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 - 29 mars 2024 - Sainte Gladys
Publié le : 23 juillet 2007 Source : Zenit.org
 

 

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Jean-Paul II et la montagne, « toujours plus haut », par l’évêque de Vintimille

ROME, Lundi 23 juillet 2007 (ZENIT.org) – Jean Paul II était un grand contemplatif. La montagne était pour lui une « école d’élévation spirituelle », affirme Mgr Alberto Maria Careggio, évêque de Vintimille et San Remo.

Ayant grandi à Aoste, l’évêque, passionné d’alpinisme, fut le premier organisateur des vacances d’été du pape en Val d’Aoste et son fidèle accompagnateur.

En 2006, il a publié un livre « Giovanni Paolo II, l’uomo delle alte vette » (Jean Paul II, l’homme des hauts sommets), où plusieurs personnalités révèlent, à travers leurs témoignages, les traits inédits de l’image et de la personnalité de ce grand pape.

Dans un entretien à « Totus Tuus », la revue de la Postulation de la cause de béatification et de canonisation de Jean Paul II, Mgr Careggio raconte que tout a commencé lors d’un voyage pastoral du pape polonais dans le Val d’Aoste , les 6-7 septembre 1986, dans le cadre des célébrations du bicentenaire de la conquête du Mont Blanc.

« A cette occasion, le pape avait eu son premier contact avec la vallée et il avait pu y admirer, du haut du glacier de la Brenva, à 3.550 mètres d’altitude, la masse imposante du Mont Blanc, tombant sous le charme des massifs et des sommets alpins », a-t-il expliqué.

« Depuis ce jour, le pape n’a cessé de vouloir revenir dans la Vallée d’Aoste ; de revoir et de profiter, en excursionniste, de la beauté de ces montagnes », a-t-il ajouté. Jean Paul II retournera en effet une bonne dizaine de fois dans le Val d’Aoste, de 1989 à 2004.

« Le pape venait pour contempler, prier et se reposer. Et les valdôtains, de nature réservée, le lui permettaient toujours. Leur chaleureuse hospitalité a toujours été profondément discrète. C’était curieux, mais également significatif, de voir que certains, gênés de le rencontrer directement, préféraient ne pas se laisser voir en tenue de travail au moment de son passage le long des sentiers alpins », a-t-il ajouté.

« Un jour, un paysan alla même jusqu’à se cacher dans son triporteur ; une autre fois, deux jeunes bergers ne voulaient pas s’approcher du pape, qui voulait pourtant les saluer, constatant leur minutieux travail à la bergerie ».

« Mais lui, même en vacances, aimait rencontrer les populations locales et il se montrait toujours disponible envers ceux qu’il rencontrait par hasard, au gré de ses promenades dans les sentiers... quand il voyait qu’on le reconnaissait ».

« Jusqu’en 1991, les vacances furent particulièrement intéressantes, ponctuées de promenades qui pouvaient durer dix heures, avec des sacs à dos, des pique-niques pour tout le monde (pour le pape aussi), une couverture pour qu’il puisse se reposer par terre après le déjeuner », a poursuivi Mgr Careggio.

« Malgré l’attentat subi, le pape avait un bon pas. Il y avait tous les jours des promenades ou des excursions. Le schéma était simple : une demie heure de prière silencieuse au début de chaque promenade, aucune longue halte avant d’arriver au sommet, puis déjeuner, repos. Il prenait parfois le temps d’écouter un chant alpin improvisé par des jeunes accompagnateurs du Service de surveillance… ».

« Chaque jour, le but à atteindre était toujours plus haut et le pape, à la fin des vacances, rejoignait – par hélicoptère – un des nombreux glaciers des Alpes, sur lequel il pouvait marcher et profiter du spectacle à haute altitude ».

« Notre tâche à nous, la plus délicate et sur laquelle nous étions d’ailleurs très réservés, consistait à transporter Jean Paul II sur le massif le plus haut d’Europe, sur le sommet italien du Mont Blanc, à 4.748 mètres d’altitude. Nous l’avons fait dans la matinée du 17 juillet 1990 », a-t-il poursuivi.

« En bon montagnard, quand il marchait, il parlait peu, mais il savait transmettre ses émotions dans le regard, un regard aussi profond et lumineux que le ciel – se souvient Mgr Careggio –. On ne pouvait lui montrer un sommet sans qu’il exprime son désir d’y aller ».

« Il marchait sans jamais se fatiguer. Insatiable, il aimer respirer le parfum des prairies, écouter les profonds silences des hauteurs et contempler la chaîne des montagnes et des glaciers... Il aimait profiter du soleil, de l’air, du vent, de l’eau tumultueuse et écumeuse des torrents ».

« Il avait un désir intense de ’toucher’ ces montagnes. Il aimait aussi écouter les chants populaires de la montagne, l’accordéon, et s’arrêter avec tout le monde, surtout durant le trajet du retour, à la fin d’une excursion ».

L’une des excursions inoubliable pour l’évêque de Vintimille fut « celle du 17 juillet 1991 dans une localité de haute montagne, à Comboé, sous une pluie battante et persistante, du brouillard à n’en plus finir, un temps de chien » se rappelle l’évêque de Vintimille.

Ce jour-là, a-t-il poursuivi, « le pape, faisant fi de nos conseils, n’avait pas voulu renoncer à partir, mais il en fut récompensé. Il s’était arrêté plusieurs fois le long du sentier, prenant le temps de savourer les mystérieuses sensations d’un brouillard envoûtant, d’une grande cascade gonflée d’eau et au bruit fracassant ».

« Il avait fallu déjeuner sous une tente et, dès que la pluie s’était arrêtée, nous avons dû sécher nos vêtements devant un feu de ramilles. Depuis ce jour, nous portons dans nos mémoires l’image du pape étreignant, longuement et intensément, une haute croix en bois dressée sur les bords des Alpes ».

« Nous suivions la scène à une distance respectueuse, sans parole et émus du geste du pape, aussi inattendu que bouleversant : le visage du pape était marqué par une profonde souffrance intérieure ».

En 1994 commença un parcours difficile pour le pape qui s’était cassé le col du fémur et qui était devenu plus rigide dans ses mouvements à cause de la maladie : « Un seul regret répété chaque jour, jusqu’à la fin, était sur ses lèvres : ‘Don Alberto, tu as un pape boiteux !’ ».

« Il se mit à sourire quand je lui répondis : ‘C’est vrai, mais il fait marcher l’Eglise’ », a-t-il rappelé.

Mgr Careggio a ensuite rappelé la principale exhortation du pape durant ces vacances : « La montagne est une école d’élévation spirituelle, il faut donc être docile à sa leçon, répétait-il souvent dans ses nombreux discours ».

Dans un discours prononcé le 20 juillet 1989, Jean Paul II déclarait : « Il faut monter. L’expérience des alpinistes et celle des chrétiens sont proches, car de part et d’autre le défi est le même. Il faut se dépasser soi-même, il faut répondre à celui qui nous a dépassés, Jésus Christ ».



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