si lourd silence sur les atrocités commises par les Khmers rouges. Je pense que ce journal, si prisé, devrait faire repentance.


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