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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
Publié le : 23 janvier 2015 Source : Zenit.org
 

 

Les news

Vocation à la conversion et à l’union avec Dieu et avec nos frères

Lectures : Jon. 3,1-5.10 ; Ps 24 ; 1Co 7,29-31 ; Mc 1,14-20[1].

            1) Vocation à la conversion

            Les lectures de la Liturgie de la Parole de ce dimanche nous ramènent à la question qui occupait déjà nos esprits il y a une semaine : la Vocation.

            En effet, dimanche dernier, la première lecture de la messe nous racontait la vocation de Samuel qui avait répondu à l’appel en disant : «  Parle, Seigneur, ton serviteur écoute  ». Dieu l’appela par son nom, car Il appelle toujours en nommant la personne, un nom qu’il prononce avec amour. Imaginez le bouleversement que Paul a dû éprouver sur la route de Damas, en se sentant appelé avec amour par Celui qu’il persécutait[2]. Nous aussi, nous sommes appelés avec amour pour apporter au monde la vérité amoureuse du Christ qui nous demande d’œuvrer avec lui dans les messes du monde.

            L’Evangile de ce dimanche parle lui aussi de vocation, racontant celle des premiers disciples qui ont suivi Jésus poussés par le désir qui habitait leur cœur et que Jésus reconnaît lorsqu’ Il s’est retourné vers eux et leur a demandé : «   Que cherchez-vous  ?  ».            

            Dans la messe d’aujourd’hui, le prophète Jonas (Ie lecture) et l’appel des premiers disciples dans l’Evangile selon saint Marc (IIIe lecture) nous montrent que la conversion est la toute première condition d’une vocation, qui consiste à suivre concrètement le Christ, à Le suivre Lui, pour être avec Lui et comme Lui. Lui, c’est la Voie à parcourir en découvrant que le chemin à prendre est nouveau, non pas parce qu’il est différent du vieux chemin mais parce que la raison, ou mieux encore, la direction qu’on lui fait prendre, est tout autre. Pour mieux dire, pour un être humain qui parcourt le chemin de la vie sans foi, ce chemin  va de la vie à la mort  : nous naissons et nous mourons. Le chemin de l’Evangile, c’est-à-dire avec le Christ, c’est le contraire  : il va de la mort à la vie. Donc le chemin auquel Jésus nous appelle est nouveau, Il nous invite à le prendre, en Le suivant.

            Emprunter ce chemin est un acte de foi et de confiance en Jésus Christ, qui implique un changement de mentalité et d’action, qui pousse à prendre les  voies du Seigneur, dont les noms sont  : «   miséricorde, amour, bonté, justice  » (cf. Psaume 24). Chacun de nous doit marcher le long de ces «   sentiers  » (cf. ibid), en «  mettant ses pas dans les pas » du Seigneur Jésus qui, il y a 2000 ans, parcourait les routes de Galilée (cf. Mc 1,14-20), et qui aujourd’hui encore ne cesse de marcher et d’appeler.

            Si les pêcheurs Pierre et André, Jacques et Jean, appelés par le Messie qui passait près d’eux, l’ont suivi sur-le-champ c’est parce qu’ils ont compris que la vie était là, sinon cela aurait été stupide et incompréhensible de leur part. Puis, petit à petit, ils se sont rendu compte qu’il était logique qu’ils aient pris ce chemin et qu’ils avaient eu raison de suivre le Christ qui les avait appelés. En effet, en Le suivant fidèlement, patiemment, ils ont pu goûter aux fruits de ce chemin. Donc la foi n’est pas illogique, elle n’est pas un saut dans l’inconnu, au contraire, elle est très rationnelle, en ce sens qu’elle est très cohérente, puisque lorsque quelqu’un nous fait une proposition sensée, il est normal d’arrêter de pêcher pour le suivre. «  Suivre Jésus c’est bien cela : aller avec Lui par amour, le suivre : prendre le même chemin, la même route. Et l’esprit du monde sera celui qui ne tolèrera pas et nous fera souffrir, mais d’une souffrance comme celle  qu’a vécue Jésus. Demandons la grâce de pouvoir suivre Jésus sur la route que Lui nous a fait voir et qu’Il nous a enseignée. Ce qui est beau c’est qu’Il ne nous laisse jamais seul. Jamais  ! Il est toujours avec nous (Pape François, 28 mai 2013).

         2) Conversion existentielle

            En suivant le Christ, les disciples comprirent que Jésus était le Fils de Dieu, à la recherche constante de l’homme. Ils découvrirent un Dieu «   obstinément  » épris de l’homme.

            Aujourd’hui aussi, l’homme a beau s’obstiner à refuser sa bienveillance et à rejeter les garanties de salut et de joie, le Christ ne cesse de l’appeler et d’instaurer ce dialogue, fait de familiarité et de confiance réciproque, qui a commencé avec la conversion à l’Evangile, c’est-à-dire au Christ.

            En effet, avant la conversion «  morale  » (à savoir, des choses à mieux faire et des commandements à observer), il y a la conversion «   existentielle  » (en hébreu  conversion signifie «  changer la direction de sa marche  » : avant on allait d’un côté, maintenant on va de l’autre, vers la vérité). L’étymologie latine de «  conversion  » nous apprend que ce mot vient du verbe cum-vertere = se tourner vers, ce qui veut dire que ceux qui se convertissent tournent leur regard et le fixent sur la personne de Jésus et sur sa « prétention inouïe  » à être la réponse complète à notre demande de vie et d’amour vrai.

            Ainsi, la conversion ne consiste pas seulement à cesser de faire le mal et à s’efforcer de faire le bien. Elle consiste à «   convertir  » sa vie au Bien, qui est Quelqu’un à aimer, avant d’être quelque chose à faire.

            Sur ces deux aspects, on est frappé par la phrase de Kafka[3] : «  Je ne suis pas seul parce que j’ai reçu une lettre d’amour, pourtant je suis seul parce que je n’ai pas répondu avec amour  » (Kafka, le Château). Il est pratiquement certain que ce grand écrivain se référait à une expérience personnelle d’amour humain, mais il me semble qu’il décrit la situation de l’homme contemporain par rapport à Dieu, au Christ, au Bien incarné à aimer.

            Eh bien, cette demande inquiète qui naît de notre solitude reçoit la vraie réponse à la proposition d’amour que le Christ fait à chacun de nous, qu’il soit prêtre, religieux ou laïc. La vocation du Christ, avant même de concerner notre situation personnelle (célibataire ou marié, consacré ou laïc) concerne notre vie à convertir dans sa globalité. Le Christ appelle à participer à l’agonie[4] de l’Amour éternel qui nous appelle par le don infini qu’Il est, et qui prend sur Lui toutes les conséquences des refus d’amour que nous lui opposons et qui nous déshumanisent. Si nous répondons à cet Amour avec amour, en nous donnant totalement, dans la virginité comme dans le mariage, nous ne serons plus seuls et en nous transparaîtra la Présence qui est Vie de notre vie.

            En nous donnant à Dieu, chez nous ou en communauté, à l’église ou au travail, nous vivrons un élan fraternel, en créant autour de nous un climat de bonté qui nous permettra de découvrir le trésor qui se cache dans l’autre.

            3) La conversion et la consécration

            Les lectures d’aujourd’hui nous appellent à la conversion. C’est le premier mot de la prédication de Jésus, qui prend toute sa signification associé à la disponibilité à croire : «  Convertissez-vous et croyez à l’Évangile  » (Mc 1, 15).

            Le premier aspect de la vocation à laquelle le Christ appelle est donc de se convertir et de croire à la bonne nouvelle ( le mot Evangile signifie en effet  bonne et vraie nouvelle) qui vient de Dieu  : Dieu, par amour, s’est fait chair, parce que Dieu est Amour  ; il est né enfant comme tout enfant, pour pouvoir parler, vivre, mourir comme nous, partager tout ce qui est fragile, pour que nous puissions vivre notre fragilité avec la joie de pouvoir la découvrir et la sentir habitée par l’infinie beauté et bonté de Dieu.

            Le second aspect consiste à suivre le Christ. L’Evangile ne saurait se réduire à une idée, à une philosophie, à une expérience mystique personnelle,  il implique au contraire une relation, une réelle sécurité, une prise en charge par quelqu’un d’autre.

            Le suivre Lui pour être avec Lui, pour être comme Lui. L’appel consiste donc à être en compagnie de Jésus, être avec lui et comme lui. Autrement dit Jésus nous appelle à être comme lui des fils de Dieu. C’est toute l’essence de l’appel. Mais cet appel n’arrive pas d’un coup de baguette magique. C’est un parcours. Jésus dit à celui qu’il rencontre : «  Suis-moi, prends le même chemin que moi, mets tes pas dans les miens. Vis comme moi et ta vie deviendra comme la mienne  ». 

            Dans l’Ancien Testament, l’exode fut ce parcours par excellence. Aujourd’hui notre exode est celui dont témoignent tout particulièrement les Vierges consacrées dans le monde, en nous montrant que lorsque l’on trouve quelque chose qui vaut infiniment plus que tout ce à quoi on tenait avant, cela vaut la peine de quitter tout le capital humain et matériel. Ces femmes, tout comme nous, ont découvert le sens de la vie  : Jésus Christ ! Et elles témoignent de manière radicale que Dieu a la primauté dans notre vie. (cf rituel de consécration des Vierges, n° 24, prère de l’Evêque  : «  Regarde, Seigneur, nos sœurs N. et N.  : en réponse à ton appel, elles se donnent tout entières à toi  ; elles ont remis entre ttes mains leur décision de garder la chasteté et de se consacrer à toi pour toujours)

            L’humanité d’aujourd’hui a besoin de chrétiens authentiques  : d’hommes et de femmes qui, par leur témoignage vivant et silencieux, soient les prophètes d’un monde nouveau. Peu importe qu’ils continuent ou non à exercer leur métier de toujours, les apôtres aussi continuèrent à pêcher, après la Résurrection du Christ.

            Suivre le Christ en s’abandonnant complètement n’implique pas nécessairement que l’on quitte son travail, qui est notre gagne-pain. Abandonner sa vie signifie l’offrir à Dieu, dans la joie. Cela veut dire avant tout que le but de notre vie n’est plus notre travail, que ce ne sont plus les filets et la barque, le poisson que l’on pêche, mais le Christ  : un but de vie bien plus intéressant  ! En Lui la vie trouve un sens plein et durable. On quitte l’amour humain pour l’Amour divin.

            A cet égard, saint Jean-Paul II a écrit : «   Le Fils, chemin qui conduit au Père (cf. Jn 14, 6), appelle tous ceux que lui a donnés le Père (cf. Jn 17, 9) à venir à sa suite, ce qui oriente leur existence. Mais à certains, précisément aux personnes consacrées, il demande un engagement total qui comporte l’abandon de toutes choses (cf. Mt 19, 27) pour vivre en intimité avec lui et le suivre où qu’Il aille (cf. Ap 14, 4). Dans le regard de Jésus (cf. Mc 10, 21), « image du Dieu invisible » (Col 1, 15), splendeur de la gloire du Père (cf. He 1, 3), se lit la profondeur d’un amour éternel et infini qui atteint les racines de l’être. La personne qui se laisse saisir ne peut que tout abandonner et le suivre (cf. Mc 1, 16-20 ; 2, 14 ; 10, 21.28). Comme Paul, elle considère que tout le reste « est perte en regard de ce bien suprême qu’est la connaissance de Jésus-Christ » devant qui elle n’hésite pas à regarder tout « comme des déchets, afin de gagner le Christ » (Ph 3, 8). Elle aspire à s’identifier à Lui, en ayant les mêmes sentiments et la même forme de vie. Tout abandonner et suivre le Seigneur (cf. Lc 18, 28) constitue un programme valable pour toutes les personnes qui sont appelées et pour tous les temps.  » (Exhort. Ap.  Post-Synodale, Vie Consacrée, n. 18).

Lecture Patristique

Saint Césaire d’Arles (+ 543)

Le repentir, chemin de la conversion

Sermon 144, 1-4, CCL 104, 593-595

La lecture de l’évangile, frères bien-aimés, nous a fait entendre ces paroles du Seigneur : Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche (Mt 4,17). Le Royaume des cieux est le Christ qui, nous en avons la certitude, connaît les actes bons et mauvais et juge tous les motifs de nos actes.

Aussi nous faut-il devancer Dieu en confessant nos fautes et réprimer tous les dérèglements de l’âme avant le jugement. Nous nous exposons au danger si nous ne savons quel traitement suivre pour nous guérir du péché. Nous devons faire pénitence avant tout parce que nous savons que nous aurons à rendre compte des raisons de nos errements.

Voyez, frères bien-aimés, combien la bonté de notre Dieu est grande envers nous, si grande qu’il veut remettre le péché de celui qui s’en reconnaît coupable et le répare avant le jugement. Car lui, le juste juge, fait toujours précéder le jugement d’un avertissement, pour n’avoir jamais à exercer une justice sévère. Si Dieu veut tirer de nous des ruisseaux de larmes, ce n’est pas pour rien, frères bien-aimés, mais pour que nous puissions recouvrer par le repentir ce que nous avions perdu par la négligence.

Car notre Dieu sait que l’homme n’a pas toujours une volonté droite, et qu’il peut souvent pécher dans sa chair ou commettre des écarts de langage. Aussi nous a-t-il appris la voie du repentir par laquelle nous pouvons réparer les dommages que nous avons causés, et nous corriger de nos fautes. Pour être sûrs d’en obtenir le pardon, nous ne devons donc jamais cesser de regretter nos péchés.

Si affaiblie que soit la nature humaine par tant de blessures, personne ne doit désespérer. Car le Seigneur est d’une générosité si grande qu’il répand de bon coeur sur tous ceux qui sont à bout de force les dons de sa miséricorde.

Mais l’un de vous dira peut-être : "Pourquoi craindrais-je, puisque je ne fais aucun mal ?" Sur ce point, écoutez ce que dit l’apôtre Jean : Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous égarons nous-mêmes, et la vérité n’est pas en nous (1Jn 1,8). Que personne donc ne vous égare, mes bien-aimés, car la pire espèce de péché est de ne pas apercevoir ses péchés. Alors que tous ceux qui reconnaissent leurs fautes peuvent se réconcilier avec Dieu en se repentant, aucun pécheur ne mérite davantage notre pitié que celui qui croit n’avoir rien à se reprocher.

Je vous exhorte donc, mes bien-aimés, avec les paroles de l’Écriture, à vous tenir humblement sous la main toute-puissante de Dieu (1P 5,6). Et que personne ne refuse de réparer son péché, puisque personne n’en est exempt, car ce serait déjà une faute que de prétendre être sans péché. Il peut se faire que l’un soit moins coupable que l’autre, mais nul n’est exempt de tout péché. Les hommes sont certes pécheurs à des degrés divers ; il n’y en a pourtant aucun qui soit net de toute souillure.

Voilà pourquoi, mes bien-aimés, il faut que ceux qui se sont rendus coupables d’offenses plus graves implorent leur pardon avec plus de foi. Quant à ceux qui se sont préservés des fautes les plus honteuses, qu’ils prient afin de ne pas les commettre. Par la grâce de Jésus Christ notre Seigneur, qui vit et règne avec le Père et l’Esprit Saint pour les siècles des siècles. Amen.

*** 

NOTES

[1] De l’Evangile de Marc, 1, 14-20 : «  Après l’arrestation de Jean, Jésus partit pour la Galilée proclamer l’Évangile de Dieu  ; il disait  : «  Les temps sont accomplis  : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile.  » Passant le long de la mer de Galilée, Jésus vit Simon et André, le frère de Simon, en train de jeter les filets dans la mer, car c’étaient des pêcheurs. Il leur dit  : «  Venez à ma suite. Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes.  » Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent.  Jésus avança un peu et il vit Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean, qui étaient dans la barque et réparaient les filets.  Aussitôt, Jésus les appela. Alors, laissant dans la barque leur père Zébédée avec ses ouvriers, ils partirent à sa suite.  ».

[2] N’oublions pas qu’aujourd’hui nous sommes le 25 janvier, le jour où nous faisons mémoire de la Conversion de saint Paul.

[3] Franz Kafka est un écrivain juif né à Prague le 3 juillet 1883 et mort le 3 juin 1924. Il est considéré comme l’un des plus grands écrivains du XXème siècle.

[4] Mot d’origine grecque qui veut dire «  lutte  » même si aujourd’hui il n’indique plus que la phase terminale de la vie humaine.



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