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 - 3 mai 2024 - Saint Philippe et Saint Jacques le Mineur
Publié le : 5 mars 2006 Source : Zenit.org
 

 

Les news

« Jean Paul II a demandé que l’on conserve la mémoire des martyrs », rappelle T. Grimaux

ROME, Dimanche 5 mars 2006 (ZENIT.org) – Thomas Grimaux, auteur du « Rapport 2005 des persécutions antichrétiennes dans le monde », publié par l’Aide à l’Eglise en Détresse (AED, aed-france.org), témoigne cette semaine, pour les lecteurs de Zenit, dans un long entretien que nous publierons en plusieurs parties, de ces chrétiens fidèles au Christ dans la persécution.

Zenit : Avant de nous dire qui sont ces témoins, pouvez-vous nous dire qui est Thomas Grimaux ?

Thomas Grimaux : Je suis le Directeur du site Internet emploi-pac.com qui est leader en matières d’emploi et d’entraide en milieu chrétien. Mais, avant d’avoir cette activité au service de l’Eglise, j’ai voyagé pendant une dizaine d’années, principalement dans des pays en guerre ou de persécution antichrétienne. A ce titre, j’ai écris plusieurs livres dont un sur l’Eglise au Soudan, publié par l’AED.

Zenit : Est-ce pour cela que vous avez écrit ce livre ?

T. Grimaux : Comme je collabore depuis plusieurs années avec cette association internationale d’une part et d’autre part que mon parcours est assez atypique, je suis très sensibilisé à la persécution antichrétienne. Or, j’ai constaté qu’il n’existait aucun bilan annuel faisant état des actes de persécutions antichrétiennes dans le monde et qu’un certain nombre de chrétiens ne savaient pas vraiment l’ampleur terrible de ces persécutions, même dans nos pays occidentaux. Il m’est apparu comme nécessaire d’en publier un.

Zenit : Quel est le but de ce livre ?

T. Grimaux : De nos jours, un paradoxe existe. D’un côté, la quasi-totalité de l’humanité admire Mère Teresa et reconnaît en elle une ‘force’ plus qu’humaine et, de l’autre, une petite partie des hommes va frapper un prêtre, empêcher la construction d’une église, calomnier une religieuse, bloquer l’avancement professionnel d’un laïc.
Ces disciples du Christ qui conforment leur vie à celle de leur Maître, j’en ai vu, j’en ai rencontré au cours de nombreux voyages. J’ai vécu une semaine, un mois avec ces autres signes de contradiction, véritables témoins de bonté surnaturelle, de charité fraternelle, d’espérance profonde, de foi certaine. De toutes ces rencontres, je garde une image très claire (mais tellement difficile à atteindre) de ce qu’est une personne qui vit réellement avec son Créateur et Ami. Alors, puisque Jean Paul II a demandé lors du grand Jubilé que l’on conserve la mémoire de ces nouveaux martyrs, il est nécessaire de rendre témoignage de ceux qui témoignent.

Zenit : N’avez-vous pas peur d’être doloriste ?

T. Grimaux : Cette information n’a pas pour but de se lamenter mais bien de donner des faits et de montrer concrètement que le temps des martyrs n’est pas clos, qu’aujourd’hui même où vous lisez ces lignes, la liberté d’annoncer le Sauveur est limitée ou interdite dans tel pays, qu’un prêtre est peut-être assassiné à l’autre bout de la planète, qu’un lâche crache sur une religieuse, que l’on promet du travail à un catholique s’il abjure la foi au vrai Dieu.

Or, il se trouve que cela correspond aussi à l’une des trois missions de l’Aide à l’Eglise en Détresse (AED) avec laquelle j’ai le plaisir de collaborer depuis de nombreuses années.

Son but est donc d’informer le plus objectivement possible et le plus simplement possible sur l’Eglise en Détresse afin de mieux faire connaître cette partie de la vie de l’Eglise.

Zenit : Mais informer est-il suffisant ?

T. Grimaux : Non, vous avez raison, mais il faut déjà commencer par là. Et, d’ailleurs, Marc Fromager, le Directeur national de l’AED France, le dit très bien dans sa préface : « Nous pensons qu’il est important de connaître ces faits, car c’est en assumant la réalité telle qu’elle est, que l’on peut espérer la rendre meilleure. »

Zenit : Un tel rapport a forcément des limites, quelles sont-elles ?

T. Grimaux : Vous avez raison, un livre de la sorte, unique en son genre, est forcément limité. D’abord, parce que nous ne pouvons ‘lister’ tous les actes de persécutions antichrétiennes commis dans le monde, faute de les connaître. Pour les actes inconnus, il faut être vraiment conscient qu’ils sont, et de loin, l’immense majorité des actes de persécution, la partie invisible de l’iceberg. En effet, si l’on prend l’Inde par exemple, il est évident que les sources locales ne vont pas envoyer un communiqué de presse dès qu’un chrétien connaît des tracasseries administratives. De la même manière, ici, en France, la presse ne va pas se faire l’écho de toutes les dégradations volontaires contre les églises, calvaires et cimetières. Or, lorsque l’on discute de ces problèmes avec tel curé de cathédrale française, il vous dit le plus simplement du monde qu’il ne signale même plus ces actes auprès de la police, tant ils sont nombreux et tant les policiers ne peuvent pas envoyer en permanence des fonctionnaires pour régler les problèmes. Ainsi, la majorité des cas n’est même pas connue.

Ensuite, parce que, si nous pouvions lister tous les actes antichrétiens, cela desservirait peut être notre propos qui invite à voir plus loin que l’acte lui-même, la force et le courage surnaturels des persécutés. Enfin, une liste complète ferait oublier des milliers d’autres actes, positifs cette fois, dont nous parlons un ici.

Il y a enfin des limites que nous nous imposons nous-mêmes en ne donnant pas tous les détails macabres d’un acte barbare ni toutes les circonstance salaces d’un viol car “c’est la cause, non la souffrance qui fait les martyrs” (“Martyres discernit causa, non poena”. Saint Augustin) et c’est donc elle qui est important. De la même manière, pour des raisons évidentes de sécurité, nous passons sous silence certains actes, soit parce que c’est la demande expresse d’une victime (un curé parisien par exemple interdit que l’on donne le nom de son église ‘taggée’ par des militants d’extrême gauche), soit parce que donner plus de détails permettrait aux persécuteurs de repérer la ‘source’ et donc de se venger de plus belle (par exemple, dans tel pays où les catholiques sont une poignée).

Zenit : Mais au fait, qu’appelle-t-on une persécution antichrétienne ou un acte antichrétien ?

T. Grimaux : Nous employons le terme de chrétien au sens habituel donc sans englober les témoins de Jehovah par exemple. Chrétien signifie catholique, puisque l’Eglise catholique bénéficie de la succession des Apôtres unie au Pape. Mais nous y joignons les orthodoxes et les protestants des grandes branches du protestantisme mondial. Nous excluons donc toutes les nouvelles communautés évangéliques ou pentecôtistes et toutes les ‘églises’ protestantes locales qui ne répondent pas au critère d’universalité voulu par Jésus-Christ. Nous les excluons parce qu’à la différence des Sœurs de Mère Teresa, leurs adeptes ‘convertissent’ trop souvent par des moyens peu évangéliques. De même, les rebelles de la LRA du nord Ouganda peuvent se prétendre chrétiens (LRA voulant dire Lord Resistance Army, Armée de Résistance du Seigneur), nous considérons pour autant que tuer des prêtres et kidnapper des enfants est loin de l’enseignement du Christ.
Or, les catholiques étant les plus nombreux au monde, on ne peut être surpris que la majorité des cas cités les concerne. Ceci étant dit, nous incluons dans les persécutés des orthodoxes et des protestants (même si, ici ou là, ce sont eux qui persécutent des catholiques) car lorsque l’on incarcère un protestant en Arabie Saoudite, on incarcère un disciple du Christ et les discussions théologiques de savoir qui est plus ou moins éloigné de Jésus importe peu à la police religieuse du pays.
En bref et en résumé, le terme chrétien employé dans ce livre inclut les catholiques, les orthodoxes et les membres des grandes branches du protestantisme historique.

Zenit : La persécution signifie-t-elle uniquement assassinats ou actes violents ?
(à suivre)



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