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 - 17 mai 2024 - Saint Pascal Baylon
Publié le : 27 mars 2005 Source : Zenit.org
 

 

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« Avons-nous compris les enjeux de la mort et de la résurrection du Christ ? »

ROME, dimanche 27 mars 2005 (ZENIT.org) - « Et nous-mêmes, avons-nous compris les enjeux de la mort et de la résurrection du Christ ? Avons-nous compris la portée salvifique, au quotidien, de la résurrection de Jésus Christ ? » s’interroge Mgr L. Monsengwo Pasinya, archevêque de Kisangani, en République Démocratique du Congo, dans son message de Pâques, que nous publions intégralement ci-dessous.

PAQUES 2005
« Ne quittez pas Jérusalem » (cf. Ac 1,4)

1. Telle est la consigne que le jour de l’Ascension, Jésus donne à ses disciples dans l’attente de la force d’en haut, de la promesse du Père (Ac 1,4-8), l’Esprit qui devait conduire l’Eglise dans la connaissance de la vérité tout entière (Jn 16,14).

2. « Ne quittez pas Jérusalem » ou bien : « Rentrez à Jérusalem », tel devrait être le message implicite que l’on retire du récit des disciples d’Emmaüs, qui, eux, se rendaient à deux heures de marche de la Ville Sainte (Lc 24,13), abattus qu’ils étaient par les événements de Pâques. Ils n’en avaient pas encore compris la portée salvifique.

3. « Ne quittez pas Jérusalem », car c’est là que s’accomplit le mystère (cf. Lc 9,31) ; là que le mystère se vit et se contemple : mystère de l’abaissement et de la résurrection du Christ, mystère de la fraction du pain, mystère du salut de l’humanité.

4. « Ne quittez pas Jérusalem », car c’est là et non pas ailleurs qu’est mort le prophète : parce qu’ « il n’est pas possible qu’un prophète meure en dehors de Jérusalem » (cf. Lc 13,33). C’est là qu’est mort Celui qui une fois pour toutes a parlé au nom de Dieu (cf. He 1,2).

5. « Quitter Jérusalem », tel a été cependant le risque pris par les deux disciples d’Emmaüs. Manifestement ils n’avaient pas compris où étaient les vrais enjeux de la passion et de la mort du Christ. « Nous, nous espérions, disaient-ils, qu’il était celui qui allait délivrer Israël » (Lc 24,21). Ils n’étaient pas les seuls à nourrir cet espoir et à attendre cette libération : « Seigneur, est-ce maintenant le temps où tu vas rétablir le Royaume pour Israël » (Ac 1,6) ? diront tous les disciples le jour même de l’Ascension.

6. Dès lors, on comprend leur désarroi, leur déception, leur découragement à la mort de Jésus. Et pourtant, c’est bien lui le Messie attendu ! Par sa mort et sa résurrection, Il venait de délivrer Israël, et pas seulement Israël mais aussi l’humanité entière d’un joug et d’un esclavage pires que la colonisation romaine : l’esclavage du Péché (cf. Jn 8,34).

7. Ils n’avaient pas compris... Voilà pourquoi Jésus leur explique, à partir des Ecritures, les vrais enjeux des événements de ces trois derniers jours : « Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela, pour entrer dans sa gloire "(Lc
24,26) ? Ces enjeux, c’est la gloire du Christ ressuscité et dès lors la gloire de l’humanité sauvée et rachetée, qui, avec le Christ, a vaincu le péché et la mort et a retrouvé sa dignité originelle. Les enjeux de la passion et de la mort du Christ, c’est l’humanité ressuscitée : une humanité rénovée, une humanité debout et non plus prostrée, une humanité qui a retrouvé la pleine mesure de ses moyens de vie et d’action, une humanité qui, comme le Christ, a vaincu le temps et l’espace : l’humanité toujours vieille mais toujours jeune, l’humanité vraiment universelle et catholique, l’humanité vouée à l’éternité.

8. Cette humanité nouvelle et universelle ne reçoit son identité et sa cohésion qu’autour du Christ : « Reste avec nous, Seigneur », disent les deux disciples (Lc 24,29 cf. Mt 28,20). Cette identité et cette cohésion se traduisent et se consolident dans la fraction du pain, signe du Christ ressuscité : « Il prit le pain, le rompit et le leur donna »(Lc 24,31). La solidarité et le partage, voilà le signe distinctif de l’humanité nouvelle (cf. Jn 13,34-35). Mais cette humanité nouvelle n’existe pas enfermée sur soi-même, mais pour proclamer au monde la joyeuse annonce de la
résurrection. La Bonne Nouvelle de la Résurrection est la première nouvelle à donner au monde : c’est à Jérusalem qu’on en contemple le mystère, puisque c’est de là que partiront l’annonce et la mission. Aussi, à l’instant même, les deux disciples partirent et retournèrent à Jérusalem auprès des Onze et leurs compagnons (Lc 24,33). Ils retournèrent à Jérusalem, parce qu’ils ont maintenant compris les enjeux de la mort et de la Résurrection du Christ.

9. Et nous-mêmes, chers frères et soeurs, avons-nous compris les enjeux de la mort et de la résurrection du Christ ? Quelle est pour nous, aujourd’hui, à Kisangani et en République Démocratique du Congo, la signification profonde de la passion et de la mort du Christ dans notre vie personnelle et collective ? Voulons-nous faire des peuples d’Afrique et du peuple congolais une humanité nouvelle et debout ou une humanité continuellement vouée à la médiocrité, à la souffrance, à la mort et au sous-développement ? Pourquoi ce pacte constant avec la loi du moindre effort ? Avons-nous compris la portée salvifique, au quotidien, de la résurrection de Jésus Christ ?

10. Certes, la mort du Christ et notre mort avec lui par le baptême sont source et exigence de résurrection spirituelle et éternelle avec le Christ (cf. Rm 6,4). Mais quel sens donnons-nous aujourd’hui aux souffrances, à la passion et à la mort de tant de fils et filles de notre pays face à la mort et à la résurrection du Christ ? La résurrection du Christ est-elle suffisamment pour nous une incitation à nous mettre debout, chacun et tous ensemble, à nous réveiller de notre sommeil pour relever ce pays et ce peuple qui méritent autre chose que la pauvreté, la misère, la souffrance et la mort ?

11. En effet, il n’est pas permis aux chrétiens que nous sommes de vivre dans l’inconscience et l’irresponsabilité face au grand mystère de Pâques : mystère de « mort pour la vie ».

12. Le mystère de Pâques exprime l’abaissement extrême du Fils de Dieu (cf.
Ph 2,7), pour entrer dans sa gloire (Lc 24,26). A Pâques, le Christ a assumé et sanctifié toute la souffrance du monde, pour relever l’humanité pécheresse et la faire participer à sa gloire : « Si nous mourons avec lui, avec lui nous vivrons ; si nous souffrons avec lui, avec lui nous régnerons » (2 Tm 2,11-12). Vivre au quotidien le mystère de Pâques, c’est donc savoir donner un sens à la souffrance et à l’abaissement des hommes. C’est refuser de banaliser la souffrance de l’humanité. Ne pas la banaliser, c’est lutter pour relever l’humanité et ne pas lui imposer un joug et des souffrances inutiles.

13. Telle est la mission que doivent s’assigner tous les fils et filles de notre pays : travailler au relèvement de notre pays, au soulagement de ses souffrances physiques, morales et spirituelles. C’est dans l’événement de Pâques à Jérusalem que nous pouvons en pénétrer le mystère et en comprendre le sens : la souffrance d’un peuple qui ne suscite pas l’émergence de générosités et de bonnes volontés pour l’éradiquer, est un indicateur du fait que ceux qui la voient passent à côté du mystère de Pâques, qu’ils quittent Jérusalem, qu’ils ne vivent pas selon l’Esprit de la promesse. Car ils ne sont pas des témoins de Jésus Christ (cf. Ac 1,8).

Chers frères et soeurs,

14. Rentrons en esprit à Jérusalem pour y puiser le sens et la relation existant entre la souffrance d’une personne, d’un peuple ou d’une nation et les efforts généreux et nécessaires de tous pour leur relèvement et leur prise en charge.

« Que la paix pascale soit avec vous » (Jn 20,19.21). Christ est ressuscité, Alleluia ! Joyeuses Pâques à tous !

+ L. MONSENGWO PASINYA

Archevêque de Kisangani

Le 27 mars 2005



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