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 - 17 mai 2024 - Saint Pascal Baylon
Publié le : 11 septembre 2005 Source : Zenit.org
 

 

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Homélie du cardinal Barbarin lors la rencontre de Sant’Egidio à Lyon

ROME, Dimanche 11 septembre 2005 (ZENIT.org) – Nous reprenons ci-dessous le texte de l’homélie que le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, a prononcée au cours de la célébration eucharistique célébrée en la Basilique Notre-Dame de Fourvière, à Lyon, dans le cadre de la 19ème Rencontre « Hommes et religions » (11-13 septembre), publié par le site de la communauté Sant’Egidio.

Homélie du Cardinal Philippe Barbarin
Célébration eucharistique

Nous accueillons comme un clin d’œil de la Providence, en prélude à l’événement qui nous rassemble, l’Evangile de ce dimanche, tiré du chapitre 18 de saint Matthieu. Jésus sait comme il sera difficile à ses disciples de vivre dans la communion fraternelle. Et, tout au long de ce chapitre, il explique que l’unité de l’Eglise sera blessée par d’inévitables scandales. Il nous demande, lorsqu’une brebis s’égare, d’avoir le courage de la correction fraternelle. Il nous invite à nous réunir en son nom dans la prière - n’est-ce pas ce que nous faisons en ce moment ? Quel réconfort de savoir qu’Il nous assure dès lors, de sa présence : « Je suis là, au milieu » de vous !

En fait, cette logique de la communion qui est le fondement de la vie de l’Eglise, risque de nous entraîner très loin. Pierre a flairé la difficulté, et il ose présenter son objection à Jésus : Allons-nous, sous prétexte de pardon, laisser l’autre nous marcher sur les pieds et recommencer allègrement « jusqu’à sept fois », en toute impunité ? Il faut bien établir des limites !

Voilà justement ce que Jésus refuse : pas de calcul dans le pardon, car « la mesure d’aimer, c’est d’aimer sans mesure ». Peut-être penserez-vous que c’est une imprudence, voire une folie, mais tel est bien le prix à payer, l’attitude à adopter résolument pour que la communion fraternelle soit possible.

Jésus développe alors une parabole étrange. Un homme devait à son roi une somme inimaginable : dix mille talents (1). Sur une simple demande de sa part : « Prends patience avec moi et je te rembourserai tout », le maître annule sa dette. Or, ce malheureux n’est pas capable de renoncer à une somme dérisoire qu’on lui doit par ailleurs. Voilà qui est affligeant, certes. Comment avoir le cœur aussi dur, alors qu’on vient de bénéficier d’une générosité inespérée ? Mais ce qui est bien plus redoutable, c’est la conclusion de l’histoire, où la méchanceté de ce serviteur se retourne contre lui. Et le Seigneur dit : « C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère de tout son cœur. »

Ici, je ne peux m’empêcher de penser au moment où Jésus a enseigné le Notre Père. Il se doute bien que la demande qui posera de réels problèmes, c’est la cinquième : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ». C’est d’ailleurs la seule qu’il commente aussitôt : « Oui, si vous remettez aux hommes leurs manquements, votre Père céleste vous remettra aussi ; mais si vous ne remettez pas... »
Le pardon, nous le savons, c’est la merveille et la pierre d’achoppement du christianisme. Accepter que des monstruosités - dix mille talents - nous soient pardonnées par Dieu, et être incapables de pardonner « de tout [notre] cœur » les têtes d’épingle - cent deniers - dont les autres nous ont blessés, relève vraiment d’un comportement absurde. Et pourtant, c’est l’expérience que nous vivons. C’est pourquoi l’enseignement de Jésus dans tout ce chapitre, et surtout dans cette vigoureuse parabole, est une prolongation fort utile du commentaire du Notre Père.

Ne perdons pas de vue le cadre exceptionnel dans lequel nous entendons aujourd’hui le Seigneur nous expliquer ce défi de la communion. Il est clair qu’après les discussions théologiques et les rencontres fraternelles et spirituelles auxquels le mouvement œcuménique nous a - pour notre plus grande joie - habitués depuis quelques décennies, la clé des retrouvailles que désirent si ardemment tous les baptisés se trouve dans le pardon. Je devine que les chrétiens des autres églises ne sont pas plus à l’aise que leurs frères et sœurs catholiques devant les perspectives abyssales que nous ouvre l’enseignement de Jésus. Et pourtant, il n’y a pas là matière à option. Les cent deniers, ces blessures que nous nous sommes infligées au long de l’histoire, doivent évidemment disparaître quand nous pensons aux dix mille talents de la Rédemption, où Jésus nous a aimés jusqu’à l’extrême, jusqu’à la folie.

La rencontre que nous allons vivre ces jours-ci à Lyon, avec nos frères aînés, les Juifs, avec les musulmans et les artisans de paix des grandes religions du monde, nous en fait un devoir encore plus impérieux. C’est à l’amour que nous aurons les uns pour les autres que tous nous reconnaîtront pour ses disciples. Il faut que nous revenions et demeurions dans l’unité du Père et du Fils, pour que le monde croie que Jésus est l’envoyé du Père (cf. Jean 13, 35 et 17, 21).



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