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 - 3 mai 2024 - Saint Philippe et Saint Jacques le Mineur
Publié le : 16 octobre 2005 Source : Zenit.org
 

 

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Persécution ou liberté religieuse ? Quel avenir pour les chrétiens en Chine ? (II)

ROME, Dimanche 16 octobre 2005 (ZENIT.org) – Trois semaines d’immersion totale en Chine, en contact direct avec les multiples visages de cet immense pays. C’est l’expérience qu’a vécue l’été dernier Gerolamo Fazzini, co-directeur de la revue italienne « Mondo e Missione », mensuel du PIME (Institut Pontifical des Missions Etrangères).

Dans cet entretien accordé à Zenit, il souligne quelques points importants de la situation de l’Eglise en Chine. Nous publions ci-dessous la deuxième partie de l’entretien. Pour la première partie, cf. Zenit, 14 octobre.

Zenit : Quel est l’aspect le plus problématique auquel est confrontée l’Eglise catholique de Chine aujourd’hui ?

G. Fazzini : C’est difficile à dire. L’un des points cruciaux est sans aucun doute la formation du clergé et des religieuses. La longue persécution des dernières décennies a entraîné des dégâts énormes : il manque une génération entière d’évêques et de prêtres. Il est facile d’imaginer ce que cela signifie en termes de formation. Cette question entre dans le contexte d’un problème plus général que nous pourrions définir comme l’application du Concile Vatican II dans la pratique pastorale ordinaire. Ce sera l’un des défis cruciaux pour les nouveaux évêques, jeunes, qui dans l’espace de quelques années prendront les rennes de l’Eglise chinoise.

Zenit : La Chine est en train de changer à une vitesse impressionnante. L’Eglise réussit-elle à suivre le rythme des changements, à intercepter les demandes urgentes, à annoncer le Christ aux nouvelles générations ?

G. Fazzini : Oui et non. Dans les grandes villes (je pense par exemple à Shanghai et Pékin), il y a suffisamment d’évêques, de prêtres et de laïcs engagés qui ont la préparation nécessaire pour saisir la portée des défis en jeu. Certains ont fait des études à l’étranger. Ils savent se situer par rapport au nouveau contexte. Mais beaucoup d’autres ont du mal à déchiffrer le temps présent car ils n’ont pas les instruments appropriés. Lorsque l’on passe des villes à la campagne par exemple, il suffit de regarder l’iconographie des églises pour saisir l’abîme qui sépare la réalité urbaine des campagnes profondes. La plupart des laïcs chinois vivent dans les régions rurales, mais l’avenir se jouera de plus en plus dans les villes. Le christianisme de l’avenir réussira-t-il à parler aussi aux Chinois en quête de modernité ? Au delà des problèmes liés au contexte politique, ceci me semble être le grand défi de l’Eglise en Chine.

Zenit : Les données macro-économiques parlent d’une marche triomphale de l’économie chinoise. Mais le développement social est extrêmement déséquilibré et produit des inégalités considérables…

G. Fazzini : Absolument. En parcourant la Chine, ne serait-ce que quelques semaines, comme je l’ai fait, on perçoit cette différence. Aux côtés d’une classe composée de ceux qui ont « percé » et qui se sont parfaitement intégrés dans le circuit économique international, il y a la masse de la population, souvent rurale, qui vit dans la pauvreté, sans assistance adéquate. Les autorités sont conscientes de cette situation : le président Hu Jintao a dit que la croissance économique doit se faire au même rythme que la lutte contre les disparités entre provinces côtières, plus riches et régions de l’intérieur, très pauvres. Le parti communiste chinois est pour cela sur le point de lancer un plan quinquennal pour construire une société « plus harmonieuse et plus stable » : nous verrons bien. Le côté positif et nouveau est que le gouvernement se rend compte qu’il ne réussit pas à garantir un niveau minimum de bien-être à la population, et qu’il laisse par conséquent peu à peu, un champ d’action, limité mais réel, aux ONG. Nous sommes bien loin de la subsidiarité comme nous l’entendons nous, mais il s’agit malgré tout d’un signe positif.

Zenit : De Chine arrivent souvent des informations terribles concernant des pratiques de « contrôle démographique » : avortements à grande échelle, infanticides (dont sont souvent victimes surtout les filles), stérilisations forcées. Que peuvent faire les citoyens des pays occidentaux pour aider la Chine à enrayer ces phénomènes ?

G. Fazzini : Tout le monde sait que la Chine a un problème démographique. Il ne suffit pas de l’affirmer de manière théorique : c’est lorsque l’on voit les foules débordantes des mégalopoles, les stations de métro bondées comme il est difficile de l’imaginer, que l’on commence à entrevoir le problème. Que faire ? On peut par exemple aider la Chine à trouver les moyens les plus adaptés pour éduquer à la paternité et la maternité responsable. Politique-fiction ? Non. Dans certaines régions, la méthode Billings a été introduite avec succès depuis des années : pourquoi ne pas soutenir un élargissement à grande échelle de l’expérimentation, en l’accompagnant d’une campagne d’éducation des jeunes ? Malheureusement, les gouvernements occidentaux, largement favorables à l’avortement, ne soutiendront pas, je crois – à tort – cette solution. Une autre voie intéressante en train de s’ouvrir, pour ce qui concerne l’Italie, est l’adoption internationale d’enfants chinois.

Zenit : Que peuvent faire les chrétiens ?

G. Fazzini : D’abord, prier. Si c’est Dieu qui fait bouger l’histoire, c’est à lui qu’il faut demander avec insistance l’aide nécessaire pour nos frères et sœurs chinois. L’Eglise en Chine se sent d’ailleurs très réconfortée par le fait de savoir que les Eglises sœurs ne l’oublient pas. Deuxièmement il est important de s’intéresser, de connaître : les instruments de manquent pas, des agences catholiques aux revues spécialisées. A mon avis, la stratégie de base est fondamentale : il faut exprimer le maximum de « sympathie » pour le peuple chinois, sa culture très riche et antique, et en même temps, faire pression sur les autorités afin qu’elles changent ce qui va contre les droits humains. Enfin, je crois qu’il faut également contribuer à soutenir l’Eglise en Chine sur le plan économique. Ce n’est pas impossible : les canaux existent. Il suffit de se mettre d’accord avec ceux qui (institutions caritatives ou missionnaires) ont les contacts au niveau local.



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