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 - 22 avril 2024 - Saint Léonide
Publié le : 19 décembre 2014 Source : Zenit.org
 

 

Les news

Le "oui" de Marie, Mère de la Joie

Lectures, rite romain : 2 S 7, 1-5. 8-12. 14. 16 ; Ps 88 ; Rm 16,25-27 ; Lc 1,26-38


1) Le temps du « Oui »
La liturgie des dimanches précédents a attiré l’attention sur la personne de Jean le Baptiste, le Précurseur. Aujourd’hui c’est Marie, Sa Mère qu’Il nous a donnée et qui est proposée comme l’exemple de l’attente du Christ, pour l’accueillir dans notre vie, dans notre chair.
Il est donc important de comprendre l’attitude de la Vierge envers celui qui vient s’établir parmi nous, qui se fait chair pour sauver notre chair, parce que nous aussi nous concevons concrètement le « Verbe » de Dieu. Avec son « fiat » (= oui), Marie a conçu Jésus en son sein, avec notre « fiat », nous, nous le concevons dans notre cœur. Apprends-nous, Marie de l’Annonciation, à dire la belle parole : « Oui, fiat, Seigneur, que ta volonté soit faite » (1).

Le « oui », le « fiat » de la Vierge n’a pas été prononcé par un cœur fermé, engourdi, mais par un cœur disposé à la concentration et à la veille. Même prononcé par une humble et très jeune femme, ce « oui » sponsal a été l’expression d’un cœur simple et profond. Marie est la mère de Dieu non seulement parce qu’elle a donné physiquement la vie à Jésus, mais parce que, avant de Le concevoir dans ses entrailles, elle L’a écouté avec l’oreille et conçu dans son cœur. Elle est mère parce qu’elle écoute et accueille le Fils et le laisse vivre tel qu’Il est, et non pas parce qu’elle Le porte en elle et lui donne le jour (2).

Le « oui » de Marie a été l’expression de la liberté de cette Vierge pure, féconde et consciente d’appartenir à une histoire, à une grande histoire, qui apportait Dieu au monde.
Un fait est historique non seulement parce qu’il advient dans le temps mais parce qu’il se produit dans un lieu. Le temps est indiqué de cette façon : « Elisabeth était au sixième mois de la conception de saint Jean-Baptiste ». Cet épisode précède celui dont parle l’Evangile de ce jour. Or, au sixième mois, on n’est pas complet. Le Baptiste représente l’Ancien Testament et la promesse. On remarquera que l’Annonciation fait s’accomplir la promesse avec quelque anticipation.

Et quand se réalise-t-elle ? Au sixième mois, lorsqu’elle n’est pas encore mûre. Ce qui, pour moi, signifie que la réalisation d’une promesse ne dépend pas uniquement de Dieu. Dieu a bien fait la promesse, il pourrait même la réaliser sur-le-champ. En fait, il la réalise au sixième mois, il attend seulement que quelqu’un dise « oui, qu’il me soit fait selon ta Parole, j’accueille la Parole ». En somme, depuis toujours, Dieu est « Oui » pour l’homme. Quand, finalement, nous aussi nous disons « Oui », comme l’a fait la Vierge, c’est alors qu’elle s’accomplit. Nous devenons nous aussi des personnes mûres, complètes, lorsque nous disons oui à Dieu. Alors n’attendons pas demain pour dire « Oui ».

Normalement, nous pensons au lendemain, dans l’espoir de jours meilleurs. Le seul temps que nous connaissons, c’est le présent. Le présent est le seul moment où nous touchons à l’éternité : le passé n’est plus là, le futur n’est pas encore là. Ce que nous sommes en train de vivre, c’est le temps de l’écoute. Nous ne devons pas en attendre de meilleur, faute de quoi nous passons la moitié de notre vie à penser au futur et l’autre moitié à regretter le passé, de sorte que nous ne vivons jamais. Dieu, Lui, est « présent » (3) sa proposition arrive « maintenant ». Pas pour hier, pas pour demain, mais pour aujourd’hui. Dans l’Evangile de Luc, Evangile de l’aujourd’hui, rappelons-nous les premiers mots de Jésus : « Aujourd’hui s’accomplit cette parole ».

2) Le lieu et les personnages du Oui
En cette journée du Oui, il est aussi nécessaire de comprendre où il a été prononcé, en ce lieu que l’évangéliste Luc présente volontairement en opposition avec l’histoire précédente de Jean-Baptiste. L’annonce de la naissance du Baptiste advient dans le temple de Jérusalem : elle est faite à un prêtre qui est en train de remplir ses fonctions et, pour ainsi dire, comme il est officiellement prescrit par la loi, en conformité avec le culte, avec le lieu et avec les offices juifs.

L’annonce de la naissance du Messie est faite à Marie, une femme qui vit dans un petit village banal d’une Galilée pratiquement païenne, Nazareth, qui pour nous, aujourd’hui, signifie le lieu de la vie quotidienne. Comme pour nous enseigner que le lieu de la Parole est là où nous vivons quotidiennement. C’est dans notre vie de tous les jours que nous pouvons et devons vivre en fils de Dieu, et écouter la Parole. On pourra ensuite aller dans les sanctuaires, dans les basiliques et dans les lieux où l’on se réunit nombreux parce que cela nous rappelle à une vie de communion dans l’Eglise. Mais l’important, c’est le « maintenant et ici » : le présent et la vie quotidienne. C’est là que chaque jour, la parole se fait chair, comme dans le quotidien de Marie, devenue le « lieu » d’accueil , là que débute la vie nouvelle. Cette vie n’a pas commencé dans le temple, mais dans l’humanité simple de Jésus, devenu le vrai temple, la tente de la rencontre.

Après avoir considéré le « lieu » où Dieu aime révéler son amour : la pauvre maison de l’humble Marie, regardons les personnages de cette annonce.

Commençons par l’Ange Gabriel dont le nom signifie « puissance de Dieu », qui s’adresse à Marie, qui, avec son « oui », portera du fruit par la puissance de la grâce de Dieu.
La salutation de l’Ange à Marie est « Réjouis-toi, pleine de Grâce » que l’on pourrait paraphraser ainsi : « Sois dans la joie, toi, femme aimée de Dieu gratuitement et pour toujours ». La Vierge est appelée pour une mission, mais elle est d’abord invitée à se réjouir, elle est délivrée de l’inquiétude parce que le Seigneur « est avec elle » pour la sauver, elle et l’humanité tout entière.

Regardons maintenant Marie avec les yeux du cœur, elle qui se définit comme « servante » et que l’Ange de Dieu définit pleine de grâce. Grâce et service : dans ces deux mots réside toute la compréhension chrétienne de l’existence. Le don reçu continue à se faire don. Marie reste troublée par les paroles de l’Ange, non qu’elle ne comprenne pas ou qu’elle ait peur, mais son trouble vient de l’émotion produite par la rencontre avec Dieu, qui, à travers l’Ange, lui dit que « aimée gratuitement par Dieu » est devenu son nouveau nom.

Quand Dieu aime quelqu’un pour en faire un instrument de salut, non seulement Il l’appelle par son nom mais Il lui donne un nouveau nom, à même d’exprimer concrètement son identité et sa vocation. Pour Marie, ce nouveau nom est « pleine de grâce », c’est-à-dire « aimée gratuitement et pour toujours par Dieu » : il révèle immédiatement la gratuité et la fidélité de l’amour de Dieu, racine de toute compréhension exacte de Dieu, de l’homme et du monde. De cette racine, Marie est l’icône lumineuse et transparente. Et ceci est déjà l’heureuse nouvelle du miracle de Noël, qui est désormais imminent.

« Accepter, accueillir le miracle de Noël, c’est accepter que Marie soit réellement la « Mère de Dieu et la « Vierge Mère » : cela n’a rien à voir avec la sexualité, ni avec l’amour humain. Le sens est tout autre. Nous, nous savons bien que la vie que nous donnons, que nous transmettons, est une vie vouée à la mort. Il fallait une intervention de Dieu, il fallait que la chaîne des naissances vouées à la mort soit brisée pour que surgisse avec Jésus un vivant totalement vivant, un vivant qui ne serait plus à l’intérieur de la mort comme nous, mais qui se serait volontairement laissé saisir par elle pour la détruire. La virginité féconde de Marie, tout comme les apparitions du Ressuscité à portes closes, font apparaître cette vie plus vivante que la nôtre, une matérialité transfigurée (4).

L’exemple de Marie qui donne la vie au totalement vivant est aujourd’hui offert de manière particulièrement édifiante par les Vierges consacrées. Dans la virginité librement choisie, ces femmes s’affirment comme des personnes arrivées à maturité et aptes à la vie. En même temps elles réalisent la valeur personnelle de leur propre féminité, en devenant « un don sincère et total » au Christ, Rédempteur de l’homme et Epoux des âmes. La disposition sponsale naturelle de la personnalité féminine trouve une réponse dans la virginité ainsi envisagée. La femme, appelée « depuis le commencement » à être aimée et à aimer, trouve dans la vocation à la virginité, avant tout le Christ comme le Rédempteur qui « aima jusqu’au bout » par le don total de soi. Et elle répond à ce don par « le don sincère » de toute sa vie (cf. saint Jean-Paul II, Mulieris dignitatem, 34).

Les Vierges consacrées dans le monde nous montrent comment il est possible de suivre l’exemple fécond de Marie, en vivant comme elle la grâce de la simplicité. En effet, elles témoignent, humblement, que nous ne devons pas chercher à penser de grandes choses, encore moins à les faire, parce que notre présomption nous rend ridicules, mais, comme la Vierge, nous devons reconnaître et accepter la présence du Verbe de Dieu en nous.(Rituel de consécration des vierges , n° 17 : l’Evêque interroges les candidates :
« Voulez-vous persévérer toute votre vie dans votre résolution de virginité consacrée au service du Seigneur et de son Eglise » ? la candidate : « Oui, je le veux »
« Voulez-vous être consacrée au Seigneur Jésus-Christ, le Fils du Très-Haut, et le reconnaître comme votre époux ? »
« Oui, je le veux »)
Prions la Vierge pour qu’il nous arrive ce qui lui est arrivé. Demandons au Seigneur que son Amour prenne comme une fleur dans la fragilité de notre chair.

Efforçons-nous d’imiter le comportement de Marie de Nazareth qui nous montre que « l’être passe avant le faire, et qu’il convient de laisser faire Dieu pour être réellement comme Lui nous veut. C’est Lui qui fait en nous tant de merveilles. Marie est réceptive, pas passive. Comme physiquement, elle reçoit la puissance de l’Esprit Saint et donne ensuite chair et sang au Fils de Dieu qui croît en elle, spirituellement elle accueille la grâce et Lui répond par la foi » (pape François, Angélus, 8 décembre 2014).

Lecture Patristique
Homélie de Saint Bède, le Vénérable (+ 735) Homélies pour l’avent, 3 ; CCL 122, 14-17.

Frères très chers, l’évangile qui est lu aujourd’hui met en valeur la naissance de notre salut. En effet, il nous raconte l’envoi par Dieu d’un ange du ciel chargé d’annoncer à la Vierge la naissance inouïe, dans la chair, du Fils de Dieu, par lequel nous pourrions rejeter notre vieillerie coupable, et être renouvelés au point d’être comptés parmi les fils de Dieu. Donc, pour que nous puissions obtenir les dons du salut promis, écoutons d’une oreille attentive le récit de son origine.

L’ange Gabriel, dit l’Evangile, fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, à une jeune fille, une vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie (Lc 1,26-27).Ce qui est dit de la maison de David ne concerne pas seulement Joseph, mais aussi Marie. Car la Loi prescrivait que chacun devait épouser une femme de sa tribu et de sa famille, au témoignage de l’Apôtre, qui écrit à Timothée : Souviens-toi de Jésus Christ, le descendant de David : il est ressuscité d’entre les morts, voilà mon évangile (2Tm 2,8).

Le Seigneur est véritablement issu de la descendance de David parce que sa mère vierge a réellement pris naissance de la souche de David. L’ange entra chez elle et dit : Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut. Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père (Lc 1,30-32).

Le trône de David désigne ici le pouvoir sur le peuple d’Israël, que David gouverna en son temps avec un zèle plein de foi, en obéissant aux ordres du Seigneur et en bénéficiant de son secours. Donc le Seigneur a donné à notre Rédempteur le trône de David son père, quand il décida de le faire s’incarner dans la race de David.

Ce peuple, que David dirigea par son pouvoir temporel, le Christ va l’entraîner par une grâce spirituelle vers le royaume éternel dont l’Apôtre dit : Il nous a arrachés au pouvoir des ténèbres, il nous a fait entrer dans le royaume de son Fils bien-aimé (Col 1,13).Il régnera pour toujours sur la maison de Jacob (Lc 1,33). La maison de Jacob désigne l’Église universelle qui, par la foi et le témoignage rendus au Christ, se rattache à la destinée des Patriarches, soit chez ceux qui ont tiré leur origine charnelle de leur souche, soit chez ceux qui, nés charnellement d’une autre nation, sont renés dans le Christ, par le baptême dans l’Esprit.

C’est sur cette maison de Jacob qu’il régnera éternellement : et son règne n’aura pas de fin (Lc 1,33). Oui, il règne sur elle dans la vie présente, lorsqu’il gouverne le coeur des élus où il habite, par leur foi et leur amour envers lui ; et il les gouverne par sa continuelle protection, pour leur faire parvenir les dons de la rétribution céleste ; il règne dans l’avenir, lorsque, une fois achevé l’état de l’exil temporel, il les introduit dans le séjour de la patrie céleste. Et là, ils se réjouissent de ce que sa présence visible leur rappelle continuellement qu’ils n’ont rien à faire d’autre que de chanter ses louanges.
***
NOTES

1 Quand il nous arrive de réciter le chapelet, nous répétons cinquante fois de suite ce qui est au centre de l’Evangile de ce dimanche. De même que les cloches sonnent trois fois par jour ; de retour d’Orient, saint François d’Assise les avait introduites, précisément pour rappeler l’Annonciation : l’Incarnation du Verbe, le oui de Marie, se trouve au début, au milieu, et à la fin de la journée.

2 A ce propos, rappelons-nous ceux qui disent à Jésus : « Ta mère et tes frères sont dehors, qui te cherchent », Jésus leur répond : « Qui sont ma mère et mes frères ? Ce sont ceux qui écoutent la Parole et qui la mettent en pratique ». Marie est Sa mère parce qu’elle écoute la Parole et qu’elle la met en pratique ; et à une femme qui dit à Jésus : « Heureux le ventre qui t’a porté et le sein qui t’a allaité », Il répond : « Bienheureux plutôt ceux qui écoutent la Parole et qui la mettent en pratique ». Marie apparaît donc comme l’exemple de celui qui écoute et qui, à travers ce qu’il écoute, met en pratique ce qu’il écoute.

3 Entre autres, quand le Seigneur dit : « à chaque jour suffit sa peine », certes, ses paroles nourrissent notre vie spirituelle, mais bien plus, vivre le présent est aussi une question de santé mentale. Au lieu de cela, nous vivons en pensant à l’avenir, dans l’inquiétude, suspendus au vide de l’incertitude, et en pensant au passé, immergés dans les regrets et les frustrations.

4 Olivier Clément, La mère de Dieu, un éclairage orthodoxe , in Jean Comby, (ed), théologie, histoire et piété mariale. Actes du colloque de la faculté de théologie de Lyon, 1-3 octobre 1996, Lyon, Profac (1997),209-221.



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