Publié le : 22 mars 2006 Source :
A l’affiche7 conseils pour devenir un saintOn imagine parfois que la sainteté est un idéal lointain, inaccessible, bien au-delà de nos petites vies ordinaires. Pourtant rien ne pourrait être plus faux. La preuve : le premier saint connu de l’histoire était un vulgaire bandit, crucifié aux côtés de Jésus, et que quelques textes apocryphes décrivent comme un criminel notoire. Comment est-il devenu saint ? Sur la croix, il s’est repenti de ses crimes :« Pour nous, c’est justice, nous payons nos actes ; mais lui n’a rien fait de mal » (Lc 23,41) et, peu de temps avant de mourir, il s’est tourné avec un dernier geste d’espérance vers le Christ « Jésus, souviens-toi de moi, lorsque tu viendras avec ton royaume » (Lc 23,42). Jésus lui répondit alors : « En vérité, je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis » (Lc 23,43). Le larron que la tradition a qualifié de bon est donc le premier saint de l’histoire de l’Eglise. Notez bien : Le Paradis a été ouvert par un bandit ! Cela pour nous rappeler que l’Eglise du Christ n’est pas une Eglise de purs et que la justice des hommes est bien différente de celle de ce Dieu qui veut être appelé « Notre Père » (Mt 6,9). Car la sainteté ne s’obtient pas par les biceps. Fondamentalement, elle dépend même plus de Dieu que de nous. C’est un cadeau qui nous est donné, gratuitement. Il ne s’agit pas de se convaincre d’une doctrine ou de réaliser des œuvres caritatives en abondance, mais tout simplement d’aimer Dieu, parce qu’il nous a aimés le premier. Alors, comment peux-tu devenir un saint ? Voici une réponse concrète en sept points, inspirée des plus grands maîtres de vie spirituelle : 1- Ne doute jamais de l’amour de Dieu ! Le récit de la Genèse raconte que nos premiers parents, après avoir croqué du fruit défendu, eurent « peur » (Gn 3, 10). Voilà la pire conséquence du péché : croire que Dieu nous juge et ne nous pardonnera pas. Cependant, cette peur est complètement irrationnelle : la foi nous enseigne en effet que Dieu n’est qu’amour. Quand bien même tu aurais fait des crimes très graves, souviens-toi toujours que l’amour de Dieu n’a pas de limites et qu’il n’est jamais trop tard pour se tourner vers lui. Il faut savoir rester ferme devant le doute : comme pour le vertige en montagne, l’existence du mal dans le monde ne doit pas te faire trembler. On t’enseignera comme des vérités absolues des choses qui pourront semer le doute dans ton coeur : que l’évolution est dûe au hasard, que le péché originel est un mythe et rien de plus, que la religion est la source de toute intolérance, etc. Devant ces affirmations, garde courage et fais confiance à l’enseignement de l’Eglise : Dieu a créé l’homme bon. C’est par le péché du premier couple humain que la mort, la souffrance et le mal se sont introduits dans le monde. Quant aux crimes soi-disant si nombreux commis par les religions, rappelle-toi que les ennemis de l’Eglise prennent plaisir à déformer à volonté l’histoire, afin de faire rougir les chrétiens de leur passé alors qu’ils devraient en être les plus fiers. Si tu regardes de trop près un point noir sur un tableau blanc, tu peux finir par ne plus voir que ce point noir. Mais ce n’est pas un regard très juste... De même, prends garde à toute la presse à sensation qui se complait dans la peinture des dépravations les plus vulgaires des hommes. Le regard du saint est avant tout un regard positif, plein d’amour et d’admiration, qui sait voir en chaque créature le reflet du Créateur. En vingt minutes d’information quotidienne, tu peux croire que le monde n’est que guerre et désolation. Ne t’enferme pas dans un piège que tu te construis toi-même : le monde est beaucoup plus beau que tu ne le crois : sors de chez toi et pars à sa rencontre ! 2- Mets-toi à l’écoute de Dieu ! Ne cherche pas à monter vers Dieu. Laisse Dieu descendre vers toi. Tu es petit : à peine une poussière devant son infinie grandeur et ta vie n’est pas plus longue qu’un battement de paupières comparée à l’éternité divine. N’aies donc pas peur du silence et considère le recueillement comme une condition nécessaire à l’épanouissement de ton âme. Dieu respecte toujours ta liberté et n’entre que dans un coeur qui s’apprête à le recevoir. Il ne s’impose pas, mais se laisse désirer. Ne dit-on pas que le verbe “aimer” ne supporte pas l’impératif ? Prépare ton âme à recevoir sa présence. Le prophète Elie cherchait la présence de Dieu dans les éléments. Mais il ne la trouva point : ni dans la tempête, ni dans le tremblement de terre, ni dans le feu. Jusqu’à ce qu’il la rencontre finalement dans une brise légère (1 R 19, 12). La présence de Dieu est discrète et silencieuse. Et c’est ainsi que Dieu se manifestera à toi, si tu sais le rechercher avec patience. La sainteté n’est pas une ascension, mais une descente à l’intérieur de soi. C’est là que Dieu se laisse rencontrer. Le monde attire avec ses lumières illusoires les hommes sur des chemins de traverse qui les éloignent de la véritable lumière. Mais il ne peut parvenir à étancher la soif des hommes. Il t’apportera peut-être des joies passagères, mais ne pourra jamais te combler. Parce qu’on n’arrose pas les plantes avec du pétrole, tu dois protéger ton âme. Veille à la pureté de ton coeur comme à la prunelle de tes yeux. Ne laisse pas le voleur pénétrer dans ta maison et te voler la paix intérieure qui est le don le plus précieux de l’Esprit Saint. Comment Dieu pourra venir à ta rencontre si ton coeur est divisé, si ton esprit est ailleurs, si ton âme est dans la tempête ? 3- Prépare ton âme à recevoir ton Créateur Pour devenir un saint, tu dois d’abord faire de ton âme une terre fertile et accueillante. L’âme superbe est répugnante à Dieu car c’est une âme qui se croit déjà parfaite. Que fera Dieu avec elle ? Ainsi, la grâce de Dieu ne peut irriguer le coeur de l’orgueilleux. Comme l’eau et l’huile se touchent sans jamais se mélanger, de même Dieu ne peut pénétrer en elle. Le principe des vases communiquant si bien exprimé par Jean le Baptiste est la raison de toute démarche spirituelle profonde : « Il faut que lui grandisse et que moi je décroisse » (Jn 3,30). Cultive l’humilité en ne recherchant jamais les honneurs ou les compliments. Mets toute ta vie au service des autres et considère toujours ton prochain avec admiration. Offre ton sourire aux autres, car ton visage ne t’appartient pas. Prends toujours la dernière place. A table, lorsqu’on te tend le plat, choisis le morceau qui te semble le moins bon. Laisse le meilleur pour les autres. Dans les conversations, n’impose pas tes idées. Ecoute les autres et admire avec simplicité les pensées de tes frères. Ne te mets jamais en colère. Fais attention à ne jamais blesser ou juger ton prochain. Apprends à pardonner à ceux qui t’ont offensé. Parle toujours en bien, évite comme la peste les médisances et les calomnies. Regarde d’abord tes propres faiblesses, avant de voir celles de tes voisins. Et si un jour on te blesse ou on t’insulte gravement, répète aussi souvent que tu le peux cette phrase dans ton coeur : « Tu as plus de valeur que le mal que tu m’as fait ». Car ainsi tu apprendras à voir tes frères avec les yeux de Dieu. Le meilleur remède contre l’orgueil, c’est la louange. Vois en toute chose la présence de Dieu. Remercie le sans cesse pour tous ses dons. Même dans les difficultés, rappelle-toi toujours combien l’amour de Dieu surpasse tout. Dieu est amour : Que cette simple vérité soit enracinée au plus profond de ton coeur et te serve de guide tout au long de la vie. Ainsi, regarde toujours ce que la Providence t’apporte plutôt que ce qu’elle ne t’apporte pas. Il y a des gens qui voient le verre à moitié plein, d’autres à moitié vide. Que ton cœur soit toujours dirigé vers tous les dons que Dieu ne cesse de déverser en toi ! 4- Donne la meilleure part pour le Bon Dieu ! Sois généreux avec Dieu comme Dieu a été généreux avec toi. Ne lui laisse pas les restes... mais offre-lui toujours la meilleure part. « Dieu est un dieu jaloux » (Ex 34, 14) car Il te veut entièrement pour Lui, sans partage. N’aies donc pas peur d’être généreux avec Dieu et de l’aimer comme Il le mérite. « Celui qui garde sa vie la perdra. Celui qui donne sa vie la gagnera. » (Mt 10,39). Tu as tout à gagner à t’abandonner à la Volonté de Dieu. Dieu ne nous prend pas notre liberté, il lui donne son sens le plus profond. Rappelle-toi du jour où Pierre est sorti de sa barque et a marché sur les eaux. Contre toute logique, il a préféré croire en Jésus plutôt qu’en lui-même. Et Jésus l’a récompensé. Toi aussi tu peux faire ce pas hors du bateau. Le maître est là, devant toi, il marche sur les eaux... marcheras-tu avec lui hors du confort tranquille de ta petite vie ? L’abandon à Dieu peut exiger un certain nombre de renoncements. Cela fait partie du jeu. Dans le choix, s’expriment toute notre liberté, mais aussi notre amour envers Dieu. Il arrive souvent que nous acceptions le Christ dans notre vie, mais à la troisième ou quatrième place. Nous acceptons qu’il monte dans notre voiture. Mais s’il commence à nous demander de lui laisser le volant, nous le prions bien vite de descendre. Bienheureux es-tu si tu places Dieu à la première place dans ta vie ! 5- Fais-toi accompagner par un bon guide Serais-tu assez sot pour te lancer à l’assaut de l’Everest sans te faire accompagner d’un guide expert ? Je ne le crois pas. Il y a des fous qui pensent toujours pouvoir tout faire tout seul. Ils s’entraînent toute l’année, s’achètent les meilleurs équipements, etc. Mais voilà que ces jeunes écervelés découvrent la montagne et ses dangers inattendus... L’orgueil nous pousse souvent à avoir trop confiance en nous-même, à nous reposer sur nos propres capacités. La plus grande misère d’un homme, disait Sainte Thérèse d’Avila, est de ne pas avoir un père spirituel. Note bien : elle n’a pas dit que c’était de ne pas avoir l’Eucharistie, le baptême ou la confession... Dans la vie spirituelle, il en va de même que dans la haute montagne. Arrivé à une certaine altitude, le guide devient indispensable. Tous les sacrements ne serviraient à rien si tu n’avais pas quelqu’un pour t’apprendre à les recevoir correctement et t’aider à les rendre fructueux. Tes rencontres avec ton père spirituel resteraient stériles si elles n’aboutissaient pas à une résolution concrète, un désir renouvelé de conversion, un choix fondamental d’opter pour suivre le Christ de plus près. C’est pourquoi, il faut que tu établisses un plan de travail, un programme de vie... où l’objet ne consistera plus à comptabiliser tes biens et à établir un plan de carrière, mais à travailler sur ton être même. Tu te mettras alors dans une perspective très intéressante : celle d’apprendre à aimer Dieu, de plus en plus. 6- Chemine en groupe vers la sainteté ! Il est bon, presque nécessaire, d’avoir une attache spirituelle. Dans le monde dans lequel nous vivons, matérialiste et hédoniste jusqu’à l’extrême, nous pouvons facilement nous endormir sous l’effet du gaz soporifique que nous distille généreusement la société de consommation. C’est pourquoi, avant de te laisser hypnotiser et asphyxier par le chant des sirènes, donne-toi les moyens de persévérer. Le Christ lui-même nous a dit « Que deux ou trois, en effet, soient réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux. » (Mt 18,20). Le soutien moral d’une communauté est un moyen nécessaire pour progresser dans la vie spirituelle : ne le sous-estime pas ! Mais qu’est-ce qu’une attache spirituelle, au fait ? C’est un groupe d’amis qui désirent approfondir ensemble leur foi et s’encourager mutuellement à rechercher la sainteté. Cela peut se faire à travers une assemblée de prière, une adoration, un partage d’Evangile, un enseignement, un apostolat... Cette rencontre doit devenir pour toi un rendez-vous incontournable. C’est ton moment de respiration spirituelle qui te donnera la force de parcourir la grisaille quotidienne avec la joie propre aux enfants de Dieu. Ton attache spirituelle sera pour toi un point de repère lumineux dans ta vie où tu pourras exposer tes problèmes, découvrir d’autres façons de vivre la foi, partager des opinions, faire naître une saine émulation vers la sainteté. Il faut donc que tu veilles à sortir toujours de tes rencontres avec des résolutions concrètes. Car sinon, le groupe pourrait petit à petit se transformer en une simple rencontre amicale et perdre sa vocation profonde : celle de te stimuler à devenir un saint. 7- Prends ta croix et suis Jésus ! Ne vas pas imaginer que tout va te tomber tout cuit dans le bec ! Un amour authentique conduit tôt ou tard à la croix. Jésus est exigeant : pour le suivre, il faut passer par un chemin étroit (Mt 7,14). Tous les enseignements du Christ pourraient presque se résumer par cette invitation drastique : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive. » (Mt 16,24). Alors, quand viennent les difficultés, ne te débine pas en courant : cela ne signifie pas que Dieu ne t’aime plus, mais qu’au contraire, il est plus que jamais à tes côtés. Ne demande pas à être consolé quand le Christ te demande d’être ouvert à plus ; ne cherche pas le repos, quand le Christ t’appelle à aller plus haut ; ne demande pas la paix, quand le Christ attend de toi d’être sur le pied de guerre. Le Seigneur permet la douleur dans la vie pour purifier l’amour, pour faire mûrir la foi, pour faire grandir l’espérance, pour t’enseigner à valoriser ce que signifie le fait de vivre à ses côtés. Dieu met à l’épreuve celui à qui il veut crier son amour, parce qu’il espère beaucoup de lui. Certains succomberont fascinés par les lumières d’une vie facile, commode, sans croix... Suivre le Christ est difficile, mais cela remplie l’âme de bonheur. Il n’y a pas de plus grande joie que celle de prendre la croix à la suite de Jésus. Quand on aime le Christ, alors la charge devient douce et la croix légère, parce que l’amour supporte tout. Ne te décourage pas quand tu tombes. Relève-toi avec humilité et renouvelle ton désir de le suivre. Dieu désire que nous connaissions la faiblesse de notre amour afin que nous sentions le besoin d’avoir recours à Lui. Il importe peu que tu tombes mille fois, si tu aimes la lutte et non la chute. C’est pour cette raison que le désespoir n’a aucun sens, car l’effort d’une lutte continuelle a plus de valeur aux yeux du Christ que la possession paisible et facile de la victoire. Petite conclusion pour ceux qui se découragent trop facilementDieu nous choisit malgré nos défauts, et peut-être même à cause de nos défauts. Car plus le serviteur se sait inutile, moins il risque de se prendre trop au sérieux. La prochaine fois que tu te sens inutile pour réaliser la mission que Dieu t’a confié, souviens-toi donc que... Noé était un ivrogne, Abraham était trop vieux, Isaac était rêveur, Jacob était menteur, Léa était laide, Joseph avait été abusé, Moïse était bègue, Gédéon avait peur, Samson avait les cheveux longs et était un coureur de jupons, Rahab était une prostituée, Jérémie et Timothée étaient trop jeunes, David était un assassin, Elie était suicidaire, Isaïe a prêché nu, Jonas a fui Dieu, Naomi était une veuve, Job s’est ruiné, Jean-Baptiste mangeait des insectes, Pierre a renié le Christ, les disciples se sont endormis en priant, Marthe s’est inquiétée au sujet de tout, la Samaritaine était divorcée plus d’une fois, Zachée était trop petit, Paul était trop religieux, Timothée avait un ulcère.... Et Lazare était mort ! Tu n’as maintenant plus aucunes excuses. Dieu saura utiliser ton potentiel. Du reste, tu n’es pas le message, tu n’es que le messager. |