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 - 27 avril 2024 - Sainte Zita
Publié le : 2 décembre 2007 Source : Zenit.org
 

 

Les news

« Le Livre noir des nouvelles persécutions antichrétiennes »


ROME, Dimanche 2 décembre 2007 (<A href="http://www.zenit.org/">ZENIT.org</A> ;) – Le XXe siècle a fait plus de martyrs chrétiens que les dix-neuf siècles précédents. Mais le XXIe siècle a déjà moissonné ses victimes. Thomas Grimaux signe « Le Livre noir des nouvelles persécutions antichrétiennes », paru en France le 22 novembre (éd. Favre), au moment où le Parlement européen vient d’adopter une résolution sur « de graves événements compromettant l’existence de communautés chrétiennes » devant « la multiplication d’épisodes d’intolérance et de répression vis-à-vis des communautés chrétiennes ».

Thomas Grimaux, 40 ans, a voyagé pendant de nombreuses années dans des pays en guerre ou en persécution : il parle en homme de terrain, de faits concrets, réels. Mais il a aussi scruté la logique interne et les filiations de différents textes « antichrétiens ». Pourtant, c’est en homme de dialogue et dans un esprit évangélique qu’il écrit, comme il l’explique dans ces pages.

Zenit - Chaque année l’agence vaticane Fides publie la liste des missionnaires morts pour leur foi dans différents pays, que signifie cette mémoire chrétienne des « martyrs » d’aujourd’hui ? C’est souvent mal compris...

Th. Grimaux - Heureusement qu’il y a ce travail de Fides. Mais elle ne comprend que les évêques, prêtres, religieuses et laïcs engagés morts pour la foi. Pourtant, lors du Grand Jubilé de l’An 2000, le regretté Jean-Paul II a bien insisté – et il a donné une nouvelle impulsion à cette partie de la théologique – sur le fait que le « martyr » n’est pas seulement celui qui est assassiné. Aujourd’hui, en faire mémoire (comme les martyrs espagnols que Benoît XVI vient de béatifier) n’est pas source de division, n’est pas source de vengeance. Mais, au contraire, c’est un rappel, un vaccin obligatoire pour les chrétiens : la Résurrection passe par la Croix. Et la Croix, c’est aussi de prier pour les bourreaux car « ils ne savent pas ce qu’ils font ».

Zenit - Votre livre donne des frissons... Est-ce qu’il ne risque pas d’avoir un effet négatif, à savoir de « casser » le travail des diplomates qui ont souvent réussi à construire des ponts , ou celui des catholiques engagés dans le dialogue interreligieux ? Au lendemain du discours de Ratisbonne, on a vu combien les forces de dialogue déjà en place depuis longtemps sont efficaces pour désarmer la violence...

Th. Grimaux - Je crois, sincèrement, que c’est tout le contraire. De la même manière que le dialogue interreligieux ne consiste pas à taire notre foi, le travail des diplomates ou des catholiques engagés s’appuie sur le réel. Or, comme le disent sans cesse les évêques du Soudan, pour ne prendre que cet exemple, il n’y aura pas de paix profonde sans justice. C’est-à-dire sans vérité. Et cette vérité est que les persécutions existent. Ces évêques, à l’instar de tous les interlocuteurs que j’ai rencontrés, ont ce devoir de mémoire. Non pour ne faire une bannière de combat mais bien avoir à l’esprit que des hommes et des femmes, habités par la grâce, souffrent quotidiennement de leur fidélité à Jésus.

Occulter ces persécutions reviendrait à refuser de faire son « travail de deuil ». En parler, dans des termes objectifs et non passionnels, au contraire, permet de dire les choses en face et si l’interlocuteur refuse d’en entendre parler, le dialogue est forcément très limité… Enfin, le Pape, les cardinaux, les évêques, les prêtres, les religieuses, les laïcs engagés que j’ai pu lire ou avec lesquels j’ai parlé, ont cette simplicité de dire les choses telles qu’elles sont. Ils n’en restent pas moins au service de l’Homme. Ils n’en restent pas moins prêts à mourir pour ce dialogue. Mais, encore une fois, un dialogue qui refuse d’entendre cette vérité est un dialogue de sourd.

Zenit - Thomas Grimaux, vous n’êtes pas inconnu des lecteurs de Zenit : vous nous avez déjà parlé de ce sujet grave…

Th. Grimaux - En effet, vous m’aviez déjà interviewé l’année dernière à propos de mon Rapport sur les persécutions antichrétiennes dans le monde (publié par l’Aide à l’Eglise en Détresse). Ce sujet me tient à cœur pour deux raisons principales. D’abord, comme le dit le cardinal Jorge Bergoglio, président de la conférence des évêques d’Argentine, lors du discours inaugural de la 93e assemblée plénière, en avril 2007, « L’Eglise a été, est et sera persécutée […] tant qu’elle annoncera la Foi ». Mais si l’Eglise est persécutée, ce n’est pas une raison pour ne pas en parler. Ensuite, parce que j’ai effectué de nombreux voyages dans des communautés catholiques persécutées. J’ai donc un devoir de mémoire à réaliser.

Zenit - N’aviez-vous pas tout dit dans votre précédent ouvrage ?

Th. Grimaux - Il semble que non, puisque l’un des grands éditeurs européens m’a demandé ce livre. Celui-ci diffère en ce sens qu’il est beaucoup plus « abouti ». Il n’est pas un « rapport » quasi institutionnel où j’avais privilégié les faits bruts, pays par pays. Le Livre Noir des nouvelles persécutions antichrétiennes veut surtout montrer l’ampleur de ces nouvelles persécutions.

Zenit - En quoi sont-elles « nouvelles » ?

Th. Grimaux - Si les premiers siècles de notre ère ont été justement nommés le « Temps des Martyrs », tant Néron que d’autres ont attaqué les disciples de Jésus, n’hésitant pas à les calomnier pour les faire brûler ; aujourd’hui, l’observateur impartial est contraint de constater une époque de nouvelles persécutions. Elles diffèrent par leur ampleur : ampleur des chiffres, ampleur géographique, ampleur des moyens utilisés.

Quand, dans les premiers siècles, on comptait quelques milliers ou dizaines de milliers de chrétiens persécutés ; aujourd’hui, il faut les chiffrer en dizaines ou centaines de millions. Quand, dans les premiers siècles, les agressions étaient limitées à quelques pays ; aujourd’hui, pas un continent n’est à l’abri des attentats contre « les croisés ». Quand, dans les premiers siècles, on se « limitait » à crucifier, à pendre ou à jeter aux lions ; aujourd’hui, on utilise les moyens « sophistiqués » de la manipulation individuelle et de la manipulation de masse, et cela dans tous les domaines de la vie (judiciaire, économique, médiatique, politique, militaire…).

Mais surtout, il y a une autre nouveauté. Avant, c’est Néron – craignant pour son pouvoir terrestre - qui persécute. Aujourd’hui, la persécution n’est plus l’œuvre d’un dictateur fou, mais trouve son origine dans une pensée structurée : on persécute parce qu’on le veut, parce que c’est un but, politique ou religieux. On persécute au nom d’un Etat, d’une doctrine, d’une « religion ». Dès lors, la persécution devient institutionnelle.

Zenit - Vous décrivez les trois sources de ces nouvelles persécutions.

Th. Grimaux - J’en vois trois principales en effet : les fondamentalismes hindouiste ou bouddhiste (que nous traitons ensemble en raison de certaines similitudes) ; le communisme ; l’islamisme (que je distingue de l’Islam).

Zenit - Vous parlez des « fondamentalismes hindouiste et bouddhiste ». Pourquoi les associez-vous et n’allez-vous pas à contre-courant de leur présentation, en Occident, comme philosophies particulièrement « tolérantes » ?

Th. Grimaux - Elles ont plusieurs points communs. Outre l’ère géographique (Inde et Sri Lanka), ces deux fondamentalismes entendent restaurer l’hindouisme pour les uns, le bouddhisme pour les autres, dans leur « pureté originelle » et, dès lors, veulent chasser de « leurs » terres les chrétiens. Ces derniers étant considérés comme des ennemis irréductibles. En ce qui concerne la vision idyllique donnée par les cartes postales, soyons conscients de la réalité que vivent les chrétiens en Inde, au Sri Lanka, au Népal, en Mongolie, au Myanmar (Birmanie) : les fondamentalismes bouddhistes et hindouistes veulent éradiquer le christianisme. Tant aux plans législatif et politique qu’économique, les chrétiens sont discriminés. Discriminés, quand ils ne sont pas tout simplement attaqués et agressés.

Précisons, bien sûr, que tous les Hindous ne sont pas des persécuteurs mais qu’une partie extrémiste d’entre eux chassent les chrétiens. Or, dans certains Etats, cette minorité extrémiste devient parfois majorité élue. Dès lors, des partis politiques comme le BJP votent un arsenal juridique dans le but de restreindre la liberté d’action des croyants non hindous en général et des chrétiens en particulier. Cette situation est particulièrement préoccupante dans quatre Etats (Arunachal Pradesh, Orissa, Madhya Pradesh, et Chhattisgarh). Ailleurs, quand les extrémistes n’ont pas le pouvoir local, ils agissent en groupe de pression – de manière violente ou non. Partout, ils professent l’Hindutva, une théorie nationaliste.

Dans ce livre, fruit d’un long travail, je donne des exemples constitutionnels, scolaires, de la vie quotidienne… Tous montrent bien la volonté délibérée de blesser, de calomnier ou d’empêcher la propagation du christianisme, comme cela se voit avec les lois anti-conversions et la « double peine » infligée aux dalits chrétiens qui, s’ils se convertissent au catholicisme, perdront tous leurs avantages sociaux et économiques. En revanche, un dalit chrétien peut se convertir à l’hindouisme !

(à suivre)

Pour une commande depuis la France métropolitaine d’un exemplaire dédicacé par l’auteur, s’adresser à « Culture de Vie » - 8, rue de la Motte - 53150 Saint Christophe du Luat (+ chèque de 16 euros + 4 euros de port). Ou renseignements à : persecutions.antichretiennes@club-internet.fr (160 pages - ISBN 13 : 978-2-8289-0984-0)



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